CAHIER NO 1 = LES ETHNIES AU RWANDA

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Volet II
Dossier I


CAHIER NO 1 = LES ETHNIES AU RWANDA
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LES ETHNIES AU RWANDA EN 1995

REDACTION




Pour inaugurer cette revue, nous avons choisi un sujet qui n'a aucun
danger de passer inaperçu. Le problème des ethnies au Rwanda, en cette
année 1995 qui suit celle du génocide et son cortège de misères, est de
la brûlante actualité. C'est ce bain que nous avons préféré pour montrer
les couleurs de cette revue.


La vérité, une vérité incarnée dans la chair sociale de nos pays. Une
audace évangélique. Un langage chair social de nos pays. Une audace
évangélique. Un langage clair et percutant. Probablement un style
inhabituel dans le milieu assez conformiste. Tels sont les aspects que
nous allons privilégier dans nos publications. Ce numéro ne laisse aucun
doute sur ces aspects. Un sage de l'antiquité disait : « J'aime Platon,
mais j'aime d'avantage la vérité ». Cet idéal est l'objectif poursuivi
par toutes les contributions de ce premier numéro.


Comme on va le remarquer, l'articulation des 4 contributions est
simple. La première indique l'opportunité de réécrire l'histoire de notre
pays à nouveaux frais. La seconde pose la question de fond des ethnies.
Celles-ci répondent-elles à une catégorie « raciale » ou « sociale » ? La
troisième implique l'Eglise catholique « missionnaire » dans la
problématique ethnique du pays. La quatrième témoigne de cette
implication dans la phase terminale du problème ethnique pendant la
guerre dont les retombées ne sont pas encore finies.


La nature du sujet traité, malgré le caractère scientifique souhaité
pour cette revue, n'a pas permis aux auteurs des articles d'omettre leur
point de vue sur la question. Tous manifestent un même jugement sur la
politique divisionniste qui a utilisé indûment la question des ethnies.
D'aucuns y verront une position partisane. Il est difficile de traiter
cette question de manière neutre. La feinte est malhonnête. Aussi, des
avis contraires à ceux des auteurs sont les bienvenus. C'est au choc des
idées, même contradictoires, que jaillit la lumière. Il n'y pas de dogmes
en cette matière qui remet en question des grands enjeux nationaux et
internationaux.


La littérature rwandaise possède un nombre considérable de récits
sapientiels qui permettent d'appréhender toutes les situations similaires
à ce qui a été vécu dans le passé. Le problème ethnique actuel ressemble
au compte que vous allez lire.


« Jadis, il y avait un homme du nom de SEBANTU. Il épousa
successivement deux femmes. La première s'appelait NYIRABUKARA. La
seconde se nommait KANYANGE. De la première femme Sebantu eut trois
enfants : SEBATUTSI, SEBAHUTU et SEBATWA. De la seconde femme, il eut un
seul enfant qu'il nomma SEBAZUNGU.


Les enfants eurent le temps de grandir de se marier. Le premier eut 2
enfants ; le second 7 et le troisième 1 enfant. Celui de la deuxième
proliféra comme un rat : 12 enfants. Kanyange, son fils et ses petits-
enfants devenus plus nombreux et plus puissants jalousèrent la première
femme et ses enfants, peu nombreux mais qui avaient le privilège du droit
d'aînesse sur l'héritage paternel. Mais, tant que le grand-père Sebantu
était en vie, rien ne put troubler la paix dans la famille.


Comme tous les mortels, Sebantu, après avoir vécu dans la paix et
l'abondance avec ses 2 femmes, ses 4 enfants et ses 22 petits-fils, vint
à mourir. Son fils aîné Sebatutsi, selon la coutume, s'assit sur son
siège de père de la famille. Tous les fils de Nyirabukara trouvaient
cette succession conforme aux lois des ancêtres. Seuls les fils de
Kanyange étaient d'un autre avis. Leur mère avait trois atouts
considérables : la jeunesse, le nombre d'enfants et la puissance. Ils
pouvaient faire un coup d'Etat familial et gommer la loi traditionnelle
en conférant le pouvoir au plus fort. Il fallait, cependant, procéder
méthodiquement. Il fallait que le coup d'Etat soit vraiment un coup bas
bien camouflé.


Le premier point de la stratégie fut de créer la mésentente entre les
enfants de Nyirabukara. La chose n'était pas difficile. Il suffisait de
dire : l'aîné, chef de la famille par l'héritage, ne le méritait pas et
en avait abusé. Le second avait, au contraire en sa faveur le nombre
majoritaire d'enfants. Donc, naturellement, c'est à lui que revenait le
droit d'être chef de la famille. Ensuite, la force suffisait pour créer
le droit. Comment voulez-vous. Les 12 enfants de Kanyange, avec les 7
enfants de Sebahutu, contre les 2 de Sebatutsi, d'avance la victoire
était assurée. Sebatwa, avec son seul enfant, fut simplement ignoré dans
ces calculs. Ainsi Sebatutsi, sa femme et ses enfants furent chassés de
la maison paternelle. Ceux qui ne furent pas tout simplement tués, eurent
la vie sauve dans l'exil. Telle devait être l'issue définitive prévue
pour cette rivalité familiale. La victoire fut célébrée 30 ans durant.


