travail et discipline - Lirsa - Cnam

«C'est le processus de normalisation qui va alors garantir l'ajustement des
activités utiles et assurer leur interdépendance au sein d'un ordre productif
gouverné par la recherche de l'efficacité maximale» (H. Jorda, Travail et
discipline, p133). Les normes ont un pouvoir d'unification, de standardisation des
représentations ...

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Emmanuel NOYON Avril 2004 FILIERE ORGANISATION
CYCLE C du CNAM : valeur C (25524)
Professeur : Yvon Pesqueux
Fiche de lecture : TRAVAIL ET DISCIPLINE, De la manufacture à l'entreprise
intelligente (Henri JORDA).
1. Biographie de l'auteur. 2. Postulats et hypothèses. 3. Démonstration de l'auteur. 4. Résumé de l'ouvrage. 5. Principales conclusions. 6. Discussion et critique. 7. Actualité de la question. 8. Bibliographie complémentaire éventuelle. 9. Essai sur le modèle.
1. Biographie de l'auteur : HENRI JORDA
Henri Jorda, économiste du travail, est maître de conférences en
sciences économiques à l'Université de Reims Champagne-Ardenne. Il est
également chercheur dans ce même domaine au laboratoire HERMES (Histoire
Etudes Recherches sur les Mutations Economiques et Sociales). P.S.: Après avoir cherché en vain, dans les bibliothèques, sur internet,
dans les librairies, des informations pour établir la biographie de
Monsieur Jorda, j'ai finalement réussi à prendre contact avec lui par
messagerie électronique. Cependant, sa réponse m'a surpris et ne correspond
pas à celle qu'un auteur peut faire à un étudiant et même avant tout à un
de ses lecteurs. Je le cite : «Ce qui intéresse les lecteurs éventuels,
c'est le contenu, les idées, et non mon âge, ma formation, mon CV ... Ce
genre d'informations ne circule pas ou peu. C'est pourquoi vous rencontrez
des difficultés. Vous direz donc à qui de droit que ce genre d'enquête est
sans intérêt».
Je vous avoue que j'ai été particulièrement déçu de sa réponse
puisque j'ai déjà pris contact avec un auteur et sa réponse avait été
beaucoup «plus riche». Principaux ouvrages d'Henri JORDA :
- TRAVAIL ET DISCIPLINE, de la manufacture à l'entreprise intelligente
(Préface de Guy Caire), L'Harmattan, 1999. - LE MOYEN AGE DES MARCHANDS, l'utile et le nécessaire, L'Harmattan, 2002. - LE METIER, LA CHAINE ET LE RESEAU, petite histoire de la vie ouvrière,
L'Harmattan, 2002. - LES THEORIES ECONOMIQUES ET LA POLITIQUE, économie et démocratie, Volume
I, L'Harmattan, 2004, réalisé en collaboration avec Hervé Guillemin et
Marlyse Pouchol. - LA DEMOCRATIE ET LE MARCHE, économie et démocratie, Volume II,
L'Harmattan, 2004, réalisé en collaboration avec Hervé Guillemin et Marlyse
Pouchol.
2. Postulats et hypothèses : Henri Jorda s'appuie sur l'ensemble des postulats et hypothèses pour
retracer l'évolution du travail du XVIIème à aujourd'hui. Cependant, tous
ou pratiquement, sont réfutés au moment où un changement de pensées ou un
changement organisationnel se produit. # Au XVIIème siècle, avec la rationalisation du monde, les choses sont
réduites à un ensemble de lignes et de figures géométriques mesurables et
comparables.
Selon D'Alembert, «l'application de l'analyse mathématique aux expériences
nous dégage de toute hypothèse arbitraire» (p21,22).
Le but de ce courant philosophique est de comprendre et d'analyser la
nature selon des critères objectifs. Ainsi, ceci lui permet «d'ordonner et
classer les objets» pour ensuite les soumettre à des normes. Ce courant de
pensées a trouvé ses limites vers la fin du XIXème siècle. # L'homme étant dorénavant maître de son destin, ce n'est plus la terre
nourricière qui est sa principale source de richesse, mais le travail
(p22).
Effectivement, grâce à cette vision «géométrique et mathématique» du monde,
l'homme s'est rendu compte qu'il pouvait accroître son efficacité au-delà
de ce que lui apportaient les forces naturelles. # La rationalisation du travail, c'est sa réduction en une suite de gestes
opératoires répétés à l'identique. Elle est conduite selon une méthode qui
distingue, dans le procédé, sa structure et sa fonction. Il s'agit de
décomposer l'opération dans ses moindres éléments ou gestes, puis d'établir
les liaisons entre les gestes définis comme moments particuliers du
procédé, pour recomposer l'opération selon les principes d'économie et les
vérités scientifiques. Mécaniser la fonction devient alors la finalité de
la rationalisation (p27).
C'est véritablement à cette période que l'on cherche à extraire de l'homme
toute l'efficacité possible. L'homme, est cependant, véritablement réduit à
l'état de machine où ni son sens de l'initiative, ni son intelligence ne
sont exploités et même désirés. # A la fin du XIXème siècle, les mathématiques et la physique dévoilent une
nature complexe, diverse et instable (p46).
