244.11
Ecrites dans l'arène du martyre au Colisée, elles ont été corrigées pour la
première fois ...... Je suis sûre, mes chères filles, que vous rendrez facile à toutes
l'exercice de leurs ...... Chères filles, [de la communauté de Tong-uien-fang (Shen
-si) ].
Part of the document
244.11 - LETTRES CIRCULAIRES OFFICIELLES
Les Principales Lettres Circulaires ont le sigle : 244.11, Les
Lettres aux Provinciales et Communautés ont le sigle : 244.12 et commencent
page105, puis viennent des Lettres aux Maisons, et à quelques groupes
comme : Partantes, Commissionnaires...
CIR, 1 - Orig.
Rome 4 octobre 1882
Mes bien chères filles,
Vous avez toutes su, en France et aux Indes, que pour le bien général
de l'Institut et de l'avis unanime de mes cinq conseillères, j'avais cru
devoir me rendre à Rome. Le résultat de ce voyage prouve qu'en effet, il
était bien dans la volonté de Dieu. Non seulement nous avons obtenu de la
Sacrée Congrégation de la Propagande, pour les affaires qui nous appelaient
à Rome, une décision conforme à nos désirs, c'est à dire que ce qui nous
regardait serait examiné par la Sacrée Congrégation elle-même, mais encore
Son Eminence le Cardinal Simeoni a daigné me dire de soumettre nos
Constitutions à la Sacrée Congrégation. Le Cardinal Préfet m'a aussi
témoigné qu'il nous verrait avec plaisir fonder une maison à Rome, selon
qu'il était arrêté d'après le plan de l'Institut, approuvé par Nos
Seigneurs Bardou et David. A l'heure qu'il est, ces deux points si
importants pour nous, et qui n'étaient encore qu'en projet vers le 22
juillet, sont des faits accomplis.
Nos Constitutions sont, non seulement déposées à la Propagande, mais
encore nous avons eu la consolation de les offrir au Souverain Pontife pour
les premières vêpres de la Nativité de la Très Ste Vierge. Voyez-y, mes
enfants, une de ces lumières de la Providence qui ne nous ont jamais manqué
dans les jours parfois si douloureux que nous avons dû traverser ensemble.
Notre petit Institut est encore dans son berceau, comme l'était la Très Ste
Vierge au jour de sa nativité ; c'est tout petit encore que nous avons été
appelées à l'offrir au St Siège, et, comme me l'écrivait le Révérend Père
Supérieur des Missions Etrangères, M. Rousseille, tout ce qui croît à
l'ombre de la chaire de St Pierre, reçoit une grâce spéciale.
Sa Sainteté Léon XIII a daigné nous bénir toutes, de même que nos
maisons, en particulier celle de Rome que nous devons à sa bonté
paternelle ; il a bien voulu me dire qu'il espérait qu'elle réaliserait
tous mes désirs. Elle est donc fondée depuis le 18 août cette maison de
Rome qui sera désormais comme l'âme de l'Institut et qui vous portera,
soyez-en sûres, une nouvelle et véritable vie.
Son nom est celui de Ste Hélène. Je vais vous en donner les raisons :
c'est à ma patronne que je me suis adressée pour obtenir cette fondation ;
l'idée m'en est venue à St Pierre même, en face de la statue de la sainte,
alors que j'hésitais entre le vocable des Sts Apôtres et le sien. Nous
n'avions fait encore aucune démarche pour obtenir la fondation. Je me
souvins, en présence de Dieu, que Ste Hélène a été par le fait,
l'impératrice missionnaire de Rome, l'une des femmes qui ont le plus
contribué à la gloire, au triomphe de la ville éternelle et au règne du
catholicisme. Il m'a donc semblé que notre oeuvre missionnaire romaine ne
pouvait recevoir un nom plus conforme à sa voie. De plus, vous vous offrez
en victimes pour l'Eglise ; la conversion de Constantin fut un de ses plus
grands triomphes. Puissiez-vous, vous aussi, mes filles vaincre par ce
signe : la croix, et obtenir pour l'Epouse de Jésus-Christ, notre sainte
Mère l'Eglise, des temps moins tristes et plus favorables au salut des
âmes.
Rendez toutes au ciel de grandes actions de grâce pour les bienfaits
dont il vient de combler votre Institut. A vos remerciements, joignez la
supplication et que dans chacune de nos maisons, on récite chaque jour un
Ave Maria, en action de grâce et un Veni Creator pour obtenir que les
lumières nécessaires au développement de l'oeuvre de la Très Ste Vierge,
soient données à tous nos Supérieurs et en particulier à la Sacrée
Congrégation de la Propagande. On continuera ces prières jusqu'à ce que les
questions qui nous regardent, financières et autres, soient terminées.
Je ne veux pas vous quitter, mes bien chères filles, sans rappeler à
votre reconnaissance l'âme de notre bien aimé pasteur, Monseigneur David.
