Vieillissement du monde et mondialisation du vieillissement

To go by the words of Skutnabb-Kangas and Phillipson (1995: 84): ?[t]he
perpetuation of linguistic diversity can (...) be seen as a recognition that all
individuals ...... climate in such classes is hardly stimulating. Pupils painstakingly
repeat the writing exercises in attempts to 'getting it right', and very little other
learning goes on.

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Vieillissement du monde et mondialisation du vieillissement[1]
Michel LORIAUX
Institut de Démographie
UCL - Belgique
Introduction : En route pour la planète des vieux
A l'instar des êtres humains, le monde qui les abrite vieillit et cette
découverte a fait figure d'une révélation à la fin du XXème siècle. Bien
sûr, il ne s'agit pas ici d'évoquer l'âge physique du monde, au sens de son
avancée dans l'échelle chronologique, car quelques années en plus dans son
histoire millionnaire ne changeraient guère sa face, mais bien de parler de
l'âge de ses habitants, qui ne cesse de s'élever au point que la planète
bleue a été rebaptisée par certains observateurs la « planète des
vieux »[2]. Que s'est-il donc passé qui a suscité une telle vague d'intérêt, mais aussi
souvent d'inquiétude, pour un phénomène qui jusque là ne concernait guère
qu'une poignée de pays industrialisés et n'excitait la curiosité que de
quelques démographes ? En fait, ceux-ci savaient déjà depuis assez longtemps que la dynamique
d'une population pouvait la conduire à une transformation profonde de sa
structure par âge dans le sens d'une augmentation importante de la part
relative des personnes dites âgées, mais la lenteur du phénomène dans son
évolution historique réelle et le fait qu'il ne semblait concerner que les
pays riches incitèrent souvent les experts et les décideurs à ne pas s'en
préoccuper outre mesure, exception faite de quelques visionnaires, comme
Alfred Sauvy que sa hantise de la « dépopulation » amènera à désigner sans
cesse le vieillissement comme un malheur collectif à combattre avec
vigueur[3]. Th. Eggerickx et D. Tabutin (2001, p. 5) rappellent opportunément à ce
propos que « le vieillissement démographique des pays riches ne sera même
pas à l'ordre du jour de la Conférence de Bucarest en 1974 », tandis que
l'historien anglais P. Laslett (1999) estime dans un article consacré à
« la lente émergence du troisième âge » que ce n'est qu'à partir de la
décennie 80 que « l'on commence à tenir vraiment compte du
vieillissement », surtout à cause des progrès accomplis en matière
d'espérance de vie des personnes âgées, le baby-boom des années 50 et 60
ayant plutôt contribué à en retarder la prise de conscience en freinant sa
progression. Mais de nos jours où rien ne vient plus masquer l'ampleur du phénomène, ni
son caractère inéluctable, ni son irréversibilité, ni son universalité,
force est d'admettre que le vieillissement fait dorénavant partie des
courants les plus lourds qui traverseront le XXIème siècle, contrairement
aux perspectives qui prévalaient quelques décennies auparavant où « on
imaginait que la planète serait bientôt submergée par les vagues de
milliards de jeunes engendrées par une croissance démographique
apocalyptique » (P.J. Thumerelle, 2000, p. 363). En réalité, les jeunes sont toujours nombreux, même s'ils le sont peut-être
moins qu'on ne l'imaginait, mais c'est surtout la montée des vieux qui a
surpris : en Europe où la proportion des 65 ans et plus était à peine
supérieure à 5 % au début du XXème siècle et à 10 % vers 1960, elle est
passée à 15 % vers 1990 et elle devrait atteindre les 20 % avant 2020 ou
même avoisiner les 30 % vers 2050 %. Quant aux pays du Sud, ce n'est pas encore tant par leur vieillissement
relatif qu'ils attirent l'attention, puisque les proportions de personnes
âgées (de 65 ans et plus) y sont toujours, dans leur ensemble, inférieures
à 5 %, mais par leur vieillissement absolu, dans la mesure où sur les 420
millions d'individus de plus de 65 ans actuellement recensés à travers le
monde, près de 60 % sont déjà concentrés dans les pays en développement et
que cette proportion devrait, d'après les projections des Nations Unies,
grimper jusqu'à 80 % d'ici 2050. A ce moment, la Terre comptera environ 1,5
milliards de personnes âgées et cette catégorie d'âge aura été multipliée
en l'espace d'un siècle de 1950 à 2050, par un facteur 11 (contre
« seulement » un facteur 3 actuellement (de 1950 à 2000))[4]. Il n'en fallait pas plus pour que l'Assemblée générale de l'ONU, prenant la
mesure de l'importance des enjeux planétaires, décrète 1999 « année des
personnes âgées » et lance le mot d'ordre intégrateur « pour une société de
tous les âges », qui rappelle à bon escient que les personnes âgées ne
constituent pas simplement un groupe séparé à problèmes mais qu'elles font
partie d'un ensemble dont seule la cohésion entre les âges peut assurer la
