Mettre les élèves en situation d'écriture

Enfin, bien que cela semble un exercice d'improvisation totale puisqu'on ne peut
pas ... Les élèves tout d'abord découvrent la caractérisation du personnage du ...
Autre solution : après avoir corrigé toutes les copies, on peut faire un texte ...

Part of the document


Mettre les élèves en situation d'écriture : écrire une nouvelle collective


I L'écriture et sa valeur formative


Les programmes officiels mettent l'accent sur la capacité d'écrire: «
On s'attache à développer la maîtrise des différentes formes de discours,
et donc la capacité et le goût d'écrire, en faisant rédiger des textes
variés »(BO HS n°1 du 13 février 1997), « C'est par une pratique régulière,
continue et variée de l'écriture que les élèves peuvent acquérir une
conscience claire de leur langue, une connaissance précise et vivante de
son fonctionnement, de ses modes de production et de ses effets, ainsi que
le goût et le plaisir d'écrire. » (BO spécial 6 du 28 août 2008 Programmes
de français, III Ecrire).

Il s'agit en effet de former les élèves à l'écriture et de les rendre
capables de produire des textes narratifs mais aussi descriptifs,
explicatifs, argumentatifs... Le plus souvent, c'est par l'étude de textes
d'auteurs que l'on pense imprégner les élèves et leur faire acquérir des
notions souvent abstraites comme par exemple le statut du narrateur, le
point de vue, la chronologie du récit... Or, si l'étude de textes est bien
sûr incontournable, il n'en reste pas moins que l'écriture a des qualités
formatrices indéniables. C'est par exemple en demandant à un élève de se
mettre le temps de quelques lignes dans la peau d'une princesse indienne
qu'il pourra se rendre compte qu'on peut très bien écrire à la première
personne du singulier sans pour autant raconter sa propre vie. Ainsi
s'éclaircira tout simplement la différence entre auteur et narrateur.


II. L'écriture d'une nouvelle, un travail de longue haleine


Une écriture particulièrement formatrice est l'écriture en classe
d'une nouvelle. On peut choisir différents genres, cela dépend bien sûr du
niveau de la classe concernée et aussi évidemment de son propre goût. Il y
a de nombreux obstacles à surmonter dans ce travail. Tout d'abord, il faut
savoir que c'est un travail de longue haleine. Ensuite, il faut accepter
que sa classe ne soit pas silencieuse, ce n'est plus le professeur qui
parle face à ses élèves, c'est une collaboration très active et ouverte où
justement les propositions doivent fuser. C'est souvent difficile à gérer
car il faut canaliser l'énergie des uns, motiver et susciter l'envie chez
d'autres. Cela veut dire concrètement qu'il faut être en forme et réagir
rapidement ! Bien sûr, c'est ainsi que l'on doit être tout le temps mais
dans le cas d'une écriture collective, c'est encore plus vrai ! Enfin, bien
que cela semble un exercice d'improvisation totale puisqu'on ne peut pas
prévoir ce que les élèves vont proposer, il faut bien évidemment avoir
préparé ce à quoi on veut les mener.


Prenons le cas d'élèves de 4ème, tout simplement parce qu'ils commencent à
être un peu plus matures et aussi parce qu'il n'y a pas le « spectre » de
l'examen à la fin de l'année. Les élèves doivent, selon les programmes en
vigueur, « maîtriser la composition d'un récit complet et complexe de deux
à trois pages, combinant différentes formes de discours[...] »(objectifs
pour la classe de 4ème).


III. L'exemple d'une nouvelle policière


On peut procéder de manière suivante : tout d'abord, étudier une
nouvelle caractéristique du genre, comme Le ruban moucheté de Conan Doyle.
Les élèves tout d'abord découvrent la caractérisation du personnage du
détective et de son acolyte. Puis ils étudient la méthode de déduction
propre à Sherlock Holmes et la manière dont est amenée l'intrigue. Les
élèves sont ensuite été lancés dans l'écriture de leur propre nouvelle. La
méthode de résolution de l'énigme policière devrait être calquée sur celle
de Doyle : il y a certains indices donnés au lecteur mais c'est seulement à
la fin que le détective révèle le résultat de ses observations.
Le travail le plus long peut être l'élaboration du scénario. Les
élèves se révèlent à ce moment-là prodigieusement imaginatifs. C'est
pendant ces séances (car il faut bien compter deux heures pour mettre au
point une histoire !) qu'il faut être au mieux de sa forme ! En effet, il
faut parvenir à distinguer dans toutes les propositions qui fusent ce qui
est cohérent, logique et éventuellement original. Sans perdre de vue les
différents genres de textes que l'on veut faire écrire. C'est ainsi que peu
à peu, les élèves vont écrire :

