Où situer la nature - Tel Archives ouvertes
La capacité de recherche en sociologie dont s'est doté le Cemagref au cours des
..... La volonté de ses dirigeants de poursuivre sa transformation, d'une sorte de
... à même de coopérer et de rivaliser avec les autres Epst a été déterminante,
...... Or cet exercice de délimitation et de décomposition des collectifs s'avère bien
...
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Université jean monnet saint-Étienne Les collectifs et leurs natures Un parcours sociologique, des animaux emblématiques à la biodiversité Mémoire pour l'obtention de l'habilitation à diriger les recherches
Spécialité Sciences juridiques, politiques, économiques de gestion présenté et soutenu publiquement le XXXX par Isabelle Mauz devant le jury suivant : M. Robert Barbault rapporteur M. André Micoud directeur M. Marc Mormont rapporteur M. Olivier Soubeyran rapporteur M. Daniel Terrasson examinateur M. Jacques Weber examinateur Remerciements
Ma reconnaissance va d'abord à André Micoud, qui m'a accordé sa confiance
et a accepté de diriger ce mémoire. Je remercie également Robert Barbault, Marc Mormont, Olivier Soubeyran,
Daniel Terrasson et Jacques Weber d'avoir bien voulu lire et évaluer mon
travail, en dépit de leur emploi du temps chargé. D'autres chercheurs ont accompagné tout ou partie de mon parcours
sociologique, à qui je veux dire ma gratitude, notamment Raphaël Larrère,
Bernard Debarbieux, Jacques Perret et Jacques Rémy. Je remercie aussi Céline Granjou, pour les recherches que nous avons menées
ensemble ces dernières années ainsi que pour sa lecture de ce texte et ses
suggestions d'amélioration. Le Cemagref m'a offert un contexte très favorable pour cette habilitation à
diriger les recherches. Les deux personnes qui ont dirigé le département
« Gestion des territoires », Daniel Terrasson puis Marc Guérin, m'ont en
effet permis de m'initier à la sociologie puis de développer mon activité
de recherche. Avec Marie-Hélène Cruveillé, directrice du groupement de
Grenoble, ils m'ont vivement encouragée à engager une démarche
d'habilitation à diriger les recherches. Marie-Pierre Arlot, responsable de
l'unité de recherche « Développement des territoires montagnards » a de
très bon gré accepté mes très fréquentes escapades à la bibliothèque
universitaire, pour réfléchir et écrire loin des diverses sollicitations du
bureau. Je tiens également à remercier tous ceux, commanditaires et enquêtés, grâce
auxquels j'ai pu mener les recherches dont il sera ici question. Ma reconnaissance va enfin à mes proches, pour leur soutien constant et
pour l'intérêt qu'ils portent à mes activités professionnelles. Sommaire Avant-propos Retour sur quinze ans de recherches au Cemagref 5 Un parcours buissonnier, de l'aménagement des forêts à la sociologie de la
nature 7 Des études scientifiques et une formation initiale d'ingénieur forestier
7 L'arrivée au Cemagref et les premières enquêtes 8 Une formation tardive à la recherche en sciences sociales 9 La constitution d'une petite équipe de recherche en sociologie de la nature
11 Le développement d'activités connexes à la recherche 13
La participation à des instances au sein d'organismes gestionnaires de la
nature 13
L'enseignement et l'encadrement de mémoires d'étudiants 15
La présentation des recherches et de leurs résultats à des publics non
scientifiques 16 Principes théoriques et méthodologiques 20 Le terrain d'abord 20
Plonger dans le terrain 20
Des interlocuteurs engagés dans l'action 21
« Concrètement, comment vous faites ? » 22
Le « matériau » de la recherche 24 Le goût de l'histoire 28
Un goût qui vient de loin 28
Une « ficelle » efficace 29
Rendre compte des histoires des autres 29 Le sociologue, les enquêtés et le commanditaire 34
L'individu et le collectif 34
Des individus considérés pour eux-mêmes... 34
...mais pas seulement 35
Une sociologie plus interactive est-elle possible ? 37
Correction de la forme, adaptation du fond à la publication 44
Respect du lecteur, image de soi et responsabilité 46
De recherches dans les espaces protégés à des recherches sur et pour les
espaces protégés 52 Où situer la nature ? 56
D'une sociologie des pratiques et des représentations de la nature... 57
Le succès des représentations de la nature 58
Les inconvénients de l'approche par les représentations de la nature 59
... à la sociologie des collectifs 62
Les attachements au fondement des collectifs 64
Les animaux et la sociologie des collectifs 68
Une sociologie ni verte ni rouge 72 La nature des collectifs 77 La naissance des collectifs : le cas des espaces protégés 78
Éveiller les visiteurs à l'amour de la nature 79
Maintenir les villages de montagne vivants 82
Donner, en France, un territoire aux bouquetins 85
