3ème Histoire Des Arts Si c'est un homme, Primo Levi, 1947. Nature ...

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3ème Histoire Des Arts
Si c'est un homme, Primo Levi, 1947.
|Nature de l'?uvre |Roman |
|Titre |Si c'est un homme |
|Auteur |Primo Levi |
|Date |10 janvier 1946 |
|Genre |Autobiographie |
|Thème |Témoignage sur les camps de |
| |concentration |
|Domaine artistique |Art du langage |
(Biographie de l'auteur
Primo Levi 1919-1987 Primo Levi est né à Turin, en Italie, dans une famille juive peu
pratiquante. En 1942, après des études de chimie, il s'installe à Milan. En
1943, il s'engage dans la Giustizia e Liberta (organisation antifasciste
installée dans les Alpes italiennes) et se fait arrêter le 13 décembre de
la même année, à l'âge de 24 ans, par la milice fasciste. Il est interné au
camp de Carpi-Fossoli, tout près de la frontière autrichienne. En février
1944, le camp, qui était jusque-là géré par une administration italienne,
passe en mains allemandes : c'est la déportation vers Auschwitz. Il y
restera jusqu'en janvier 1945, date de sa libération du camp par les
soviétiques. Une fois la guerre finie, il épousera Lucia Morpugo, aura 2
enfants et dirigera une entreprise de produits chimiques. Pendant les
derniers mois de sa vie, Primo Levi fut très affecté par la montée du
révisionnisme et de l'indifférence. Profondément déprimé, le 11 avril 1987,
il se jette dans la cage d'escalier de son immeuble. Sur sa tombe sont
inscrits son nom et 174 517, son matricule à Auschwitz. ( Poème
En version originale (italien) et sa traduction française
C'est un poème liminaire, en exergue du livre homonyme : placé en tête
de l'ouvrage, il en est le seuil et en donne l'esprit.
(Cela peut aussi faire penser à l'inscription placée à l'entrée des
camps « Arbeit macht frei » - le travail rend libre- qui accueillait
les détenus)
( Explication
. Ce texte est bien un poème, comme le montrent les éléments
suivants :
- les vers,
- les majuscules au début de chaque vers,
- le rythme
- les rimes (elles ne sont pas présentes dans la traduction,
mais on peut les trouver dans la version originale). . Ce poème est composé de cinq parties :
- Vers 1 à 4 Adresse aux lecteurs
- Vers 5 à 9 Conditions de vie d'un déporté homme dans
un camp de
concentration
- Vers 10 à 14 Conditions de vie des femmes dans les camps de
concentration
- Vers 15 à 20 Vers adressés aux lecteurs : ils doivent retenir
ces paroles
Obligation de ne jamais oublier
- Vers 21 à 23 Mise en garde en cas d'oubli / malédiction 1) Première partie vers 1 à 4 Le premier mot du poème est extrêmement important, c'est le pronom
personnel « vous » : Levi s'adresse directement aux lecteurs, destinataires
de son poème et interpelle toute l'humanité.
On notera la tournure « Vous qui... », marque d'insistance, d'autant qu'il
y en a une reprise anaphorique au vers 3. Plus on avance dans la lecture du
poème et plus ce « vous qui » résonne comme une mise en accusation.
Il reprendra ce « vous » tout au long du poème à travers des injonctions
nombreuses (vers 10, 15, 16, 17, 18, 20) ou des formes variées de la
seconde personne du pluriel (« votre » / « vos »).
Dans ces quatre vers, l'auteur insiste sur le confort de la vie matérielle
des civils (« bien au chaud » / « table mise ») et offre l'image de la
chaleur.
A cette notion de confort s'ajoute celle de possession « vos maisons ». Il
insiste également sur le confort des valeurs humaines : la table a été mise
par quelqu'un pour vous. Levi met ainsi en évidence la solitude et parle
« de visages amis ».
Cette première partie porte en creux tout ce qui fait la vie au lager, au
camp :
> la « quiétude » fait référence à l'inquiétude permanente,
> les « visages amis » rappelle l'hostilité permanente des gardes,
> « vos maisons » rappellent que les déportés n'ont rien,
> « bien au chaud » contraste avec la lutte qu'ils devaient mener
dans les camps contre le froid, la pluie...
