Le triangle d'or - La Bibliothèque électronique du Québec
Le caractère générique du modèle N.E.U invite à pratiquer un exercice de
statique ...... L'explicitation du mécanisme de formation de la congestion permet
de préciser cette assertion et d'en saisir les conséquences. ...... 33096 CARBON-
BLANC ...... corrigé (i.e divisé) par le même rapport mais à l'échelle de l'
agglomération.
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Maurice Leblanc
Le triangle d'or
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Maurice Leblanc
Le triangle d'or
roman
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La Bibliothèque électronique du Québec
Collection Classiques du 20e siècle
Volume 37 : version 1.01
Du même auteur, à la Bibliothèque :
Arsène Lupin gentleman cambrioleur
Arsène Lupin contre Herlock Sholmès
L'Aiguille creuse
« 813 »
Les confidences d'Arsène Lupin
Le bouchon de cristal
La comtesse de Cagliostro
La demoiselle aux yeux verts
Les huit coups de l'horloge
L'éclat d'obus
L'homme à la peau de bique
suivi de Le cabochon d'émeraude
L'Agence Barnett et Cie
Préface
Qui est Arsène Lupin ?
Comment est né Arsène Lupin ?
De tout un concours de circonstances. Non seulement je ne me suis pas
dit un jour : je vais créer un type d'aventurier qui aura tel et tel
caractère, mais je ne me suis même pas rendu compte tout de suite de
l'importance qu'il pouvait prendre dans mon ?uvre.
J'étais alors enfermé dans un cercle de romans de m?urs et d'aventures
sentimentales qui m'avaient valu quelques succès, et je collaborais d'une
manière constante au Gil Blas.
Un jour, Pierre Lafitte, avec qui j'étais très lié, me demanda une
nouvelle d'aventures pour le premier numéro de Je sais tout qu'il allait
lancer. Je n'avais encore rien écrit de ce genre, et cela m'embarrassait
beaucoup de m'y essayer.
Enfin, au bout d'un mois, j'envoyais à Pierre Lafitte une nouvelle où le
passager d'un paquebot de la ligne Le Havre-New York raconte que le navire
reçoit au large, et en plein orage, un sans-fil annonçant la présence, à
bord, du célèbre cambrioleur Arsène Lupin, qui voyage sous le nom de R... À
ce moment, l'orage interrompt la communication. Inutile de dire que la
nouvelle met tout le transatlantique sens dessus dessous. Des vols
commencent à se produire. Tous les voyageurs dont le nom commence par un R
sont soupçonnés. Et c'est seulement à l'arrivée qu'Arsène Lupin est
identifié. Il n'était autre que le narrateur même de l'histoire, mais comme
son récit était fait d'une façon tout objective, aucun des lecteurs, paraît-
il, n'avait pensé un instant à porter ses soupçons sur lui.
L'histoire fit du bruit. Pourtant, lorsque Lafitte me demanda de
continuer, je refusai : à ce moment-là, les romans de mystère et de police
étaient fort mal classés en France.
J'ai tenu bon pendant six mois, mais, malgré tout, mon esprit
travaillait. D'ailleurs, Lafitte insistait, et, lorsque je lui faisais
remarquer qu'à la fin de ma nouvelle j'avais coupé court à tout
développement ultérieur, en fourrant mon héros en prison, il me répondait
tranquillement :
- Qu'à cela ne tienne... qu'il s'évade !
Il y eut donc un second conte, où Arsène Lupin continuait à diriger des
« opérations » sans quitter sa cellule ; puis un troisième où il s'évadait.
Pour ce dernier, j'eus la conscience d'aller consulter le chef de la
Sûreté. Il me reçut très aimablement et s'offrit à revoir mon manuscrit...
mais il me le renvoya au bout de huit jours, avec sa carte et sans un
commentaire... Il avait dû trouver cette évasion complètement
impossible !...
Et, depuis, je suis le prisonnier d'Arsène Lupin ! L'Angleterre,
d'abord, a traduit ses aventures, puis les États-Unis, et maintenant, elles
courent le monde entier.
L'épigraphe « Arsène Lupin, gentleman cambrioleur », ne m'est venue à
l'esprit qu'au moment où j'ai voulu réunir en volume les premiers contes,
et qu'il m'a fallu leur trouver un titre général.
Un de mes plus efficaces éléments de renouvellement pour les aventures
d'Arsène Lupin a été la lutte que je lui ai fait soutenir contre Sherlock
Holmes, travesti en Herlock Sholmès. Je peux, néanmoins, dire que Conan
Doyle ne m'a nullement influencé, pour la bonne raison que je n'avais
encore jamais rien lu de lui, lorsque j'ai créé Arsène Lupin.
