Manon Lescaut - Comptoir Littéraire

Mais, un jour d'exercice public à Saint-Sulpice, Manon, enrichie, réapparut au
parloir, et, dissipant ce zèle religieux, «enleva» des Grieux. ...... et corrompu, un
monde de fêtards réunissant des gens socialement élevés et des gens du peuple
, comme Lescaut, un monde de galants faisant se côtoyer barbons et jeunes.

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www.comptoirlitteraire.com André Durand présente "Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut"
(1731) roman de l'abbé PRÉVOST (230 pages) pour lequel on trouve un résumé
puis successivement l'examen de :
les sources (page 3)
l'intérêt de l'action (page 7)
l'intérêt littéraire (page 11)
l'intérêt documentaire (page 13)
l'intérêt psychologique (page 16)
l'intérêt philosophique (page 24)
la destinée de l'?uvre (page 28) Bonne lecture ! Résumé Première partie Dans un «Avis» initial, un «homme de qualité», Renoncour, explique qu'il a
placé cette histoire après la conclusion de ses mémoires, parce qu'elle
était trop longue et qu'elle n'avait joué aucun rôle dans sa vie, tout
comme il n'avait joué qu'un rôle mineur dans le destin des deux amants dont
l'histoire allait suivre, lui se contentant en effet d'introduire le récit
qui occupe l'essentiel du roman.
En octobre 1720, à Pacy-sur-Eure, il fut impressionné par la grâce d'une
jeune femme qui faisait partie d'un convoi de filles de mauvaise vie
enchaînées, prêtes à être déportées en Louisiane, et qui était acompagnée
d'un jeune homme affligé. Touché par sa détresse, il lui ouvrit sa bourse.
Or, en 1723, à Calais, il rencontra pour la deuxième fois le jeune homme,
qui était en fort mauvais état, pleurant, inconsolable, à la fois sa
maîtresse et ses fautes, dramatiquement conscient de l'irréparable,
traînant, comme une âme en peine, une existence sans but. À l'auberge du
Lion d'or, le jeune homme se présenta (il était le chevalier des Grieux,
cadet de bonne famille), et entreprit le récit de ses malheurs, les cinq
années de son aventure. En 1717, âgé de dix-sept ans, destiné par son père à l'ordre de Malte,
ordre religieux de moines-soldats, le jeune chevalier venait d'achever ses
études de philosophie à Amiens, et se disposait à rentrer dans sa famille,
lorsqu'il vit, à un relais de poste, une jeune fille «charmante» qui
«l'enflamma tout d'un coup jusqu'au transport», qu'il considéra aussitôt
comme «la maîtresse de [son] coeur». Il apprit d'elle que ses parents, pour
arrêter «son penchant au plaisir», l'envoyaient en un couvent où il lui
déplaisait d'aller enfermer sa jeunesse, sa beauté et sa gaieté. Grâce à
son «éloquence scolastique» et malgré les remontrances de Tiberge, son
vertueux ami, il n'eut aucune peine à la convaincre de se laisser enlever,
de s'enfuir avec lui qui lui offrait de la conduire à Paris où ils se
divertiraient et se marieraient.
À Paris, le couple s'installa rue Vivienne. Manon, prétendument du fait de
son origine plus modeste, refusa l'offre de mariage que lui fit des Grieux,
même s'il était trop jeune pour obtenir de l'épouser ou même pour
l'entretenir. Devant ce refus, il eut de premiers soupçons. En effet, alors
que c'était l'amour qui le menait, c'était l'attrait d'une existence de
luxe et de plaisir qui menait Manon. Aussi, éblouie par le luxe et les
divertissements de la vie parisienne, elle disparut un soir pour rejoindre
le «fermier général» (le financier), M. de B., avec lequel elle le
trompait. Le chevalier fut alors enlevé par les laquais de son père, qui le
railla de sa naïveté, et le séquestra. Des Grieux finit par se rendre à ses
objurgations, entra au séminaire à Amiens, avec Tiberge, et se plongea dans
l'étude.
Mais, un jour d'exercice public à Saint-Sulpice, Manon, enrichie, réapparut
au parloir, et, dissipant ce zèle religieux, «enleva» des Grieux. Il lui
pardonna, se défroqua, et reprit l'épée. Le couple s'installa à la
campagne, mais Manon s'y ennuyant, ils louèrent aussi un appartement à
Paris. Ils y menèrent joyeuse vie tant que l'argent ne manqua pas. C'est
alors que Lescaut, le frère de Manon, se fit connaître : débauché et
tricheur, ce truand contribua au gaspillage de l'argent du couple, qu'un
incendie acheva de dilapider. Lescaut conseilla alors à des Grieux, qui
avait déjà eu recours à l'aide fraternelle de Tiberge, d'en gagner en se
livrant au jeu. Craignant d'être à nouveau quitté par Manon, le chevalier
devint un tricheur redoutable. Mais, dévalisés par leurs domestiques, les
deux amants finirent par être totalement ruinés.
