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La méthodologie retenue pour ce corrigé est décrite dans un article et un
ouvrage. ... L'air pur et le soleil combinés avec l'exercice purifie le sang et
accroissent la vitalité. ... notamment en matière d'hygiène publique (sur la
question de la tuberculose .... Il s'agit de mettre en évidence dans une première
partie les " forces en ...

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Sujet :
Nature et santé dans les propositions d'éducation physique et de sport
durant l'Entre-deux-guerres.
CNED Agrégation externe corrigé série 5 ,
Thème " sport et EP pendant l'Entre-deux-guerres : défenseurs et
adversaires
Rédacteur : Jean-Michel DELAPLACE
Remarque préliminaire :
La méthodologie retenue pour ce corrigé est décrite dans un article et un
ouvrage. Afin de faciliter la compréhension de la démarche, la présentation
du corrigé correspond aux différentes étapes que devrait respecter le
candidat dans la construction de son devoir.
D'autre part, de nombreuses notes et une bibliographie ont été rajoutées de
façon à ce que les candidats puissent enrichir leurs connaissances en même
temps qu'ils se confronteront à la méthodologie de ce corrigé. Les
réflexions qui organisent ce devoir sont fondées sur ces connaissances.
Définitions et discussion sur le thème du sujet - hypothèse de travail
Le sujet se présente sous forme d'un titre et ne pose donc pas
explicitement de question. Le premier travail à faire est donc de repérer
les termes clés et les articulations de cette proposition de façon à jeter
les bases d'une discussion menant à l'explicitation du sujet.
" L'air pur et le soleil combinés avec l'exercice purifie le sang et
accroissent la vitalité. Ils vous apportent cette splendide condition de
santé qui vous permet de mieux résister à toutes les formes de la
maladie, sinon de la braver ".
Ce constat de Paul Hamelle en 1912 résume à lui seul la combinatoire des
quatre thèmes qui nous intéressent ici : la nature, la santé, l'éducation
physique et le sport.
Sans prétendre s'étendre sur les origines de cette association, il convient
de rappeler cependant que " l'exercice en plein-air " est depuis longtemps
synonyme de santé. Ainsi n'est-on pas surpris de lire sous la plume de Mme
E. Lebrun, directrice de l'école Lafayette à Neuilly, que " les conditions
essentielles de l'éducation physique dont il faudrait que l'éducateur eût
l'obsession sont : l'air, la lumière, le mouvement et une alimentation
correcte ".
Le premier constat qu'on peut évoquer est que le souci de la santé des
populations concerne les promoteurs de méthodes d'éducation physique. Les
travaux notoires sur cette question autorisent à affirmer que les constats
médicaux et les propositions prophylactiques et thérapeutiques, notamment
en matière d'hygiène publique (sur la question de la tuberculose par
exemple), se prolongent systématiquement dans les méthodes d'éducation
physique. Soit que les médecins eux-mêmes - Labbé, Latarjet, Boigey,
Sandoz, Tissié, Bellin du Coteau, etc. - s'instaurent spécialistes
d'éducation physique, soit que des auteurs, Hébert par exemple, utilisent
les mêmes données médicales pour justifier leurs propositions méthodiques,
la question de la santé est toujours au centre des arguments et va
justifier le recours à la nature. Ainsi, s'appuyant sur les travaux du Dr.
Paul Carton, Georges Hébert proclame dès 1918 que
" l'air, la lumière et le soleil exercent une action non pas uniquement
sur la peau, mais sur l'organisme entier, dont ils développent ou
améliorent la résistance et l'immunité aux maladies ".
Le deuxième constat qui organise cette réflexion préliminaire est que "
Nature, santé et exercice " sont des concepts qu'on retrouve dès l'origine
dans un débat médical. Face à la montée en puissance, au début du siècle,
de la médecine pathogénique et des traitements médicamenteux, les tenants
du naturisme médical doivent déployer des stratégies patientes et pugnaces
pour convaincre. C'est le cas par exemple pour le Dr. Fernand Sandoz qui,
s'appuyant sur les travaux de médecins allemands (Drs. Engels, Wertheim,
Rikli), va promouvoir la "médecine naturelle " en considérant la maladie
comme " l'état dynamique de l'organisme, à la fois subissant les atteintes
de la cause morbifique et réagissant contre elle ". Dès lors, " bains
atmosphériques ", " hydrothérapie ", " cures de soleil " et autres "
méthodes naturelles " vont être des alternatives, de plus en plus
scientifiquement explorées, aux procédés de la médecine allopathique.
