MAURIAC - ''Le noeud de vipères' - Examen corrige
page 153), affirmé avec confiance à l'achèvement du second («Cet amour dont je
.... «pour un million» (page 23), tant l'idée de possession est profonde chez lui.
..... cet avocat impie ressemblent parfois à des exercices de style convenus.
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www.comptoirlitteraire.com André Durand présente ''Le n?ud de vipères''
(1932) roman de François MAURIAC (105 pages) pour lequel on trouve un résumé
puis successivement l'examen de :
l'intérêt de l'action (page 4)
l'intérêt littéraire (page 5)
l'intérêt documentaire (page 5)
l'intérêt psychologique (page 6)
l'intérêt philosophique (page 10)
la destinée de l'?uvre (page 11) Bonne lecture ! Le roman prend la forme d'une longue lettre écrite, dans les années vingt,
par Louis, un avocat d'assises vieillissant (il a soixante-huit ans) et
malade (il est cardiaque). Malgré sa réussite sociale (il dispose d'une
fortune consistante, qui tient à la fois aux vignobles familiaux, et à sa
propre réussite professionnelle), il achève une existence malheureuse,
reclus au premier étage de sa propriété de Calèse, en Gironde, dans «la
plus vaste chambre, et la mieux exposée», ayant «lui seul pour témoin de sa
gloire et de sa raison». La mort, plus qu'une attente, est pour lui une
espérance, celle de pouvoir enfin assouvir quarante ans de rancunes et de
haine contre ses proches : sa femme, Isabelle, et ses deux enfants, Hubert
et Geneviève. Il laissera, en effet, dans un coffre-fort vide, une lettre
où il annoncera qu'il a dépouillé de l'héritage qui doit lui revenir sa
«famille aux aguets, qui attend le moment de la curée». «Si je l'avais
voulu, vous seriez aujourd'hui dépouillés de tout, sauf de la maison et des
terres. Vous avez eu la chance que je survive à ma haine... Oui, j'ai été
un homme capable de tels calculs. Comment y fus-je amené, moi qui n'étais
pas un monstre?» (1, 1). C'est surtout Isabelle qu'il espère ainsi
atteindre : à celle qui «s'enlèverait le pain de la bouche» pour ses
enfants, nulle douleur ne sera plus cruelle que de les voir souffrir. L'âge
et la maladie, l'espoir visible de ses proches d'hériter bientôt de ses
biens («Dès que la maladie me désarme, le cercle de famille se resserre
autour de mon lit» [1, X]), portent sa rancoeur à son comble.
Afin de parachever son ?uvre de haine, il rédige à l'intention de celle-ci
cette lettre vengeresse où il épanche enfin son c?ur, «ce n?ud de vipères
saturé de leur venin». Le portrait qu'il y fait de lui-même n'est pas
flatté : très tôt orphelin de père, choyé par une mère d'extraction
paysanne qu'il n'a jamais su aimer, il fut un adolescent bûcheur, méprisant
ses condisciples mais envieux de leur richesse, de leur statut social. Ses
études furent mises à mal par la tuberculose. Mais il fut, à vingt ans,
nanti d'une belle fortune, grâce à la sage gestion maternelle. Il se tourna
vers la politique, étant dans l'opposition ; mais il l'abandonna vite
lorsqu'il comprit que, malgré son anticléricalisme forcené et un certain
désir de justice sociale, il serait «toujours du côté des possédants». Cet
être inflexible et solitaire a pourtant connu une brève période, de paix,
de bonheur : ses fiançailles puis son mariage avec une demoiselle
Fondaudège, un des grands noms de la bourgeoisie bordelaise, lui ont permis
de se croire enfin parvenu à la réussite sociale convoitée, tandis qu'il se
découvrait capable «d'intéresser, de plaire, d'émouvoir». D'autant plus
dure a été sa chute, le soir même de son mariage, quand elle lui a avoué
l'amour qu'elle avait éprouvé pour un autre ; il en a conclu qu'elle
l'avait épousé seulement par intérêt, ou par conformisme, qu'il n'avait
été, pour elle, qu'un prétendant providentiel face au célibat menaçant.
Alors commença pour cet époux de vingt-trois ans une longue lutte
silencieuse, implacable, qui fit de lui un mari détesté, un père
démoniaque. «L'homme qu'on n'avait pas aimé, celui pour qui personne au
monde n'avait souffert», organisa autour de lui, avec volupté, un enfer
domestique, ne cessa plus de haïr et d'être silencieusement haï en retour.
Des enfants naquirent, qu'alternativement il jalousa ou chercha à gagner à
sa cause.
Ses convictions libérales et anticléricales (malgré sa richesse, il était
épris de justice sociale) achevèrent de l'éloigner de sa famille,
catholique et pratiquante. Il était dreyfusard, et, lors des discussions en
famille sur «l'Affaire», il faisait intervenir l'abbé Ardouin, «le
précepteur des enfants, un séminariste de vingt-trois ans», dont, dit-il,
«j'invoquais sans pitié le témoignage et que j'embarrassais fort, car je ne
le faisais intervenir que lorsque j'étais sûr d'avoir raison, et il était
incapable, dans ces soirées de débats, de ne pas livrer sa pensée.»
