LA FIEVRE Roger Fix
Il constate que la mosaïque du tabac (2), maladie due à un virus, ne peut se
développer facilement que lorsque la température de l'air se situe entre 20 et 30°
C.
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Dr Roger Fix LA FIEVRE UN PROCESSUS DE GUERISON D'UNE PUISSANCE INSOUPÇONNEE LE TRAITEMENT DES AFFECTIONS AIGUES COURANTES : rhume, grippe, bronchite, angine, otite, sinusite, rougeole, varicelle,
oreillons, cystite...
L'habitude qui consiste à faire baisser la fièvre semble ancrée dans les
moeurs, aussi bien dans les milieux médicaux que dans le public. Pourtant, la fièvre constitue le processus de guérison le plus puissant
dont la nature a doté les organismes vivants ! Compte tenu de l'usage
général, une telle affirmation peut choquer. Cependant, l'étude des travaux
scientifiques portant sur le rôle de la fièvre ainsi que les observations
cliniques s'y rapportant démontrent clairement le rôle primordial de la
fièvre dans la vie et la santé des organismes vivants en général et de
l'homme en particulier. Travaux scientifiques Dès 1921, le savant américain Johnson (2,3) étudie l'influence de la
température de l'air ambiant sur les maladies de certaines plantes. Il
constate que la mosaïque du tabac (2), maladie due à un virus, ne peut se
développer facilement que lorsque la température de l'air se situe entre 20
et 30°C. La maladie se manifeste par des lésions caractéristiques au niveau
des feuilles. A partir de 30°C le nombre de lésions diminue de façon
importante et, à 36°C, il n'en existe pratiquement plus. Des observations
semblables ont été faites avec une maladie virale de la pomme de terre (3)
et une infection des pêchers (8). Ainsi, déjà à l'échelon du règne végétal,
des observations scientifiques montrent l'influence bénéfique des
températures élevées pour les plantes. Chez l'animal, des travaux semblables ont été réalisés quelques années plus
tard. En 1935 Wolf (12) inocule à dix singes le virus de la poliomyélite.
Cinq d'entre eux sont laissés à température ambiante normale, et les cinq
autres placés dans une enceinte à température élevée afin d'augmenter la
température rectale jusqu'à 42°C. Du premier lot, deux animaux meurent au
bout d'une semaine et les trois autres présentent des paralysies. Les
singes du deuxième lot, chez lesquels une fièvre artificielle a été
provoquée de la façon indiquée plus haut, ne manifestent aucun signe de
maladie. Le professeur André Lwoff, Prix Nobel de Médecine 1965, publie en 1958 (9)
et les années suivantes (10) d'importants travaux qui mettent en relief
l'influence de la fièvre sur le développement des virus. Il montre que la
plupart des virus, en particulier celui de la grippe, de la poliomyélite et
de la fièvre aphteuse, sont incapables de se développer lorsque la fièvre
atteint 39°C. En 1965 Kirn (6) et ses collaborateurs à Strasbourg étudient la relation
existant entre la fièvre et la survie chez 64 lapins auxquels on avait
inoculé une maladie virale. 32 lapins sont laissés sans traitement, livrés
à eux-mêmes (lot 1). Les 32 autres sont soumis à un traitement énergique
visant à faire descendre la température. Les résultats sont éloquents et parlent d'eux-mêmes: parmi les lapins
laissés sans soins (lot 1), 9 meurent (soit 30%) tandis que la mortalité
chez les lapins traités (lot 2) est de 81%. En effet, 26 lapins sur les 32
meurent. Lorsque l'on observe les résultats de plus près, on constate que,
du lot 1, sur les 9 lapins qui sont morts, 3 n'ont pas fait de fièvre. Dans
le lot 2, les lapins rescapés sont uniquement ceux qui, malgré le
traitement antipyrétique, ont fait de la fièvre. Donc tous les lapins qui ne font pas de fièvre meurent. Pour résumer l'ensemble de ces constatations relatives à cette expérience,
on peut formuler que:
81% des lapins traités meurent
30% seulement des lapins non traités meurent
100% des lapins qui ne font pas de fièvre meurent
22% seulement des lapins qui font de la fièvre meurent. Le rôle bénéfique de la fièvre apparaît donc de façon indiscutable. Certains esprits chagrins objecteront que la mortalité élevée parmi les
lapins traités pourrait être due à l'action toxique du médicament
administré pour faire baisser la fièvre, en l'occurrence du Pyramidon. Pour
faire obstacle à cette objection, de fortes doses de cette substance ont
été administrées à des lapins en bonne santé sans qu'un seul ne meure.
Mais, objecteront les puristes, rien ne prouve que la mortalité élevée
parmi les animaux traités ne soit pas due au Pyramidon, car il existe une
différence d'action d'une même substance sur des animaux sains d'une part,
et des animaux malades d'autre part. Les travaux réalisés en 1974 par un physiologiste américain (7) sont venus
couper court à ce genre d'argument. En effet, le docteur Matthew J. Kluger
de l'Université du Michigan a choisi comme animal d'expérience un lézard,
animal à sang froid qui adopte la température du milieu dans lequel il vit.