C'est la prise en compte de l'environnement de l'objet et de son
instabilité qui a permis de progresser dans la rationalisation. # L'horloge mécanique, symbole de l'autorité des dirigeants, exprime la
volonté d'instaurer une discipline des comportements par la ponctualité et
les rappels à l'ordre qu'elle inaugure. Elle est totalement indépendante
des contingences naturelles (p90).
Effectivement, c'est grâce à l'horloge que les entrepreneurs ont pu imposer
un véritable rythme de travail. # La responsabilisation des acteurs marque l'extension du processus de
rationalisation et du contrôle aux comportements et aux manières de
raisonner (p123).
Points essentiels dans le management participatif, la responsabilisation
des acteurs et l'accroissement de leur autonomie implique un investissement
maximal dans leur travail. # Dans une organisation ouverte sur le monde, c'est l'initiative et
l'intelligence des salariés qui conditionnent l'efficacité du procédé de
travail (p161).
Contrairement au XVIIème siècle où l'homme était réduit à l'état de
machine, ici on s'appuie totalement sur ses capacités cognitives pour
atteindre une efficacité maximale du procédé de travail. Bien d'autres postulats apparaissent dans le livre de H. Jorda mais ceux-ci
font partie des principaux. Ils sont énumérés dans l'ordre où ils
apparaissent dans le livre.
3. Démonstration de l'auteur : Comme le titre l'indique (Travail et discipline, de la manufacture à
l'entreprise intelligente), Henri Jorda, se focalise sur les modes
d'organisation des «entreprises» ou plutôt, «des unités de travail» d'hier
à aujourd'hui. Ainsi, en analysant les différentes situations du XVIIème
siècle à aujourd'hui, l'auteur s'appuie sur :
. des ouvrages et des travaux de philosophes, d'organisateur, d'ergonome
ou bien encore de sociologue :
- L'encyclopédie de d'Alembert (1717-1783) et Diderot (1713-1784).
- Les travaux de Galilée (1564-1642)
- Les travaux de Taylor (1856-1915)
- Les travaux de Babbage (1792-1871)
- Les travaux d' Adam Smith (1723-1790)
- Les travaux de Chaptal (1756-1832)
- etc.
. des faits réels et des exemples précis; H. Jorda prend à plusieurs
reprises comme exemples des manufactures (manufacture St Gobain,
manufacture de textiles, entreprise Ford, Abattoirs de Chicago, etc.) Henri Jorda se sert de la rationalisation comme fil conducteur tout au long
de son livre. Il montre comment celle-ci débute et ensuite, pourquoi et
comment évolue-t-elle.
Il nous explique comment l'extension du processus de rationalisation a
révélé l'homme-machine, l'homme-organe et enfin l'homme-système. A travers
ces différentes perceptions de l'homme, on peut alors comprendre quelle est
l'évolution des droits et des devoirs du travailleur.
4.Résumé de l'ouvrage : TRAVAIL ET DISCIPLINE, de la manufacture à l'entreprise intelligente. Première partie : La rationalisation du travail Chapitre I : La rationalisation des gestes. Le monde change entre la fin du XVIème et le début du XVII ème siècle;
une nouvelle représentation de celui-ci émerge. On décompose, on analyse,
on ordonne les choses selon des principes physiques, géométriques et
mathématiques.
Ainsi, certains philosophes tels que Descartes (1596-1650), d'Alembert
(1717-1783) ou Diderot (1713-1784) étudient et s'appuient sur cette
nouvelle vision du monde (ex: l'encyclopédie).
«L'homme acquiert au XVIII ème siècle une connaissance toute
géométrique, cette nature machine est rassurante, l'homme peut en commander
les forces et la soumettre à ses normes» (H. Jorda, Travail et discipline,
p22).
Peu à peu, la principale source de richesse de l'état devient le
travail. C'est l'industrie qui détermine l'importance du pays dans le
monde.
Cependant, certains comme Louis de Jaucourt (1704-1780), se rendent
vite compte de la fragilité de cette "industrie".
Déjà, on remplace les hommes par les machines, à moindre échelle
qu'aujourd'hui mais on prend conscience qu'elles sont moins coûteuses que
la multiplication des salaires des ouvriers. On emploie maintenant les
termes de coût et de rentabilité.
Selon Chaptal (1756-1832), «l'étendue de l'industrie d'un pays est
aujourd'hui en raison du nombre des machines, et non de la population» (De
l'industrie française, p263). La notion de productivité apparaît. On parle
également de division des tâches. Selon Adam Smith (1723-1790) «les plus
grandes améliorations de la puissance productive du travail, et la plus
grande partie de l'habileté, de l'adresse et de l'intelligence avec
laquelle il est dirigé ou appliqué, sont dues, à ce qu'il semble, à la
division du travail» (La richesse des nations, 1er livre).
Selon l'encyclopédie, il y a une volonté de rompre avec le mépris
pour les travaux mécaniques. Paradoxalement, la capacité de réflexion des
ouvriers est pratiquement niée.
La façon de travailler évolue également. Le savoir n'est plus
transmis dans le secret comme auparavant, il est maintenant analysé et
"normal