Article « Paix » ETIENNE-NOEL DAMILAVILLE 1752 Le siècle des ...

Aussi d'ordre sociopolitique: le bon fonctionnement se trouve dérangé: « y fait ré
gner le désordre »; d'ordre de l'exercice et du règne de la justice, le non-respect
des idées, des lois d'un appareil qu'est la justice qui se meurt sous la guerre: «
les lois sont (personnifiées)[?] de la licence (liberté prise VS propriété) qu'elle ...

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Article « Paix » ETIENNE-NOEL DAMILAVILLE 1752 Le siècle des Lumières I Composition
Cet article de l'Encyclopédie se compose de différentes parties:
- le 1er § constitue la 1ère partie ; il présente 3 situations
celle de la Guerre et celle de la Paix
Plus particulièrement leurs conséquences, leurs effets,
leurs bienfaits et leurs méfaits.
- le 2ème § est une hypothèse, c'est un propos conditionnel:
« si la raison gouvernait les hommes [...] » l.15.
Ce § présente aussi les conséquences: « on ne les verrait
[...] féroces » l.16/18.
La 2ème partie correspond à l'hypothèse qui est formulée à
l'imparfait et au conditionnel, l.15.
La 3ème partie correspond au constat, au présent: l.23
« Mais ce n'est pas le cas »
C'est une exposition des réalités, un retour à la réalité
avec les chefs d'Etats. II Lecture Analytique
On remarque une incohérence entre le titre 'Paix' et le contenu de
l'article, c'est-à-dire principalement la Guerre.
Cette distorsion apporte plus d'intensité à la Paix: le lecteur
réfléchit de lui-même. Cela rend la définition plus forte.
D'un point de vue didactique, il est difficile de définir la Paix
sans évoquer la Guerre.
Le but de Damilaville est d'établir la définition mais aussi l'éloge
de la Paix: il en montre les bienfaits.
On assiste donc à l'éloge de la Paix, et au blâme de la Guerre.
1 Blâme de la Guerre
Damilaville prends d'abord en considération la définition
de la Guerre, c'est-à-dire le blâme (l.7). Il mets en avant les effets,
les méfaits, les dégâts de la guerre qui est ici considérée comme
maléfique. Pour cela, il emploie des procédés rhétoriques comme
l'accumulation et l'énumération des segments de phrases exposant les
dégâts par juxtaposition. On apprends ainsi que les domaines des effets de la Guerre sont
d'ordre tout d'abord démographique: la Guerre occasionne la baisse de
population ( ainsi que de l'économie car perte de population active)
« Guerre [...] dépeuple les états. »
Aussi d'ordre sociopolitique: le bon fonctionnement se trouve
dérangé: « y fait régner le désordre »; d'ordre de l'exercice et du
règne de la justice, le non-respect des idées, des lois d'un appareil
qu'est la justice qui se meurt sous la guerre: « les lois sont
(personnifiées)[...] de la licence (liberté prise VS propriété) qu'elle
introduit »; de l'ordre de la vie quotidienne des civils: « rends
incertaines la liberté et la propriété des citoyens » soit
l'emprisonnement arbitraire, « la force prime le droit », vol,
spoliation. Et le domaine économique et financier (attendu qu'il s'agit
d'activité commerciale): « trouble et fait négliger le commerce » les
taxes d'Etat. Et l'agriculture et le domaine foncier: « terres incultes
et abandonnées » cette futilité qu'est la culture et donc les récoltes
servent aux besoins vitaux tels que la faim: l'absence de récoltes
engendre la famine.
2 Eloge de la Paix
Cet éloge prend la forme d'un inventaire des effets, des
bénéfices, et des bienfaits de la Paix. On peut noter l'emploi d'un
procédé rhétorique qui est l'accumulation de segments de phrases
juxtaposées ( parataxe, asyndète ) selon la répétition de 'elle' (
anaphore ) dont l'effet produit est de renforcé le propos. D'autre
part, à la ligne 4, 'la paix' est imprimée en italique, ainsi
distinguée, elle est mise en valeur, car souhaitable.
« C'est elle qui donne...
Elle maintient...
Elle laisse ...
Elle favorise...
Elle procure... »
On peut à présent s'intéresser aux domaines des effets de la
Paix.
- « qui donne vigueur aux empires »
Position des états, dans le concert des nations. Statut de
puissance personnification
Politique
- « maintient l'ordre parmi les citoyens »
Coexistence des membres d'une nation
Politico-social
- « laisse aux lois la force qui leur est nécessaire ».
