Sujet de devoir Cned : CAPEPS externe - Professeur : Jean-Michel ...

La méthodologie retenue pour ce corrigé est décrite dans deux articles 1. ....
enseignants d'éducation physique dans la construction théorique et pratique de
la .... rôle des enseignants d'EP sur l'évolution de leur discipline et c'est un
exercice ...

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Sujet de devoir Cned : CAPEPS externe - Professeur : Jean-Michel DELAPLACE
(Écrit 1 Corrigé série 1)

Sujet : Dans quelle mesure peut-on dire que les enseignants d'éducation
physique ont été responsables de l'évolution de la discipline qu'ils
enseignent au cours du XXe siècle en France ?
Remarque préliminaire
La méthodologie retenue pour ce corrigé est décrite dans deux articles 1.
Afin de faciliter la compréhension de la démarche, la présentation du
corrigé correspond aux différentes étapes que devrait respecter le
candidat dans la construction de son devoir.
Discussion sur le thème du sujet et hypothèse de travail
Antoine Prost nous fait remarquer " qu'il faut essayer de penser les
politiques éducatives comme l'histoire des stratégies plurielles d'acteurs
sociaux eux-mêmes pluriels " 2. C'est dans cette perspective que Claude-
Marie Prévost nous décrit " la Profession " 3 (des enseignants d'éducation
physique) et met en évidence quelques stratégies dont les fondements
relèvent quelquefois du mythe 4.
Quoi qu'il en soit (de l'existence ou non d'un mythe !), nous ne pouvons
que nous rallier aux observations faites par Jean-Luc Martin à propos du
rôle joué par les représentants syndicaux du SNEP (Syndicat National de
l'Education Physique) dans l'évolution sportive de l'éducation physique
entre 1958 et 1967 5.
À ce stade des remarques préliminaires, il convient de souligner que les
enseignants d'éducation physique ne forment pas une catégorie homogène (au
risque de mettre à mal quelques approches globales de notre collègue et
ami Claude-Marie Prévost !) et d'abord que le sujet ne prend tout son sens
qu'à partir du moment où " il existe des cadres patentés pour enseigner
l'éducation physique " 6 en nombre suffisant pour constituer une
corporation. Cette masse significative est certainement atteinte après
1945, dans la mesure où se crée par exemple le premier syndicat
d'enseignants d'éducation physique (avec 3 139 enseignants en 1945 7), ce
qui n'exclut pas que s'organise une dynamique corporative avant cette
date, notamment chez les instituteurs et institutrices, dans la
perspective de la construction de cette corporation.
L'hétérogénéité vient ensuite, du fait de l'initiative du gouvernement de
Vichy, de la création d'un corps de Maîtres d'éducation physique (de 1945
à 1975) suivi en 1975 de celui des Professeurs adjoints (jusqu'en 1983) 8.
L'existence de catégories différentes pour une même fonction va faire
naître des dissensions corporatives qui se traduiront aussi sur le
positionnement des acteurs par rapport à certaines orientations de la
discipline 9.
À cette vue déjà très éclatée de ces enseignants d'éducation physique, il
convient d'ajouter la différenciation sexuelle du recrutement et de la
formation qui, jusqu'à une période très récente 10 , conduit à l'existence
de deux corps dans un même grade, celui des enseignantes et celui des
enseignants. Les nombreux débats que les uns et les autres vont alimenter
à propos de la spécificité sexuelle de l'éducation physique corroborent
l'hypothèse selon laquelle ces différentes catégories d'acteurs ont un
rôle déterminant dans l'évolution de l'éducation physique 11. Bref, comme
se plaît à le souligner Antoine Prost (op. cit.), " le décideur solitaire
n'existe pas " et il conviendra d'identifier quelle est la part de
responsabilité de ces différentes catégories d'acteurs sociaux dans
l'évolution de l'éducation physique.
Cette première étape qui consiste à expliciter le thème du sujet étant
achevée, il s'agit de réfléchir à la formulation d'une hypothèse de
travail suffisamment explicite pour rendre compte de la dialectique
complexe de cette histoire.
Plusieurs thèses et hypothèses existent dans la littérature concernant le
rôle et les stratégies des enseignants d'éducation physique et il n'est
pas possible de faire l'économie d'au moins leur évocation. De celle de
Claude-Marie Prévost, déjà évoquée, aux propositions de Pierre Arnaud
concernant la recherche " d'orthodoxie scolaire " par les enseignants 12,
en passant par les réflexions de Jacques Thibault sur la " face cachée de
l'éducation physique 13, il y a matière à dégager les pistes essentielles
à l'organisation de l'hypothèse de travail 14. Pour notre part nous
retiendrons trois pistes explicatives.
La première s'appuie sur le constat de la lente constitution d'une
profession peu ordinaire au sein de l'école républicaine. Cette
singularité fait dire à Alain Hébrard par exemple que " l'éducation
physique (et donc la profession qui l'enseigne !) est une discipline
scolaire à part entière, mais aussi entièrement à part " ou encore à
Joffre Dumazedier que " l'éducation physique n'est pas à l'école, elle y
campe ". Dès l'entre-deux-guerres, lorsque se développent des stratégies
