Titre introductif : La démographie au carrefour des sciences sociales
J.P BIASUTTI colles démographie (Q1) ECE 1 année 2008/2009 1 .... et en Inde (
1 000) et l'Asie représente presque les 3/5 de la population mondiale. ... la
prévision des comportements demeure cependant un exercice risqué, même
dans le ...... et les disciples de Taylor (comme Henri de Fréminville et Henri Le
Chatelier), ...
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De l'homo demographicus à l'homo oeconomicus
Comme l'affirme l'historien Pierre Chaunu, «Pour l'historien,
l'indicateur démographique constitue la jauge, la ligne de vie, la ligne de
flottaison... Il n'a d'histoire que d'hommes ». Les hommes forment en effet
la substance des sociétés humaines, l'évolution de la taille des
populations est donc un facteur important de régulation et de
transformation sociale[1]. Ainsi, les deux poussées de croissance de la
population mondiale au néolithique (-10 000 avant J.C.) et à partir du
milieu du XVIII ème siècle sont-elles respectivement associées au passage
des sociétés de cueilleurs/chasseurs aux sociétés sédentaires agraires et
au passage des sociétés agraires aux sociétés industrielles c-a-d deux
mutations majeures dans l'histoire des sociétés humaines.
D'autre part, on sait que la croissance économique est un phénomène
économique moderne même si certains historiens en voient les prémices dès
les années 1500 (voire 1200). On retiendra l'idée que la croissance change
de nature avec la Révolution Industrielle (( Titre I du cours). Une des
preuves peut alors justement en être trouvée dans la croissance de la
population mondiale (d'abord européenne et nord américaine) au XVIIIème et
au XIX ème siècle. Cette croissance démographique s'accompagne
(s'explique par?) de transformations structurelles que résume la théorie de
la «transition démographique» et dont la manifestation la plus visible est
la croissance auto-entretenue.
L'imbrication des phénomènes démographiques et économiques n'est donc
plus à démontrer. Comme le remarque pourtant récemment le démographe Hervé
Le Bras, « (...)Chaque discipline (économie/démographie) à tendance à
adopter une conception naïve et restreinte de l'autre et à la digérer sous
cette forme réduite. Pour le démographe, l'économie est surtout envisagée à
travers le travail et l'activité, pour l'économiste, la démographie se
résume souvent au taux de croissance de la population. Quand chaque
discipline renonce au point de vue naïf sur l'autre, des terrains communs
apparaissent. C'est, pour l'économie, la prise en compte des classes d'âge
et le modèle des populations stables dans la théorie du cycle de vie et,
pour la démographie, l'explication du niveau de fécondité par l'arbitrage
entre qualité et quantité des enfants et leur coût généralisé. La question
des retraites et du vieillissement de la population offre même un espace
commun assez vaste pour que chaque discipline ne caricature pas l'autre.»
(in La démographie, 2005, p. 244)
En conséquence, on développera les outils de l'analyse démographique
pour comprendre les mouvements de la population, il s'agira d'expliquer la
démographie (chapitre I). Cette étude montrera qu'il est nécessaire de
fournir une explication théorique des comportements démographiques qui
passe alors soit par un modèle sociologique soit économique.
Une fois mis en évidence la nature et les causes de la richesse des
nations capitalistes (( cours titre I), nous reviendrons sur les
implications que la démographie a sur les grands équilibres économiques et
sur la croissance économique, il s'agira alors d'expliquer par la
démographie (Chapitre II)
Chiffres et dates clés à mémoriser[2]
En 1800, 1 milliard d'hommes; en 1927, 2 milliards ; en 1960, 3 milliards,
en 1974, 4 milliards ; en 1987 : 5 milliards ; en 1999, 6 milliards. A la
mi-2007, la population mondiale s'élevait à 6 625 millions de personnes.
Les projections pour 2025 envisagent 7 965 millions à cette date.
Les sept pays les plus peuplés (Chine, Inde, E.U, Indonésie, Brésil,
Pakistan, Bangladesh) totalisent 3,4 milliards d'habitants soit plus de la
moitié du total mondial.
Le taux de mortalité est de 9 pour 1000 (52/1000 pour la mortalité
infantile), le taux de natalité de 21 pour 1000. L'espérance de vie à la
naissance est de 66 ans pour les hommes et de 70 ans pour les femmes.
L'indice synthétique de fécondité est de 2,7 en moyenne (depuis 2005,
plus de la moitié de la population mondiale vit dans des pays où l'indice
de fécondité est inférieur à 2,1).
La proportion des moins de 15 ans est de 28% ; celle des plus de 65 ans
de 7%.
Ces chiffres sont des moyennes mondiales et les disparités sont encore très
importantes. Ainsi,
( L'Afrique a un taux de mortalité de 14 pour 1000 et un taux de natalité
de 38 pour 1000. Mais l'Afrique du Nord (Algérie, Egypte, ...) a un taux de
mortalité de 7 pour 1000 alors celui de l'Afrique centrale (Congo,
République centrafricaine, Tchad, ...) est encore de 18 pour 1000. De
même, le taux de natalité est de 24 pour mille en Afrique Australe (Afrique
du Sud, Bostwana,...) alors qu'il est encore de 46 pour mille en Afrique
centrale.