Exercice de la justice assuré, possible
- « elle favorise la population »
Accroissement de la population
Démographique
- « l'agriculture »
Agriculture
- « le commerce »
Economique On remarque aussi le champs lexical du bénéfice assez
important:
« donne vigueur » « laisse ... force » « favorise » « maintient
l'ordre » « procure » « en un mot » , recensement clos par le thème
fort de sens « Bonheur » , qui est l'aspiration de tous. III Argumentation
On a donc ici l'Eloge de la Paix et le Blâme de la Guerre. Pour
dresser sa définition, Damilaville a recours l'hypothèse, formulée par
le « Si » et les temps verbaux de l'imparfait et du conditionnel. Cette
hypothèse permet d'utiliser l'imaginaire et l'imagination du lecteur en
évoquant l'éventuel Règne de la Raison « Si la Raison gouvernait les
Hommes / Si elle avait sur les chefs des Nations, l'empire qui lui est
dû ». Celle-ci préside aux pensées, aux projets et aux actions
entreprises:
- « on ne verrait point se livrer inconsidérément aux fureurs
de la Guerre »
-> Pacifisme des Monarques
Auteur imagine comment seraient les Hommes s'ils étaient
raisonnés.
- « ils ne marqueraient point cet acharnement »
-> Agressivité non-abolie, mais amoindrie, canalisée +
référence au monde animal,
Bestial, sauvage avec « ces bêtes féroces »
- « ils ne saisiraient point toutes occasions favorables à
troubler celle des autres »
-> Souci de conserver la tranquillité qui écarterait les
pensées viciées, malsaines,
Les recherches de prétextes, les mobiles...
- « satisfaits [...] ils ne regarderaient point avec envie
[...] »
-> Satisfaction et le Contentement procuré par la
conscience de la plénitude des
Biens de la 'nature' du territoire.
La satisfaction éloignerait l 'envie' à l'origine des
jalousies, violences, convoitises.
- Prise de conscience chez les chefs d'Etats du 'prix' des
'conquêtes', de leur démesure.
Car la Guerre coute à l'extérieur, chez l'adversaire mais
aussi aux conquérants.
Après qu'il ait imaginé les bienfaits de la raison, il opère un
retour à la réalité, traduit par le 'mais' et l'emploi du présent de
l'indicatif, qui a ici une valeur de constatif, il rend compte
d'observations.
-> « MAIS les nations vivent entre elles dans une défiance
réciproque »
En effet, la psychologie et la pensée des dirigeants & des peuples
veut que ceux-ci soient méfiants des autres; il s'agit d'un imaginaire
collectif où la suspicion pèse sur l'honnêteté et la loyauté des
voisins.
On relève aussi l'idée de permanence dans le terme 'perpétuellement'
en guerre : soit pour conquérir; soit pour défendre. ( offensive,
défensive...)
La corruption de l'esprit est en fait à l'origine de cette suspicion:
« former [...] les prétextes les plus frivoles... » et « volontés
permanentes ».
On en vient ensuite au domaine de l'insensé : « se priver
d'avantages » du fait de la perversion de l'esprit, de la 'PASSION' l.28
et 30.
L'ensemble est 'aveugle'.
La mentalité des « Pinces » est impérialiste et ici stigmatisée
« étendre les bornes de leurs Etats ». Cette mentalité est égoïste et
égocentrique. Il y a aussi une mise en avant de la perversion des
Princes « grossir le nombre des hommes qu'ils rendent malheureux »
ainsi, le but des Princes est de causer de la souffrance.
Les autres acteurs, fauteurs de troubles, sont les « ministres
ambitieux et les guerriers » c'est-à-dire les Conquérants et les
turbulents sans réflexion. La stigmatisation de ces derniers est telle
qu'ils sont présentés comme 'funestes et néfastes'.
Le retour à la réalité est accompagné d'un vocabulaire péjoratif,
concernant ces personnages, avec la visée d'intérêt égocentrique
« ambitieux »; caractère égocentrique aussi mis en avant par « gloire
du conquérant », qui serait un « édifice chimérique » et donc
n'existerait pas. En effet la 'gloire' est l'obsession du Conquérant,
alors qu'elle n'existe que dans les esprits, c'est un rêve qui comme
tous les autres, est éphémère.
Le caractère égocentrique est complété par le terme « caprice » qui
signifie que l'on est allé en guerre sur un coup de tête, il a une
connotation infantile, c'est-à-dire qu'il résulte de l'absence de
raison, lorsque on laisse libre cours à l'envie. ( + « frivoles,
futiles »)
L'oxymore de la « boucherie héroïque » de Candide fait appel au même
raisonnement, « carnage inutile » : de la chair inutile est répandue et
mutilée: un prix immense pour un non profit.
Les dégâts de la guerre sont décrit et mis en avant avec insistance,
lors du tableau de champs de bataille. INTRODUCTION 1. Le texte qui nous intéresse ici appartient à l'objet d'étude
« Siècle des Lumières », lequel est lié à l'objet « Argumenter,
convaincre, persuader ». Il s'agit d'un extrait de l'Article Paix que
E.N Damilaville publia en 1752 dans l'Encyclopédie. 2. Au XVIIIème siècle, certains « petits esprits » mécontents de
l'ordre social et politique causés par les privilèges, ainsi se sont
livrés à sa critique ( mise en cause ). L'Enc