3ème partie - Amazon Web Services
On ne peut pas comprendre une ?uvre sans effort d'interprétation. ...... Il s'agit
bien d'un exercice de communication (les autres élèves écoutent et ne suivent
pas le .... Moun, Fanchon, Pied d'or, La route du vent -, Rascal (L'École des loisirs
) ;
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Lieutenant Colonel Victor Robert
Impressions de guerre 3 ème Partie
Souvenirs d'un officier d'Etat-Major 1918
UN GROUPE D'ARTILLERIE EN POSITION DEVANT LE CHEMIN DES DAMES.
Mon P.C. de Rouge-Maison Mon premier soin, une fois à mon poste, fut de me renseigner sur la
situation du groupe et sur sa mission.
La 66ème division tenait, en face du Chemin des Dames, un secteur
limité à l'ouest par le ravin de Jouy, à l'est par celui d'Ostel. Entre ces
deux ravins s'étendait un plateau absolument nu, sillonné de tranchées et
de boyaux. Notre première ligne était établie à une distance de 100 à 200
mètres au sud du Chemin des Dames, le long duquel courait la première
tranchée boche, qui en certains endroits le dépassait légèrement vers le
sud. Ce chemin lui-même était jalonné par des fermes, à ce moment
complètement rasées : le Panthéon, les Bovettes, la Royère.
Notre régiment, la seule artillerie de 75 en position dans ce
secteur, était établi sur le rebord sud du plateau, le 1er groupe près de
la ferme de Rouge-Maison, qui n'était plus qu'un amas de ruines, le 2ème
près de la ferme Folemprise, ruinée également, le 3ème près du hameau
d'Ostel, en grande partie démoli.
Mon groupe était chargé de faire barrage devant les bataillons de
chasseurs de gauche, dans la région du Panthéon.
Le capitaine de St-Maxen, qui avait assuré le commandement du groupe
en attendant mon arrivée, m'exposa la situation, la façon dont étaient
organisés les tirs de barrage, la liaison avec les chasseurs, etc... Le
soir tombait. Je dus me contenter de suivre ses explications sur le plan
directeur déployé sur l'unique table du P.C., autour de laquelle se
tenaient les quatre sous-lieutenants de l'E.M. du groupe, que j'interrogeai
à mesure, suivant le rôle qui leur était dévolu.
Ce fut bientôt l'heure du dîner. Je dus céder la place afin de
préparer la table pour le repas. J'en profitai pour explorer l'intérieur du
local. Bien que la nuit ne fut pas encore venue, il avait fallu de bonne
heure allumer la lampe à acétylène suspendue au-dessus de la table, car
l'excavation qui nous servait de gîte ne prenait jour que par la seule
ouverture qui y donnait accès, assez basse et étroite.
L'abri dans lequel nous nous trouvions était constitué par une
galerie coffrée, solidement étayée, d'environ 5 mètres de long sur 2 mètres
de large et un peu moins de haut. A son extrémité elle se retournait à
angle droit, formant une seconde galerie de 2 mètres de long et plus
étroite. Dans cette dernière galerie, qu'un rideau séparait de la première,
était disposée une couchette rustique, avec paillasse reposant sur un
treillis de fil de fer ; un tabouret en complétait l'ameublement. C'était
la chambre qui m'était réservée. Dans la première galerie, outre la table
dont j'ai parlé, se trouvaient quelques tabourets et deux couchettes
servant à mes adjoints.
Une autre galerie, indépendante des précédentes s'ouvrait sur la
falaise, tout contre la première, et constituait le P.C. de la 21ème
batterie (mes trois batteries étaient numérotées : 21, 22 et 23). Une
ouverture basse pratiquée dans la paroi commune permettait de passer, en
rampant, de l'un à l'autre abri. Sage précaution pour le cas où l'un des
deux abris aurait eu sont orifice obstrué par un éboulement sous les effets
du tir ennemi. Enfin quelques pelles et pioches étaient prudemment placées
dans chacune des galeries pour permettre de les dégager au besoin.
L'ensemble de ces abris inspirait au surplus une grande confiance,
car leur plafond supportait une épaisseur de 7 à 8 mètres de terre ou de
roc qui pouvait défier les obus de tous calibres.
Devant l'entrée des galeries, un étroit terre-plein, surplombant le
fond du ravin de Rouge-Maison, donnait des vues sur la seule route nous
reliant avec l'arrière, à Vailly. Sur cette terrasse s'élevaient : à
l'ouest une cabane en voliges utilisée par les officiers comme cabinet de
toilette, à l'est un appentis de fortune sous lequel était aménagée notre
cuisine.
Le repas, auquel je prenais part pour la première fois, fut d'une
austérité glacée, en harmonie avec la sévérité de cet intérieur primitif.
Aux officiers de l'E.M. du groupe s'étaient joints ceux de la 21ème
batterie qui faisaient popote commune avec nous. La table était exiguë.