( L'Europe a un taux de mortalité de 11 pour 1000 (poids de l'Europe
orientale) et un taux de natalité identique.
( la durée de vie moyenne(espérance de vie) va de 45ans en Afrique Australe
(33 ans au Swaziland) à 79 ans en Europe occidentale.
( La population africaine compte 3% de plus de 65 ans; la population
européenne 16% ;la Chine 9% et les EU, 12%.
La population africaine compte par contre 41% de moins de 15 ans ; la
population européenne, 16% ; la Chine 20 % et les EU, 12%.
Chapitre I : Expliquer la démographie
C'est officiellement le 12 octobre 1999 que la population mondiale a
franchi le cap des 6 milliards d'habitants. Il n'aura donc fallu que
quarante ans pour qu'elle double à partir des 3 milliards qu'elle comptait
en 1960. L'accélération est historiquement impressionnante d'autant plus
qu'elle vient essentiellement des pays du «Sud» (celui-ci croît à 1,6 %
dans les années récentes contre 0,3 % pour le «Nord» développé et les PMA à
2,4 %). On sait d'autre part que 38 % de la population mondiale vit en
Chine (1 300 millions) et en Inde (1 000) et l'Asie représente presque les
3/5 de la population mondiale.
La «dérive des continents» démographique se traduit par un déclin
constant des pays du Nord (de 18 % aujourd'hui, leur part passerait à moins
de 10 % en 2 150). Cependant, l'horizon reste la stabilisation
démographique (voire le déclin) car l'inflexion de la croissance
démographique mondiale a déjà eu lieu. Plus de la moitié de la population
mondiale se trouve désormais dans des pays où le taux de fécondité est
inférieur à 2,1 enfants par femme. Si la population a doublé dans les 40
dernières années, sa croissance s'est aussi ralentie et la population
mondiale tendra, selon une hypothèse moyenne de fécondité, vers 9 milliards
en 2050 alors qu'elle en compte aujourd'hui (estimation 2008) 6,749
milliards (dont 3,6 dans les sept pays les plus peuplés : Chine, Inde,
Etats-Unis, Indonésie, Brésil, Pakistan, Bangladesh).
On présentera dans un premier temps les grands concepts de l'analyse
démographique (Paragraphe 1). Dans un deuxième temps, on reviendra sur le
schéma interprétatif qu'elle propose des évolutions démographiques depuis
le milieu du XVIII ème. Cette théorie dite de «la transition
démographique», souvent retenu comme un phénomène inéluctable puisqu'il
résulte de l'observation des phénomènes passés, pose en effet le problème
de l'existence de lois en sciences sociales (Paragraphe 2)
Paragraphe 1 : L'analyse des mouvements démographiques
La démographie se définit comme «la science ayant pour objet l'étude
des populations humaines et traitant de leur dimension, de leur structure,
de leur évolution et de leurs caractères généraux, envisagés principalement
d'un point de vue quantitatif »(ONU,1958). Elle est aujourd'hui une des
sciences sociales les plus rigoureuses[3] car les phénomènes qu'elle étudie
(natalité, mortalité, fécondité, pyramide des âges) sont relativement
simples et à caractère universel.
Si la démographie a l'avantage, par rapport aux autres sciences
sociales de pouvoir anticiper, sur le moyen terme, certaines évolutions des
effectifs et des structures (H/F,âges), la prévision des comportements
demeure cependant un exercice risqué, même dans le moyen terme. Quant aux
perspectives de long terme, qui peuvent déboucher, suivant les hypothèses,
sur l'explosion démographique ou la fin de l'espèce humaine, ce ne sont que
des jeux de l'esprit.
I) Les mouvements démographiques de court et de long terme
L'évolution globale d'une population[4] A chaque instant, une population est un «stock» qui évolue en permanence,
dans son montant et sa structure, sous l'effet d'«entrées» (adjonctions au
stock existant) et de flux de «sorties»(retraits du stock existant). En
démographie, ces flux sont souvent qualifiés d'évènements démographiques. A
l'échelle planétaire, les flux d'entrée et de sortie ne peuvent être
respectivement constitués que de naissances et de décès. Pour les ensembles
géographiques plus réduits, les flux d'immigration (entrées) et
d'émigration(sorties) s'ajoutent généralement aux précédents pour rendre
compte de l'évolution de la population totale. Ainsi, sur une année civile,
la population P0 (stock), estimée ou mesurée au 1er janvier de l'année 0
évoluera, sous l'effet des flux de naissances N, de décès D, d'immigration
I et d'émigration E, survenus au cours de l'année, pour devenir le stock P1
au premier janvier de l'année 1. Ce qui conduit à écrire P0 + (N-D) + (I-E) = P1 Les différences (N-D) et (I-E) portent respectivement les noms de bilan
(solde) naturel et de bilan (solde) migratoire et peuvent être chacune
nulle, positive ou négative(...)
On