Histoire des idées politiques - E-monsite

28 févr. 2010 ... P. Ory, « Nouvelle histoire des idées politiques », éd Hachette, 1987. ...... C'est l'
exercice de ce droit qui répand la lumière, qui répare les erreurs politiques, qui
affermit les bonnes institutions, amène la réforme des mauvaises, ...... "Cette
dérivation psychologique d'une théologie favorise l'individualisme.

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Histoire des idées politiques
(L3 AGES, M. Le Masson, cours de 24 heures) Ce cours d'histoire des idées politiques est centré sur la période
contemporaine et est à relier au cours d'histoire de la vie politique et
sociale. Il en résulte le fait que bon nombre de philosophies politiques ou
de pensées politiques ne seront pas ici abordées.
Ce cours, s'appuyant sur l'ouvrage d'O. Nay, s'articulera autour de
deux questions donnant lieu à des prolongements dans l'histoire des idées
politiques :
- la Révolution Française ;
- la société industrielle en question.
Il en résulte le fait que ce cours est essentiellement le travail de
résumé de résumés.
Par ailleurs, ce cours a été réalisé dans l'urgence pour une année
universitaire, il en résulte une utilisation par trop massive de wikipédia,
mauvais signe s'il en est.
Mais ce cours n'a qu'une seule ambition : celle de vous inviter à lire
les auteurs essentiels en histoire des idées politiques.
Plus pratiquement, il convient de relever que les étudiants en sciences
économiques ou en AGES, présentent dans les concours de la fonction
publique un défaut de formation que ce cours a prétention - dans l'absolu -
de résorber.
Pour le formuler autrement, tout étudiant issu de la filière sciences
économiques ou d'AGES, qui travaillent sérieusement à la construction d'une
culture générale en Histoire des idées politiques, travaillent
fondamentalement à la résorption de l'écart fondamental de formation et
donc de réussite entre les étudiants issus des IEP et eux-mêmes. Bibliographie indicative - D.G. Lavroff, « Les grandes étapes de la pensée politique », éd
Dalloz, 1999.
- O. Nay « Histoire des idées politiques », éd A. Colin, 2004. (ouvrage
conseillé).
- O. Nay, « Dictionnaire de la pensée politique », éd Dalloz,
- Ph. Nemo, « Histoire des idées politiques aux temps modernes et
contemporains, éd Puf, 2002.
- P. Ory, « Nouvelle histoire des idées politiques », éd Hachette, 1987.
- M. Prélot, G. Lescuyer, « Histoire des idées politiques », éd Dalloz.
- J. Touchard, « Histoire des idées politiques » (2 tomes), éd Puf,
(rééd) 2006.
- J. Grondeux, Histoire des idées politiques en France au XIXème siècle
Au delà des ouvrages généraux, la lecture des auteurs s'impose, pour tous
ceux qui souhaitent « en savoir plus », mais là, la liste est infinie, ce
qui ne suppose pas de ne pas commencer.
Première partie :
La Révolution française
et
ses prolongements dans l'histoire des idées politiques SECTION I : LE MOMENT REVOLUTIONNAIRE Dans les interprétations de la Révolution française, deux thèses
principales s'affrontent :
- l'une consistant à considérer qu'elle est le fruit d'un héritage,
qu'elle est le produit de l'évolution des idées en particulier du
développement des idées de Raison et d'individu ;
- l'autre insistant sur la rupture entre la société d'Ancien régime et
la nouvelle société qui se dessine ; thèse plus particulièrement
défendue par la mythologie républicaine.
Révolution française ou révolution atlantique A) La convergence des révolutions Nombre d'auteurs ont souligné que la Révolution française
correspondait à un mouvement universel de sortie de la féodalité. En cela,
elle serait à situer dans le prolongement des révolutions anglaises (1642-
1649, 1688-1689), des soulèvements des colonies américaines et à mettre en
rapport avec le développement du système capitaliste et de la bourgeoisie. Document n°1
Les révolutions américaine et française « semblent ouvrir les portes d'un
monde nouveau dans lequel les hommes seront libres et égaux, pourront
constituer le gouvernement de leur choix, auront la possibilité de
rechercher par les moyens qui leur paraîtront être le mieux adaptés le
bonheur auquel ils sont droit. C'est la fin du monde médiéval dominé par la
religion et l'autorité et le début du monde moderne caractérisé par la
raison et la liberté. Les révolutions américaine et française sont une
étape importante dans l'évolution de la pensée politique car elles sont
l'aboutissement d'un mouvement de réflexion sur l'homme, sa nature et sa
place dans la société, qui s'était notamment développé depuis le milieu du
XVIIème siècle avec la philosophie rationaliste et les théories du droit
naturel et qu'elles mettent en place les bases de la construction d'une
société nouvelle dont l'organisation sociale et politique est établie sur
l'idée que les hommes ont des droits qu'ils tiennent de leur nature même,
auxquels personne ne peut porter atteinte, et qu'il leur appartient
notamment de choisir leur mode de gouvernement.
