se sacrifier : le sacrifice de l'identité dans la philosophie ... - LibraWeb

On corrige nos enfants à chaque fois qu'ils se trompent, il est rare qu'on les
félicite quand ils agissent .... On ne peut pas ne pas communiquer » (
WATZLAWICK, 1979). ..... d'exercices dynamiques de travail personnel ..... Odile
Jacob. GILLES ...

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SOMMARIO il sacrificio
J. L. Marion, S. Semplici, P. Valenza, Introduction
J.-L. Marion, Esquisse d'un concept phénoménologique du sacrifice
J. Greisch, L'intelligence sacrificielle et le sacrifice de l'intellect
A. Peperzak, Sacrificium laudis - sacrificium intellectus
P. Capelle, Le sacrifice: facticité et ritualité. Enjeux phénoménologiques
A. Speer, Sacrificium intellectus
J. L. Vieillard-Baron, Se sacrifier: le sacrifice de l'identité dans la
philosophie, la kénose et l'expiation
R. Swinburne, Christ's Atoning Sacrifice
M. Vetö, Le sacrifice: les ecueils de l'immanence
P. Koslowski, Schöpfung als Opfer. Über die Unabhängigkeit des Absoluten
von der Welt und einige sozialphilosophische Folgerungen
W. Schweidler, Todesopfer, Zeichenopfer, Lebensopfer. Zum Zusammenhang der
religiösen und der politischen Dimension des Opfers
A. G. Conte, Opfer. Semiotica del sacrificio
E. Stump, Goodness and the Nature of Faith: Abraham, Isaac, and Ishmael
G. Stroumsa, Sacrifice and Martyrdom in the Roman Empire
E. Falque, Manger la chair: la querelle eucharistique comme querelle
sacrificielle
J. O' Leary, The Eucharist as a Work of Art
M. Vesci, Sacifice
F. Jacques, Le sacré, le sacrifice et le salut
K. Hart, The unbloody Sacrifice
G. Vahanian, Oblation sans ablation
I. U. Dalferth, Selbstaufopferung. Vom Akt der Gewalt zur Passion der Liebe
A. Fabris, Per una logica del sacrificio
A. Ales Bello, Sacra-facere : dal sacro alla desacralizzazione
P. Gilbert, Marquer la différence. Désir et injustice
L. Dupré, The Structure and Meaning of Sacrifice: From Marcel Mauss to René
Girard
M. Hénaff, Repenser le sacrifice. Nouvelles approches anthropologiques
M. A. Lescourret, L'offrande picturale
M. Maesschalck, Communauté sacrificielle et communauté des victimes. Les
critiques herméneutique et néo-pragmatiste de l'universalisme moral
L. Oviedo, Attempts at Rationalizing Sacrifice
B. Dehandschutter, Sacrifice and Martyrdom: Some Notes on Martyrium
Polycarpi 14 and Vita Polycarpi 6
A. Poma, Fine della fondazione sacrificale. Un sogno di Michel Serres
V. Carraud, De la destruction. Métaphysique et idée du sacrifice selon
Condren.
T. Hünefeldt, Der Einzige und sein Opfer. Max Stirners "egoistische"
Aufhebung des Opferbegriffs
P. De Vitiis, Heidegger e la philosophia crucis
B. Vedder, Giving Oneself Up: Heidegger's Notion of Sacrifice
A. Garrido Maturano, Das Opfer als Weg zum Sinn. Die ontologische, ethische
und religiöse Dimension des Opfers im Denken Jan Pato?kas
M. Boutin, Pour une approche renouvelée au sacrifice
F. V. Tommasi, Homo sacer e i dispositivi. Sulla semantica del sacrificio
in Giorgio Agamben Jean-Luc Marion
Esquisse d'un concept phénoménologique du sacrifice[?] I. L'aporie du sacrifice. A strictement parler, il ne faudrait pas commencer par le sacrifice,
du moins au sens d'un nom, ni d'un substantif, puisque que le sacrifice
(sacrificium) résulte toujours de l'action d'un verbe, du verbe faire
(sacrum facere): un sacrifice paraît une fois qu'un agent a rendu quelque
chose sacré, l'a mis à part du profane et l'a ainsi consacré. D'ailleurs
sacrum facere a donné en vieux français le sacrifiement, qui dit plus
nettement le processus de rendre quelque chose sacré que le résultat de ce
processus. La question du sacrifice concerne donc d'abord et surtout l'acte
de faire quelque chose sacré et de l'arracher au profane (l'acte opposé à
celui de la profanation), acte dont le sacrifice ne fait que résulter et
qu'il se borne à consigner sans l'expliquer. Cette précision fait pourtant
surgir une difficulté: comment pouvons-nous concevoir la transition entre
deux termes, le profane et le sacré, alors que leur distinction même
devient, dans l'époque du nihilisme où nous habitons, indistincte, confuse,
pour ne pas dire qu'elle s'efface totalement. Tout se passe comme si la
«mort de Dieu», et surtout ce qui l'a provoquée - la prise de conscience
que les plus hautes valeurs ne consistent qu'en l'évaluation qui les
affirme, et donc ne valent que ce que valent nos évaluations -, avait
annulé toute différence entre le sacré et le profane, donc toute
possibilité de la franchir par un sacrifiement (ou à l'inverse par une
profanation). La sacrifice ne disparaîtrait-il pas avec le sacré qui
s'efface?