- Un portrait : les élèves ont déjà étudié les portraits de Holmes et
doivent s'en inspirer. Le personnage devrait donc être très
observateur et avoir de fortes capacités de déduction. Une
discussion a lieu pour savoir si ce sera un homme ou une femme.
Une fois cela posé, il faut réfléchir sur les éléments de son
physique : couleur des yeux, des cheveux, taille, etc. Aborder
l'aspect technique du portrait et travailler sur les verbes que
l'on peut associer à ces différents éléments : encadrer, tomber,
flotter...pour les cheveux, pétiller, briller...pour les yeux par
exemple. Puis, aborder la question de la structure du portrait et
du temps verbal à utiliser. Une fois faite cette mise en commun,
les élèves doivent rédiger individuellement le portrait en
s'appuyant sur les éléments décidés en commun. Parallèlement, les
élèves revoient les expansions du nom. On peut donc lors de la
correction du portrait réinvestir facilement les notions
grammaticales (« donnez-moi ici un complément du nom, insérez une
subordonnée relative...ajoutez un adjectif épithète » par exemple).
- Un dialogue : après avoir rappelé les caractéristiques propres au
dialogue concernant la mise en page, le travail porte
essentiellement sur les verbes introducteurs, les adjectifs pouvant
caractériser un ton puis l'insertion de gestes.(« chuchota-t-elle
sur un ton confidentiel en s'approchant de lui » par exemple.),
enfin sur l'utilisation des temps verbaux. Le contenu du dialogue
est mis au point : arrivée du personnage porteur de l'intrigue,
déductions du détective suite à ses observations. Les élèves
rédigent ensuite ce dialogue par groupes de deux ou de trois.
- Des passages narratifs : correspondent aux différentes étapes du
scénario et permettent chaque fois de chercher des champs lexicaux
et surtout de travailler sur les temps et sur la chronologie du
récit. On propose plusieurs fois d'insérer des analepses afin de
travailler sur le plus que parfait et d'utiliser au moins une fois
une prolepse.
- Une description : le travail est mené à peu près de la même façon
que pour le portrait en insistant sur la suppression de « être » et
« avoir », remplacés par des verbes d'action.
- Un texte argumentatif : il s'agit ici de présenter la solution de
l'assistant du détective en utilisant des connecteurs logiques, ce
qui permet de travailler les subordonnées (cause, conséquence, but,
condition, opposition).
- Un texte explicatif : le détective reprend les différentes étapes
de l'enquête et révèle les déductions auxquelles ses observations
l'ont mené.

Chacune de ses étapes est donc préparée à l'avance et lorsque les
élèves se lancent dans la rédaction à proprement dit, ils ont déjà tous les
éléments à insérer. Il est intéressant d'alterner des écritures par groupe
(de deux ou trois) et des écritures individuelles afin d'arriver à une
évaluation plus fidèle de chacun. Chaque étape donne lieu à une expression
écrite en classe corrigée pour la séance suivante. Après ce moment
d'écriture vient le moment de la correction collective : les élèves
proposent des phrases, des morceaux de phrases ou des mots, écrits sous
leur dictée au tableau. Ils disposent à ce moment-là de leur copie corrigée
devant les yeux et ont donc plus de facilité à améliorer leurs phrases.
Autre solution : après avoir corrigé toutes les copies, on peut faire un
texte reprenant des morceaux de chacune, soumis au cours suivant avec
possibilité de rechanger ce qui ne leur plait pas. Cette deuxième façon de
faire demande beaucoup de travail pour le professeur car il faut faire très
attention à bien prendre des morceaux de chaque copie même les moins
bonnes, mais permet d'aller plus vite et de passer ainsi à l'écriture de
l'étape suivante.






IV. D'autres travaux d'écriture


Il est possible bien évidemment de faire écrire les élèves au cours
d'exercices beaucoup plus courts :


- correction d'expression écrite : reprendre avec les élèves les
éléments qui devaient apparaître dans leur travail, leur
demander de réécrire un passage puis mettre en commun pour
qu'ils disposent à la fin d'un exemple de ce qui pouvait être
fait.
- Travaux d'écriture pour faire comprendre les notions de
narrateur, de point de vue et pour qu'ils arrivent enfin à
différencier auteur et narrateur : écrire quelques lignes dans
lesquelles ils se présentent, ils signent. Ecrire quelques
lignes à la première personne dans lesquelles ils présentent
leur voisin, ils signent, écrire quelques lignes dans
lesquelles ils écrivent à la 3ème personne mais où ils se
mettent à la place d'un de leurs professeurs le jour de la
rentrée, ils signent. Ecrire quelques lignes dans lesquelles
ils décrivent un de leurs camarades qui est dans la cl