de formation de cadres en prévision de la mise en place d'un enseignement
obligatoire d'éducation physique dans le secondaire (et notamment à partir
de 1927 avec la mise en place progressive de la gratuité du secondaire),
la naissance de la corporation s'inscrit d'emblée dans le cadre d'une
lutte politique, syndicale et idéologique 15. La seule évocation de
l'intervention de Jean Zay, député SFIO du Loiret, à la tribune de la
Chambre le 19 décembre 1935, suffirait à nous en convaincre : " Je demande
à M. le ministre de la Santé publique de bien vouloir intervenir
instamment auprès de ses collègues des Finances et de l'Éducation
nationale, pour obtenir enfin le reclassement des professeurs d'éducation
physique, dont on peut dire, sans exagération, que dans le corps de
l'enseignement français, ils sont actuellement traités en parias ".
D'abord fondée sur une revendication salariale, la lutte syndicale et
corporative va emprunter tour à tour les voies statutaires, pédagogiques,
sportives, didactiques, voies de transformation de l'éducation physique.
La deuxième piste de notre hypothèse est suggérée par l'implication de
plus en plus importante des enseignants d'éducation physique dans la
construction théorique et pratique de la discipline qu'ils enseignent 16.
Comme le souligne Georges Vigarello, " la légitimité de l'éducation
physique et sportive ne naît pas avec des démarches scientifiques, mais
avec des pratiques (...) l'éducation physique est d'abord un ensemble de
tactiques pédagogiques appliquées aux pratiques corporelles " 17. Fort de
cette conviction largement renforcée par l'évolution du dispositif
institutionnel (loi sur la formation permanente 1971 - mise en place de la
FPC EPS la même année, commissions verticales et horizontales des
programmes 1983, groupes de " recherche-action " initiés par l'INRP,
etc.), les enseignants d'EPS vont accumuler un corpus de connaissances
empiriques dont ils vont revendiquer la pertinence au plan institutionnel.
Cette situation nouvelle va réactiver le débat " hommes de sciences -
hommes de terrain " 18 autour de la définition des contenus de l'éducation
physique. Ainsi que le fait remarquer fort justement Pierre Arnaud, " si
l'éducation physique réintégrée au Ministère de l'Education s'est parée de
toutes les caractéristiques orthodoxes d'un enseignement, au point qu'elle
ne peut plus guère se prévaloir d'un particularisme ou d'une spécificité
autre que scolaire, la question de savoir ce qu'elle enseigne n'est pas
résolue " 19. Ainsi la deuxième partie de l'hypothèse peut mettre en
évidence qu'un des facteurs de l'évolution de l'éducation physique tient
dans cette implication des enseignants dans un secteur jusque-là réservé
aux concepteurs, celui de la détermination et de l'articulation des
contenus d'enseignement. Cette singularité du fonctionnement de la
discipline nous conforte, à l'instar de la thèse de Pierre Arnaud, dans
l'idée que les enseignants sont pris (et partie prenante) dans un enjeu de
pouvoir qui débute par le débat empirisme-sciences, se prolonge dans celui
sport-éducation physique et s'actualise dans la problématique didactique.
La troisième piste est motivée par le constat de la permanence dans les
discours des andromorphismes concernant l'éducation physique (y compris
chez les auteurs notoires !). Comment peut-on expliquer cette propension
sinon en admettant qu'il y a certainement des enjeux, pour certains
acteurs, à se " cacher " derrière la discipline ou à s'assimiler à elle
20. Claude-Marie Prévost n'hésite pas à parler de mythe en suggérant les "
modalités de fonctionnement du mythe fondateur de la Profession " 21.
Évoquant successivement les " signes de ralliement " que sont les sigles
et les slogans, il oublie, me semble-t-il, cet aspect important du
fonctionnement du mythe de la Profession qui consiste dans l'utilisation
exclusive de l'andromorphisme " l'éducation physique " pour désigner en
lieu et place les enseignants et leurs édiles. En agissant, réfléchissant,
s'émouvant et se révoltant, " l'éducation physique " est donnée à voir
avec une superbe unité (que ses acteurs sont loin d'entretenir, mais
!...), unité qui sert bien des intérêts ! L'assimilation des enseignants
d'éducation physique à la discipline qu'ils enseignent sert le processus
d'autonomisation de la corporation, conférant du même coup à la discipline
une " puissance " qui suggère à Jacques Ulmann la remarque suivante : "
finalement ce qui gêne le plus les enseignants d'éducation physique, c'est
le terme physique ! " 22.
Organisation du devoir
Les trois " pistes " évoquées précédemment constituent l'ossature d'une
approche thématique du sujet 23. Certes, il est tout à fait envisageable,
sur ce type de sujet, de proposer un plan chronologique ou plutôt
chronothématique, c'est-à-dire qui articule chronologie et thèmes. La
montée en puissance du rôle des enseignants d'éducation physique quant à
l'évolution de la discipline qu'ils enseignent justifie le type
d'organisation d'un devoir concernant cet aspect de l'histoire. Ainsi les
différentes parties du plan chr