Quelques uns des lieutenants, sans mot dire, s'étaient par déférence assis
à l'écart et mangeaient sur leurs genoux. Le repas substantiel mais fort
sobrement préparé, était servi dans les assiettes réglementaires en fer
battu. La vaisselle était réduite. Chacun devait absorber tout le menu, du
potage au dessert, dans l'unique assiette creuse dont il était doté. Ma
présence semblait intimider mes officiers, dont aucun ne soufflait mot. Je
dus faire effort pour les mettre en confiance et leur arracher quelques
paroles.
Par surcroît, la lampe à acétylène fonctionnait fort mal ce soir là.
A chaque instant, il fallait lui substituer des bougies, pendant qu'on la
rechargeait en carbure ou qu'on l'agitait, ce qui répandait dans l'abri une
odeur d'ail empoisonnant l'atmosphère.
Quelque changement que ce régime apportât dans mon existence, il
n'était pas pour me déplaire. Je m'en accommodais parfaitement. Il avait
pour moi l'attrait de la nouveauté. Et puis je pressentais que je
trouverais dans l'exercice de mon commandement des satisfactions qui
compenseraient largement le manque de confort.
Je passai au fond de mon trou une excellente nuit. Le lendemain, qui
était un dimanche, on me prévint dés mon réveil qu'un infirmier du groupe,
qui était prêtre, célébrait habituellement sa messe dans une grotte
voisine, ouverte elle aussi sur le flanc du ravin. Je m'y fis conduire. Un
autel sommaire y avait été aménagé, au pied duquel étaient disposés
quelques bancs. Des officiers, des gradés, des canonniers se groupaient.
Dans ce cadre d'une simplicité rustique mais que la proximité des lignes
rendait plus émouvant, j'entendis la messe. Premiers contacts J'allai ensuite visiter mes batteries. La 21ème batterie (capitaine
Gorce) était en position au-dessus de l'abri du P.C. de groupe, la 22ème
(capitaine St-Maxen), côte à côte avec la précédente et à sa droite avait
ses pièces en quelque sorte incrustées dans le rebord du plateau et par
suite fortement échelonnées ; l'une et l'autre étaient protégées par des
terrassements camouflés. Quant à la 23ème, que commandait le lieutenant
Galmard, elle était sensiblement plus en avant et à droite, un peu à
l'ouest des ruines de la ferme de Rouge-Maison, ses pièces enfoncées sous
des casemates légères dans l'épaisseur d'un talus : quelques arbres
déchiquetés gisaient autour d'elle et disaient assez la violence des tirs
qu'elle avait subis.
[pic]
Dans chacune des batteries je me fis présenter les officiers,
j'inspectai l'installation des pièces, les abris du personnel, les dépôts
de munitions, la façon dont on avait placé les guetteurs aux fusées.
Je me fis conduire auprès des organes divers du P.C. de groupe, qui
s'étageaient au pied de mon abri jusqu'à la route au bas des pentes, et que
reliait un sentier coupé çà et là de degrés. Je descendis ainsi au central
téléphonique du groupe enfoui sous terre, puis plus bas, contre la route,
au poste de secours, enfin au-delà de la route, dans un pré, au poste de
T.S.F., prés duquel des tranchées couvertes avaient été creusées pour
servir de refuge au personnel radio.
Au poste de secours, où me fut présenté le jeune médecin auxiliaire,
médecin de groupe, j'examinai l'installation propre à donner les premiers
secours aux blessés. J'aperçus parmi les quelques infirmiers qui y avaient
installé leur gîte, le prêtre qui venait de dire la messe et mon attention
fut attirée par la médaille militaire qui, à côté de la croix de guerre,
était épinglée à sa tunique. Je sus qu'il s'était distingué à maintes
reprises par une belle crânerie, au cours de la relève des blessés,
s'exposant courageusement pour leur donner ses soins et pour apporter aux
mourants les secours de la religion. Il avait été très estimé par tout le
personnel du groupe, pour qui il était l'aumônier[1].
J'avais aussi à me rendre au P.C. de mon régiment pour me présenter à
mon Chef de corps, que je n'avais pu joindre le jour de mon arrivée. Son
P.C. était établi sur la petite croupe séparant le ravin de Rouge-Maison du
ravin d'Ostel, et dominant au nord le P.C. de la division. Lors de mon
passage auprès de celui-ci, après ma visite au commandant de l'A.D.,
j'étais monté jusqu'aux carrières souterraines dans lesquelles s'abritait
le P.C. du régiment mais le lieutenant-colonel Joly, commandant le 240ème
d'artillerie, était absent à ce moment. Il me fit, quelques heures plus
tard, prier à déjeuner pour le lendemain. Je me rendis donc à son
invitation et je reçus de sa part un aimable accueil.
L'esprit chasseur à la 66ème Division bleue Les jours suivants, je pris contact avec le front, je visitai les
P.C. des commandants des bataillons de chasseurs, particulièrement ceux que
j'étais chargé d'appuyer. J'eus un plaisir tout particulier à retrouver le
lieutenant colonel Clément-Grancourt, dont la farouche énergie à l'affaire
de Bouchavesnes m'avait laissé un souvenir ineffaçable. Il commandait