CAMUS - ''Caligula' - Comptoir Littéraire

Pour éviter une surcharge d'un travail complexe, l'enseignant corrige lui- même
la plupart des erreurs, ne sollicitant l'intervention de l'élève que dans un ou deux
domaines ..... Mais comme le naturel est difficile à chasser, les querelles ne
tardèrent pas à ressurgir. ... Cohérence et cohésion textuelles : exercice
complexe (1).

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www.comptoirlitteraire.com André Durand présente ''Caligula''
(1944) drame en quatre actes d'Albert CAMUS
pour lequel on trouve un résumé
puis successivement l'examen de :
la genèse (page 3)
l'intérêt de l'action (page 4)
l'intérêt littéraire (page 6)
l'intérêt documentaire (page 8)
l'intérêt psychologique (page 10)
l'intérêt philosophique (page 19)
la destinée de l'?uvre (page 21) Bonne lecture ! Acte I Le rideau s'ouvre sur le palais de l'empereur de Rome Caïus Caligula, dont
on attend le retour : absent depuis trois jours, il a, pense-t-on, été
égaré par la mort de sa soeur-amante, Drusilla. Les patriciens commencent à
s'en inquiéter, l'homme de lettres Cherea regrettant : «Cet empereur était
parfait», un autre le trouvant «comme il faut : scrupuleux et sans
expérience». Lorsqu'il paraît, c'est pour confier à un de ses proches,
Hélicon, que ce qui le préoccupe n'est pas la perte de Drusilla, mais
d'avoir constaté que «ce monde, tel qu'il est fait, n'est pas supportable.
J'ai donc besoin de la lune, ou du bonheur, ou de l'immortalité, de quelque
chose qui soit dément peut-être mais qui ne soit pas de ce monde». Il est
parti à la recherche de la lune, «une des choses que je n'ai pas» ; il
s'est senti «un besoin d'impossible» ; lui est apparu «une vérité toute
simple et toute claire, un peu bête, mais difficile à découvrir et lourde à
porter : Les hommes meurent et ils ne sont pas heureux», ce à quoi Hélicon
répond : «Allons, Caïus, c'est une vérité dont on s'arrange très bien.
Regarde autour de toi. Ce n'est pas cela qui les empêche de déjeuner. -
Alors, c'est que tout, autour de moi, est mensonge, et moi, je veux qu'on
vive dans la vérité !» Comme on lui demande d'agir, il décide d'obliger
tous les sujets à «déshériter leurs enfants et tester sur l'heure en faveur
de l'État», et de les faire mourir arbitrairement, usant de son pouvoir
absolu pour les obliger à vivre dans la pleine conscience de leur destinée
mortelle. Mais, à Caesonia, sa «vieille maîtresse», il reconnaît qu'il veut
«mêler le ciel à la mer, confondre laideur et beauté, faire jaillir le rire
de la souffrance», transformer le monde («Alors enfin les hommes ne
mourront pas et ils seront heureux»), l'invite «à un procès général, au
plus beau des spectacles» : «Il me faut des coupables. Et ils le sont tous
[...] Juges, témoins, accusés, tous condamnés d'avance». Et Caesonia
accepte de le suivre dans ce qui pour elle est folie. Acte lI Les patriciens se plaignent des avanies multiples et vexatoires que leur
fait subir «depuis trois ans» «le plus insensé des tyrans», et sont prêts à
une sédition. Cherea se joindrait à eux «pour retrouver la paix dans un
monde à nouveau cohérent», mais leur demande d'attendre, d'aller dans le
sens de Caligula : «Organisons sa folie.» Hélicon, avec son ironie
habituelle, soutient les folies de l'empereur qui s'amuse de la peur des
patriciens, de la douleur de Lepidus dont il a fait tuer le fils, de celle
de Mucius à qui il prend sa femme. Il décrète la famine car, dit-il : «Je
n'ai pas tellement de façons de prouver que je suis libre». Il donne un
aperçu du «petit traité de l'exécution» où il a écrit : «On meurt parce
qu'on est coupable. On est coupable parce qu'on est sujet de Caligula. Or
tout le monde est sujet de Caligula. Donc tout le monde est coupable. D'où
il ressort que tout le monde meurt.» Il institue un «ordre du Héros
civique» qui «récompensera ceux des citoyens qui auront le plus fréquenté
sa maison publique» [son bordel]. À Mereia, qu'il soupçonne de prendre un
contre-poison, il impose violemment un poison. Caesonia fait avouer au
jeune poète Scipion, dont Caligula a fait tuer le père, la volonté de le
venger, mais l'invite aussi à comprendre le meurtrier. Caligula le fait
parler d'un de ses poèmes, et s'exalte avec lui dans l'évocation de la
nature ; mais Scipion, s'étant rendu compte que ce ne fut qu'un jeu,
exprime sa haine, évoque la solitude dont doit souffrir Caligula, le touche
de sa main sur laquelle l'autre pose la sienne pour lui asséner finalement
que la seule «douceur» qu'il ait dans la vie est «le mépris». Acte III Annoncé par Hélicon et Caesonia, Caligula se présente aux patriciens en
Vénus grotesque, leur faisant répéter une prière sarcastique, et verser une