Les auteurs qui ont pu m'influencer sont plutôt ceux de mes lectures
d'enfant ; Fenimore Cooper, Assolant, Gaboriau, et plus tard, Balzac, dont
le Vautrin m'a beaucoup frappé. Mais celui à qui je dois le plus, et à bien
des égards, c'est Edgar Poe. Ses ?uvres sont, à mon sens, les classiques de
l'aventure policière et de l'aventure mystérieuse. Ceux qui s'y sont
consacrés depuis n'ont fait que reprendre sa formule... autant qu'il peut
être question de reprendre sa formule à un génie ! Car il savait, lui,
comme nul ne l'a jamais tenté depuis, créer autour de son sujet une
atmosphère pathétique.
D'ailleurs, ceux qui lui ont succédé ne l'ont généralement pas suivi
dans ces deux voies, mystère et police ; ils se sont orientés surtout vers
la seconde. Ainsi, Gaboriau, Conan Doyle et toute la littérature qu'ils ont
inspirée en France et en Angleterre.
Pour moi, je n'ai pas cherché à me spécialiser ; toutes mes ?uvres
policières sont des romans mystérieux, toutes mes ?uvres de mystère sont
des romans policiers. Je dois dire que mon personnage même m'y a conduit.
La situation n'est, en effet, pas la même suivant que le personnage
central est le bandit ou le détective. Lorsque c'est le détective, cela
présente cet intérêt que le lecteur ne sait jamais où il va, puisqu'il est
du côté du détective qui se trouve en face de l'inconnu. Au contraire,
lorsque le récit tourne autour du bandit, on connaît d'avance le coupable,
puisque c'est justement lui.
D'autre part, j'ai dû faire d'Arsène Lupin un héros double, un homme qui
soit à la fois un bandit et un garçon sympathique (car il ne peut y avoir
de héros de roman qui ne soit sympathique). Il fallait donc ajouter à mon
récit un élément humain pour faire accepter ses cambriolages comme des
choses très pardonnables, sinon toutes naturelles. D'abord, il vole
beaucoup plus par plaisir que par avidité. Ensuite, il ne dépouille jamais
des gens sympathiques. Il se montre même parfois très généreux.
Enfin, ses exploits malhonnêtes sont souvent expliqués en partie par des
entraînements sentimentaux qui lui donnent l'occasion de faire preuve de
bravoure, de dévouement et d'esprit chevaleresque.
Dans Conan Doyle, Sherlock Holmes n'est animé que du désir de résoudre
des énigmes, et il n'intéresse le public que par les moyens qu'il emploie
pour y parvenir. Arsène Lupin, au contraire, est continuellement mêlé à des
événements qui, le plus souvent, lui tombent dessus sans qu'il sache même
pourquoi, et dont il doit sortir avec honneur... c'est-à-dire un peu plus
riche qu'avant. Lui aussi se jette dans des aventures pour découvrir la
vérité ; seulement cette vérité il l'empoche.
Cela ne signifie d'ailleurs pas qu'il se pose en ennemi de la société.
Au contraire, il dit de lui-même : « Je suis un bon bourgeois... Si on me
volait ma montre, je crierais au voleur. » Il est donc, par goût, sociable
et conservateur. Seulement, cet ordre qu'il juge nécessaire, qu'il approuve
même, son instinct le pousse sans cesse à le bouleverser. Ce sont ses
remarquables dons à « barboter » qui l'amènent fatalement à être
malhonnête.
Mais il est, dans ses aventures, un autre élément d'intérêt important et
qui me semble avoir le mérite de l'originalité. Je ne m'en suis pas rendu
compte non plus tout de suite. D'ailleurs, en littérature on ne prévoit
jamais ce que l'on doit faire : ce qui vient de nous, se forme en nous et
nous est souvent une révélation à nous-mêmes. Il s'agit dans le cas
d'Arsène Lupin de l'intérêt que présente la liaison du présent, dans ce
qu'il a de plus moderne, avec le passé, surtout historique ou même
légendaire, il ne s'agit pas de reconstituer des événements d'autrefois en
les romançant, comme dans Alexandre Dumas, mais de découvrir la solution de
problèmes très anciens. Arsène Lupin est continuellement mêlé à de tels
mystères par le goût qu'il a de ces sortes de recherches.
D'où cette série d'aventures d'Arsène Lupin où les faits sont
contemporains mais où l'énigme est historique. Par exemple, dans L'Île aux
trente cercueils, il s'agit d'un rocher entouré de trente écueils. On
l'appelle la Pierre-des-rois-de-Bohême ; mais personne ne sait pourquoi. La
tradition prétend seulement qu'autrefois on amenait des malades sur cette
pierre et qu'ils guérissaient. Arsène Lupin découvre qu'un navire qui
apportait ce rocher de Bohême a échoué là du temps des druides, et que les
miracles dont on parlait étaient dus au radium que contenait cette pierre
(on sait, en effet, que la Bohême en est la plus grande productrice).
Établir un roman d'aventures policières sur de telles données, élève
forcément le sujet ; et c'est une des raisons, j'imagine, qui ont concouru
à rendre populaire et attachante la personnalité de ce Don Quichotte sans
vergogne qu'est Arsène Lupin.
Maurice Leblanc
Le Petit Var, samedi 11 novembre 1933