Son frère conseilla alors à Manon de profiter de ses charmes en acceptant
les caresses du vieux et libidineux M. de G... M.... Elle en avisa des
Grieux, qui fit taire ses scrupules, et accepta de voler le vieillard en
compagnie de Manon et de Lescaut. Mais M. de G... M... ne tarda pas à
retrouver la trace du couple, et le fit arrêter.
À la prison de Saint-Lazare, destinée aux fils de famille, des Grieux,
s'évertua à jouer un rôle d'hypocrite qui ne lui réussit pas trop mal :
touché, le vieux M. de G... M... lui rendit visite. Mais, ayant appris par
le vieillard que Manon croupissait à l'Hôpital général, le jeune homme
manqua l'étrangler. Il lui fallait s'évader. Il se fit procurer par Lescaut
un pistolet, et en usa pour se faire ouvrir les portes de sa prison, tuant
malencontreusement le portier. Grâce à l'amitié que lui manifestait le fils
d'un administrateur, M. de T., il fit évader Manon. Reconnu par une victime
de ses tricheries, Lescaut fut abattu dans la rue. Le couple se cacha dans
le village de Chaillot. Aidé à nouveau par Tiberge, des Grieux apprit que
le scandale était étouffé. Il pouvait respirer, peut-être reprendre ses
études. Mais il rompit avec son père.
Renoncour indique : «Le chevalier des Grieux ayant employé plus d'une heure
à ce récit, je le priai de prendre un peu de relâche et de nous tenir
compagnie à souper.» Deuxième partie À Chaillot, le couple s'installa à l'hôtellerie du village, où, un jour,
descendit le fils de M. de G... M.... Il s'éprit de Manon, qui le suivit,
envoyant à des Grieux une courtisane, pour qu'il patiente. Furieux, il fit
enlever le jeune G... M..., et retrouva Manon chez lui : la réconciliation
canaille se fit dans les draps du monsieur. Mais un domestique avait donné
l'alerte au vieux G... M... : le couple fut arrêté. Des Grieux, conduit au
Châtelet, fut vite libéré, mais apprit que son père, qui voulait le ramener
à ses devoirs sociaux et à sa vocation de chevalier de Malte, et M. de G...
M.... avaient obtenu la déportation de Manon en Louisiane.
Même s'il était désespéré et à bout de ressources, il envisagea de recourir
à la force pour arracher sa maîtresse des archers qui l'amenaient au Havre,
enchaînée avec d'autres filles de joie. Cependant, les braves qu'il avait
recrutés s'enfuirent lâchement. Il décida alors d'accompagner la petite
troupe, obtenant, moyennant finance, quelques conversations avec Manon. Au
Havre, il décida de s'embarquer comme volontaire.
En Louisiane, des Grieux et Manon s'installèrent au «nouvel Orléans» dans
la pauvre petite cabane qu'ils avaient obtenue, le gouverneur ayant fait
preuve de bienveillance à leur égard. Et commença, pour le couple qu'on
croyait marié, une vie neuve, avec un bonheur plein en perspective, leur
amour étant épuré par les épreuves, régénéré dans le paradis américain.
Encouragés dans la vertu par la simplicité de leur vie, ils pensèrent
pouvoir accomplir enfin leur premier projet, qui était de se marier, de
régulariser leur situation devant Dieu et d'être à jamais l'un à l'autre.
Mais, apprenant que Manon était libre, le neveu du gouverneur, Synnelet, la
demanda en mariage à son oncle qui la lui accorda. Les deux rivaux
s'affrontèrent en duel : des Grieux, blessé au bras, blessa lui-même son
adversaire. Il crut l'avoir tué, et il lui fallut fuir. Mais il eut la
satisfaction de voir Manon s'enfuir avec lui. Cependant, peu faite pour une
vie rude et des émotions violentes, épuisée par une longue marche dans le
désert, elle mourut soudainement, et, inconsolable, le c?ur torturé et les
yeux brûlés de larmes, il creusa sa tombe de ses propres mains.
Ramené à La Nouvelle-Orléans, disculpé sur la demande même de Synnelet, qui
était bien vivant, des Grieux mena une vie lamentable, sans but, jusqu'à
l'arrivée de Tiberge, l'indéfectible ami qui était venu lui porter secours,
mais avait été capturé par des corsaires espagnols qui l'avaient «conduit
dans une de leurs îles». Dès qu'ils le purent, les deux amis prirent le
bateau pour la France.
Des Grieux y apprit la mort de son père, miné par le chagrin, y retrouva sa
famille et la vertu, Dieu l'ayant fait «retourner à Lui par les voies de la
pénitence». Analyse Sources On les a cherchées dans la vie de l'abbé Prévost et dans les lectures qu'il
a pu avoir faites. Il semble bien que le roman est uni à son auteur par des liens
particuliers, son intensité et sa sincérité, qu'il laisse deviner une
grande part d'autobiographie. Différents petits indices permettent de
supposer que Prévost a mis beaucoup de lui-même dans le roman, en a fait un
témoignage intime. Ne serait-ce pas le récit, agrémenté de quelques
inventions dans le détail, d'un amour authentique qu'il aurait vécu, d'une
de ses passions malheureuses de sa jeunesse. Dans la préface du ''Doyen de
Killerine'', il présenta une des raisons qui peuvent pousser les r