Faire des « conserves de nature » 87 L'entrée des loups en politique 91
L'arrivée des loups dans les mondes humains et la recomposition des
attachements 92
Dans quels mondes les loups ont-ils surgi ? 92
Ce que les loups ont changé 93
Loups et bergers salariés : une illustration de la recomposition des
attachements à la suite de l'arrivée des loups 94
Formation de nouveaux attachements 95
Transformations d'attachements antérieurs 100
Un travail de qualification des nouveaux venus et des attachements 104
La production de qualifications difficilement contestables 106
Une parenté entre collectifs et « sociétés de contrôle » ? 108 L'avènement de la biodiversité 111 Ce qu'elle est 115 Ce qu'on en sait 120
Pas grand-chose mais tout de même assez 120
L'érosion de la biodiversité et la question des preuves publiques 120
La liste rouge de l'Uicn 121
Méthodes d'estimation des taux d'extinction des espèces 126 Ce qu'elle nous fait faire 129
Une révolution scientifique et technique 129
Un vaste programme scientifique d'exploration de la biodiversité 129
La contribution mesurée de naturalistes et d'usagers de la nature 139
La montée d'une ingénierie écologique de la biodiversité 144
La constitution d'une ingénierie sociale de la biodiversité 147
Deux normes d'action a priori favorables l'une à l'autre 148
Une affirmation contestée 151 Perspectives 158
La constitution d'une science de la biodiversité 158
Caractériser les lieux, les techniques et les acteurs de la science de
la biodiversité 159
Dégager et analyser ses effets politiques et ses enjeux éthiques 162
L'appropriation de la biodiversité par les exploitants et les usagers de
la nature 164
Identifier les acteurs de la biodiversité, leurs trajectoires et leurs
stratégies 165
La place de la biodiversité dans le « retour par l'environnement » des
exploitants et des usagers « traditionnels » de la nature 166 Conclusion 170 Bibliographie 173 Avant-propos
Retour sur quinze ans de recherches au Cemagref
La satisfaction est toujours vive lorsqu'on peut enfin « boucler » une
recherche et l'archiver, après des mois, parfois des années, d'enquête, de
réflexion et de rédaction. Passer à du neuf ! La Hdr oblige à - et permet
de - considérer les chantiers qui se sont succédé, non plus comme des
totalités achevées et closes sur elles-mêmes, mais comme des pièces d'un
ensemble en construction, comme les étapes d'un parcours marqué par de
grandes orientations et des points d'inflexion. Elle est par ailleurs
l'occasion de faire le point sur les acquis et de préparer un programme
pour l'avenir : quelles nouvelles questions aborder, à présent ? Je reviendrai dans un premier temps sur l'itinéraire qui m'a conduite à la
sociologie de la nature, après une formation d'ingénieur des Eaux et des
Forêts qui me dirigeait vers un métier de gestionnaire et où les sciences
sociales brillaient par leur absence. Loin d'être tracé d'avance, cet
itinéraire s'est dessiné progressivement, sous la triple influence
d'intérêts et de goûts venus de loin, de rencontres et de lectures beaucoup
plus contingentes et des orientations prises par le Cemagref. Je dirai ensuite les convictions et les interrogations qui sont les miennes
à ce stade de mon parcours et je présenterai au travers de quatre points
les méthodes de travail que j'ai progressivement adoptées et les idées qui
m'ont guidée ou du moins inspirée. Le premier de ces points concerne le
terrain, ce qui reflète bien la place que je lui accorde. Je dis ici les
réponses que j'apporte à des questions que se pose tout chercheur :
pourquoi aller sur le terrain et que va-t-on y chercher ? Quand y aller ?
Quelles personnes rencontrer et quels types de questions leur poser ? Vient
ensuite le goût pour les récits et pour l'histoire qui transparaît dans la
plupart de mes travaux. Je m'interroge sur l'intérêt, la signification, la
spécificité et les difficultés d'une entreprise consistant essentiellement
à rendre compte des histoires des autres. Le troisième point porte sur les
rapports entre le sociologue, les enquêtés et le commanditaire, dans le cas
particulier, qui est souvent le mien, où la recherche concerne directement
à la fois ceux qui la commandent et ceux que l'enquêteur mobilise pour
constituer son matériau. Je précise là comment je considère mes
interlocuteurs et j'examine la possibilité de produire des analyses
sociologiques non pas seulement sur les gens que l'on rencontre, mais avec
eux : dans quelle mesure les commanditaires et les enquêtés peuvent-ils
être des partenaires et des auteurs de la recherche, au-delà du rôle
étroitement circonscrit auquel les cantonne généralement la sociologie
académique ? Quels problèmes soulève un projet de recherche sociologique
« parti