Mission scientifique dans la Haute Asie, 1890-1895

They had to migrate to Gujba and defend themselves against successive
expeditions from Borno led by Kaigama Made, Kaigama Ali Marema and
Kaigama ...... latter's absence thus planting the seeds of a dictatorship in which a
single scholar exercises, in the name of religion, absolute power which could not
be questioned.

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|Jules-Léon DUTREUIL de RHINS |
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|MISSION SCIENTIFIQUE |
|DANS LA HAUTE ASIE |
|1890 - 1895 |
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|Première partie |
|RÉCIT DU VOYAGE |
|19 février 1891 - 22 février 1895 |
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à partir de :
MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE
1890-1895 Première partie : Récit du voyage, 19 février 1891-22 février 1895 Par Jules-Léon Dutreuil de Rhins (1846-1894) Paris, Ernest Leroux, éditeur, 1897, XV+456 pages+LVI planches hors-texte. « Publié sous les auspices du Ministère de l'Instruction publique et des
Beaux-arts, Comité des Travaux historiques et scientifiques, section de
Géographie historique et descriptive. M. le Dr E.-T. Hamy, de l'Institut,
secrétaire de la section de Géographie historique et descriptive du Comité
des Travaux historiques et scientifiques a suivi cette publication en
qualité de Commissaire responsable. »
Un très bel ensemble de documents sur la mission, dont les trois ouvrages
publiés par F. Grenard, est disponible sur le site ToyoBunko
Mise en format texte
par Pierre Palpant www.chineancienne.fr TABLE DES MATIÈRES Préface Chapitre I. - De Paris à Khotan. II. - Explorations de 1891 : Khotan. - Polour. - Frontière du Tibet.
- Kara say. - Nia. - Khotan. III. - Exploration de 1892 : Khotan. - Polour. - Sources de la
rivière de Kéria. - Tibet nord-occidental. - District de Rou-
tog. - La-dag. - Route du Karakoram. - Khotan. IV. - Expédition de 1893 : Khotan. - Tchertchen. - Source de la
rivière Kara mouren. V. - Le désert des montagnes. - Pâtres tibétains. - Le Nam-tso. -
Négociations avec les fonctionnaires de Lha-sa. VI. - Exploration de 1894 : Du Nam-tso à Gyé-rgoun-do. VII. - De Gyé-rgoun-do à Si-ning. - Mort de Dutreuil de Rhins. VIII. - De Si-ning à Pékin. - La Chine septentrionale.
PRÉFACE @ p.V Avant de commencer le récit du voyage accompli par la Mission
scientifique de la Haute Asie, il me semble à propos de rappeler les
services rendus antérieurement par celui qui en fut le chef et de retracer
brièvement sa vie, qui fut pleine, non de jours, de profits et d'honneurs,
mais d'?uvres bonnes et fortes. Jules-Léon Dutreuil de Rhins naquit à Saint-Étienne, le 2 janvier 1846,
d'une famille ancienne, dont le château situé à environ cinq kilomètres à
l'ouest de la ville est occupé aujourd'hui par des ouvriers mineurs. Cette
famille n'est pas inconnue dans l'histoire de Lyon. Un de ses membres y
fonda l'hôpital de la Charité, un autre y fut échevin au temps de la
Révolution et parut être un personnage assez digne d'attention pour être
envoyé à la guillotine. De ce passé Dutreuil de Rhins n'avait conservé ni
fortune, ni regrets. Nul n'avait mieux compris la nécessité du mouvement
démocratique et ses opinions à cet égard étaient d'autant plus fermes
qu'elles étaient plus réfléchies et plus dégagées de toute arrière-pensée
personnelle. Néanmoins son origine et les traditions qu'elle suppose ne
furent pas sans exercer une certaine influence sur son caractère ; elles
contribuèrent sans doute à en marquer les traits principaux : goût vif de
l'honneur et de l'indépendance, répugnance à la vie étriquée et plate que
nous fait une société trop p.VI réglée et trop craintive de l'originalité,
insouciance du péril, générosité chevaleresque, mépris le plus parfait de
l'argent que j'aie jamais observé chez aucun homme. La carrière maritime lui sembla être la plus propre à satisfaire les
instincts de sa nature. Admissible à l'École navale, mais non classé, il
navigua plusieurs années au commerce. Lors de l'expédition du Mexique, il
fut reçu dans la marine militaire comme aspirant volontaire, puis comme
enseigne. Il prit part en cette dernière qualité à la guerre de 1870, mais
son rôle se borna à transporter des troupes d'Algérie en France et
réciproquement. Dans son passage sur la flotte de l'État ses rêves de
gloire ne s'étaient pas réalisés, il n'était pas probable qu'une nouvelle
guerre vînt bientôt fournir un aliment à ses espérances, la monotonie du
service en temps de paix et la rigidité de la discipline lui pesaient. Il
rentra donc dans la marine marchande, où du moins l'on navigue davantage.
