Joseph Amiot et les derniers survivants de la mission française à ...
à partir de : Joseph AMIOT. et les derniers survivants de la mission française à
Pékin (1750-1795),. avec quelques relations nouvelles des missions, .... dans la
foi, le père Valignano les groupe en congrégation avec exercices communs,
adaptés à leur condition et sous la direction d'un père spirituel, qu'on appelle le
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Camille de Rochemonteix Joseph AMIOT et les derniers survivants de la mission française à Pékin (1750-1795)
| | à partir de : Joseph AMIOT
et les derniers survivants de la mission française à Pékin (1750-1795),
avec quelques relations nouvelles des missions,
et des notes géographiques et historiques
par le père Camille de Rochemonteix (1834-1923),
de la Compagnie de Jésus
A Paris, Librairie Alphonse Picard et fils, 1915, LXIII+564 pages, avec
carte. mise en mode texte par
Pierre Palpant www.chineancienne.fr
TABLE DES MATIÈRES Carte et plans Introduction. - Résumé historique : I. Mission portugaise. II. Mission
française. Chapitre premier. - Premières années de Joseph Amiot. - Son entrée au
noviciat et son départ pour la Chine. Chapitre second. - État du christianisme en Chine à l'arrivée du père
Amiot. Chapitre troisième. - Le père Amiot à Pékin en 1751. - La Compagnie de
Jésus à Pékin, à son arrivée. - ?uvres diverses. Chapitre quatrième. - Le père Amiot, savant et missionnaire. Chapitre cinquième. - La mission française à Pékin. - Arrêts des parlements
de France contre les jésuites.- M. Bertin et le père Amiot. -Arrivée à
Pékin des derniers missionnaires français Chapitre sixième. - Le Bref Dominus ac Redemptor. - La nouvelle de la
suppression de la Compagnie de Jésus arrive à Pékin. - Douleur des
missionnaires, leur résignation. - Attitude des propagandistes et de
trois jésuites français. Chapitre septième. - Mgr de Laimbeckhoven, évêque de Nankin ; Mgr de Sylva,
évêque de Macao. - Deux grands-vicaires à Pékin, l'un de l'évêque de
Nankin, l'autre de celui de Macao. - Le Bref de la suppression de la
Compagnie publié à Pékin. - Mgr de Laimbeckhoven reconnu par Rome seul
et vrai administrateur de Pékin. Chapitre huitième. - Biens de la mission française. - M. Bourgeois nommé
administrateur par Louis XVI. - Refus par les dissidents de le
reconnaître. Chapitre neuvième. - Création à Paris d'un établissement destiné à préparer
des successeurs aux missionnaires français de Pékin. - Projet
d'érection d'un évêché à Mougden, ou d'une préfecture apostolique à
Pékin. Chapitre dixième. - Le père Damascène Salusti nommé évêque de Pékin. - Sa
consécration. - Divisions parmi les missionnaires. - Censures
prononcées par Mgr Salusti. Chapitre onzième. - Procès intenté à M. Bourgeois par M. de Ventavon. - M.
de Grammont nommé administrateur des biens de la mission française. Chapitre douzième. - Mort de Mgr de Salusti. Sa consécration et son
administration approuvées par une lettre de la Propagande. - Mgr de
Govea nommé évêque. Son arrivée à Pékin. Chapitre treizième. - Les messieurs des Missions Étrangères, proposés par
M. Amiot pour remplacer les ex-jésuites de Pékin ; ils ne peuvent
accepter. - Les lazaristes acceptent. - M. Raux, premier supérieur. -
Grande union des lazaristes et des ex-jésuites à Pékin. Chapitre quatorzième. - Les derniers jésuites de la mission française à
Pékin. - Messieurs de Ventavon, Bourgeois et Amiot. - Leur mort. Pièces justificatives I.- A. Lettre du père Amiot à M. Bertin, ministre d'État, à Paris. - B.
Mémoire sur l'état de la mission française de Pékin en Chine, en mars 1782,
adressé au ministre de la Marine. - C. Autre mémoire concernant la mission
française établie à Pékin, en avril 1782. II. - Lettre du père Bourgeois, supérieur des Français, à son excellence
Mgr l'évêque de Nankin, administrateur du diocèse de Pékin. III. - Instructions copiées sur le carnet de Mgr de Laimbeckhoven, conservé
aux archives S. J IV. - Decretum Sacræ Congregationis de Propaganda Fide, habitae die 16a
Januarii 1778, de rebus Indiarum orientalium. V. - Exemplar libelli supplicis a Missionariis Gallis, d'Ollières, Cibot,
Bourgeois et Collas, d excell. et rever. Dominum primatum Gonanum missi,
die 26a Julii 1780, Pekini. VI. - Lettre adressée à M. Bertin, ministre d'État, par M. Colas, ex-
jésuite. VII. - Lettre de M. père Bourgeois à M. Duprez. VIII. - Exemplar instrumenti quod ante Congregationem Dfuit a missionaris
quibusdam approbatum subscriptum. IX. - Mémoire de Mgr Salusti à la sacrée congrégation de la Propagande,
1780. X. - Lettre de M. Bourgeois à M. Duprez. XI. - Libelle adressé par M. Bourgeois au Comte Fu, le 9 décembre 1780. XII. - Notes adressées à M. Bertin par M. Bourgeois. XIII. - Mémoire adressé par Mgr Govea au Cardinal Antonelli, préfet de la
Propagande, sur le Schisme de Pékin. XIV. - M. de Ventavon à la sacrée congrégation de la Propagande. XV. - Extrait d'une lettre de M. Raux écrite de Pékin, le 17 novembre 1786.
