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Exercice : résumez l'objectif votre propre recherche en deux ou trois phrases. ....
soignez les transitions (exemple : transition logique de la thèse à l'antithèse), qui
.... et insister pour qu'il le corrige rapidement : ce travail n'a rien d'effrayant ! .....
Par exemple, au lieu de « I. Cadre théorique », titre correct mais pas explicite,
dire ...

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UNIVERSITÉ DE LA SORBONNE NOUVELLE-PARIS III

ECOLE DOCTORALE LANGAGE ET LANGUES ED268











SAVOIR FAIRE/ FEVRIER 2002



REDACTION D'UN MEMOIRE EN FRANÇAIS



Alexis Michaud


Formations « Savoir-faire » de l'Ecole Doctorale 268, Université Paris III
Février 2002. Document remanié en 2006.

Ce que cette formation n'enseigne pas :
1) la typographie et la présentation de la thèse. Pour ces questions,
consulter la norme officielle sur le site :
http://www.sup.adc.education.fr/bib/Acti/these/theses.htm.
2) la façon de faire des progrès en langue française. La formation n'est
pas un cours de langue. Les étudiants sont renvoyés à la brochure
« Conseils pour le perfectionnement linguistique », qui offre des
conseils pratiques pour approfondir efficacement le français en situation
d'auto-apprentissage.

Ce que cette formation enseigne (avec des exercices pratiques) : comment
rédiger un mémoire dans l'esprit des traditions universitaires françaises.
Les problèmes abordés ici concernent les techniques de composition, plutôt
que la langue elle-même. Ce document s'adresse donc à tous les étudiants,
français comme étrangers. Les quelques étudiants français qui sont venus à
la formation n'ont visiblement pas eu l'impression de perdre leur temps !

Il est difficile de faire revivre, après coup, la réflexion en commun qui a
eu lieu pendant la formation. Je vous propose une version écrite, qui
résume les idées essentielles, mais en vous rappelant que tout s'apprend en
s'exerçant, en groupe si possible.



(1) Il faut un objectif précis.
Une excellente thèse se résume en une phrase : « Dans ce travail, X a
montré que... »
Une bonne thèse se résume en deux ou trois phrases.
Une mauvaise thèse se résume difficilement, il faut une ou deux pages pour
la décrire.
Exercice : résumez l'objectif votre propre recherche en deux ou trois
phrases.
Auto-correction : pour juger de la qualité de ce résumé, voyez s'il répond
aux critères suivants :
Avez-vous clairement indiqué quel est votre point de vue ? L'approche est-
elle sociologique, économique, linguistique, littéraire, psychologique,
philosophique ? De quel point de vue vous placez-vous, et avec quelle
autorité parlez-vous : votre approche est-elle expérimentale, théorique,
statistique ? Exposez-vous des résultats acquis, ou une étude-pilote ? En
un mot, où vous situez-vous ?
2) Avez-vous ciblé votre public de façon précise ? Il faut avoir en tête
les personnes pour qui vous écrivez. Quant on s'adresse à quelqu'un, on
doit distinguer clairement ce qu'il sait (ce qui paraît évident à tout le
monde) et ce qu'on veut apporter de nouveau. Si vous abordez, à un moment
ou un autre, un domaine bien connu, quelques références et de brefs rappels
suffisent. Il ne faut exposer que ce qui est utile à votre propos.
3) Avez-vous délimité clairement votre sujet ? Il est essentiel de savoir
de quoi vous parlez exactement.
Ces trois critères essentiels sont faciles à retenir. Ce sont les trois
composantes de toute communication. Ils doivent être bien définis avant de
pouvoir entamer la tâche de communication de connaissances qu'est la
rédaction d'une thèse. Rappelez-vous la formule
- quelqu'un
- s'adresse à quelqu'un
- pour lui parler de quelque chose.


(2) Il faut un plan clair.