Pourtant il n'en va pas totalement ainsi. Il nous reste encore une
acception commune, sinon vulgaire, du sacrifice: sacrifier équivaut à
détruire; ou plus exactement à détruire ce qui ce qui ne devrait pas
l'être, du moins dans l'usage normal du monde, à savoir l'utile et
l'utilisable. En effet, l'étant au sens où je m'en sers (l'étant vorhanden
suivant l'acception de Heidegger) se définit par la finalité qui le renvoie
non seulement à d'autres étants usuels, mais, à la fin, à ma propre
intention qui rassemble les finalités subordonnées de ces étants en un
réseau de finalités, toutes orientées vers moi-même comme centre d'un monde
environnant. Cet étant vorhanden, non seulement utile, mais usuel, revient
à moi-même et, en ce sens, devient à moi-même mon monde: il est bon en tant
qu'il est mien, il est un bien en tant qu'il est mon bien. Par conséquent,
le faire disparaître reviendrait à me faire disparaître moi-même; et si,
franchissant un pas de plus dans la négation, je le détruisais, alors je me
détruirais moi-même. Or une telle destruction d'un bien en tant que bien et
même en tant que le mien, donc cette destruction de moi-même n'a pas
disparu de notre temps et y garde toujours le titre de sacrifice. Nous en
expérimentons même quotidiennement le paroxysme sous le titre du
terrorisme. L'usage et la publicité recourent en effet à la sémantique du
sacrifice pour nommer les actes terroristes: le terroriste, dit-on, se
sacrifie pour sa cause, ou bien, il sacrifie la vie de ses victimes
aléatoires pour la publicité de cette même cause. Ces usages, aussi
approximatifs et donc abusifs soient-ils, gardent pourtant quelque
pertinence: car la pure violence, sans aucune justification morale ni même
politique, dans sa bêtise et sa barbarie, suscite de fait un effroi
tétanisant devant un acte qui, de droit, ne relève plus du monde des
vivants, ni de la communauté des hommes raisonnables, mais obéit à une
logique de l'autre-monde, absurde dans le nôtre, que d'ailleurs elle nie et
annihile. Le terrorisme supprime des biens, des innocents et le terroriste
lui-même, parce qu'il accomplit d'abord et radicalement la destruction de
tous les étants en tant qu'utiles et usuels, donc de l'organisation
finalisée de tout monde pour nous. L'usuel ainsi détruit devient le sacré
en ce sens qu'il n'appartient plus au monde où nous pouvons vivre, où il
s'agit de vivre dans la normalité du profane. Admettons donc que la
terreur, sous ses figures polymorphes mais sans visages, reste aujourd'hui
notre dernière expérience du sacré et que cette figure du sacré, aussi
défaite qu'elle s'avère, nous permet pourtant un concept vulgaire du
sacrifice: ce qui rend une chose profane sacrée, le sacrifiement donc,
consiste en sa destruction. Le terroriste produit du sacré (sous la figure
de l'horreur absurde) en détruisant la vie, y compris la sienne.[?] Le
processus qui rend le profane sacré en passe par la destruction de la chose
ainsi sacrifiée.[?] Un accès au sacrifice nous reste donc ouvert, puisque
l'exprérience du terorisme nous garantit celle de la destruction du bien en
tant que tel, donc du monde en tant que nôtre.
Ce premier résultat, en nous rendant un accès, indiscutable parce que
parfaitement négatif, au sacré et au sacrifiement, ne fait pourtant que
renforcer l'aporie. Car il ne s'agit pas seulement de s'indigner que la
destruction reste aujourd'hui l'unique figure du sacrifice, mais surtout de
constater combien, même dans cette figure, son intelligibilité reste
problématique. En quoi, en effet, détruire un bien permettrait-il de le
rendre sacré? Que fait le sacrifice, s'il ne fait que défaire? Que peut-il
consacrer s'il se borne à annihiler? A quoi ou à qui peut-il donner,
puisqu'il annule le contenu d'un don quelconque et s'annule lui-même comme
éventuel donateur? La définition du sacrifice comme destruction d'un bien
en tant que tel non seulement n'explique rien du sacrifice, mais elle
pourrait expliquer son contraire - l'auto-appropriation de l'autarcie. En
effet, le sage et le fort veulent se défaire de tout bien en le détruisant
et ainsi en s'en libérant; eux seuls le peuvent et ils se le prouvent en
survivant à ce qu'ils détruisent en eux: sacrifant d'autres biens (par
ascèse, renoncement, mutilation, etc.), ils prouvent à autrui leur
autarcie; ou plutôt ils se prouvent à eux seuls leur autonomie et leur
ataraxie. Le sacrifice devient alors l'auto-célébration de l'idéal
ascétique, où l'ego atteint, en ne devant plus rien à personne, pas même sa
personne au monde, une manière de causa sui. Le sacrifice, entendu comme
destruction d'un bien, peut se renverser en une construction du soi, qui ne
sacrifie rien de soi, sinon le monde à soi-même.
II. Le sacrifice selon l'échange. Il faut donc renoncer à définir le sacrifice par la seule destruction
d'un bien. En effet, il ne devient possible de parler de sacrifice qu'en
introduisant un troisième terme, au-delà du destructeur et du bien détruit
- précisément le tiers, autrui. Même dans la plus banale acception du
sacrifice, par exemple le sacrifice d'un pion ou d'une figure aux