2 - Examen corrige

Sans doute originaire de Rome même, Victorinus commença sa carrière par les
milices équestres qui le menèrent successivement en Bretagne[44], puis en
Pannonie ...... L'exercice d'une juridiction découle donc en partie des
compétences militaires des préfets qui commandent alors les troupes présentes
en Italie.

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Benoît Rossignol
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / centre Gustave Glotz
« Les préfets du prétoire de Marc Aurèle »
Cahiers Glotz, XVIII, 2007, p. 141-177
Summary / Résumé
From AD 161 to 180 we know 7 Praetorian prefects, we survey their careers
and their functions at the emperor's side. Under Marcus Aurelius the
Praetorian prefects had an important role on campaign. If the emperor
sought to appoint prefects who were skilled in military affairs, he sought
also other competences : prefects were carefully chosen in the top of the
equites. Siting in the consilium principis, the prefects had also
activities which were not necessarily connected with their duties as the
Guard commander. The position of these prefects was influential, but it
must not be overstated, to understand their office we must replace it in
its context, the emperor's entourage.
De 161 à 180 nous connaissons sept préfets du prétoire. Nous analysons
leurs carrières et leurs fonctions aux côtés de l'empereur. Durant le règne
de Marc Aurèle les préfets du prétoire jouèrent un rôle important dans les
campagnes militaires. Si l'empereur rechercha des hommes expérimentés dans
le domaine de la guerre, il cherchait aussi d'autres compétences : les
préfets étaient soigneusement choisis au sommet de l'ordre équestre.
Siégeant au consilium principis, les préfets avaient d'autres activités qui
n'étaient pas nécessairement liées à leur fonction de chef de la garde. Ils
étaient des hommes d'influence, mais ce trait ne doit pas être exagéré, on
ne peut comprendre leur charge qu'en la replaçant dans son contexte,
l'entourage de l'empereur.
Benoît Rossignol
LES PRÉFETS DU PRÉTOIRE DE MARC AURÈLE *
Le règne de Marc Aurèle se caractérise par de graves difficultés pour
l'Empire, dont les prodromes apparaissent dès les dernières années du règne
d'Antonin le Pieux. Des guerres longues et difficiles se succèdent et
mettent durement à l'épreuve l'administration impériale. Cette situation
n'a pas manqué d'avoir des effets sur le personnel dirigeant et logiquement
sur les personnages clés que sont les préfets du prétoire ainsi que sur
leurs domaines d'intervention. Nous nous proposons ici d'analyser leur
place aux côtés de l'empereur et au sein du personnel dirigeant dans une
période militairement difficile où la légitimité impériale est cependant
forte. Pour cela nous établirons d'abord la liste et la chronologie des
titulaires du poste de 161 à 180, puis examinerons successivement chacune
de leur carrière. Nous considérerons ensuite quelle a pu être leur place
aux côtés du prince à partir des représentations offertes par nos sources,
littéraires, épigraphiques mais aussi figuratives. Le contexte de la
période exige de considérer de près leur rôle et leur place dans les armées
en campagne, les commandements qui leur ont été confiés, leur rôle de
conseiller militaire du prince. Leur fonction ne s'arrêtait toutefois pas
là et il faudra examiner ce que nous pouvons savoir, pour la période
considérée, de leur rôle administratif et judiciaire avant d'essayer
d'éclairer, en conclusion, les choix du prince et leurs conséquences au
sein des sommets du pouvoir. TITULAIRES DU POSTE Chronologie
Il n'y eut pas, du point de vue de la préfecture du prétoire, solution de
continuité entre le règne d'Antonin le Pieux et celui, conjoint, de Marc
Aurèle et de Lucius Vérus. Après la charge exceptionnellement longue de
Gavius Maximus, et celle plus courte de Tattius Maximus, Antonin, dans les
derniers mois de son règne, avait réinstauré un exercice collégial de la
fonction. Le texte de l'Histoire Auguste, qui témoigne de cette succession,
n'a pas conservé de manière rigoureuse les noms des deux préfets[1] :
Furius Victorinus et Cornelius Repentinus. Cependant ils se restituent sans
difficulté, et sont associés sur une inscription romaine : il s'agit de
l'épitaphe d'un prétorien qui mourut en 167, et était entré dans les
troupes du prétoire, durant les fonctions de ces deux préfets, en 163[2].
Ces deux personnages furent les garants, au printemps 161, de la
passation de pouvoir. C'est en leur présence qu'Antonin, sur son lit de
mort, réaffirma qu'il confiait l'empire à son gendre, Marc Aurèle[3]. Marc
s'adjoignit Lucius Vérus comme collègue. Il faut sans doute imaginer que
les deux préfets furent présents aux côtés des deux empereurs quand ces
derniers se présentèrent au camp des prétorien et y annoncèrent un
donativum de 20000 sesterces par soldat[4]. Par la suite Furius Victorinus
participa à la guerre parthique en Orient, aux côtés de Lucius Vérus[5].
Les deux préfets restèrent en fonction plusieurs années. Cornelius
Repentinus au moins jusqu'en 165, comme en témoigne son cursus retrouvé à
Pouzzoles[6]. On considère en général que sa charge se termina vers 167.