Le plan est une véritable obsession dans l'université française. Il peut
vous paraître contraignant. Mais il vous facilitera la vie (et rendra vos
travaux faciles à suivre) une fois que vous aurez l'habitude de construire
un plan équilibré.
Avant de commencer à rédiger, vous devez construire un plan simple et
équilibré (=dont les diverses parties soient de proportions à peu près
égales), qui ait une hiérarchie explicite (parties, sous-parties...) et une
progression marquée par des transitions.
Voici les éléments du plan :
- l'introduction, étape cruciale de votre travail. Elle doit remplir
plusieurs fonctions. En premier lieu, amener le sujet. Il s'agit
d'expliquer pourquoi la question se pose, pourquoi on en est venu à
s'intéresser à ce sujet. (C'est comme une étape de « séduction » : il faut
éveiller l'attention du lecteur, par quelque chose de frappant.) En second
lieu, présenter le sujet (étape de reformulation), en dégageant, dans le
thème qui vous intéresse, une question précise (ce qu'on appelle la
problématique). Après avoir bien posé la question, indiquez comment vous
allez y répondre : c'est la troisième partie, l'annonce du plan, de la
progression que vous comptez suivre.
(Vous pouvez retenir la formule mnémotechnique « séduction-reformulation-
annonce » pour vous rappeler comment construire une introduction.)
- les parties/axes/thèmes/mouvements
Vous pouvez travailler en deux, trois, quatre, cinq parties. L'essentiel
n'est pas dans le nombre choisi, mais dans la progression de l'une à
l'autre. Progressez de l'idée la plus commune à la plus originale.
Le titre de chaque partie doit exprimer une idée. Si vous choisissez comme
plan :
1) Situation actuelle de l'enseignement 2) Perspectives de changement
le lecteur ne sait pas ce que vous allez dire : ce n'est pas informatif. En
revanche, si vous dite :
1) Des situations très contrastées 2) Une politique nationale fortement
affirmée
ou, au lieu de : 1) les anciens manuels 2) les nouveaux manuels :
1) Les anciens manuels, ou l'enseignant comme exécutant
2) L'influence des nouveaux manuels : l'enseignant responsabilisé
le lecteur est tout de suite introduit au coeur du travail. Pour vous, ce
travail permet de préciser vos idées.
Il est donc intéressant, dès les premiers stades du travail, d'écrire un
résumé de la thèse, comme si elle était déjà finie, en imaginant les
conclusions auxquelles on pourrait arriver. C'est une fiction, mais qui est
très utile pour juger le projet : si le « résumé » est intéressant, cela
vaut la peine de mener cette recherche ; si on n'arrive pas à imaginer les
conclusions auxquelles on pourrait arriver, la recherche risque de rester
sur le mode hypothétique et prospectif : « On tentera de dégager les
similarités de structure (ou : les affinités), à divers niveaux, entre...
et ... » Mieux vaut essayer d'imaginer ce à quoi on pourrait arriver.
De même, il ne s'agit pas d'une présentation générale du sujet et de
l'approche. Exercice : relever des maladresses dans le résumé suivant :
« La thèse aborde, d'un point de vue didactique et linguistique, les
questions d'homonymie dans le vocabulaire familier du français. L'enquête,
qui s'attache tout particulièrement à la langue contemporaine, est menée de
façon très approfondie, avec les outils de la lexicologie moderne (analyse
de corpus par ordinateur, TAL). Cette approche originale permet de
déboucher sur des conclusions pratiques concernant le travail de
l'apprenant confronté à ce problème. »

En outre, pour que la progression soit convaincante, qu'elle soit un beau
crescendo vers votre idée la plus brillante, soignez les transitions
(exemple : transition logique de la thèse à l'antithèse), qui doivent être
explicites. Pour caricaturer : vous dites que vous allez le dire ; vous le
dites ; et vous dites que vous l'avez dit. Varier les mots de transition.
Enfin, la conclusion doit reprendre brièvement tous les résultats auxquels
votre réflexion vous a amené.

(3) Ecrire de façon simple.
(« Eschew surplusage », comme disait Mark Twain : on pourrait traduire par
« Obviez le superfétatoire »).
Etre économe dans la formulation.
Ne pas vous éloigner du sujet : n'hésitez pas à écarter les idées qui
s'éloignent de votre piste de travail, même si elles paraissent très
intéressantes. (Elles auront éventuellement leur place dans une brève note
de bas de page, dans une allusion très rapide, ou dans la conclusion.) Il
faut vous concentrer sur votre sujet.

Faire des phrases courtes. Remplacer les points-virgules par des points
quand c'est possible. Eviter les parenthèses longues : il faut placer cette
information ailleurs, pas la laisser flotter.

Eviter les guillemets : il faut trouver le mot juste. Les guillemets sont
une façon de ne pas s'engager, ils disent au lecteur : « c'est un peu ça,
mais ne le prenez quand même pas à la lettre ». Mieux vaut aborder le
problème directement : expliquer pourquoi tel mot n'est pas parfaitement
adapté, ou trouver un mot adapté.

Remplacer les longues périphrases par des mots riches de sens. Par quelle
expression peut-on remplacer « un individu de très, très, très grande
taille, mais alors vraiment très très grand » ?
Réponse : un géant, un colosse... Si vous prenez le soin d'utiliser un
vocabulaire riche, votre travail sera concis et agréable à lire. Ce sera
« un travail vraiment très, très bien fait » ? Non : ce sera « un travail
remarquable ».

(4) Eviter les marques de subjectivité.
Pas de points d'exclamation, de jugements de valeur, qu'ils soient négatifs
(« horrible », « ridicule », « stupide ») ou positifs (« fabuleux »,
« génial »). Cela doit se dire de façon indirecte.
S'il vous semble qu'un chercheur qui parle de Molière n'a vraiment pas
compris son sujet, ne dites pas :
« X n'a vraiment pas compris son sujet, on se demande s'il a lu la pièce
tellement il fait de contresens : il dit même qu'il n'y a pas d'amour
heureux chez Molière »
dites :
« On peut s'étonner de voir M. X affirmer sans nuances qu'il n'y a pas
d'amour heureux dans les pièces de Molière : quel spectateur n'a pas été
frappé par la magnifique scène d'amour qui se trouve à l'acte II, scène 4
d'Alceste ? »
ou, selon les cas, vous utiliserez une formule telle que :
« Nous laissons au lecteur scrupuleux l