Les conditions de vie des civils contrastent donc cruellement avec celle
des prisonniers. Les conditions de vie des prisonniers sont exposées dans
les vers qui suivent. 2) Seconde partie vers 5 à 9 Cette seconde partie commence par une question, une interrogative indirecte
commençant par un impératif présent « considérez ». Cette question est au
c?ur de l'?uvre de Levi : cet homme, est-ce encore un homme ? Levi va
présenter dans les vers qui suivent ce qui permet de répondre à la
question, il va énumérer tout ce que l'on a retiré à cet homme : - La paix, vers 6, 7 et 8 « peine dans la boue » / « pas de
repos » (la tournure
Le sommeil, négative signale la constance) / « se
bat »
- La nourriture vers 8 « se bat pour un quignon de pain » - Le droit de vivre
et à la justice vers 9 « meurt pour un oui pour un non »,
absurdité des faits. On notera les anaphores qui scandent cette partie et lui donne du rythme
(« que celui qui... qui...qui...qui).
Les souffrances sont évoquées de manière graduées : faim > mort. 3) Troisième partie vers 10 à 14 Cette partie est consacrée aux femmes ; il ne s'agit donc plus d'un
témoignage direct, les femmes détenues se trouvant dans un autre camp.
En écho à la seconde partie, celle-ci commence par la même interrogative
indirecte et le vers 11 est une reprise anaphorique du vers 6.
La femme perd :
- Son nom, elle porte seulement un numéro, un tatouage, elle est
atteinte dans son identité, elle perd son statut social.
- Ses cheveux (vers 11), ils sont tondus, elle est atteinte
dans sa féminité.
- Ses souvenirs (ver s 12), elle est atteinte dans son passé.
La femme est dépouillée, réduite à rien « les yeux vides » (vers 13) et il
finit, dans la seconde partie de ce même vers, par mettre en évidence sa
stérilité à travers la métaphore du « sein froid ». ( A la fin de ces deux énumérations, qui s'opposent aux quatre premiers
vers, l'être humain est comparé à un batracien (vers 14) « comme » ; il y
a complète déshumanisation de l'Homme : la déshumanisation commençant par
une totale dépossession.
(Jamais le mot « déportés » / « déportation » n'est utilisé, juste « cela
fut », vers 15. Impossible de le dire ? pudeur ? cela permet aussi que tous
les hommes soient concernés par cette barbarie et pas uniquement les
déportés.) 4) Quatrième partie vers 15 à 20 Cette partie prend appui sur un texte biblique ; c'est la reprise textuelle
d'un passage de la prière juive « écoute Israël ». Il n'y a dans ce passage
aucune référence explicite au divin. Ce texte s'adresse non aux croyants
quels qu'ils soient, mais à toute l'humanité.
Dans ces vers, on notera l'utilisation de l'impératif présent qui sonne
comme une injonction « n'oubliez pas » (deux fois), « gravez », « pensez-
y ». Notons aussi le passé simple « fut ». Aujourd'hui et hier : il faut
garder présent à l'esprit ce passé. Le verbe « graver » n'est pas sans
rappeler les tatouages des déportés, indélébiles. Il faut se souvenir
certes, mais pas seulement ; il faut aussi réfléchir, méditer. Le devoir de
mémoire doit s'exercer par le biais de la sensibilité plutôt que par celui
de la raison « dans votre c?ur ». Cette mémoire doit être permanente et
s'actualiser dans les actes de la vie, même les plus quotidiens « dans la
rue », « En vous couchant, en vous levant ». La mémoire doit se transmettre
par filiation « répétez-le à vos enfants. » parce qu'un tel événement
modifie la vision que l'on a de l'homme, de soi-même aussi. Le monstre est
possible, le mal peut devenir une banalité que l'on ne voit plus. Primo
Levi appelle à une vigilance constante. 5) Cinquième partie vers 21 à la fin Le texte se clôt par une malédiction : voilà ce qui vous arrivera si vous
venez à oublier.
Utilisation de trois subjonctifs présent (que + subjonctif).
Cette malédiction occupe trois lignes et maudit la personne qui oubliera
que de telles atrocités ont existé et de le transmettre. Il la maudit dans
ses biens : « maison », dans sa santé : « maladie », l'affection de ses
enfants. Ces trois thèmes font écho au début du poème : ce qu'ont les
civils, ce que n'avaient pas les déportés.
CONCLUSION « Vous » ouvre et clôt le poème. Tout dépend de ce « vous », tout dépend
de nous. Ce poème est un appel à la responsabilité de tous, chacun doit
réfléchir sur ce qu'est un être humain. Il pose le devoir de mémoire comme
un devoir moral de témoignage, de transmission que nous avons envers les
victimes du passé et aussi des générations futures.
Primo Levi est dépositaire d'une expérience et pour lui, parler est un
devoir car les événements des camps sont exemplaires. Or, au moment de la
publication de tels témoignages, celui de Levi, ceux d'autres, beaucoup
doutaient de leur pertinence et étaient prêts à considérer que les camps
n'étaient qu'un accident horrible