PORTIQUE n° 63 ? juillet, août, septembre 2006 - Canalblog
J'écris, mais sans savoir qui me pousse à le faire ; ...... l'eau jusqu'au cou, j'étais
transi et devenais glacial, aussi démuni qu'un iceberg à la dérive. ..... C'est un
exercice machinal qui demande malgré tout un certain entraînement. ... La
baignoire fut à Archimède ce que la pomme fut à Newton, l'Amérique à Colomb,
les resto ...
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PORTIQUE n° 63 - juillet, août, septembre 2006
EDITORIAL
Cherchez-vous quelques points communs entre les mots jumping,
marketing, merchandising, camping, jogging... ?
Vous vous apercevez qu'ils se terminent tous en « ing », et je vous
dis BRAVO pour ce premier point. Il y aurait bien entendu d'autres mots du
même genre, tels que brushing, canyoning, standing, bowling, etc... Mais on
peut également penser à snobisme, aérobic, ou week-end...
Vous m'arrêtez alors pour me dire que ce sont tous des mots anglo-
saxons, issus de l'anglais britannique au XIXe siècle (par exemple :
spleen, wagon, snobisme, steamer, rail, cargo, ticket...) ou de l'anglais
étasunien au XXe siècle : marketing, jogging, jackpot, net ou dumping en
tête. Et je vous dis encore BRAVO pour ce second point. Mais on peut
également penser à des mots d'adoption ancienne tels que robot, imprésario,
harem, ou à d'autres mots adoptés récemment ou non par la langue française
et qui sont parfois d'origine tchèque, arabe, espagnole, italienne ou
japonaise tout autant qu'anglo-saxonne : tels sponsor, el ni?o, manager ou
tsunami.
Ne voyez-vous pas autre chose ? Je ne m'étais moi-même aperçu de rien
jusqu'à ce qu'une journaliste (de RTL je crois, mais je ne saurais en
jurer) et quelques autres journaleux (ou plutôt journaleuses ?) aient parié
que « tous les Français » allaient adopter le mot de chancelière pour
acclamer Angela Merkel, nouveau chancelier de toutes les Allemagnes. Oui,
affirment-ils, il faut donc dire une chancelière comme on dit depuis un
certain temps une procureure, laquelle a suivi la ministre... Mais alors :
faut-il distinguer un juge et une jugesse ? un pompier et une pompière ?
Une amie m'a dit un jour : je suis pharmacien ; une pharmacienne n'a pas de
diplôme, c'est simplement la femme d'un pharmacien...
Je fus alors aveuglé par une évidence qui aurait dû me frapper depuis
longtemps : les mots très récemment adoptés par la langue française,
souvent par le canal oral, et relevant souvent aussi du vocabulaire
technique ou sportif, sont dans leur immense majorité DES NOMS MASCULINS !
A de très rares exceptions près (comme une star ou la jet-set) : un
kamikaze, le music-hall, un timer, le net, un biker, un tub, le trekking,
un cluster, un « chèreouaire » ou un « spaïouaire » (ça s'écrit shareware
et spyware dans une autre langue), un scanneur, un label, le fast-food du
quartier, le blog de ma voisine, un panel, le tapping, le snowboard, le
beach-volley, et jusqu'à cette femme belle comme un top-model, tous ces
mots d'importation sont, à une écrasante majorité, masculins !
Alors, dites-moi : cela vous inspire-t-il quelque réaction, mesdames,
mesdemoiselles et messieurs ?
Chris BERNARD
Recueils d'Amitié
Second extrait du recueil « Sur le Seuil », couronné par l'Académie
française :
VEAU D'OR Des magnats nimbés de dollars,
Aghas, émirs, cheiks du pétrole,
Munitionnaires, rois du lard
Ou inventeurs de vieux pactoles ;
Des banquiers sur tranches dorés,
Des maharadjahs adorés
Qu'on flatte ou conspue à la ronde,
Qui sait le plus riche du monde ?
Aux armateurs de Panama,
Aux rois en exil ou sur trône,
Aux gangsters titrés, aux lamas
Illusionnistes blancs ou jaunes ;
Qu'ils habitent aux Amériques
Ou ailleurs sur la boule ronde,
Véritables ou chimériques,
Qui se pavanent par le monde ;
A ces nababs de la finance,
A ces « nec pluribus impar»,
Que leur vault d'avoir eu chevances (l)
Quand sonne l'heure du départ ?
Repus jusqu'à satiété, Dans la fosse nauséabonde Sont-ils plus fiers d'avoir été
Parmi les plus riches du monde ?
De l'or de ces princes du fric
Je n'ai nul besoin ni envie.
Si ma pécune est ric-à-ric,
Ma soif est du moins assouvie.