Son collègue Furius Victorinus mourut en fonction vers la fin du printemps
168, alors qu'il accompagnait les deux empereurs vers les provinces
frontières menacées par les barbares[7] et alors que la peste touchait
durement l'Italie et l'armée romaine.
Victorinus fut remplacé par Bassaeus Rufus, qui était parti, très peu de
temps auparavant, diriger l'Égypte, et la quitta au plus tard au printemps
169[8]. La garde de l'empereur était donc dirigée par un nouveau couple de
préfets dont les noms se retrouvent sur la célèbre inscription de
Saepinum[9] : Bassaeus Rufus et Macrinius Vindex. Ce dernier étant lui
aussi préfet depuis peu, au plus tôt depuis le départ de Repentinus.
Cependant, il faut observer que sur l'inscription de Saepinum son nom vient
toujours après celui de Bassaeus Rufus, il faudrait donc penser qu'il avait
moins d'ancienneté dans le poste que ce dernier. Quoi qu'il en soit, les
deux préfets accompagnèrent à nouveau l'empereur vers les régions
danubiennes où les menaces étaient peut-être plus fortes que jamais.
Macrinius Vindex mourut au combat en 172 au plus tard[10].
Nous ne savons pas si Macrinius trouva immédiatement un successeur. Si
l'on en croit l'Histoire Auguste, Marc Aurèle, à un certain moment de son
règne, semble avoir eu du mal à désigner un préfet du prétoire, regrettant
de ne pas pouvoir nommer Pertinax, entré au sénat[11]. En 173, alors que
Marc Aurèle se trouve à Sirmium, lors du procès d'Hérode Atticus, Bassaeus
Rufus est à ses côtés et intervient dans le procès[12]. Nous ne pouvons
dire s'il était alors seul à exercer sa charge. Il l'exerçait probablement
encore en 177, puisqu'à cette date, et plus précisément le 6 juillet de
cette année, il faisait partie du conseil de l'empereur, comme nous l'a
appris la tabula Banasitana[13]. Il a aussi été avancé qu'à cette date,
Bassaeus Rufus avait reçu les ornamenta consularia et pris sa retraite[14].
Quoi qu'il en soit, son nom sur ce document est suivi de celui de
P. Taruttienus Paternus. La logique hiérarchique de cette liste de nom
implique que Paternus ait été lui aussi préfet du prétoire[15]. Le nom de
ce dernier est en effet suivi du nom, effacé, de Tigidius Perennis
vraisemblablement alors préfet de l'annone comme l'a suggéré H.-
G. Pflaum[16]. Puis venait le nom de Cervidius Scaevola qui, deux ans
auparavant, était préfet des vigiles[17]. W. Seston et M. Euzennat,
estimant que Bassaeus Rufus venait de se retirer de sa charge,
considérèrent que Paternus était alors préfet du prétoire avec
Perennis[18]. Il nous semble que 177 est une date très haute pour placer
les débuts de la préfecture du prétoire de Perennis, d'autant plus que
selon Hérodien il n'obtint ce poste qu'après la mort de Marc Aurèle[19]. Le
récit de Dion signale aussi qu'il dirigea les prétoriens après Paternus ce
qui peut laisser penser que l'essentiel de sa fonction se déroula sous
Commode[20]. Même si Hérodien n'est pas nécessairement fiable à ce propos,
l'hypothèse de H.-G. Pflaum nous semble correspondre à un rythme
d'avancement plus vraisemblable.
Marc Aurèle, en 178, quitta à nouveau Rome pour les régions danubiennes.
Paternus reçut le commandement de troupes nombreuses. Placé à leur tête il
remporta en 179 une brillante et importante victoire qui valut à l'empereur
sa dixième salutation[21]. Moins d'un an plus tard, il se retrouvait dans
la position qui avait été celle de Furius Victorinus et Cornelius
Repentinus en 161 : devoir assurer la transition entre deux règnes. Selon
Hérodien, nous l'avons vu, Commode lui adjoignit Tigidius Perennis comme
collègue, mais il n'est pas impossible que ce dernier ait été nommé par
Marc Aurèle à l'extrême fin de son règne. Perennis et Paternus ne
s'entendaient visiblement pas. Une profonde rivalité semble avoir existé
entre eux. Rapidement, la conjuration de Lucilla fut l'occasion de la chute
de Paternus, orchestrée par Perennis. Taruttienus fut admis parmi les
consulaires et dut quitter sa charge. Puis il fut accusé de complot et
éliminé[22]. Après trois ans de pouvoir apparemment sans partage, ce fut au
tour de Perennis d'être victime des luttes politiques du règne[23].
Il reste à évoquer le cas d'un personnage dont la fonction est très mal
datée, mais que l'on place en général sous Marc Aurèle[24] : il s'agit de
T. Flavius Constans[25]. Il nous est connu par une inscription de Cologne,
qui peut être datée de la période allant du règne d'Hadrien à celui de Marc
Aurèle[26]. Il est identifié au procurateur homonyme de Dacie inférieure de
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