obole. Scipion lui reproche d'avoir blasphémé, même si lui-même ne croit
pas aux dieux ; mais Caligula revendique le droit d'exercer sa liberté en
s'égalant aux dieux, en se faisant «destin», en pratiquant «l'art
dramatique». À Hélicon qui veut le prévenir du complot fomenté contre lui,
l'empereur, tout en se mettant du rouge sur les ongles du pied, oppose son
intérêt pour la lune, et lui demande de la lui apporter. Il retourne de la
même façon un vieux patricien qui le prévient lui aussi. S'adressant à son
image dans son miroir, il décide de «poursuivre la logique. Le pouvoir
jusqu'au bout, l'abandon jusqu'au bout [...] et il faut aller jusqu'à la
consommmation !» C'est qu'il reçoit Cherea, qu'il invite à lui parler avec
sincérité ; celui-ci lui avoue vouloir sans haine sa disparition car, dit-
il : «J'ai envie de vivre et d'être heureux», et il attend sa sentence ;
mais Caligula, qui détient sur une tablette la preuve de sa trahison, la
fait fondre à la flamme d'un flambeau. Acte IV À Cherea, qui voudrait le voir participer au complot, Scipion avoue qu'il
ne peut agir contre Caligula : «Quelque chose en moi lui ressemble [...] Il
m'a appris à tout exiger.» Hélicon demande à Cherea de demeurer sur place
où sont amenés par des gardes deux patriciens ; la conjuration étant
découverte, ils craignent d'avoir à subir la torture et d'être mis à mort ;
Cherea les incite au courage que Caligula apprécie. Mais voilà qu'en ombre
chinoise et sur «une musique aigre», il apparaît fugitivement en danseuse,
les ayant, selon Caesonia, «invités à communiquer avec lui dans une émotion
artistique» et à apprécier le spectacle. Hélicon affronte le vertueux
Cherea, et déclare que lui, l'esclave que Caligula a affranchi, empêchera
qu'on touche «celui qui a souffert sans compter, et qui saigne tous les
jours de mille nouvelles blessures». Caesonia annonce : «Caligula souffre
de l'estomac. Il a vomi du sang», et les patriciens y vont de leurs
souhaits de rétablissement, pour lequel l'un promet une offrande, un autre
sa vie. Caligula, qui se présente en parfaite santé, accepte l'une et
l'autre ! Il sort, et Caesonia annonce sa mort à Cherea, mais celui-ci y
voit un «grand malheur» ; Caligula réapparaît pour reconnaître : «Eh bien !
c'est raté». Pour Caesonia, la maladie de Caligula, c'est qu'il a «trop
d'âme». L'empereur, qui se se dit «le seul artiste que Rome ait connu, le
seul [...] qui mette en accord sa pensée et ses actes» mais ajoute : «Je
n'ai pas besoin d'une ?uvre : je vis», tient un concours entre poètes dont
le sujet imposé est «la mort. Délai : une minute.» Mais, bien avant, il les
interrompt tous de son sifflet, et les rejette, les considérant comme des
ennemis ; seul le poème de Scipion l'émeut par sa connaissance des «vraies
leçons de la mort». Cherea déclarant : «Le moment est venu», Scipion va
vers Caligula, qui le repousse ; aussi, lui qui lui «ressemble tant», va-t-
il partir «très loin», lui demandant seulement : «Quand tout sera fini,
n'oublie pas que je t'ai aimé.» Caligula repousse aussi Caesonia qui pense
que «cela peut être si bon de vivre et d'aimer dans la pureté de son c?ur».
Pour lui, ne compte que la poursuite de «l'essentiel», et il dit : «Je ne
suis bien que parmi mes morts». Pourtant, il s'attendrit un moment avec
elle, pour mieux vilipender la «bêtise» de ceux qu'il a «moqués et
ridiculisés», reconnaître cependant «la loyauté et le courage de ceux qui
veulent être heureux», pour s'étonner, lui dit-il, de «cette sorte de
tendresse honteuse pour la vieille femme que tu vas être», «le seul
sentiment pur que ma vie m'ait jusqu'ici donné», ce qui ne l'empêche pas,
parce qu'il a choisi «le bonheur des meurtriers», parce que l'amour (même
celui pour Drusilla) ne lui est «pas suffisant», d'étrangler Caesonia qui
se «débat faiblement». Seul avec lui-même dans son miroir, il regrette de
n'avoir pas eu la lune, que l'impossible n'ait pas été ; il avoue sa peur,
sa lâcheté ; il reconnaît qu'il n'a «pas pris la voie qu'il fallait, je
n'aboutis à rien. Ma liberté n'est pas la bonne». «Des bruits d'armes et
des chuchotemts s'entendent», et il est frappé par les conjurés, mais
hurle : «Je suis encore vivant». Analyse Genèse Camus travailla sur ''Caligula'' pendant treize ans avant sa
représentation.
En 1935, il avait fondé une troupe d'amateurs, le ''Théâtre du Travail'',
qui voulait toucher le public ouvrier, puis, en 1937, une autre, le
''Théâtre de I'Équipe'', dont le «manifeste» disait qu'il «demandera aux
oeuvres la vérité et la simplicité, la violence dans les sentiments et la
cruauté dans I'action». On croit entendre Antonin Artaud, et