Le passage d'une thématique médicale à une problématique éducative en
matière de ce qu'il est convenu d'appeler le " naturisme " est étroitement
lié au vaste champ d'expérimentation médicale dû à la Grande Guerre. Ainsi
le Dr. François Fougerat de David de Lastours constate-t-il que " chez les
tristes victimes de la barbarie allemande, chez ces malheureux gazés,
traînant une vie misérable, tous les organes plus ou moins attaqués, les
bains de soleil font des miracles ". De même le Dr. Louis Pathault commente
en ces termes les circonstances de son adhésion au naturisme :
" personnellement, j'ai été amené au naturisme de la façon suivante : les
hasards de la guerre et de l'après-guerre m'ont amené à examiner de très
près les résultats obtenus sur des tuberculeux osseux, de guerres, des
adultes, par conséquent, dans un hôpital militaire auxiliaire,
spécialement affecté à ces malades, dans le sud-ouest de la France(...)
Les visites faites par des maîtres tels que les Professeurs Rénon, Méry,
par le Dr. Dausset, le Dr. Andrieu, chirurgien des hôpitaux de Berck et
alors inspecteur de la XVIe région militaire, leur ont laissé la même
impression "
Enfin le troisième constat concerne la place du sport dans ce débat. Et là,
force est de constater que le glissement qui s'opère des préoccupations
médicales vers des questions pédagogiques en matière de nature et de santé
ne se prolonge pas jusqu'au sport. Si les sportifs, pratiquants et
promoteurs, s'accommodent avec bonheur et revendiquent les pratiques en "
plein-air ", les résistances médicales et pédagogiques vont se multiplier
lorsqu'il s'agira d'accorder au sport un label de santé. Ainsi pour
prolonger la réflexion de P. de Coubertin convient-il de s'intéresser à "
ceux dont les intérêts se trouvent lésés " par le sport. Éternel détracteur
de tout ce qui n'est pas issu de la méthode naturelle (et contrôlé par lui
!), G. Hébert développe un argumentaire fallacieux dans son ouvrage " le
sport contre l'éducation physique " à propos des rapports entre le sport et
la santé :
" En sport, la santé n'est nullement la préoccupation dominante. Le travail
a bien lieu au grand air, mais aucune attention spéciale n'est portée à
l'endurcissement au froid et aux intempéries, encore moins à la frugalité
et à la sobriété. La rusticité n'est pas recherchée. Les champions et les
vedettes du sport sont les premiers à donner l'exemple du raffinement en
réclamant des masseurs, des soigneurs, des couvertures, de l'eau chaude...
et tout un confort artificiel ".
Pour ce qui est de " ceux dont les habitudes sont dérangées " (Coubertin,
idem), il n'est qu'à évoquer les violentes diatribes des médecins à l'égard
des dangers du sport. Ainsi le Dr. Garrelon, dans une savante communication
au Cours Supérieur d'Éducation Physique en 1930 , déclare-t-il
" qu'il faudra donc éviter un travail intense amenant de la fatigue, dans
un milieu extérieur à température trop élevée (...) Il faudra faire
attention aussi à l'immobilité pendant l'hiver, car, dans ces conditions,
la vaso-constriction périphérique deviendrait dangereuse, de même que l'air
froid pénétrant directement dans les poumons ".
Fort des trois constats émergeant de la discussion du thème du sujet,
l'hypothèse que l'évolution du statut du sport en tant que vecteur de santé
est venu d'une recomposition du thème de la nature, d'abord " visité " par
les médecins avant de l'être par les acteurs de l'éducation physique puis
du sport, peut être raisonnablement avancée. P. de Coubertin avait
parfaitement saisi l'origine des résistances . Les fonctions sociales des
éléments naturels en matière de santé sont un truisme pour qui étudie
l'Entre-deux-guerres. Mais le chemin sera long et émaillé de combats avant
que la célèbre phrase de Jean Giraudoux trouve du crédit auprès de
l'opinion publique, des responsables politiques et des pédagogues : " là où
passe le sport, fût-ce au milieu des houillères et des usines, pousse le
gazon le plus dru de la Nation ".
Organisation du devoir
La mise en ?uvre de l'hypothèse de travail pouvait prendre application dans
deux types de plan.
Le premier type de plan prend application dans un schéma dialectique.
Il s'agit de mettre en évidence dans une première partie les " forces en
mouvement ". Ici, ce sont les protagonistes qu'il convient d'évoquer et les
thèses qui les opposent. D'une part la nature " médicalisée " au service de
la santé va être opposée à une nature " sauvage, brute " dont les
naturistes font la pierre angulaire de leurs méthodes. D'autre part ces
deux conceptions se heurtent à l'exubérance et aux excès sportifs,
reléguant momentanément cette troisième voie dans la confidentialité.
Le " décor étant planté ", la deuxième partie doit évoquer les " obstacles
et les résistances aux changements " : opinion publique, arguments
scientifiques, débordements du sport-spectacle, positions politiques,
arguments pédagogiques. Jusqu'à la veille de la seconde guerre mondiale,
les partisans de " l'épidémie de santé ", comme Jean Giraudoux nomme le
sport, vont avoir à démontrer que la pratique sportive au grand air est un
vecteur de santé au même titre que l'hébertisme ou la leçon d'éducation
physique.
Enfin, la troisième partie peut rendre compte du résultat de ce rap