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Parmi les méthodes de recherche littéraire, celle qui consiste à rassembler des
?uvres .... Nous ne le pensons pas, même si bien des signes, tel le tableau[14]
des ..... aussi à côtoyer une approche esthétique de l'exercice même de la
comédie. ...... Un espace divin, hérité de la fable, de la mythologie, revu et corrigé
dans le ...

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Introduction Pièce à tiroirs, pièce à machines, Amphitryon[1] apparaît comme une
pièce originale, à part, dans l'?uvre de Molière : elle est une des rares,
avec Psyché[2], à s'appuyer sur la trame d'une fable mythologique qui
inspirera une longue lignée de poètes. Amphitryon présente ainsi cette
particularité de s'inscrire dans une suite de pièces de théâtre dont les
fragments les plus anciens et les plus importants remontent à Plaute, deux
siècles avant notre ère. Pièce latine à sujet grec, elle était toujours
jouée au moyen âge. L'ambiguïté de son sujet, le comique de ses situations,
l'exotisme de son action, la confrontation onirique de la rencontre des
hommes et des dieux, lui ont permis cette longue carrière ; pour l'adapter
au goût d'un public varié, de nombreux remaniements ont donné une couleur
particulière à l'interprétation du mythe. D'une construction très élaborée,
mettant en exergue un procédé du théâtre éprouvé dans le traitement de
l'espace, cette pièce séduisante nous est apparue particulièrement riche
pour l'aborder par le biais d'une analyse technique, éclairée sous un jour
spécifique.
L'auteur de théâtre, lorsqu'il voit, sous sa plume, se construire une
pièce disputée par différents caractères, délimite leur terrain de jeu et
cadastre le champ de son action. La complexité de la pièce, peu visible -
heureusement pour sa réussite - depuis la salle, nous a longtemps conduit à
nous interroger sur sa géographie : par le biais d'une étude méthodique,
nous découvrons le paradoxe entre le plateau du théâtre, géométrie
répondant à des conventions ou des règles contraignantes et d'un espace
multidimensionnel, composé de sous-espaces entrelacés. Le sujet qui nous
occupe ici est donc le traitement de cet espace par l'auteur, son
occupation par ses interprètes et bien sûr sa fonction. Amphitryon n'est
pas la pièce qui compte parmi les plus connues, ou jouées, aujourd'hui, de
Molière. Pièce en trois actes, jouée dans l'exotisme du registre
mythologique, elle ne pas bénéficie de la notoriété des ouvrages majeurs de
Molière, comme Tartuffe[3], L'École des femmes[4], ou Don Juan[5] qui
restent les plus souvent remarquées, et commentées, aujourd'hui. C'est
vraisemblablement un intérêt supplémentaire qui nous a motivé à pousser nos
investigations et notre réflexion sur cet aspect de la construction de
l'?uvre, pour nous efforcer de la mieux connaître, voire de la redécouvrir.
Par ailleurs, pour déceler toute l'originalité de l'Amphitryon de Molière,
il nous a paru intéressant de remonter d'une part aux sources de la
création de cette « comédie tragique », paradoxalement assez mal connue,
alors que deux des personnages principaux ont vu leur nom propre passer
dans le langage courant ; d'autre part nous nous attacherons à étudier une
relecture du mythe et de la pièce, par un auteur du XXe siècle. Non pas en
faisant une étude comparative stricte, mais en nous efforçant de mettre en
phase l'occupation et le traitement de l'espace dans ces différents
« Amphitryon ». Car, loin de nous l'idée de penser que nous allions défricher un
terrain très peu labouré. Parmi les méthodes de recherche littéraire, celle
qui consiste à rassembler des ?uvres d'une même série, a particulièrement
concerné les études comparatistes. Et la série des Amphitryon, donne, en
effet, matière à faire couler beaucoup d'encre ; Giraudoux dénombra - dans
un geste assez poétique -, trente sept pièces où la thématique d'Amphitryon
avait été traitée, avant qu'il n'en offre sa propre version. Quelques
analystes, critiques ou chercheurs, tels Charles Guittard[6], Annie
Faucheux[7], Ariane Ferry[8], se sont attachés à comparer l'évolution de
l'?uvre, ou celle du mythe à travers elle, en comparant quelques unes de
ces pièces parmi les plus réussies, ou les plus reconnues, ou les plus
représentées. Il apparaît que ce sont, bien sûr, pour leur intérêt majeur,
les ?uvres de Plaute, de Rotrou, Molière et Kleist[9], voire de Giraudoux,
qui furent ainsi rassemblées et comparées. Chronologiquement, pour
schématiser, soit les auteurs se sont inspirés de la version de leur
prédécesseur, soit ils se sont proposés de retourner vers les racines de la
première version. Il est à ce titre indéniable que l'auteur allemand du
début du XIXe siècle s'est éloigné de la trame originale et que Giraudoux,
s'inspira de la version de ce dernier pour la recoloré dans une libre et
nouvelle interprétation ; ainsi, son Amphitryon 38[10] s'est écartée, et
