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Il avait bien compris l'influence d'une bonne retraite pour la persévérance le ...
besoin de la retraite, nous nous livrerons de notre mieux à ces saints exercices.
..... en général une série plus ou moins longue d'infidélités a sapé les
fondements, .... au personnel enseignant et en formation, et même quant au
nombre d'élèves.

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V.J.M.J. Saint-Genis-Laval, le 24 mai 1947.
Fête de Notre-Dame Auxiliatrice. MES BIEN CHERS FRÈRES,
Une tradition, qui remonte aux premiers jours de l'Institut, veut que
chaque année le Frère Supérieur Général invite tous les Frères aux saints
exercices de la -retraite. Fidèle à cette tradition, je viens vous exciter
à bien profiter des quelques jours que, par une faveur spéciale de Notre-
Seigneur, vous allez consacrer à la prière, à l'examen attentif de votre
vie et aux bonnes résolutions.
Les avantages qui résultent de la retraite annuelle, pour les âmes bien
disposées, avaient porté la plu-part des Congrégations religieuses à la
rendre obligatoire bien avant les prescriptions du Code de Droit canonique.
Mais il n'est pas hors de propos de rappeler qu'après la promulgation de ce
dernier, cette obligation est devenue une loi de l'Église qu'enfreignent,
non seulement les religieux qui, sans des raisons graves, se soustraient à
la retraite, mais encore les Supérieurs qui ne fournissent pas à leurs
sujets les moyens de la faire.
Cela donne une importance particulière à l'article 107 de nos Règles :
« Si quelque Frère ne peut assister à la retraite générale, le Frère
Provincial lui désignera un temps pour la faire en son particulier. » Besoin de la retraite. La conviction du grand besoin de la retraite est une disposition
indispensable pour la bien faire quand cette conviction fait défaut, on
s'expose à imiter le malade qui, ignorant son mal, ne fait rien pour
guérir.
Il faut donc nous redire Suis-je une âme vertueuse ? J'ai besoin de la
retraite pour ne pas déchoir, car la vertu la plus solide peut décliner
aisément si elle n'est pas cultivée.
Suis-je une âme dissipée, partagée entre le service de Dieu et celui du
monde ? J'ai besoin de la retraite pour me recueillir, pour orienter
franche-ment ma vie religieuse vers Dieu qui m'y a appelé.
Suis-je en butte à de violentes tentations ? Je dois refaire mes forces
et renouveler mes armes spirituelles dans. cette école de sainteté qu'est
la retraite.
Ai-je à me reprocher des chutes ? Il n'est pas de c?ur qui ne puisse
être transformé par ce contact intime avec Dieu, par la méditation
attentive et prolongée des grandes vérités.
Nous avons besoin de la retraite parce que, depuis la précédente, il
s'est produit en nous bien des changements ; saint Paul nous dit, en effet,
que « notre être intérieur se renouvelle de jour en jour ». (II Cor., IV,
16.)
Peut-être avons-nous progressé sur certains points, mais sur d'autres,
n'avons-nous pas marqué un arrêt ou même un recul ? Une triste expérience
ne nous dit-elle pas que si notre vocation est angélique, la mauvaise
nature ne cesse pas, pour autant, de nous porter au pire ?
Ce sera parfois la ferveur qui aura diminué, ou bien le dévouement,
l'amour de la vie cachée, l'attachement à la vocation, parfois aussi, la
délicatesse de conscience par rapport à la pauvreté, à la chasteté, à
l'obéissance ou à telle ou telle vertu. Peut-être aurons-nous à nous
reprocher une médiocrité générale : la négligence de nos devoirs d'état,
l'oubli des grands intérêts de notre âme, etc. ...
La connaissance des changements survenus en nous, nous portera à
confirmer le bien et à réformer ce qui est défectueux.
Nous avons besoin de la retraite parce que, dans l'apostolat, le souci
du bien du prochain a pu nous faire négliger les intérêts de notre âme.
Aurions-nous passé tout notre temps à prêcher la vertu aux autres que nous
n'en serions pas devenus nécessairement plus vertueux. Peut-être pourrions-
nous dire avec saint François de Sales, et avec plus de raison que lui : «
On vante le bien que font mes prédications et mes écrits, mais, hélas ! je
suis comme celui qui distribue aux autres les aumônes du prince et ne garde
rien pour lui ; comme un luth qui est sourd à ses propres sons ; comme
l'échelle qui fait monter les autres où elle ne va pas elle-même ; comme
les enseignes qui invitent les passants à entrer pour faire bonne chère
tandis qu'elles passent la nuit au froid et à la pluie. » (Vie, par Ramon.)
Nous avons sans cesse besoin de réparer nos forces. Pour ce qui est des
forces physiques, la nature nous en avertit et, parfois, par de graves
accidents. Mais les besoins importants de l'âme, nous sommes exposés à les
négliger parce qu'ils sont moins perceptibles que les autres. On parle
beaucoup de restrictions, il ne devrait point y en avoir pour
l'alimentation spirituelle, mais si malheureusement nous en avons souffert,
la retraite nous fournit une excellente occasion de compenser cette sous-
alimentation et de nous approvisionner pour nous et pour ceux dont nous
avons la charge.