Sans crainte des hommes de loi,
Plus libre que poisson dans l'onde,
Après tout, c'est peut-être moi
Qui suis le plus riche du monde. (l) cf Villon Albert André ALGOUD +
Recueils d'Amitié Pat BONNAUD annonce, dans « Les Aubes étrangères » (Yvelinédition,
collection le dormeur du val) « des mots qui nous regardent / au
détour du chemin // des mots que l'on n'attendait pas »... Mais à la lecture de son recueil, nous ne pouvons nous empêcher de
nous demander avec elle : « Qui d'entre nous retrouvera / dans les
pierres dressées / le chemin des étoiles ? » Il y avait ce soir-là
de l'or et du vert
qui se mélangeaient
dans le ciel et dans tes yeux
un vieux puits moussu
un seau qui se balançait
sur des regrets disparus
II y avait ce soir-là
du vent dans les branches
des frissons dans tes cheveux
Et des anges nus
qui se disputaient
la première étoile
C'était l'été ! Pat BONNAUD , Bougival *** Extrait du treizième et dernier recueil de Thérèse MERCIER :
Sillages. Dans l'étrangeté
des firmaments
j'ai retrouvé
mon étoile. Je ne peux plus dormir
La mort
me frôle
de sa longue épée mauve. Rien n'est plus comme avant
L'homme est devenu loup.
Thérèse MERCIER était membre - entre autres - du comité d'honneur de
Portique et du jury des Apollon d'Or. Vous avez pu lire d'elle le poème
Modernisme, publié dans le précédent Portique (n°62), mais les lecteurs
anciens pourront la retrouver dans les numéros 3 - 7 - 15 - 23 - 25 - 31 -
33 - 36 - 41 - 50 - 55 et 59...
Or, Thérèse MERCIER nous a quittés au mois d'avril, pour aller fêter
les éternels printemps à venir au paradis des poètes.
On a fait pleurer les prairies qui étaient piétinées
On a fait des fleurs en plastique
Mais on a mis des vraies dans les jardins
Qu'on visite le dimanche.
Bon nombre de poètes et de revues lui ont déjà rendu un hommage
attristé (la Braise et l'Etincelle, Traversées, l'Aède par exemple) tant
elle avait d'amis... Refusant de se plier à la fatalité de la
chimiothérapie, elle m'écrivait encore le 13 mars : « Cher Chris, ...
J'espère que ma santé se sera améliorée (mon traitement se termine fin
mars !) et que je pourrai participer à la soirée poétique de X... » Pour
l'UPF [prévisions du mois de mai], dont elle avait accepté d'être la
secrétaire générale : « Dis-moi ce dont je dois m'occuper (car je ne suis
pas toujours dynamique - il me faut un peu de temps) Merci. ». Elle a
toujours fait front jusqu'au bout de ses forces, taisant avec une grande
pudeur l'avancée de son mal et voulant jusqu'aux derniers instants servir,
rendre service !
Joël CONTE, président de Rencontres européennes, confiait aux lecteurs
des Amis d'Europoésie n°39 du mois de mai / juin : « La disparition de
Thérèse Mercier me touche considérablement comme l'ensemble des amis
d'Europoésie. Elle va nous manquer dans sa gentillesse, son amour de la
poésie et son honnêteté. Elle n'avait pas hésité à s'opposer aux
agissements d'un individu douteux qui sévit encore de nos jours, et qui lui
a fait beaucoup de mal. » Nous savons qu'effectivement quelques loups-
gourous trompeurs parviennent à se glissent parmi nous et à profiter des
innocentes et parfois naïves brebis que sont les poètes...
Un autre ami poète de la région parisienne : Roland JOURDAN, a lui
aussi évoqué la disparition de Thérèse, s'adressant aux membres des « Amis
de la poésie et des arts en Ile-de-France » en ces mots :
« J'ai aujourd'hui l'esprit troublé et le c?ur lourd, notre amie
Thérèse MERCIER s'en est allée, le six avril, au paradis des poètes...
C'est une grande dame de la poésie qui nous quitte. »
Citant l'UPF, Thé et Poésie, le Geste d'Orgeval, Sablet, il ajoute :
« Elle nous aida même à la création, en 2005, ... du Cercle régional
d'aèdes contemporains (le C.R.A.C., avec récitals trimestriels).
Amie affable et serviable, elle se dépensait sans compter pour la
poésie... Femme de lettres et poète éclectique, Thérèse MERCIER écrivait
avec la même aisance en vers classiques, vers libres classiques, vers
néoclassiques, vers libres modernes, poèmes en prose même, dans un style
descriptif, fluide et lumineux, d'une grâce toute féminine. » Tout est
dit !
Auteurs d'ici... et d'ailleurs
Tombée de jour
Le soir funéraille le jour
d'odyssées incomplètes.
Qui prend le chemin des étoiles
s'agenouille parfois
à l'abrupt des fatigues.
Encore un peu d'ardeur
et le colosse s'assagit,
voyageur impénitent
aux allures placides.
Qui sait la nuit
pénètre l'attente.
Et le soir épitaphe le jour
d'anges blessés.
Les légendes passeront le Styx
et l'éteignoir patenté
fera le noir comme une boutade.
Dominique BAUER , Saint-Seine-l'Abbaye ***
Esotérisme euclidien
Des lignes :
Des bleues, des vertes, des pourpres, des jaunes