Synthèse de travaux - Gerpisa

On connaît aussi écran inférieur (down screen), écran arrière (back screen) .....
avoir la main chaude - un joueur qui réussit une série de tirs »[63] .... Corrigé :
Image 1 : Le joueur/ Le défenseur contre son adversaire. .... Le sujet do notre
mémoire de licence se réfère au basket-ball et à sa terminologie française et
tchèque.

Part of the document


Synthèse de nos travaux
20 novembre 2012





Introduction


Une posture, une méthode

La question de la transition vers une économie écologique est une question
qui est volontiers posée en ces termes sur un mode externe et projetée sur
des pratiques d'acteurs pour qui ni la nécessité ni la réalité d'un tel
mouvement ne fait sens. Le point de vue externe est celui « éclairé » des
acteurs et observateurs qui perçoivent à la fois l'insoutenabilité des
sentiers de développement sur lesquels sont engagés les acteurs et la
possibilité de « faire autrement » pour obtenir que, dans un état futur du
monde, la soutenabilité soit au rendez-vous. En résulte, une opposition
entre ceux qui voient loin et ceux qui voient court, entre ceux qui savent
se libérer de l'existant et des routines qui y ont cours et ceux qui se
laissent enfermer par elles, entre des élites éclairées et des acteurs qui,
« le nez dans le guidon », ne pourraient que « faire eux mêmes leur propre
malheur ».

Il en résulte d'abord une réelle difficulté à communiquer qui pose un
problème patent de « gouvernance » de la transition et de démocratie dans
les « réformes » qui doivent y conduire. Il en résulte ensuite des
problèmes récurrents pour « faire passer » les réformes et/ou, lorsqu'elles
passent, pour leur conférer l'effectivité souhaitée. Il en résulte enfin
une disjonction cognitive entre les travaux qui sont conduits pour tenter
de connaître l'existant et ceux qui sont dédiés à « l'économie
écologique » : les premiers nourris de statistiques, de travaux de terrain
ou de la prise en compte des business models ou des régimes
macroéconomiques qui prévalent font ressortir la cohérence des systèmes
existants, leur résilience et toutes les difficultés que leur réforme
porte ; les seconds s'y intéressent éventuellement pour montrer leur
insoutenabilité écologique et dessinent en contrepoint des univers jugés
souhaitables à l'aune de ces critères.

Pour avoir développé un programme international de recherche intitulé
« développement durable et industrie automobile », le GERPISA, réseau
mondial de recherche en sciences sociales sur l'industrie automobile, n'a
pu que constater ce gap entre les chercheurs spécialistes du secteur qui
nourrissent un certain scepticisme quant à la possibilité même d'inscrire
réellement l'industrie qu'ils connaissent dans cette nouvelle perspective
et les chercheurs spécialistes des questions environnementales qui
imaginent volontiers un monde sinon sans elle du moins marqué par de très
profonds changements du produit et de sa place dans les « chaines de
mobilité » qu'ils tiennent pour nécessaires. Les premiers nourrissent un
profond scepticisme, fondé sur leur connaissance de l'histoire et des
dynamiques présentes de l'industrie, sur la pertinence même d'un tel
programme en sciences sociales dès lors qu'il projette sur l'industrie des
problématiques qui n'y ont cours qu'à titre cosmétique. Les seconds les
accusent d'aveuglement et mettent en avant des expérimentations ou des
innovations qu'ils couplent avec des vecteurs de changement (mutations des
comportements des nouvelles générations, omniprésence du numérique, reflux
des logiques de régulation top-down ...) pour tenter de les convaincre que
la nécessité écologique fera loi économique que les consommateurs, les
constructeurs, les garagistes, les pétroliers ou les équipementiers le
veuillent ou non.

La démarche du GERPISA a, dans ce programme, consisté à chercher à combler
ce gap en construisant des ponts entre les deux « communautés
épistémiques ». Il fallait pour cela tenter de convaincre les premiers
qu'il y avait bien là un objet de recherche digne de ce nom qui consistait
à cerner le degré de prégnance de ces problématiques ou exigences de
développement durable dans la conduite des affaires automobiles présentes
et à venir d'une part et la diversité des formes de leur prise en compte
d'autre part. Il fallait symétriquement convaincre les seconds que la prise
en compte de l'existant et des préoccupations « autres » mais néanmoins
déterminantes dans les dynamiques de l'industrie était une condition sine
qua non pour conférer à leur « message » une portée réelle. On s'est alors
doté d'un cadre simple et commun qui consistait à partir en quête des
arbitrages et/ou des synergies entre exigences associées au développement
durables et autres exigences de soutenabilité (Jullien, 2008) que l'on
pourrait mettre en évidence sur le plan logique mais surtout par la
recherche empirique.