Nous avons également besoin de retraite parce qu'étant données les
difficultés qui nous attendent, nous sommes exposés à manquer à notre
devoir si nous ne retrempons pas notre volonté.
Nous établirons donc, pendant la retraite, notre bilan spirituel, comme
les hommes d'affaires établissent le leur pour prévenir la ruine. Ils
constituent un fonds de réserve pour parer à des pertes éventuelles ;
tâchons de pourvoir, d'une façon analogue, aux besoins spéciaux que peut
avoir à envisager notre âme. Peut-être nous confiera-t-on un emploi
difficile ou simplement contraire à nos goûts, qui exigera une plus grande
abnégation. Peut-être devrons-nous résister à des assauts plus violents ou
plus tenaces contre la vocation, la belle vertu ou l'esprit de soumission.
Ne serions-nous pas exposés à succomber, alors, s'il nous manquait le
surcroît de vigilance et de grâces que peut nous apporter la retraite bien
faite ?
C'est avec raison que dans les luttes de la vie dont le salut est
l'enjeu, la retraite est comparée au camp d'instruction, au terrain de
man?uvres où l'on s'entraîne en vue de la victoire à remporter ; aussi
n'est-il pas téméraire de dire que bien des défaites, des chutes et des
défections seraient évitées si chacun correspondait, comme il convient, à
cette grâce insigne.
Il avait bien compris l'influence d'une bonne retraite pour la
persévérance le malheureux qui, étant sorti de la Congrégation, écrivait à
un Frère chancelant : « Si tu veux sortir, garde-toi bien d'aller à la
retraite. » Le démon ne parle pas autre-ment et s'il ne réussit pas à
détourner les religieux de leur retraite, du moins tâche-t-il de les
empêcher de la bien faire parce qu'il sait, qu'au point de vue spirituel,
tant vaudra la retraite, tant vaudra l'année. Application à bien faire la retraite. Puisque nous avons grand besoin de la retraite, nous nous livrerons de
notre mieux à ces saints exercices. Ne nous contentons pas de nous isoler
du monde extérieur, efforçons-nous, en outre, de faire taire tout ce qui,
dans notre monde intérieur, bien plus peuplé que l'autre, serait capable de
nous distraire : comme les mille souvenirs agréables ou désagréables du
passé, les rêves et les illusions de l'avenir, tous les fantômes d'une
imagination plus -ou moins rebelle au contrôle de la volonté. Il ne suffit
pas non plus que nous écoutions, même d'une façon bienveillante, les
instructions et les avis, mais nous devons tâcher de nous en pénétrer
fortement par la méditation personnelle, nous appliquant surtout à y
conformer notre conduite, car Notre-Seigneur ne se borne pas à dire : «
Heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu », il exige davantage : «
Heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent. » (Luc, XI,
28.)
Le fait de nous rendre à la retraite parce que nous y sommes convoqués,
parce que c'est chose obligatoire à date fixe, nous incline à y apporter
moins d'application que ceux qui la font par libre choix. Nous sommes
exposés à la subir au lieu d'en profiter pour notre avancement spirituel.
Réagissons contre un tel état d'esprit toujours possible ; ne faisons
pas la retraite vaille que vaille, ne nous bornons pas à suivre le
mouvement général, mais tâchons, au contraire, de nous y livrer pleine-ment
et d'être pour tous nos confrères un sujet d'édification. FRUIT A RETIRER DE NOS RETRAITES De tout temps le démon s'est attaqué de préférence aux âmes désireuses
d'être entièrement à Dieu et résolues à étendre son règne. C'est pourquoi
il cherche continuellement à ravir aux religieux le trésor de la vocation,
ou, tout au moins, de l'affaiblir en les portant à la tiédeur.
Rien d'étonnant, dès lors, que dans la milice choisie de Dieu, à côté
de la multitude des âmes ferventes, on en trouve qui vivent dans la
médiocrité ou qui en arrivent à tourner le dos au divin Maître. Sans donner
dans le travers qui porte parfois à tenir l'époque où l'on vit pour pire
que les précédentes, il suffit de jeter un regard attentif autour de soi
pour se persuader qu'actuellement ceux qui veulent embrasser la vie
religieuse, y vivre sainte-ment et y persévérer ont à vaincre de grands
obstacles. Ces obstacles peuvent varier avec les divers pays, mais partout,
il faut une trempe peu commune, beaucoup de générosité, un grand esprit de
foi pour renoncer pleinement et jusqu'à la mort, au monde et à ses
attraits. Cela s'explique, du moins en partie, par le désarroi des âmes,
lequel est à la fois résultat et cause du désarroi de la société.
Les dernières guerres ont fait bien des victimes, amoncelé bien des
ruines, causé de grands bouleversements, mais le plus