Mémoire sous word - La puce du Ciel

Ce document doit être restitué en fin de chaque séance. .... par des échanges d'
ions qui font intervenir des couples oxydant-réducteur. ..... Les personnes sans
domicile fixe (S.D.F.) ont toujours été présentes dans l'histoire. ...... Comme les
rayons d'une roue colossale, plusieurs cours d'eau jaillissent du massif enneigé.

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Mémoire d'un pilote d'essai amateur

Claude Tisserand



[pic]




Mars 2001


Table des matières

1. La découverte 5
2. Les sauts de puce 11
3. Les premiers vols 12
4. La puce du ciel I 14
L'accident 16
5. L'Hydroplum 19
Quelques mésaventures 23
Le contact : 23
Le siège : 24
Le miroir : 24
Je suis paumé : 25
La grande Aventure : mai et Juin 85 25
Le salon de l'aviation du BOURGET (du 29 mai au 6 juin 1985) : 27
6. L'Hydroplum II 30
7. Le Petrel 36
Le Petrel de Pierre 41
Le Petrel de Frédéric 42
La fin du Petrel 42
8. La puce du ciel II 44
9. L'Hydroplum I bis 46
10. L'Amphiplane 48
CONCLUSION : 51
11. L'Amphiplane motorisé 52
La bourde : 56
12. l'Electroplane : 58
13. La Puce du ciel III 64
14. Table des Légendes 67



































à Claude,

La découverte

Depuis quelques années déjà, je voyais quelques sportifs téméraires
s'élancer sur des pentes plus ou moins abruptes , accrochés sous des ailes
rudimentaires faites de toile (que les sceptiques qualifiaient
de « chiffons « !) et de tubes grossièrement assemblés . A priori,
l'exercice ne me parut pas très emballant , un peu trop sportif pour moi ,
et franchement dangereux ...

C'était l'époque fort redoutable des premiers DELTAPLANES, dits « rogallo
standard », du nom de leur inventeur Francis ROGALLO , ingénieur à la NASA
, qui avait inventé ce système dans les années cinquante pour tenter de
faire redescendre en plané des morceaux de fusées et autres engins divers.
Ces appareils, certes simples et peu coûteux, etaient malheureusement très
instables en tangage et manifestaient une forte tendance à la mise en piqué
jusqu'au sol... de quoi décourager les plus hardis, dont je ne faisais même
pas partie !

Figure 1 : Moto Delta

Mais en 1980, ayant depuis quelques années épuisé les joies (et les
déboires) de la conception, réalisation et mise au point des premiers
voiliers à hydrofoils de France, lassé également des modèles réduits
divers, pourtant source de tous les enseignements, je commençais à
m'intéresser sérieusement à ces engins volants, qui avaient notablement
progressé en sécurité, et qui commençaient à être motorisés, ce qui
convenait mieux à ma conception un peu « indolente « de la pratique
sportive.

La véritable révélation fut pour moi le MOTO DELTA, très jolie machine
créée par J.M. Geiser et que je découvris dans PILOTE PRIVE de ....... : il
s'agissait en fait d'un des premiers U.L.M. pendulaires français (le nom
n'existait pas encore !), constitué d'une voilure « Rogallo standard «
portée par un très joli chariot tricycle en plastique moulé et motorisé par
un petit moteur 2 temps. Cette fois, le vol dont je rêvais depuis longtemps
était enfin à ma portée : machine bon marché, repliable, transportable,
lente et destinée à ne voler que dans les champs...tout à fait à l'opposé
de l'aviation traditionnelle qui ne m'a jamais vraiment attiré, et encore
moins la mentalité « Aéro-club »qui allait avec : le genre « j'arrive avec
des gants blancs, je monte dans l'avion et je vais faire ma ballade en
manipulant un maximum de boutons ».

C'est ainsi que fin Décembre 1980, de passage à Paris, je résolus de rendre
visite à l'un des premiers constructeurs d'engins ultralégers dont j'avais
déniché l'adresse : il s'agissait de Bernard DANIS, qui exerçait son
activité à Maisons-Alfort, banlieue Parisienne, accessible en métro . Je
parvins donc en fin de matinée , par un froid polaire, à l'adresse
indiquée....où je ne trouvais personne. Une brave dame, cependant, me fit
savoir que M. DANIS était allé déjeuner au restau du coin, ce qui me parut
une activité tout à fait logique vu l'heure tardive, et elle m'en indiqua
l'adresse. J'y découvris donc une fort joyeuse tablée de 5 ou 6 personnes
que présidait le susdit DANIS, déjà franchement éméché mais qui
m'accueillit aimablement et m'invita à sa table, en attendant d'assister
dans l'après-midi à une démonstration en vol de son appareil...là, je
commençais vraiment à me demander si je n'étais pas tombé chez les fous ! :
quoi, une démonstration en vol, dans la banlieue Parisienne, et par un
pilote carrément paf ... (c'est que le repas fut long, gai et abondement
arrosé, et terminé par moult pousse-café !)... mais peu importe, j'avais
vraiment trouvé une ambiance à mon goût , à mille lieues des Aéro-club
guindés qui m'avaient toujours rebuté...et je n'étais pas au bout de mes
surprises, loin s'en faut !