Seul, à cet homme qui se réfugia dans le travail, réussissait son métier.
Avocat au barreau de Bordeaux, devenu, à moins de trente ans, un avocat
d'affaires surmené, salué déjà comme un jeune maître, il remporta des
succès comme, en 1893, dans l'affaire Villenave qui consacra sa réputation
; il se révéla en outre comme un grand avocat d'assises alors qu'«il est
très rare d'exceller dans les deux genres». Mais sa femme était la seule à
ne pas s'en rendre compte. Si elle l'avait aimé, elle aurait chéri sa
gloire ; elle lui aurait appris que l'art de vivre consiste à sacrifier une
passion basse à une passion plus haute... «La tare dont tu m'aurais guéri,
si tu m'avais aimé, c'était de ne rien mettre au-dessus du gain immédiat,
d'être incapable de lâcher la petite et médiocre proie des honoraires pour
l'ombre de la puissance». Mais il ne fut rien d'autre, pour la suffisance
bien-pensante du cercle familial, qu'un athée à sauver en même temps qu'un
homme à ménager, car il «gagne gros». «Isa, vois comme j'ai été malheureux
[...] Je ne crois pas à ton enfer éternel, mais je sais ce que c'est que
d'être un damné sur la terre, un réprouvé, un homme qui, où qu'il aille,
fait fausse route ; un homme dont la route a toujours été fausse ;
quelqu'un qui ne sait pas vivre... Isa, je souffre».
Le c?ur lourd, il se réfugia dans une débauche «affreusement simple...
réduite à sa pure horreur», tarifée («J'aime à savoir d'avance ce que je
dois payer. Ce qui me plaisait dans la débauche, c'était peut-être qu'elle
fût à prix fixé... Je déteste qu'on me roule ; mais ce que je dois, je le
paie»). Bien des jeunes femmes, au-delà de l'homme d'affaires, auraient
souhaité émouvoir l'homme. «Mais, à première vue, je décelais l'intérêt qui
animait celles dont je sentais la complicité, dont je percevais l'appel».
Chez un tel homme, quel lien peut encore subsister entre le désir du c?ur
et le plaisir? «Les désirs du c?ur, je n'imaginais plus qu'ils pussent être
jamais comblés ; je les étouffais à peine nés».
Seuls de brefs éclairs de tendresse illuminèrent cet enfer domestique. Sa
petite-fille, Marie, fut le seul de ses enfants qui ait su émouvoir son
c?ur. Mais, au cours d'un été délirant, elle fut emportée par la fièvre
typhoïde, et Isabelle l'en rendit responsable. L'abbé Ardouin, candide
homme de Dieu, lui porta de la sympathie. Il bénéficia aussi de la
confiance de sa belle-s?ur, Marinette, qu'il était le seul à savoir
réconforter. À son tour, elle mourut en couches. Mais elle laissa un
enfant, Luc, et Louis fut touché par l'édénique innocence de «ce petit
garçon [...] le seul être au monde pour lequel je ne fusse pas un
épouvantail. Quelquefois, je descendais avec lui jusqu'à la rivière,
lorsqu'il pêchait à la ligne... La joie jaillissait de lui... Tout le monde
l'aimait, même moi... Puis-je dire que je l'ai chéri comme un fils? Non.
Car ce que j'aimais en lui, c'était de ne m'y pas retrouver». Et Luc fut
emporté dans la guerre, en 1917 au Chemin des Dames, après lui avoir envoyé
une carte qu'il garde dans son portefeuille : «"Tout va bien, ai reçu
envoi. Tendresses." Il y a écrit "Tendresses". J'ai tout de même obtenu ce
mot de mon pauvre enfant».
L'amour même lui fut offert lorsqu'une de ses clientes s'attacha
sincèrement à lui. Mais son instinct destructeur fut le plus fort, et il se
contenta de lui faire l'aumône d'une petite rente lorsqu'elle le quitta,
enceinte de lui.
Maintenant, terrassé par la maladie, il ne vit que pour se venger,
cruellement, d'avoir tant souffert. Mû par la haine des siens et aussi,
pense-t-il, par «l'amour de l'argent», il projette donc de déshériter sa
femme et ses enfants au profit d'un fils adultérin qu'il ne connaît pas,
Robert. Sa fille, Geneviève, son fils, Hubert, défendant la première sa
propre fille, le second sa situation, parviennent à faire échec à cette
machination, qui d'ailleurs le mortifie car Robert, qu'il n'avait jamais vu
auparavant, est un être veule, mesquin, et finalement indigne de lui, comme
il s'en est rendu compte à la faveur d'un répit survenu dans son mal qui
lui permit de gagner Paris pour le rencontrer. À ce moment, Isabelle meurt
brusquement, rendant en partie caduc son plan de vengeance.
Bientôt, sa propre haine mourant avec Isabelle, «le n?ud de vipères»
qu'était son c?ur ayant ainsi été dénoué, alors qu'il est revenu à Calèse,
une évolution se dessine, il pose un regard apaisé sur sa propre vie et
s'ouvre aux autres avec bienveillance. L'épisode symbolique d'un orage de
grêle (l, 11) le marque bien par sa réaction étrange, bien différente,
constate-t-il, de celle qu'il aurait eu