Le Livre des Esprits
Sait-on le nombre des fous et des maniaques produit par les études
mathématiques, médicales, musicales, philosophiques et autres ? Faut-il pour
cela bannir ces ...... son union avec le corps ? « L'exercice des facultés dépend
des organes qui leur servent d'instrument ; elles sont affaiblies par la grossièreté
de la matière.
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PHILOSOPHIE SPIRITUALISTE
________ LE LIVRE DES ESPRITS
CONTENANT
LES PRINCIPES DE LA DOCTRINE SPIRITE
SUR L'IMMORTALITE DE L'AME, LA NATURE DES ESPRITS ET LEURS RAPPORTS AVEC LES HOMMES; LES LOIS MORALES, LA VIE PRESENTE, LA VIE FUTURE ET L'AVENIR DE L'HUMANITE
Selon l'enseignement donné par les Esprits supérieurs à l'aide de divers médiums
RECUEILLIS ET MIS EN ORDRE PAR ALLAN KARDEC _______
NOUVELLE EDITION CONFORME A LA SECONDE EDITION ORIGINALE DE 1860
UNION SPIRITE FRANÇAISE ET FRANCOPHONE
INTRODUCTION
A L'ETUDE
DE LA DOCTRINE SPIRITE ________ I Pour les choses nouvelles il faut des mots nouveaux, ainsi le veut la
clarté du langage, pour éviter la confusion inséparable du sens multiple
des mêmes termes. Les mots spirituel, spiritualiste, spiritualisme ont une
acception bien définie ; leur en donner une nouvelle pour les appliquer à
la doctrine des Esprits serait multiplier les causes déjà si nombreuses
d'amphibologie. En effet, le spiritualisme est l'opposé du matérialisme ;
quiconque croit avoir en soi autre chose que la matière est spiritualiste ;
mais il ne s'ensuit pas qu'il croie à l'existence des Esprits ou à leurs
communications avec le monde visible. Au lieu des mots spirituel,
spiritualisme, nous employons pour désigner cette dernière croyance ceux de
spirite et de spiritisme, dont la forme rappelle l'origine et le sens
radical, et qui par cela même ont l'avantage d'être parfaitement
intelligibles, réservant au mot spiritualisme son acception propre. Nous
dirons donc que la doctrine spirite ou le spiritisme a pour principes les
relations du monde matériel avec les Esprits ou êtres du monde invisible.
Les adeptes du spiritisme seront les spirites ou, si l'on veut, les
spiritistes. Comme spécialité, le Livre des Esprits contient la doctrine spirite ;
comme généralité, il se rattache à la doctrine spiritualiste dont il
présente l'une des phases. Telle est la raison pour laquelle il porte en
tête de son titre les mots : Philosophie spiritualiste. II Il est un autre mot sur lequel il importe également de s'entendre, parce
que c'est une des clefs de voûte de toute doctrine morale, et qu'il est le
sujet de nombreuses controverses, faute d'une acception bien déterminée,
c'est le mot âme. La divergence d'opinions sur la nature de l'âme vient de
l'application particulière que chacun fait de ce mot. Une langue parfaite,
où chaque idée aurait sa représentation par un terme propre, éviterait bien
des discussions ; avec un mot pour chaque chose, tout le monde
s'entendrait. Selon les uns, l'âme est le principe de la vie matérielle organique ;
elle n'a point d'existence propre et cesse avec la vie : c'est le
matérialisme pur. Dans ce sens, et par comparaison, ils disent d'un
instrument fêlé qui ne rend plus de son : qu'il n'a pas d'âme. D'après
cette opinion, l'âme serait un effet et non une cause. D'autres pensent que l'âme est le principe de l'intelligence, agent
universel dont chaque être absorbe une portion. Selon eux, il n'y aurait
pour tout l'univers qu'une seule âme qui distribue des étincelles entre les
divers êtres intelligents pendant leur vie ; après la mort, chaque
étincelle retourne à la source commune où elle se confond dans le tout,
comme les ruisseaux et les fleuves retournent à la mer d'où ils sont
sortis. Cette opinion diffère de la précédente en ce que, dans cette
hypothèse, il y a en nous plus que la matière et qu'il reste quelque chose
après la mort ; mais c'est à peu près comme s'il ne restait rien, puisque,
n'ayant plus d'individualité, nous n'aurions plus conscience de nous-même.