Malheureusement pour les vainqueurs contre la légalité, après ces 30
ans, l'esprit du grand-père Sebantu anima les exilés de sa force
paternelle. Ceux-ci revinrent à la maison, y chassèrent les usurpateurs
et imposèrent la loi. Pour mettre fin, cette fois-ci définitive, à cette
rivalité familiale, une nouvelle stratégie fut adoptée. Premièrement, les
enfants de Nyirabukara se mirent d'accord pour ne plus diviser les
enfants du même père. Ainsi la paix réellement définitive régna dans la
maison de Sebantu. Et pour qu'il n'y ait plus de retour des rivalités, un
pacte fut conclu en ces termes : toute division sera combattue par tout
le monde. Tout différend sera porté au conseil de famille. Plus de
privilège ni de droit de naissance. Telle fut la fin salutaire des
divisions dans la famille de Sebantu ». Ce récit facilite l'intelligence
des articles qu'on va lire. Jugez-en vous-mêmes.














REMISE EN CAUSE ET REPRISE EN MAINS DE NOTRE HISTOIRE


Jean MUKIMBILI




O. INTRODUCTION


« La belle certitude des manuel » scolaires s'est écroulée comme un
château de carte. Et ce n'est pas pour des raisons idéologiques, mais
pour une plus grande vérité scientifique. Proprement. Dans sa nature et
dans ses méthodes. Ce jugement est la conclusion que suggère le Colloque
qui a eu lieu à Bujumbura en 1979 sur la « Civilisation Ancienne des
Peuples des Grands Lacs » et dont les actes sont déjà publiés (1). Ce
Colloque a levé le rideau sur une histoire occultée soit par ignorance ou
préjugés avant-hier, soit par calcul politique, soit enfin par
machiavélisme hier. Mais la falsification de l'histoire ne dure que le
temps de l'éclair sur sa longue durée.


Notre présente réflexion vise quatre objectifs : histoire du
peuplement de notre pays, le mythe hamite, le mythe de la vache et le
mythe de la féodalité tutsi. Pour l'exposé de ces thèmes, nous puiserons
à pleines mains dans ce Colloque qui mérite toute confiance pou sa
qualité scientifique. Il me plaît de signaler la composition de ce Forum
international.


Les chercheurs qui s'y sont rencontrés venaient d'horizons divers :
Rwanda, Burundi, Tanzanie, Zaïre, Ouganda, France, Hollande et Etats-Unis
d'Amérique. Les organisations internationales et régionales s'y étaient
également donné rendez-vous. Il y avait, en effet, les représentants du
Centre Est-Africain de Recherches sur les Traditions Orales et les
Langues Nationales (E.A.C.R.O.T.A.N.L.), de la Communauté Economique des
Grands Lacs (C.E.P.G.L.), de l'UNESCO qui a finance ce Colloque. Les
spécialistes scientifiques s'y trouvaient également chercheurs en
sciences humains, profils théorie et terrain ; linguistes, archéologues,
historiens, parmi lesquels Jean Devisse et Alexis Kagame ; deux membres
du Comité Scientifique de l'UNESCO pour l'Elaboration de l'histoire
Générale de l'Afrique, optique décolonisée.


Ce Colloque s'est penchée d'une manière particulière sur la question
des sources ; ce qui est un progrès considérable par rapport à l'ancienne
école. Six sources d'information furent identifiées.


- les traditions orales
- les cultures
- la culture matérielle
- les systèmes politique et religieux
- les structures sociales
- L'expression littéraire et artistique.

Un autre progrès non négligeable par rapport à l'historiographie
ancienne est la question de méthode. Le Colloque a mis au point cette
question de méthode en indiquant trois éléments qui permettent d'éviter les
préjugés qui avaient auparavant, orienté les historiens de l'ancienne
école. Cas quatre méthodes sont les suivants:

- la datation au radio-carbone ou au potassium argon.
- les critères linguistiques et de critique historique,
- l'herméneutique des traditions orales
- les fouilles archéologiques.


Tous ces facteurs scientifiques ont fait que ce Colloque marque un
progrès presque révolutionnaire dans l'historiographie africaine. Aussi
allons-nous miser sur ses apports pour présenter une nouvelle vision du
Rwanda, justifiant ainsi le titre de cette contribution : remise et reprise