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L'administration avait des instructions pour barrer la route à des postes de ......
Les dirigeants nazis avaient pour eux quelques années d'exercice du ...... Nous
transmîmes le repérage corrigé et, quelques jours plus tard, les bombes
tombaient en plein sur les objectifs recherchés. ...... Personne ne le revit, plus
jamais.

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LEON SCHILLINGS Entre Allemagne et Belgique LA GUERRE AU PAYS DES FRONTIERES. Souvenirs personnels des années trente et quarante.
Léon. E. SCHILLINGS
Avant Propos. Les conflits internationaux soumettent les habitants des pays concernés à
des tensions d'autant plus fortes qu'ils se traduisent par des violations
de frontières et des occupations de territoires. Ceux qui habitent à
proximité des frontières en souffrent de façon particulière, du fait des
relations qu'ils ont nouées en temps de paix avec des habitants de l'autre
côté. Combien plus dure est la situation lorsque du fait de l'un des
belligérants la frontière est artificiellement déplacée. Ce fut le cas pour
beaucoup dans les régions limitrophes de l'Allemagne. Pour l'auteur, il y
eut en plus ceci: pendant toute sa jeunesse, il vécut entre une campagne,
maison de ses parents, et une ville, lieu de sa naissance et de ses études.
Une décision arbitraire de l'occupant vint placer une frontière nouvelle
exactement entre ces deux lieux. L'objet de cet ouvrage de mémoires et de réflexion est de relater cette
expérience. Il a fallu longtemps pour que je me décide. Les tensions
avaient effectivement été trop fortes. En revenant définitivement à la vie
ordinaire, je n'avais qu'une idée : ne plus parler de ce passé. Pourtant un
père de famille est parfois interrogé par ses enfants. Mais il y a moyen de
répondre rapidement sans s'impliquer et sans ouvrir la discussion. Par
ailleurs, une vie professionnelle loin de ces régions absorbait toutes mes
énergies. Cependant, vers la soixantaine, je pris des fonctions dans des associations
européennes. J'avais affaire régulièrement à des nationaux des divers pays
ayant participé au conflit de 40/45. Par moments, dans les conversations,
le passé resurgissait. Il y eut des moments pénibles quand des collègues
allemands se trouvaient face à d'anciens déportés dans les camps. Fallait-
il fuir le débat ? Ne valait-il pas mieux, sur base d'expériences
personnelles riches, apporter une contribution à la compréhension
réciproque ? Peu à peu, des membres de ma famille et des amis me poussèrent à
rassembler en quelques pages ce que j'avais vécu. D'où ces souvenirs qui
veulent apporter des informations sur les années de conflit, allant de 1936
à 1945, pour un jeune confronté alors à trois groupes d'influences :
- celles venant de la localisation de ses points d'ancrage entre
Verviers, qui en 1940 sera occupé et la région d'Eupen, qui sera annexée ;
- celles venant des origines de la famille, de vieille souche belge
(limbourgeoise) mais originaire plus récemment du Territoire Neutre de
Moresnet ;
- celles venant d'une éducation qui privilégiait les valeurs de liberté
plutôt que celles de soumission, en particulier à travers une
interprétation personnaliste du mouvement scout. Avant le récit proprement dit des événements, on trouvera une notice
historique qui retracera comment, dans la région, les frontières ont été
mouvantes. Certaines localités ont été successivement rattachées au duché
de Limbourg, puis à un département français, puis à la Prusse, ensuite à la
Belgique, pour repasser à l'Allemagne et enfin revenir dans l'état belge.
Un petit territoire, objet de toutes les convoitises, à cause de ses
richesses minières, celui qui couvre un tiers du Moresnet d'origine, eut
même le privilège d'être neutralisé et cogéré comme la Principauté
d'Andorre. Comme fruit de son histoire personnelle et du contexte, l'auteur fut ainsi
en mesure de passer, pendant trois ans, du territoire occupé au territoire
annexé. C'est pour cela sans doute qu'il fut recruté, dès l'été 40, par les
services de Walthère DEWE et plus tard par l'Armée Secrète. Cependant ses
choix fondamentaux avaient été faits bien avant les hostilités. Dès 1936 il
introduisait de la littérature clandestine en Allemagne. Pour lui, la
guerre idéologique avait alors déjà commencé. Elle fut complétée en 39/40
par la guerre entre pays, jusqu'à se confondre avec elle. S'est-elle
arrêtée à la capitulation allemande ? Parfois on pourrait en douter. C'est
là l'une des raisons qui a fait entourer le récit de quelques réflexions
plus fondamentales. Elles doivent aider ceux d'aujourd'hui à mieux
comprendre les dangers qui ont été écartés et à s'armer pour lutter contre
leur résurgence. Au fronton de l'hôtel de ville de Verviers se trouve une devise qui étonne
les passants "Publicité, sauvegarde du peuple". Elle est l'expression des
vraies bases de la démocratie. Le droit à l'information est fondamental. Le
droit, mais aussi le devoir d'informer et de s'informer. C'est à cela que
cette contribution veut être fidèle. Table des matières
Avant propos.