Dans cette opinion, l'âme universelle serait Dieu et chaque être une
portion de la Divinité, c'est une variété du panthéisme. Selon d'autres enfin, l'âme est un être moral, distinct, indépendant de
la matière et qui conserve son individualité après la mort. Cette acception
est, sans contredit, la plus générale, parce que, sous un nom ou sous un
autre, l'idée de cet être qui survit au corps se trouve à l'état de
croyance instinctive et indépendante de tout enseignement, chez tous les
peuples, quel que soit le degré de leur civilisation. Cette doctrine, selon
laquelle l'âme est la cause et non l'effet, est celle des spiritualistes. Sans discuter le mérite de ces opinions, et en ne considérant que le côté
linguistique de la chose, nous dirons que ces trois applications du mot âme
constituent trois idées distinctes qui demanderaient chacune un terme
différent. Ce mot a donc une triple acception, et chacun a raison à son
point de vue, dans la définition qu'il en donne ; le tort est à la langue
de n'avoir qu'un mot pour trois idées. Pour éviter toute équivoque, il
faudrait restreindre l'acception du mot âme à l'une de ces trois idées ; le
choix est indifférent, le tout est de s'entendre, c'est une affaire de
convention. Nous croyons plus logique de le prendre dans son acception la
plus vulgaire ; c'est pourquoi nous appelons AME l'être immatériel et
individuel qui réside en nous et qui survit au corps. Cet être n'existerait-
il pas, et ne serait-il qu'un produit de l'imagination, qu'il faudrait
encore un terme pour le désigner. A défaut d'un mot spécial pour chacun des deux autres points nous
appelons : Principe vital le principe de la vie matérielle et organique, quelle
qu'en soit la source, et qui est commun à tous les êtres vivants, depuis
les plantes jusqu'à l'homme. La vie pouvant exister abstraction faite de la
faculté de penser, le principe vital est une chose distincte et
indépendante. Le mot vitalité ne rendrait pas la même idée. Pour les uns,
le principe vital est une propriété de la matière, un effet qui se produit
lorsque la matière se trouve dans certaines circonstances données ; selon
d'autres, et c'est l'idée la plus commune, il réside dans un fluide
spécial, universellement répandu et dont chaque être absorbe et s'assimile
une partie pendant la vie, comme nous voyons les corps inertes absorber la
lumière ; ce serait alors le fluide vital, qui, selon certaines opinions,
ne serait autre que le fluide électrique animalisé, désigné aussi sous les
noms de fluide magnétique, fluide nerveux, etc.. Quoi qu'il en soit, il est un fait que l'on ne saurait contester, car
c'est un résultat d'observation, c'est que les êtres organiques ont en eux
une force intime qui produit le phénomène de la vie, tant que cette force
existe ; que la vie matérielle est commune à tous les êtres organiques, et
qu'elle est indépendante de l'intelligence et de la pensée ; que
l'intelligence et la pensée sont les facultés propres à certaines espèces
organiques ; enfin que, parmi les espèces organiques douées de
l'intelligence et de la pensée, il en est une douée d'un sens moral spécial
qui lui donne une incontestable supériorité sur les autres, c'est l'espèce
humaine. On conçoit qu'avec une acception multiple, l'âme n'exclut ni le
matérialisme, ni le panthéisme. Le spiritualiste lui-même peut très bien
entendre l'âme selon l'une ou l'autre des deux premières définitions, sans
préjudice de l'être immatériel distinct auquel il donnera alors un nom
quelconque. Ainsi ce mot n'est point le représentant d'une opinion : c'est
un protée que chacun accommode à sa guise ; de là, la source de tant
d'interminables disputes. On éviterait également la confusion, tout en se servant du mot âme dans
les trois cas, en y ajoutant un qualificatif qui spécifierait le point de
vue sous lequel on l'envisage, ou l'application qu'on en fait. Ce serait
alors un mot générique, représentant à la fois le principe de la vie
matérielle, de l'intelligence et du sens moral, et que l'on distinguerait
par un attribut, comme les gaz, par exemple, que l'on distingue en ajoutant
les mots hydrogène, oxygène ou azote. On pourrait donc dire, et ce serait
peut-être le mieux, l'âme vitale pour le principe de la vie matérielle,
l'âme intellectuelle pour le principe de l'intelligence et l'âme spirite
pour le principe de notre individualité après la mort. Comme on le voit,
tout cela est une question de mots, mais une question très importante pour
s'entendre. D'après cela l'âme vitale serait commune à tous les êtres
organiques : plantes, animaux et hommes ; l'âme intellectuelle serait le
propre des animaux et des hommes, et l'âme spirite appartiendrait à l'homme
seul. Nous avons cru devoir insister d'autant plus sur ces explications que la
doctrine spirite repose naturellement sur l'existence en nous d'un être
indépendant de la matière et survivant au corps. Le mot âme devant se
produire fréquemment dans le cours de cet ouvrage, il importait d'être fixé
sur le sens que nous y attachons afin d'éviter toute méprise. Venons maintenant à l'objet principal de cette instruction préliminaire. III La doctrine spirite, comme toute chose nouvelle, a ses adeptes et ses
contradicteurs. Nous allons essayer de répondre à quelques-unes des
objections de ces derniers, en examinant la valeur des motifs sur le