C'est dans ce contexte qu'est intervenu l'appel à projet de la Mission
Prospective du CGDD dont l'intitulé même pouvait être interprété en pleine
cohérence avec le programme. En effet, le fait même de se donner pour objet
les transitions appelait dans notre approche, ce type de « cross-
fertilization » entre les apports des spécialistes de l'existant et ceux
des communautés qui se retrouvent autour des problèmes de soutenabilité.
Dit abruptement, nous avons vu là une opportunité de ne pas abandonner la
prospective aux prospectivistes volontiers ancrés dans des démarches assez
éloignées de la notre et qui nous semblaient mérité d'être « challengées »
non seulement sur le plan scientifique mais aussi et surtout sur le plan
plus « politique » des modalités sous lesquelles on peut envisager les
transitions et les moyens de les favoriser.

Nous avons formulé notre réponse à l'appel dans cette perspective en
assumant une posture qui consiste - pour en fournir une formulation
alternative à celle que nous avions à l'époque retenue et que nous
reportons en annexes - à considérer que, plus que les nécessités
économiques ou fonctionnelles et l'interprétation qui en est donnée pour
implémenter la transition importeront in fine les « compromis » politiques
et économiques qui seront trouvés par les acteurs pour les intégrer à leurs
pratiques présentes et remodeler ainsi leurs stratégies et préférences. Ce
sont en effet ces compromis qui dessinent les inflexions ou bifurcations
qui interviennent sur les « sentiers » que suivent les acteurs et,
singulièrement les firmes. Pour donner deux références, une telle
conception est celle que propose l'économie évolutionniste des industries
telle qu'elle est développée par exemple par G. Dosi (1982) à partir du
couple paradigme/trajectoire : si, en effet, le paradigme définit une
espèce d'espace des possibles - un « potentiel » - et renvoie,
explicitement ou implicitement, à une « conception du progrès », ce sont
les trajectoires qui importent le plus car ce sont elles qui vont définir
le monde effectif c'est à dire à la fois l'état des techniques et la
structure de l'industrie. C'est également celle que propose K. Polanyi
(1946) dans La grande transformation où l'idéologie du marché est
considérée comme une utopie d'une importance majeure non pas parce que une
fois apparue elle va petit à petit étendre son empire et soumettre
l'ensemble des champs sociaux à son empire mais parce que la volonté de
« marchéiser » ressortira comme tellement contraire à tout ce qui faisait
jusqu'alors la vie économique et sociale, comme tellement irréaliste ou
utopique, comme tellement aberrante anthropologiquement que l'histoire qui
en résultera sera certes celle d'une « grande transformation » mais non
celle de l'avènement progressif et généralisé de l'utopie marchande : les
institutions qu'il faudra élaborer pour organiser le compromis entre les
injonctions de l'utopie et les bonnes raisons qu'auront les acteurs de les
refuser dessineront des trajectoires qui, si elles modifieront radicalement
la vie économique et sociale, ne pourront pas être conçues comme la
conformation progressive des sociétés concernées à l'utopie marchande.

Il convient pensons-nous de concevoir l'économie écologique ou la quête
d'une « société décarbonée » en ces termes et d'anticiper, sur la base de
ce que l'on peut d'ores et déjà constater, les « trade-offs and synergies »
ou les compromis qui se dessinent et commencent à définir des sentiers ou
trajectoires dont les états futurs du monde seront issus. C'est dire - pour
reprendre le vocabulaire des prospectivistes que le projet TEE nous a
permis de cotoyer - que les « visions » par lesquelles on prétend souvent
appréhender l'avenir n'ont de notre point de vue, en eux même, aucune
valeur « prospective » : elles relèvent de l'élaboration - idéologique pour
l'essentiel - de l'utopie et ne sauraient fournir quelqu'outil
« scientifique » que ce soit pour saisir les transitions et - donc - les
états futurs du monde. De même, le « back-casting » qui cherche à
construire à partir de ces visions à horizon 2050 ou 2100 des
« transitions » en cherchant à imaginer comment on pourrait passer de
l'état présent du monde à ceux correspondant aux « visions » ressortent
comme de simples exercices intellectuels qui, la plupart du temps, nous
convainquent plutôt de l'inanité de la démarche.

Pour tenter de penser comment peuvent s'incarner des évolutions vers des
systèmes automobiles plus soutenables, nous avons fait l'hypothèse de
Polanyi qui consiste à considérer que les « raisons d'être ainsi » des
systèmes de mobilité et, singulièrement, du sous-système automobile sont au
moins aussi puissantes que les raisons de changer que les tenants du
développement soutenable mettent en exergue