[pic] INTRODUCTION RÉSUMÉ HISTORIQUE I Mission portugaise @ p.VII Le 2 décembre 1552, François-Xavier, apôtre des Indes et du Japon,
mourait dans une cabane de l'île de Sancian, au bord de la mer, le regard
fixé sur le vaste empire chinois, où il désirait ardemment porter la
lumière de l'Évangile. Ce beau désir de Xavier ne devait pas disparaître avec lui. Il passa au
c?ur de ses frères en religion, qui, bien souvent, renouvelèrent la
tentative du grand apôtre. En 1555, le père Melchior Nunêz Barreto [1] p.VIII débarquait à Canton et
y séjournait deux mois. Sept ans plus tard, le père Perez [2] fondait à
Macao une résidence, qui devint, en 1595, le collège de Saint-Paul, où
« toutes les sciences s'y enseignèrent, y compris la théologie. On y
conférait même le degré de docteur en théologie [3] ». En 1567, le père Melchior Carneiro, nommé par Pie V premier évêque du
Japon et de la Chine, avait pris possession de son siège épiscopal à
Macao [4]. Les Portugais étaient alors établis dans cette ville. « A quel moment
précis et de quelle manière commença cet établissement ? Comment les
Chinois, si soupçonneux et jusque-là si difficiles à permettre l'accès de
leur pays, laissèrent-ils des Portugais se fixer à demeure sur leur
territoire, à l'entrée de la rivière de Canton et à une trentaine de lieues
de cette grande ville ? C'est un mystère. On sait seulement que la prise de
possession, inaugurée probablement p.IX en 1557, était chose faite en 1561,
où l'on comptait dans la nouvelle colonie cinq ou six cents
Portugais [5] ». Le collège de Macao, qui devint, pendant deux cents ans, le siège
d'?uvres locales importantes et le centre des missions de la Compagnie de
Jésus en Chine et en Indo-Chine, fut fondé par un missionnaire de grande
valeur et de féconde initiative, le père Alexandre Valignano [6], né à
Chieti, dans les Abruzzes, au mois de février 1539, et nommé au mois d'août
1573, visiteur des Indes-orientales, par le révérend père général Everard
Mercurian. Pendant 33 ans, supérieur des missions des Indes et de la Chine, soit
comme visiteur, soit comme provincial, il séjourna à plusieurs reprises à
Macao et fut le vrai père de la mission de Chine [7]. A peine débarqué en Chine, il en rêva la conquête au christianisme, et
pour mener à bonne fin cette ?uvre apostolique, il appela à Macao les pères
Michel p.X de Ruggieri [8] et Mathieu Ricci. Le premier y arriva en juillet
1579, le second le 7 août 1582. L'heure de la propagation de la foi dans le vaste empire chinois
approchait. Elle commence par les conversions des humbles et des petits.
Les jésuites de Macao instruisent et baptisent des Chinois de cette ville,
surtout gens de service ; et « pour assurer leur persévérance et leur
progrès dans la foi, le père Valignano les groupe en congrégation avec
exercices communs, adaptés à leur condition et sous la direction d'un père
spirituel, qu'on appelle le Père des chrétiens [9] ». Par deux fois, en 1580 et 1581, « le père de Ruggieri se rend à Canton
avec les marchands portugais, et obtient des mandarins des facilités de
séjour qu'ils n'ont encore accordées à nul Européen. » Deux ans plus tard, le vice-roi de Canton p.XI l'autorise à s'établir
avec le père Ricci à Tchao-king, chef-lieu administratif de la province. Là, malgré les difficultés de la langue chinoise avec laquelle ils ne
sont pas familiarisés, les deux missionnaires ne tardent pas à conquérir le
respect et à gagner la bienveillante sympathie des magistrats et de
nombreux visiteurs de toute condition. On est frappé de leur vie réglée,
laborieuse, qui ne ressemble en rien à celle des bonzes. Du reste, pour ne
pas être confondus avec eux, pour ne pas être avec eux l'objet du mépris
public, ils laissent pousser la barbe et les cheveux et prennent le costume
des lettrés. Personne ne s'en étonne, le bruit s'étant répandu que ces deux
étrangers sont des savants de l'occident, qu'ils consacrent chaque jour un
temps considérable à l'étude des livres chinois, de l'histoire, des m?urs,
du gouvernement et de la religion du pays. Ils possèdent dans une petite maison et une chapelle que le mandarin de
Tchao-king leur a permis de bâtir, n