les fins de la politique, corrigé.doc

1.1.1: Culture philosophique et exercice du jugement réfléchi : .... des difficultés
majeures de l'apprentissage des élèves se fait jour, et qu'elle n'est pas étrangère
.... illusoire en droit, mais bien réelle en fait dans l'esprit de beaucoup d'élèves. ....
qu'il s'agisse aussi bien par exemple de l'analyse d'une notion, d'un corrigé de ...

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TES1,TES2, TS1 et TS4 Philosophie
Corrigé de dissertation : quelles sont les fins de la
politique ?
Introduction :
Est-il possible de caractériser la politique indépendamment de ce qui
n'est pas elle. C'est ce que semble sous-entendre Corneille dans Cinna (V,
2) : « Tous les crimes d'Etat qu'on fait pour la couronne/ Le ciel nous en
absout alors qu'il nous la donne/Et dans le sacré rang où sa faveur l'a
mis/ Le passé devient juste et l'avenir permis. » Que revendique Corneille
dans ce passage ? La constitution d'une véritable sphère d'autonomie pour
la politique. En politique, pour lui, la notion de crime n'est pas
pertinente. Pourquoi ? Parce que le crime désigne une action juridiquement
condamnable et moralement blâmable. En tant que tel, il relève de la morale
et non pas de la politique. Donc, il serait impertinent de caractériser les
actions politiques de criminelles. Pourquoi ? Parce que cela équivaudrait à
confondre deux ordres qu'il convient de distinguer. Mais selon quel critère
faut-il distinguer ces deux ordres ? On affirme communément qu'en politique
la fin justifie les moyens. Qu'est-ce qu'un moyen ? Une procédure ou un
ensemble de procédures nécessaires à l'accomplissement d'un projet. Qu'est-
ce qu'une fin ? Un but à accomplir, qui exige l'adoption et la mise en
?uvre des moyens qui s'avèrent nécessaires. Soutenir que la fin justifie
les moyens, présuppose deux choses. Premièrement, la fin possède l'apanage
de la valeur. Autrement dit, c'est elle qui détermine la valeur des moyens.
Les procédures et les actions ne tirent leur validité et leur valeur que de
leur fin. Autrement dit, il n'y a pas de meilleurs ou de moins bons moyens
du point de vue de la valeur des actions, il n'y a que des moyens plus ou
moins efficaces. Deuxièmement, la ou les fins poursuivies dans le domaine
politique doivent justifier d'avance tous les moyens adoptés.
Restent à déterminer quelles sont les fins de la politique ? La
politique désigne l'ensemble des dispositifs et des activités qui visent à
l'organisation de la vie commune. Cependant, une telle définition ne permet
pas de fixer la ou les fins de la politique. Elle s'apparente davantage à
la description générale d'un phénomène qui peut prendre des aspects
variés : monarchie, démocratie, aristocratie constituent autant de modes
d'organisations politiques. Qu'est-ce qui autorise cependant leur
regroupement ? Le fait du pouvoir. QU'est-ce que le pouvoir ? C'est
l'expérience d'une distinction entre les gouvernants et les gouvernés. Les
gouvernants exercent le pouvoir, parce qu'ils sont dépositaires d'une
autorité, c'est-à-dire d'un droit de s'exercer. Les gouvernés sont soumis
au pouvoir qui a autorité. La cohérence de l'action et de l'existence
politique se trouvent ici en jeu ; s'il est avéré qu'en politique, la fin
constitue la source du sens et de la légitimité, peut-on se passer de
déterminer plus avant cette ou ces fins ?
Le fait politique se marque par sa diversité : diversité des peuples,
des nations, des Etats, des idéologies et des modes d'exercice du pouvoir.
La notion de fin est-elle pertinente pour rendre compte d'un phénomène
aussi multiforme que le politique ? Pourra-t-on isoler une ou des fins
susceptibles d'unifier les réalités politiques et de leur conférer leur
sens et leur valeur ? I) La stratégie descriptive : le pouvoir comme fin de la politique :
L'extrême diversité du phénomène politique pose problème. Comment
prétendre trouver une fin unitaire pour des modes d'organisation aussi
différents que la démocratie, l'aristocratie, l'oligarchie ? Une première
option prétend s'appuyer sur une description la plus précise possible du
phénomène politique. Quelles sont donc les constantes que l'on retrouve
dans toute organisation politique ? On en trouve deux : premièrement, un
gouvernement qui s'exerce. Deuxièmement, des luttes ou des querelles qui
se développent contre le gouvernement. Celles-ci peuvent prendre des
aspects divers, allant de la confrontation parlementaire à la lutte
armée. Tout dispositif politique connaît ainsi alternativement des
périodes d'ordre et des périodes de désordre.
Pourra-t-on reconnaître dans la fin de ces luttes la fin même de la
politique ? Dans cette perspective, la fin de la politique serait le
pouvoir. Pourquoi ? Parce que les luttes politiques n'ont pas d'autre
objet que l'acquisition et la conservation du pouvoir. Le pouvoir
constituerait donc la source de légitimité de nos actions au sein de la
sphère politique. Autrement dit, toute action qui aurait le pouvoir pour
fin se trouverait de ce seul fait légitime.
