rachid chebli - Exercices corriges

En écrivant, il s'est investi d'une mission, en l'occurrence « montrer ce que les .....
Mais à 20h45, personne n'était encore la si ce n'est quelques employés de la
mairie .... Take your homework book? exercise one and four page sixty-seven.
...... m'y arrête dans ma classe devant mes élèves ou lorsque je corrige mes
copies.

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RACHID CHEBLI












Journal d'une curée de campagne






Curée : 1) lutte avide pour s'emparer des places, des honneurs, des biens
laissés vacants
2) Partie de la bête que l'on donne à la meute lors des véneries

Le Petit Larousse

...la douleur de se souvenir, la souffrance déchirante de se sentir homme
qui me mord comme un chien à l'instant où ma conscience émerge de
l'obscurité. Alors je prends mon crayon et mon cahier, et j'écris ce que je
ne pourrais dire à personne.

Primo Lévi, Si c'est un homme

Avant propos

Après avoir écumé tout ce qui existait de biographies, d'autobiographies et
d'écrits en tout genre se rapportant à la politique qu'elle soit française
ou d'ailleurs, je me souviens avoir cherché avec ardeur et angoisse un
livre dans lequel quelqu'un qui me ressemble (qui ne serait ni Français
depuis plus de deux générations, ni fils de ministre, ni énarque, etc.)
parlerait de son expérience publique et des difficultés qu'il aurait (ou
non) rencontrées. En vain. Et à la question : pourquoi ? Je hasarde une
réponse : probablement parce que nous sommes très peu nombreux à suivre
cette voie (ou cette voix) et encore moins nombreux à raconter nos
expériences.
En quelque sorte, nous sommes des pionniers.
Je ne sais si l'on est jamais mieux servi que par soi-même mais ce livre
que je n'ai pas trouvé, je me suis modestement mis à l'écrire et je
remercie tous ceux qui m'ont poussé à aller de l'avant.
J'écris depuis le lycée où mes camarades et moi avions un club d'écrivains
en herbe. Je ne sais si les autres ont continué. Pour ma part, je ne
pouvais faire autrement. Très tôt, j'ai tenu un journal, un carnet de route
qui a trouvé sa raison d'être au cours de mes nombreux voyages. Puis
lorsque ma vie s'est sédentarisée en Normandie, je n'ai pas perdu cette
habitude qui est devenue une seconde nature.
Lorsque le 13 mars 2001 en pleine campagne des municipales et après avoir
su ce qui s'est dit, je me suis juré de raconter ce qui s'est passé, la
question s'est posée pour moi de savoir sous quelle forme mener à bien
cette entreprise ? La réponse a coulé de source lorsque je me suis rendu
compte que j'avais la matière. En effet, non seulement j'avais les notes
indispensables à ce travail mais encore le jour, l'année et parfois le lieu
où ces notes ont été prises : ce serait une chronique. Elle n'a donc pas
été préméditée, elle est le résultat de dix ans de prise de notes et de
réflexion. Mais il en allait tout autrement de la forme et du style ! Il me
fallait un exemple, ce fut le colossal Verbatim de Jacques Attali. Et une
question s'était mise à me tarauder les neurones : comment mettre bout à
bout des évènements sans être lourd, empesé, grotesque, rébarbatif ? Alors
j'ai découvert ces grands écrivains qu'ont été parfois les hommes
politiques : De César à de gaulle en passant par Malraux et surtout
Churchill dont j'ai appris stupéfait qu'il avait obtenu le prix Nobel de
littérature en 1953 pour ses Mémoires de Guerre.
J'ai voulu cette chronique comme un roman d'apprentissage. Je suis une
sorte de Frédéric de la politique tout en espérant que mon expérience se
termine mieux que celle du héros de Balzac.
Je fais débuter ma chronique en 1996, année de publication de mon premier
roman, car c'est à ce moment-là que tout a véritablement commencé...
Remerciements