1. le contexte géographique et historique
Verviers (ville de Principauté), Eupen (duché de Limbourg), Aix-la-Chapelle
(ville d'Empire), Moresnet-Neutre (un compromis politico-économique).
Evolution de 1789 à 1940. 2. Eveil politique et premiers combats
influence de l'histoire
place du scoutisme
premiers affrontements idéologiques 3. 1940 : année des options définitives
préparation de l'invasion
les nouvelles frontières 4. Mises en place
organisation d'un cadre d'action sur deux fronts 5. Verviers: le temps des isolés
éveil de l'opposition aux allemands à Verviers 6. Verviers : le dur chemin
premiers actes de résistance et premiers revers (arrestations) 7. A l'Est : les cantons annexés
contrôle sur la jeunesse; premières mobilisations de force
frémissements d'opposition 8. A l'Est : hommes et femmes dans la tourmente
Témoignage sur quelques résistants 9. L'étau se resserre
missions diverses, solutions de survie
départ pour l'intérieur du pays 10. Images de libération
retour dans les cantons
mise en place du pouvoir belge L'adieu Bibliographie
I. Le contexte historique. Verviers, ville industrielle, longtemps connue pour le traitement de la
laine, est située sur la Vesdre, à mi-chemin entre Liège et Aix-la-
Chapelle. Elle a fait partie depuis le Moyen Age de la principauté de
Liège, en tant que constituant du marquisat de Franchimont. Mais elle a
toujours été "aux frontières". Il suffisait d'enjamber un ruisseau à la
sortie Est ou de passer une crête vers le Nord, pour être dans le duché de
Limbourg. Ce dernier était orienté vers le Brabant, alors que la
principauté ne connaissait d'autre suzerain que l'empereur. Cependant le
diocèse de Liège, lui, englobait une grande partie du duché de Limbourg.
Par contre, juste au sud du pays de Franchimont, se trouvait la principauté
de Stavelot-Malmedy, elle aussi terre d'Empire mais où Stavelot était du
diocèse de Liège et Malmedy du diocèse de Cologne. Il est possible que cette situation aux marches de la principauté ait
concouru à forger le caractère assez républicain des habitants. L'hôtel de
ville du XVIe siècle porte une curieuse devise: Publicité, sauvegarde du
peuple. N'est-ce pas une belle démonstration de contrôle par le peuple de
la prise de décision des gouvernants? Deux faits démontrent cet esprit.
Lorsqu'en 1468, les 600 Franchimontois escaladèrent la colline Sainte
Walburge à Liège, pour faire un mauvais sort à Charles le Téméraire, venu
soutenir le prince-évêque, de nombreux Verviétois faisaient partie de leur
groupe. D'ailleurs le duc se vengea en détruisant une grande partie de la
ville, dont beaucoup d'habitants n'eurent la vie sauve qu'en se réfugiant
au Limbourg. En 1789, Verviers se souleva comme Liège, le 18 août. Les Verviétois
participèrent activement aux travaux qui devaient aboutir à la déclaration
des droits de l'homme dite de Polleur. L'un des leurs allait payer de sa
vie sa fidélité aux idéaux de liberté. Il s'agit du dentiste Grégoire
Chapuis. Celui-ci s'était enfoui lors de la reprise de la ville par des
impériaux venus au secours du prince-évêque. Après la mort de ce dernier,
Chapuis eut confiance dans la mansuétude de son successeur, et revint. Mal
lui en prit. Il fut arrêté, jugé à Liège et décapité à Verviers, en 1794,
très peu de temps avant l'arrivée des troupes françaises du général
Jourdan. Depuis lors, l'une des deux places principales de la ville
s'appelle : la place du martyr. Régulièrement des mouvements qui se
réclament de la libre-pensée vont fleurir le pompeux monument qui la
domine. Contours du Duché de Limbourg (au XVIIIe Siècle)
L'administration brabançonne employait couramment l'expression : Pays
d'Outre-Meuse pour désigner : le duché de Limbourg, proprement dit
le comté de Dalhem
les seigneuries de Fauquemont et Rolduc. Ce caractère turbulent allait se marquer au XXe siècle par la vigueur du
mouvement syndical. Entre les deux guerres, la ville fut témoin de
mouvements sociaux âpres, dont en particulier la grève qui paralysa toutes
les industries de la ville de février à août 1936. La vie au duché de LIMBOURG était toute différente. La noblesse de ce pays
avait été décimée à la bataille de WORRINGEN en 1288. Le duché fut lié en
union personnelle au duc de BRABANT. Cependant ce n'était plus qu'une terre
de petites seigneuries, vivant très près du peuple. Elle était connue pour
ses petits châteaux fermes entourés d'un fossé rempli d'eau : les
Wasserburgen. Certains sont connus comme Emmabourg à RAEREN, Libermé à
KETTENIS, Strevesdorp à MONTZEN, Julémont à AUBEL etc. LIM