pérennité à long terme. Parallèlement, les médias n'ont pas cessé de multipliér leurs interventions
autour du vieillissement, invoquant tantôt « la révolution de la
longévité » et tantôt « l'alerte au papy-boom » en passant d'une vision
relativement optimiste à une approche catastrophisante, et en reflétant en
cela les oppositions franches qui sévissent de plus en plus dans les
milieux scientifiques à propos des incidences du vieillissement sur le
fonctionnement du système sociétal. Car s'il n'y a guère de divergence quant à la mesure du phénomène ou à son
évolution passée et future et même à la compréhension de ses causes et de
ses mécanismes propres, il subsiste une grande variation d'attitudes dans
la perception de ses conséquences et dans la façon de répondre au processus
en cours, en le considérant comme une simple contrainte parmi d'autres dont
il faut juste tenir compte ou, au contraire, comme « une fatalité
entraînant des effets non conjurables ». Entre les contempteurs du
vieillissement et les laudateurs de la géritude[5], le fossé est souvent
profond, ce qui prouve que la prétention de la démographie à parler juste
parce que ses jugements reposeraient sur des faits communément admis est
excessive et que, sans une sérieuse dose de positions normatives ou même
d'a priori idéologiques, il n'est guère possible d'atteindre un niveau
satisfaisant de compréhension des transformations des populations dans
leurs relations avec les autres évolutions sociétales, ni a fortiori de
disposer des éléments de décision nécessaires pour mettre en ?uvre des
politiques de la vieillesse et de l'intégration des âges qui aient quelques
chances d'être efficaces sans être perverses. Dans la suite de cet article, nous présenterons donc d'abord un certain
nombre de faits statistiques incontournables, non sans avoir d'abord
rappelés quelques paradoxes ou curiosités du vieillissement démographique
et nous terminerons sur une réflexion générale concernant les enjeux
économiques, sociaux et politiques du vieillissement mondialisé. retour sur Le vieillissement démographique : ombres et lumières
La mesure du vieillissement démographique ne soulève guère de difficultés
méthodologiques, même si on peut admettre avec G. Calot et J. P. Sardon
(2000) que parmi les diverses mesures proposées, il convient toujours de
choisir les indicateurs qui sont les plus pertinents par rapport aux
objectifs de l'analyse particulière qui est conduite. Classiquement, les mesures les plus couramment utilisées pour une approche
globale du vieillissement sont la proportion de personnes ayant atteint ou
dépassé un âge donné, souvent 60 ou 65 ans dans les pays occidentaux en
raison de la fixation de l'âge légal d'accession à la retraite autour de
ces bornes qui délimitent en théorie vie active et vie inactive. Mais on
sait que dans beaucoup de pays en développement où les systèmes de retraite
sont pratiquement inexistants ou peu généralisés, la pertinence de ces
critères est plus douteuse. Le choix d'un critère unique pour l'ensemble du
monde est donc problématique puisque si l'on veut coller à la réalité
actuelle des pays occidentaux où l'âge d'accession à la retraite est
devenue plutôt 60 que 65 ans, sinon légalement au moins dans les pratiques
des travailleurs (départs anticipés et prépensionnements), il vaudrait
mieux retenir le chiffre inférieur. C'est également probablement le cas
pour les pays en développement où « la brièveté de la durée moyenne de vie
(...) ne permet qu'à une minorité d'individus d'atteindre 65 ans : moins de
40 % par exemple en Afrique subsaharienne ou dans le monde himalayen »[6].
Par contre, par référence à l'allongement de la longévité moyenne observée
dans les pays occidentaux, et surtout aux projets de beaucoup d'agences
internationales, OCDE en tête, d'encourager le relèvement de l'âge légal de
la retraite pour assurer la pérennisation des systèmes de protection
sociale, la limite de 65 ans (voire de 70 ans ?) serait vraisemblablement
plus appropriée. En revanche, s'il s'agissait de focaliser l'attention sur
d'autres problèmes sociaux ou médicaux, comme la dépendance, la pertinence
serait plutôt de relever davantage l'âge de référence et de le porter à 75,
80 ou 85 ans.
Encadré 1
Les indicateurs du vieillissement démographique : l'embarras du choix Les indicateurs du vieillissement les plus couramment utilisés sont :
- l'effectif absolu de la population âgée (P60 et + ou P65 et +) qui ne
permet guère les comparaisons entre plusieurs populations de tailles
différentes, mais est fondamental pour estimer l'ampleur des besoins et
des moyens à mettre en ?uvre au cours du processus de vieillissement (par
exemple, comparaison dans le temps d'une même population).
- la proportion de la population âgée dans la population totale (P60 et
+/PT ou P65 et +/PT) : en général les seuils de vie