En effet, devant le restau stationnait un gros break portant sur la galerie
une longue housse de forme biscornue, revêtue de toile bleue, ainsi qu'un
étrange amas de tubes d'où émergeaient deux objets connus : des roues et
une hélice !...le doute n'etait plus permis, c'etait bien là l'engin volant
(ou prétendu tel !) . Très franchement, je n'aurais jamais imaginé
auparavant qu'un avion puisse se ramener ainsi à un tel dépouillement .

Bon, voilà pour « l'avion « , si l'on peut dire ! mais quid du terrain ?
pas de problème me dit mon hôte , montez avec moi, il y a un terrain de
foot pas loin, c'est là qu'on va !
De fait, en quelques minutes, nous arrivions effectivement au terrain de
foot, plus ou moins entouré de maisons, comme on l'imagine dans une
banlieue Parisienne, incontestablement très bien adapté pour son
utilisation nominale, mais à mon sens beaucoup moins pour l'usage
aéronautique que nous comptions lui donner. Mais comme c'etait la journée
des surprises, plus rien ne pouvait m'ébranler , d'autant qu'après dépliage
et montage du tricycle pendulaire et de son aile, il devint évidant qu'il
s'agissait bien d'un monoplace :cela me rassura pleinement quant à mon
avenir immédiat car je ne risquais pas d'être invité à aller faire un tour
en l'air , ce qui compte tenu de tout ce qui précède commençait à bloquer
gravement ma digestion !

Restait à régler le problème du pilote...mais là ce fut une bonne
surprise : Bernard DANIS renonçait à monter sur son engin et mit à sa place
son fils Jean-Pierre, jeune homme calme et notoirement moins alcoolisé que
son géniteur ! Le moteur (un SOLO 210 sans réducteur et au silencieux quasi
inexistant) fut lancé à la main sans problème, sinon un bruit d'enfer qui
ravit mes oreilles complaisantes (en fut-il ainsi des riverains ?...
j'en doute, mais à cette époque bénie, tout le monde regardait ces « fous
volants » avec sympathie ! comme c'est loin tout ça...).

Le vol de démonstration fut sans problème : quelques petits tours au dessus
du terrain (de foot !), puis retour au bercail et démontage (il est vrai
que la température ne se prêtait pas aux grands raids !). Quant à moi,
j'étais médusé, transporté, emballé, au moins autant qu'un spectateur
venant d'assister en 1906 au premier vol de SANTOS DUMONT à Bagatelle !
Merci DANIS pour cette grande émotion !

De retour en mes pénates Corses et après avoir laissé passer les fêtes, ma
décision était prise : je volerai sur un de ces engins (ou quelque chose
d'approchant !), et sur rien d'autre ! la liberté offerte par la formule,
l'absence totale de réglementation à l'époque, l'absence même d'école de
pilotage, tout ça convenait parfaitement à l'anarchiste larvé que j'ai
toujours été !...et oui, j'ai bien dit absence d'école de pilotage ! et
comment y en aurait-il eu, en l'absence quasi totale de biplace ! (en fait,
il commençait à y en avoir quelques uns, mais fort mauvais...voir plus
loin). Alors comment apprendre ? dis-je à DANIS. Facile, tu vas sur un
grand terrain (un vrai, pas de foot !) tu grimpes sur ta machine et tu mets
progressivement les gaz , en ayant soin de ne pas décoller tout de
suite...tu roules, tu roules de plus en plus vite en tâtant les commandes
(ici, la barre de contrôle). Au bout de quelque temps (combien ? ça
dépend !), tu tentes un premier saut de puce , au raz du sol (si tu
peux !), puis tu recommences un peu plus haut et plus loin , etc...voilà
pour la première leçon de pilotage...il y en eut d'autres, mais guère plus
détaillées ! de toutes façons, les vrais pionniers, ceux du début du
siècle, n'ont pas fait autrement, et sur des appareils infiniment plus
fantaisistes que ceux-là.

De plus, j'avais bien quelques notions de pilotage puisque j'avais
vaguement piloté quelques modèles réduits télécommandés (en fait, c'est
bien plus difficile à piloter qu'un avion où on est dedans). Conclusion :
faudra faire avec !

Mais le plus important, c'est de ne pas rester seul dans ces exercices . Me
voilà donc, début Janvier 1981, à la recherche d'éventuels amateurs locaux
tentés par l'aventure. Je suis incapable de me rappeler par l'entremise de
qui j'ai été mis en rapport avec Jojo , mais ça n'a pas été long . Le
dénommé Jojo, autre fêlé d'aviation, au moins aussi enthousiaste que moi ,
me reçut donc dans son somptueux bureau, et le « courant « passa
immédiatement entre nous. Lui aussi cherchait des partenaires pour tâter de
ces nouveaux engins, qu'il avait été voir, lui aussi, mais sur un terrain
de la côte d'azur . Mais par contre, il avait une notable avance sur moi
dans la recherche de partenaires, car il en connaissait déjà deux autres,
Lucien et Francis...(comment les avait-il dénichés ?). la fois suivante,
nous nous retrouvâmes donc quatre