d'assez loin, des chef d'oeuvres que nous ont légués Rotrou et Molière. Nous avons résolument tenté d'orienter notre démarche dans une
direction différente, en nous décidant de ne pas nous lancer dans ce
travail comparatiste. La démarche n'aurait certes pas été dépourvue
d'intérêt, encore qu'il nous apparaît qu'une telle étude, au vu de la
multitude des reprises du mythe, aurait méritée de voir étendre son corpus
à bien d'autres ?uvres : à celle de Dryden[11] ou de Kleist, bien sûr, mais
aussi aux origines grecs de la pièce, aux sources même de Plaute ; il eût
été judicieux de prendre en compte les adaptions postérieures au poète
latin et en considération les diverses variantes, plus éloignées, telle la
chorégraphie du Ballet royal de la Nuit ou de la reprise des Sosies[12]
dans le Dessein de la Naissance d'Hercule[13] . Plus prosaïquement, il nous
a semblé nécessaire d'orienter notre étude dans une voix plus « terre à
terre », peut-être, et plus technique, sûrement : celle du traitement de
l'espace dans la pièce de Molière. Pourtant, la lecture et l'analyse des
?uvres de l'auteur latin comme celle de Jean Rotrou ses sont aussi imposés
dans le cadre de notre analyse. Puis l'?uvre de Giraudoux nous a paru
s'inscrire favorablement dans cette étude, par la finesse de son écriture
et la mise en espace d'une pièce qui renouvelle le regard que nous avons pu
porter sur celle de Molière et renouvelle ainsi le mythe dans la première
moitié du XXe siècle. Alors, il fut très tentant, à maintes reprises, de
rapprocher certains passages de Plaute, de Rotrou avec d'autres passages ou
citations de Molière, et de Giraudoux. Avons-nous effectué en définitive un
travail de comparaison qui n'ose pas dire son nom ? Nous ne le pensons pas,
même si bien des signes, tel le tableau[14] des ?uvres mis en appendice, le
pourrait laisser supposer, ou encore les relevés puisés dans notre corpus
et mis en référence les uns par rapport aux autres. Ce fut peut-être une
des plus grandes difficultés que nous ayons pu rencontrer ; présenter une
?uvre, incluse dans une série, tout en gardant le fil conducteur de
l'espace comme unique garde-fou, et non celui de la comparaison : tant et
si bien que nous avons souvent fusionné la vision de cette pièce en
oubliant parfois les différences pour souvent ne pas nous attacher à savoir
s'il s'agissait de l'?uvre de Plaute, de Rotrou, de Molière ou celle de
Giraudoux : considérer ainsi, de temps à autres, ces quatre ?uvres comme un
tout, dans leur globalité. Car l'espace, en effet, dans son traitement,
dans son occupation, et dans sa fonction, est un sujet qui ne nous semble
pas encore avoir été trop fouillé dans les pièces qui prennent leur
argument autour du mythe d'Amphitryon. Bien sûr la notion d'espace, dans
ces pièces, fut abordée dans bien des ouvrages ou éditions critiques, tel
l'édition de l'Amphitryon de Plaute par Charles Guittard[15], celle de
Damien Charron des Sosies, dans l'édition de Georges Couton des ?uvres
complètes de Molière et dans l'édition annotée par Jacques Robichez
d'Amphitryon 38 de Giraudoux, pour ne citer qu'eux. Cette notion fut encore
abordé aussi dans certains ouvrages sur le théâtre ou des textes se
référant aux aspects techniques du théâtre à l'âge classique qui nous
furent d'une grande utilité comme L'Histoire La mise en scène de Deierkauf-
Holsboer[16] ; ou encore, pour quelques sources primaire, La Pratique de
D'Aubignac[17], le Mémoire de Mahelot[18] et même la Pratique de
Sabbattini[19]. De précieuses réflexions se sont de plus présentées à nous
grâce à la lecture d'?uvres d'analyse littéraire traitant des thèmes
génériques comme L'illusion au XVIIe siècle[20], L'Esthétique de
l'identité[21] ou le Théâtre dans le théâtre[22] ; D'autres ouvrages,
touchant de plus près à l'?uvre complète d'un auteur, nous furent du plus
grand bénéfice, telle l'étude de Jacques Morel[23] ou celle de Gérard
Defaux[24], là encore, pour ne citer qu'eux. Nous nous sommes efforcés de
lire la pièce en détectant les indications précieuses qui pouvaient nous
aider à proposer une avancée dans cette étude. Mais, avant tout, nous nous
sommes trouvés confrontés à une autre difficulté : comment trouver une
définition acceptable de l'espace, tant la notion peut déboucher sur une
infinité de sens ?
Nous avons parlé géométrie. L'auteur de théâtre ne dispose que de
quelques centaines de vers pour nouer son intrigue et de quelques dizaines
de pieds, dans la largeur comme dans la profondeur de la scène, pour
développer son action. L'une des conventions première du théâtre est de
rendre vraisemblable, à la crédence du publique, cet espace réduit qui doit
paradoxalement représenter tout un univers. Les décors servent alors à la
fois d'image symbolique pour figurer le lieu où l'action se déroule, et de
passage, de transition, de porte d'entrée ou de sortie. Ils délimitent
l'espace scénique tout en jouant leur propre r