dossier - les technologies offensives de contrôle
Officiellement, les programmes de la CIA sur le « contrôle mental » avaient ..... Le
son radiofréquence était décrit comme un bourdonnement, un déclic, un ... La
liste des références à la fin du livre de A.S. Presman était déjà longue de 28
pages. ..... »[33] Selon lui, les découvertes dans le domaine de l'interaction entre
les ...
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Les technologies offensives de contrôle politique :
un nouveau péril social A propos des récents développements militaires dans le cadre de la « guerre
de l'information » et des programmes d'armes « non-létales » . Systèmes d'armes à énergie dirigée antipersonnel, armes et techniques de « contrôle mental » armes « psychoélectroniques », psychotechnologies : . quel développement, quelles capacités, quels usages, . quelle information, quelle régulation ? Table des matières Introduction p.3 Les recherches militaires pionnières sur les techniques de « contrôle
mental » au début de la guerre froide p.5 De la « stimulation électrique du cerveau » à l'utilisation des
rayonnements électromagnétiques (EMR) : l'exploration militaire de
l'affectation du système nerveux à distance p.12 La course à l'armement « psychoélectronique » et la négation des
recherches scientifiques sur les EMR par les Etats-Unis p.17 Les capacités « révolutionnaires » des armes électromagnétiques
antipersonnelles décrites par les documents militaires américains dans les
années 1980 p.18 L'URSS, les Etats-Unis et l'utilisation des armes EMR antipersonnelles
pendant la guerre froide : une facette méconnue de la course aux armements
p.22 L'effondrement de l'URSS et la révélation de son arsenal d'armes
« psychoélectroniques » p.24 Après la fin de la guerre froide, les Etats-Unis mettent à profit les
technologies russes p.26 La Révolution dans les Affaires Militaires (RMA) américaine et les
psychotechnologies : la clef pour mener les « conflits de faible
intensité » ? p.28 Des recherches sur le « contrôle mental » aux programmes d'armes « non-
létales » p.41 Des scientifiques soulignent les dangers de l'utilisation militaire des
avancées dans le domaine des neurosciences et des psychotechnologies
p.45 Dans quelle mesure les armes et systèmes d'armes psychoélectroniques ont
déjà été utilisés ? p.47 Les recherches sur le « contrôle mental » et les expérimentations
militaires sur sujets non consentants : de l'histoire ancienne ? p.50 La législation sur les armes à énergie dirigée antipersonnelles : trente
ans de débat et toujours rien p.56 1. Introduction
Dès la fin des années 1970, des négociations internationales s'étaient
entamées sur la prohibition, considérée comme une « question urgente », du
développement des « nouvelles classes et systèmes d'armes de destruction
massive » fondée sur l'utilisation du rayonnement électromagnétique,
acoustique, et à particule pour affecter à distance l'organisme et les
fonctions cérébrales de l'être humain[1]. A la même époque, John Alexander,
stratège américain devenu plus tard le chef de file des programmes
américains d'armes « non-létales », consacrait un article au « nouveau
champ de bataille mental » dans lequel il écrivait sur ce type d'armement :
« quiconque fait la première percée majeure dans ce domaine aura une avance
quantique sur son adversaire, un avantage similaire à la possession
exclusive de l'arme nucléaire »[2]. C'était il y a vingt-cinq ans. Depuis, un certain nombre de puissances
militaires, Etats-Unis en tête, ont accompli des développements fulgurants
dans ce domaine, pour se doter de capacités opérationnelles que certains
stratèges considèrent comme la clef de la victoire dans les « conflits de
faible intensité ». En même temps, la législation semble avoir été
repoussée aux calendes grecques, et l'opinion publique reste très
sélectivement informée dans ce domaine. Certains potentiels d'armes « non
létales » utilisant le rayonnement électromagnétique et acoustique pour
affecter l'organisme et les fonctions cérébrales des êtres humains ont été
présentés au public dans les années 1990 comme des dernières trouvailles.
Mais comme le révèlent d'autres documents, la plupart des armes
« déclassifiées » étaient opérationnelles dès les années 1970 ou 1980.