D.G. Lavroff, « Les grandes étapes de la pensée politique », éd Dalloz,
1999, p.285. B) La spécificité des contextes historiques Pour d'autres auteurs, l'idée d'une révolution française marquée par
la révolution atlantique est contestable dans la mesure où les contextes
historiques sont sensiblement différents. Si les deux révolutions défendent
un idéal de liberté, ils ne s'appuient pas sur les mêmes références. Document n°2
« Lorsque les colons se plaignaient du sort qui leur était fait par le
gouvernement anglais, ce n'était pas au nom de principes nouveaux dont ils
souhaitaient l'application, mais en invoquant les règles de la monarchie
anglaise qui n'étaient pas respectées dans les colonies américaines. Ce
point est très important pour comprendre la signification de la révolution
américaine et la raison d'être des règles constitutionnelles qui ont été
appliquées après l'indépendance. Lorsque les colons américains lancèrent le
slogan « No Taxation Without Representation », ils ne faisaient que
demander l'application des principes de la monarchie anglaise, tel qu'ils
avaient notamment été établis par la Magna Carta et par le Bill of Rights,
qui garantissaient qu'aucun impôt ne pourrait être prélevé sans que le
Parlement en ait donné l'autorisation ».
D.G. Lavroff, « Les grandes étapes de la pensée politique », éd Dalloz,
1999, p.289.
Document n°3 Révolution américaine et Révolution française
"Si les Etats-Unis détiennent le record de la longévité d'une Constitution
écrite, la France se révèle ainsi le plus grand producteur et consommateur
de Constitutions du monde occidental.
A l'origine pourtant, l'histoire semblait ouvrir aux deux pays des
voies identiques. Les mêmes principes animaient en Amérique les chefs de la
guerre d'indépendance et en France les leaders de la Révolution en marche.
Les mêmes penseurs, les mêmes philosophes, les inspiraient. Locke et sa
théorie du contrat étaient présents dans tous les esprits. Montesquieu
guidait ici comme là les tenants de la séparation des pouvoirs. Les
constituants qui se retrouvaient à Philadelphie en ce printemps de 1787
étaient imprégnés de la philosophie française des Lumières.
Rien de plus significatif à cet égard que la subtile exégèse à
laquelle James Madison se livrait en affirmant "qu'il (Montesquieu) n'a
jamais voulu dire qu'aucun de ces trois pouvoirs ne puisse partager ou
contrôler les actes des deux autres", pour mieux fonder le délicat système
de checks and balance de la Constitution américaine.
Phénomène exceptionnel de "feed back" intellectuel : la pensée des
philosophes français inspirait les constituants américains, et l'exemple
américain hantait à Paris tous ceux qui rêvaient d'une Constitution
garantissant la liberté. (...)Le constitutionnalisme, ce produit américain où l'on retrouve
l'esprit français, fait fureur à Paris - et même à Versailles. Franklin,
avec l'assentiment de Louis XVI et contre le voeu de ses ministres, fait
éditer en France un recueil des Constitutions des Etats-Unis et en offre à
Versailles au roi lui-même un exemplaire superbement relié aux armes de
l'Union. Les écrits se multiplient sur les Constitutions américaines.
Condorcet, le dernier des encyclopédistes, l'ami de Voltaire et de
D'Alembert, comme de Jefferson et de Thomas Paine, publie successivement
les "Considérations sur l'influence de la Révolution des Etats-Unis" et les
"Lettres d'un Bourgeois de New Haven à un citoyen de Virginie".
L'exemple américain apportait en effet la preuve aux révolutionnaires
français que leur conception de l'homme et de la société civile et
politique n'était pas seulement une utopie, mais un modèle applicable à la
réalité. Et comme ce modèle était à leurs yeux dicté par la Raison, il
avait valeur universelle et pouvait être mis en oeuvre partout, et d'abord
en France, patrie des Lumières. Dès le 12 juillet 1789, La Fayette demanda
à l'Assemblée constituante que, à l'exemple des Constitutions des Etats
américains, la Constitution française fût précédée d'une solennelle
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Elle sera votée par l'Assemblée constituante du 16 au 26 août 1789 -
deux ans avant la Bill of Rights américain.
Mais la réalité est têtue, et du modèle américain enfin on sait ce
qu'il advint. Le premier problème qui se posait aux constituants américains
était de faire naître un Etat unique de ce qui n'était qu'une confédération
d'Etats. Même partage entre Fédéralists et anti-Fédéralists , pour
l'essentiel les constituants américains étaient sensiblement d'accord : ils
partageaient une même foi dans la République, la souveraineté du peuple, la
séparation des pouvoirs, les libertés publiques et les droits d