Cette option correspond à la conception stratégique de la politique.
Penser la politique revient à penser le pouvoir de trois points de vue.
Premièrement, du point de vue de son mode d'acquisition. Deuxièmement, du
point de vue de sa conservation. Troisièmement, du point de vue de son
exercice. Cependant, à quels impératifs acquisition, conservation et
exercice du pouvoir doivent-ils se soumettre ? Au seul impératif
d'efficacité. Quand peut-on légitimement qualifier une politique de bonne ?
Lorsqu'elle est efficace, c'est-à-dire lorsqu'elle permet aux dirigeants
d'asseoir leur domination et de conforter leur pouvoir.
Qu'est-ce qui justifie cette théorie stratégique de la politique ?
L'histoire des régimes politiques. En effet, à l'origine de tout mode
d'organisation politique on trouve une force qui s'est exercée avant de
dissimuler sa propre origine. La monarchie de droit divin à la française
constitue à cet égard un exemple paradigmatique. Selon ce mode
d'organisation politique, le roi de France est roi par la grâce de Dieu
et son peuple lui doit l'obéissance qu'il doit au représentant de Dieu
sur la terre. Cet argument conservateur possède une fin de
dissimulation : il s'agit de dissimuler au peuple la véritable origine du
pouvoir royal, à savoir la victoire de la famille Capet sur les autres
seigneurs. Quelle est la caractéristique essentielle de la force ? Sa
fragilité. Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le
plus fort. Qu'arrive-t-il quand la famille royale cesse d'être la plus
forte ? Logiquement, elle devrait se retirer du gouvernement. En effet,
si le roi prétend fonder son autorité sur sa force, la première disparaît
dès que la seconde disparaît. La lutte armée est donc tout à fait
légitime. Devant cette conséquence insupportable, le gouvernement élabore
des fictions qui justifient son autorité, même lorsque la force ne suffit
plus à la fonder.
Plusieurs conséquences découlent de ce dispositif. Première
conséquence ; le politique possède une sphère d'autonomie qui lui est
propre. Qu'est-ce que cela signifie ? Que les considérations morales sont
dénuées de toute pertinence pour évaluer et diriger l'action politique.
Deuxième conséquence, il serait vain de prétendre élaborer une politique
juste. Pourquoi ? Parce que l'ensemble du champ politique peut être pensée
comme un jeu entre des forces qui s'opposent afin de détenir le pouvoir. Le
pouvoir comme fin de la politique justifierait tous les moyens utilisés
pour l'obtenir, sans distinction ni hiérarchie. Qu'implique cette théorie ?
Une distinction radicale entre l'Etat et la société civile. Qu'est-ce que
l'Etat ? Une instance supérieure chargée de régler la vie sociale.
Autrement dit, son action s'exerce et influence les membres de la société
civile. Reste à savoir si la société civile est disposée à accepter que les
classes politiques ne poursuivent que leur intérêt, qui est d'obtenir le
pouvoir. Une telle thèse semble impossible à soutenir. La conception
stratégique le reconnaît d'une certaine manière: le fait même que le
pouvoir éprouve le besoin de masquer sa véritable origine en est
symptomatique. Par conséquent, même à supposer que la conception
stratégique ait convenablement cerné la réalité du politique, comment le
pouvoir s'y prend-t-il pour dissimuler son essence, c'est-à-dire, quelle
fin illusoire propose-t-il aux administrés ? II) Le bonheur comme fin de la politique :
Si définir le pouvoir comme fin de l'activité politique équivaut à
faire preuve d'une certaine lucidité vis-à-vis de la réalité politique,
aucun gouvernement n'est assez cynique pour avouer à ses administrés qu'il
ne recherche que le pouvoir. Pourquoi cela ? Probablement parce que les
administrés en question ne seraient pas près à l'admettre. Pourquoi ? Parce
que la politique ne semble pas constituer une sphère totalement
indépendante. Un individu qui ne souhaite pas occuper de poste politique
sera tout de même influencé par l'organisation politique ainsi que par le
mode d'exercice du pouvoir à l'?uvre dans le pays où il vit. Comment, en
effet, concevoir l'épanouissement d'un individu comme radicalement
indépendant de la politique ? Bien au contraire, il semble que la quasi-
totalité des sphères de l'existence humaine est déterminée par
l'organisation politique de la vie sociale. L'identité des individus est
profondément déterminée par le rapport qu'ils entretiennent les uns avec
les autres.
Il s'agit là d'une des vues fondamentales de Rousseau, dont il
fait part dans le livre IX des Confessions : « J'avais vu que tout tenait
radicalement à la politique, et que, de quelque façon qu'on s'y prît, aucun
peuple ne serait jamais que ce que la nature de son gouvernement ne le
ferait être ». Par conséquent, les principes du droit politique déterminent
la condition du bonheur selon Rousseau. En effet, dans une société injuste,
caractérisée par l'absence d'égalité, le bonheur a toujours l'apparence
d'une faveur de la fortune, structurellement privé, retranché de l'ordre