Celles-ci ne représentent que la partie émergée d'une course à l'armement
bien gardée dont les premiers pas remontent aux années 1950. Plus peut-être que dans tout autre domaine, le développement de cette
nouvelle génération d'armes est resté étroitement couvert par le secret
défense. Aux Etats-Unis, la révélation des programmes d'expérimentations
secrets des années 1950 sur le « contrôle mental », qui avait impliqué
l'expérimentation d'un ensemble de techniques de modification du
comportement sur des centaines de citoyens américains, avait provoqué un
tollé sur l'opinion dans les années 1970. Les développements ultérieurs
dans ce domaine, recentrés sur l'utilisation militaire des effets
biologiques des rayonnements électromagnétiques (dont l'URSS avait
expérimenté les capacités sur l'ambassade de Moscou dès 1953) ont été
soigneusement dissimulés à l'opinion, aussi bien aux Etats-Unis qu'en URSS
et dans d'autres pays développés. Pour cela, les autorités américaines sont
allé jusqu'à démentir publiquement, jusqu'à la fin de la guerre froide,
l'existence même des effets athermiques du rayonnement électromagnétique,
tout en mobilisant de larges efforts dans le développement d'armement fondé
sur ces effets. L'armement dont il est question ici a été désigné dans la littérature
militaire sous les termes génériques de technologies de « contrôle mental »
(mind control) et de « modification du comportement » (behavior change),
« armes psychoélectroniques » (psychotronic weapons),
« psychotechnologies » (psychotechnology) ; et la littérature plus récente
parle aussi de « contrôle du processus biologique » (biological process
control). Cela englobe toutes les armes et systèmes d'armes visant à
affecter à distance l'organisme et le cerveau humain afin de modifier les
perceptions, les émotions, les fonctions vitales, la conscience et/ou le
comportement d'individus ou groupes de personnes déterminés. Elles
utilisent en particulier le rayonnement électromagnétique à fréquence
extrêmement basse (ELF) et à ultra haute fréquence (UHB), le rayonnement
acoustique infrasonore et ultrasonore, les faisceaux de particules, ainsi
que d'autres types d'énergie dirigée. Ces systèmes d'armes sont aujourd'hui
développés en tant que composante antipersonnelle de la « guerre de
l'information » ; dans ce cadre, l'organisme humain lui-même est alors
considéré comme un système d'information dont les données peuvent être
accédées, endommagées, détruites, ou manipulées. Cette génération d'armes
nourrit également une partie importante des programmes d'« armes non-
létales », et certains stratèges considèrent qu'ils révolutionnent la
conduite de la guerre dans le domaine assez général des « conflits de
faibles intensité ». Cet armement mérite-t-il d'être considéré comme une « nouvelle génération
d'armes de destruction massive » ? Les propriétés uniques des systèmes
d'armes les plus avancés résident dans la combinaison entre : 1. une
capacité d'usage à distance et sélectif sur des individus ou groupes
d'individus, ou encore sur des zones ou régions définies ; 2. une large
variété d'effets, potentiellement réversibles, allant de la dégradation
temporaire des capacités physiques et psychologiques jusqu'à la
manipulation des perceptions dans le but d'influencer le comportement de
cibles définies ; 3. Enfin et surtout, l'absence d'impact perceptible
(l'énergie dirigée étant invisible et silencieuse), qui leur confère ce que
la littérature militaire mentionne sous le terme de « déniabilité »
(deniability), c'est-à-dire la capacité d'affecter des cibles sans signe
extérieur ni preuve d'agression, ni indication sur sa source. Ces
propriétés confèrent à ces systèmes d'armes hautement avancés un champ
d'application d'autant plus étendu que leurs capacités restent très
largement méconnues. Bien que plusieurs projets de loi aient fait précisément mention à ces
armes en Europe, en Russie, et même aux Etats-Unis, chaque référence à
disparu dans les lois finalement adoptées - à la maigre exception de la
Russie, où le problème semble se poser avec une acuité particulière. Les
parlementaires de l'Union Européenne ont commencé à s'inquiéter de
l'utilisation potentielle du projet américain HAARP pour la manipulation de
l'environnement à des fins militaires, mais sa possible utilisation à des
fins de manipulation psychologique (établies par des personnalités
scientifiques pionnières dans le domaine des effets biologiques des EMR
comme Patrick Flanagan) semble encore plus difficile à admettre ; la
possibilité même que des systèmes puissent être développées aujourd'hui
pour manipuler les esprits semble dépasser l'entendement. Nous essayons
ici, à partir d'une synthèse des informations disponibles, de retracer
l'histoire des recherches, développements et utilisations militaires en
matière de « modification du comportement », d'évaluer le niveau atteint
aujourd'hui par les armes et systèmes d'armes de ce type et les menaces
politiques et éthiques potentielles qu'ils représentent, tout en rappelant
le débat sur leur prohibition plus que jamais urgente. 2. Les recherches militaires pionnières sur les techniques de « contrôle
mental » au début de la guerre froide L'origine du développement des armes psych