Si votre oeuvre vit, c'est à lui qu'elle le doit et oublier sa sainte
mémoire serait pour tous les membres de l'Institut le comble de
l'ingratitude. Je me plais à conserver le souvenir d'un de ces traits qui nous
prouve à quel point la Providence nous a veillées avec amour. Le jour même
de la mort de ce bon et vénéré prélat, le Cardinal Vicaire nous
transmettait le consentement du Saint Père pour la fondation de notre
maison-mère à Rome. La dépêche qui l'apprenait en Bretagne, arrivait à St
Brieuc à 5 h ½ ; trois heures après, Monseigneur David rendait le dernier
soupir, comme s'il eût attendu d'avoir remis au St Siège cette oeuvre qui
lui était si chère, pour aller se reposer dans l'éternité. Il avait dans
votre Institut une foi profonde et m'a dit bien souvent : « Vous n'espérez
pas assez de vous. » Il affirmait que vous veniez combler une lacune dans
l'Eglise, que vous étiez un besoin de votre temps. Je ne vous dis point ces
choses afin de faire naître soit en vous, soit en moi un sot amour-propre,
mais pour conserver les paroles de celui qui fut notre Père et notre
bienfaiteur. Bien peu de jours avant sa mort il disait : « Ces enfants, je
les suis partout à Rome, même dans mes rêves. » Et je crois bien qu'une des
dernières, sinon la dernière signature de sa main tremblante, a été pour
nos Constitutions.
Je demande donc que chaque jour, jusqu'à l'anniversaire de sa mort,
on récite pour lui le De profundis, aux litanies. Que chaque maison fasse
dire trois messes pour le repos de son âme et que chaque membre de
l'Institut offre à la même fin trois communions. En plus, je désire que, ma
vie durant, on fasse célébrer la messe le jour anniversaire de sa mort, et
que son âme, dans le présent et dans l'avenir, ait la même part aux prières
et aux mérites de l'Institut que les membres mêmes de notre famille.
Déjà le bon Dieu nous a donné le moyen de lui témoigner ici-bas notre
reconnaissance. Des amis de St Brieuc avaient désiré avoir pour son service
une bénédiction spéciale du Souverain Pontife. La chose ne se fait jamais
et paraissait impossible, mais la Ste Vierge a aplani les difficultés sous
nos pas et la mémoire de notre bon Evêque a eu cet honneur par les soins
des pauvres missionnaires de Marie qu'il avait reçues pour ses enfants,
malgré tant d'obstacles et de souffrances.
Je vous demande de bien comprendre, à l'aide de la prière, du
renoncement à vous-même et du détachement réel des créatures, tout ce que
vous devez être pour cet enfant au berceau, qu'on nomme l'Institut des
Missionnaires de Marie. Avant toutes choses, mes enfants, souvenez-vous de
cette parole sainte : tout royaume divisé contre lui-même sera ruiné. A
mesure que nous nous étendrons, redoublons d'union entre nous, de fidélité
à nos Constitutions et à nos usages. Qu'on ne puisse toucher à une maison
sans toucher toutes les autres, attaquer un des points fondamentaux qui
font notre force, sans que toutes s'unissent pour protéger le petit
Institut que Dieu leur a confié.
Laissez-moi vous conjurer aussi de fuir de plus en plus l'esprit et
les maximes du monde qui semblent vouloir aujourd'hui s'introduire partout.
Vous y parviendrez par la fidélité absolue à vos Constitutions et par la
pratique exacte de la sainte pauvreté qui, vous le savez bien, est la
gardienne de l'esprit religieux. Je vous demande instamment de peser devant
Dieu vos obligations et l'appel de la Providence. N'entravez pas, je vous
en conjure, les desseins du bon Dieu.
Quant à moi, mes enfants, je viens de faire de nouveau pour vous le
sacrifice de ce qui m'était vraiment cher, même au point de vue de Dieu. Je
veux parler de notre noviciat de St Joseph des Châtelets, dont la maison-
mère me tiendra nécessairement bien souvent éloignée. Bien que je sente le
sacrifice, je suis heureuse d'avoir eu l'occasion de vous donner l'exemple
et d'avoir fait encore pour Dieu, pour la Ste Vierge, pour l'Institut et
pour vous toutes, le sacrifice de ce que j'avais entrepris pour la gloire
de Dieu.
Soyez bien persuadée que pour recevoir au ciel la plénitude de la
gloire réservée aux filles missionnaires de la Ste Vierge, il faut que vous
soyez toujours prêtes à quitter tous les lieux et toutes les créatures du
moment que le bon plaisir de Notre Seigneur le réclame. Toute autre manière
de voir est une illusion qui vous sortirait entièrement de l'esprit propre
de votre vocation. St Pierre nous a laissé l'exemple dans lequel nous
devons puiser l'esprit apostolique. Combien ne devait-il pas être attaché
au salut de son peuple et aux lieux saints !
A son détachement, nous devons Rome et c'est auprès de son tombeau
que je demande pour vous toutes ce renoncement d'apôtre si nécessaire pour
ne pas entraver les desseins de Dieu et accomplir votre vocation.
Ce n'est pas ma bénédiction que je vous envoie aujourd'hui, mais
celle du Souverain Pontife, qu'il m'a donnée pour vous. Je reste, mes bien
chères filles, votre mère dévouée, en même temps que la servante de Notre
Seigneur et la vôtre en J.M.J. Marie de la Passion, Vic. Gle m. m. *
CIR, 2 - Orig.
Monastère de Ste Hélène fête de la Toussaint 1882
Mes bien chères filles,
Ma dernière lettre, du 4 octobre, vous parlait déjà des grâces sans
nombre que No