Ainsi un lézard qui se trouve en un lieu où la température est de 25°C aura
une température de 25°C. Pour la faire monter ou descendre, il suffira donc
de placer le lézard dans un endroit où la température ambiante sera plus ou
moins élevée, sans utiliser un quelconque médicament. Kluger a réalisé ses travaux sur 141 lézards dipsosaurus dorsalis, variété
d'iguane du désert, auxquels il a inoculé des bactéries gram-négatives
aéromonas hydrophiles, capables de provoquer une maladie chez ces animaux. Des expériences préalables (11) avaient montré que les lézards qui
bénéficiaient de la liberté de choix de leur température s'arrangeaient
pour maintenir celle-ci autour de 38,5°C en se déplaçant d'un endroit à
température ambiante plus élevée vers un endroit à température ambiante
plus basse ou vice versa. Ainsi 38,5°C constitue pour le lézard dipsosaurus dorsalis la température
de confort lorsque l'animal est en bonne santé. D'autres travaux réalisés en 1974 par Bernheim et Vaughn (1) avaient permis
d'établir que notre lézard réagissait à une infection provoquée par la
bactérie aeromonas hydrophiles par une élévation de sa température de 2°C
environ, et que cette élévation était due exclusivement à un facteur
comportemental et non à un mécanisme thermorégulateur interne (1, 11). Autrement dit, le lézard infecté provoque lui-même volontairement ou plutôt
instinctivement de la fièvre en se déplaçant dans sa cage (facteur
comportemental) vers des zones à températures plus élevées. Sur ces bases, Kluger a pu développer ses travaux afin d'étudier
l'influence de la fièvre sur la survie des lézards infectés (7). Dans ce but il a injecté à 96 lézards sur 141 une suspension de bactéries
aeromonas hydrophiles, puis les a répartis en 5 lots placés à des
températures différentes : 12 lézards à 34°C
12 lézards à 36°C
36 lézards à 38°C
12 lézards à 40°C
24 lézards à 42°C Au bout de 24 heures, le taux de mortalité dans les différents lots est
déjà hautement significatif : pas un seul lézard placé à 40°C n'est mort,
par contre la mortalité est de 50% environ chez les lézards maintenus à
38°C. Pour les autres températures, soit 34°C, 36°C et 42°C, le taux de
mortalité atteint respectivement 75%, 66% et 14%. "Au bout de 7 jours, relate Kluger, les pourcentages de mortalité étaient
de 25% à 42°C, 33% à 40°C, 75% à 38°C et 36°C et de 100% à 34°C". En observant de plus près les résultats du 7e jour, Kluger constate que la
presque totalité des animaux morts l'est déjà dès le 3e jour et demi, à
l'exception du lot placé à 42°C. En effet, tandis que la mortalité dans ce
lot n'est que de 6% au bout du 3e jour et demi, on trouve un taux de 25% au
7e jour. Cette constatation est à rapprocher de la suivante: un certain nombre de
lézards non infectés, donc en bonne santé, répartis en 3 lots, ont été
maintenus durant 7 jours aux températures de 34°C, 38°C et 42°C. Dans ces
conditions, la mortalité est nulle à 34°C et 38°C ; par contre chez les
lézards à 42°C, elle se chiffre à 34%. Il est donc permis de conclure que la température de 42°C est en elle-même
mortelle pour un certain nombre de lézards lorsque l'animal y séjourne
pendant une durée de plusieurs jours et que les animaux infectés du lot de
42°C, morts après le 3e jour et demi le sont probablement du fait de la
température et non de la maladie. Il est frappant de constater que la
mortalité à 42°C est plus importante chez les animaux témoins (34%) que
chez les animaux malades. Ainsi la température de 42°C est dans une certaine mesure physiologique
pour un lézard infecté, en tout cas, durant les trois premiers jours, alors
qu'elle est nettement plus néfaste pour l'animal en bonne santé. Des travaux de Kluger nous retiendrons avant tout que la mortalité due à la
maladie chez le dipsosaurus dorsalis est d'autant plus élevée que la
température de l'animal est plus basse. A la température de 38°C, qui
représente, comme nous l'avons vu, la température de confort de l'animal en
bonne santé, les lézards infectés présentent, après 3 jours et demi, un
taux de mortalité de 75%, alors qu'à 42°C celle-ci n'est que de 6%. La différence est énorme et plaide puissamment en faveur du rôle bénéfique
de la fièvre dans la lutte contre la maladie. Si nous essayons à présent d'avoir une vue d'ensemble des travaux
scientifiques portant sur le rôle de la fièvre dans les maladies
infectieuses, il apparaît clairement que celle-ci représente un facteur
essentiel de lutte contre la maladie aussi bien dans le règne végétal que
dans le règne animal. Au sein du règne animal, cette loi s'applique aussi
bien aux animaux à sang froid comme le lézard, qu'aux animaux à sang chaud
comme le singe et le lapin. La même l