Je ne remercierais jamais assez mes camarades de m'avoir mis autant de
bâtons dans les roues ! J'espère qu'ils continueront encore longtemps à me
mener la vie dure. Car sans eux et cette passion mêlée de colère et de
fierté qu'ils ont fait naître en moi, jamais sans doute, je n'aurais eu la
force et le courage de faire ce que j'ai fait. A commencer par écrire ce
livre que je voudrais un témoignage pour tous ceux -plus nombreux qu'on ne
le pense !- qui croient en la République et en l'égalité des chances dans
une France ouverte et fière de ses enfants. En outre, sans leur
collaboration, jamais sans doute je n'aurais imaginé scénario plus
rocambolesque.
Mes collègues communistes tout d'abord, du moins certains d'entre eux.
A Bolbec, dans ma petite ville de 12800 habitants, les leaders communistes
n'ont pas hésité à agiter le spectre du racisme et de la xénophobie. Ils
ont agi ainsi parce qu'à leurs yeux, la fin justifie les moyens : partout
en déclin, ils se sont sentis menacés de perdre les primaires. Ils ont
effectivement remporté la mairie mais à quel prix ? Depuis, les scores de
l'extrême droite (Front national et M.N.R. réunis) n'ont jamais été aussi
élevés dans notre ville. On verra plus tard le lien que je fais entre ces
deux évènements.
A chaque chose malheur est bon : ils m'ont obligé à tenir bon et à
travailler davantage pour connaître mieux mes dossiers et être plus présent
encore que je ne l'étais auprès de mes concitoyens.
Je ne minimise ni ne renie ce que je dois à mes amis socialistes.
Si j'ai été élu et siége au conseil municipal jusqu'en 2007 (ou 2008) c'est
grâce à eux. Mais auraient-ils voulu par la suite me donner une leçon sur
l'art et la manière de se méfier de ses alliés politiques, qu'ils ne s'y
seraient pas pris autrement ! C'est au moment où je me suis cru le plus
proche d'eux qu'ils m'ont définitivement rejeté. Souvent je me suis demandé
s'ils n'avaient pas fait ce qu'ils ont fait pour m'aguerrir et me préparer
à de plus grandes échéances ! Dire de ceux que je considère encore comme
mes copains, qu'ils m'ont fait subir toutes ces vexations et toutes ces
humiliations parce qu'ils sont racistes serait non seulement faux mais
encore très malhonnête de ma part. Selon moi, l'attitude des responsables
de Bolbec en Couleurs, notre liste et le nom de notre groupe au conseil
municipal, correspond à d'autres préoccupations : ils ont agi ainsi pour
protéger leurs prébendes, leur chasse gardée, difficilement acquises depuis
trente ans.
C'est bien connu, le Beur trop chauffé change de couleur ! C'est l'époque
des transfuges : on me demande de rejoindre l'UMP ou si c'est vraiment trop
exiger, l'UDF comme un grand nombre de mes amis. Mais je ne peux m'y
résoudre. J'ai la faiblesse de croire, à tort peut-être, que lorsque l'on
est un enfant du peuple et que l'on vient d'aussi loin que moi (au sens
propre comme au sens figuré du terme), on ne peut être que de gauche.
Etant hors de question pour moi de rejoindre les Verts dont je sais les
limites et rejetant d'amblée les extrêmes de quelque bord qu'ils soient, il
ne me reste plus qu'une seule solution...
Je sais que nous vivons une époque de transition ; la France vit une époque
de transition ; une époque à la fois extraordinairement exaltante et
terriblement douloureuse pour mes semblables. Et je suis persuadé que dans
cinquante ou cent ans -et ce sera tant mieux pour nos enfants !-, les
choses seront rentrées dans l'ordre.
En attendant ce jour, voici...




























Première Partie

LA TOILE DE FOND

















L'appel
18 juin.
Des murmures ont envahi la salle Guy de Maupassant du Val-aux-Grès, en
effervescence. Des rires derrière nous. Devant on se retourne. C'est dans
la poche dit une voix. On attend les résultats définitifs. La salle comble
s'impatiente. On entre, on sort qui un enfant au bras, qui un chien en
laisse. Voilà Marie-Thérèse, connaissance de longue date, le dos courbé
comme lorsqu'on est au théâtre ou au cinéma et que l'on ne veut pas
déranger ceux qui se trouvent derrière. Mais que regardent-ils donc tous
ces gens ? Ils ont le regard rivé sur les officiels assis sur scène autour
d'une table triangulaire et qui, plongés dans les chiffres relèvent de
temps en temps la tête pour s'apercevoir qu'ils sont le clou du spectacle ;
et tout ce public amassé là n'attend qu'une chose, qu'ils aient fini de
compter. Je reconnais madame Lallemand, c'est sa dernière, la der des der
ce soir ; elle s'en va après trente ans de bons et loyaux services à l'état
civil de la mairie. Elle en a naturalisé plus d'un, moi le premier ! Alors
la horde sauvage ? fait l'ancienne institutrice. La horde sauvage, c'est
nous : Driss, Sébastien, Mohammed, Jean et moi. Elle s'installe près de
moi, deux petites bises et elle me tend une feuille de papier sur laquelle
je distingue des chiffres. A son air réjoui, je comprends. Elle ne dit rien
mais ses yeux la trahissent. Voici ce qu'ils disent : on a gagné, on l'a eu
le coco ! Et le coco c'est pas Coco Chanel ! Je la connais Marie-Thérèse,
elle a fait le tour des neuf bureaux de vote de la ville pour recueillir
les résultats et les présenter à son champion, Roussel. Havard est battu me
dit un monsieur que je ne connais pas, un chiffre écrit au milieu de la
page qu'il me présente : 330. A ma gauche, on s'agite et on commence à
s'inquiéter, on s'apprête à conspuer. A droite, les partisans de Roussel,
redynamisés en quelque sorte (la liste de Roussel s'intitule Redynamisons
Bolbec que d'autres ont rebaptisée Redynamitons Bolbec), et en bataille
rangée, s'apprêtent à prendre la salle d'assaut, avant de sauter sur la
mairie. Nous, nous attendons de voir ce qu'il adviendra des promesses qu'on
nous a faites. On va élire, non ! on a élu le maire, le nouveau maire. Les
bureaux de vote ont clos à dix-huit heures, en province car à Pari