Capitaine au long cours, il visita à peu près toutes les côtes et tous les
ports du monde. Cela pourtant ne suffisait à contenter ni son goût de
l'action, ni sa curiosité. Les rivages des mers étaient comme des paravents
brillants et pittoresques qui lui cachaient l'intérieur des continents,
vers lequel il se sentait de jour en jour plus attiré. Il commençait à
trouver que son métier manquait de variété et il songeait à chercher une
autre voie lorsqu'il apprit que le roi d'Annam demandait des officiers pour
commander les canonnières que la France lui avait cédées par le traité de
1874. Dutreuil de Rhins offrit ses services qui furent agréés par le
Ministère de la Marine. Il devint ainsi, en 1876, capitaine du Scorpion, un
des cinq navires à vapeur de la jeune flotte annamite. C'était un mauvais
bateau que son canon trop lourd faisait plonger d'une manière inquiétante.
Il était monté par un équipage de paysans qui n'avaient jamais vu la mer,
placés sous les ordres d'un mandarin de terre ferme. Dès les premiers jours
il y eut conflit d'autorité entre celui-ci et l'officier français qui ne
pouvait rien faire sans le concours de son collègue annamite. p.VII
Heureusement, lorsqu'on gagnait le large, le mandarin, malade, gardait la
chambre ; mais les matelots improvisés, non moins incommodés, se dérobaient
l'un après l'autre à leur besogne et, pour peu que la mer fût mauvaise, les
timoniers eux-mêmes abandonnaient la barre. Quand le bateau revenait au
mouillage, les Annamites apparaissaient de nouveau ; le mandarin vidait les
bouteilles du bord, les matelots démontaient les cuivres en cachette et se
les appropriaient. D'autre part, les ministres, que de pareils procédés
n'étaient point faits pour surprendre, ne fournissaient ni vivres, ni rien
de ce qui était nécessaire à l'entretien du navire. L'équipage mécontent
n'obéissait que sous la menace du bâton, rien ne tenait plus sur le bateau,
les supports d'embarcation, la passerelle, se balançaient au roulis, les
poulies tombaient sur le pont, les fonds pourrissaient, le mécanicien
n'osait plus allumer les feux de peur que la machine n'éclatât. Dutreuil de
Rhins, de concert avec ses quatre collègues, qui n'étaient pas mieux
partagés, adressa au gouvernement annamite d'énergiques réclamations. Les
ministres en reconnurent le bien-fondé, et, en conséquence, firent
distribuer aux cinq officiers, à l'effet d'acheter toutes les fournitures
et d'exécuter toutes les réparations qu'ils estimeraient utiles, la somme
de trente francs. De nouvelles protestations des officiers furent mal
accueillies, on leur fit entendre qu'on n'avait pas besoin des Français et
de leurs inventions. Bientôt deux des canonnières se perdirent. Dutreuil de
Rhins, certain que la sienne subirait bientôt le même sort, las du mauvais
vouloir insurmontable des mandarins, donna sa démission et ses collègues
l'imitèrent (1877). Ainsi finit la marine de S. M. Tu-Duc. Lisez la
relation, malheureusement écourtée par suite de considérations
commerciales, que Dutreuil de Rhins a écrite de sa mission en Annam, et,
comme les petites choses plus simples aident merveilleusement à comprendre
les grandes, vous aurez l'intelligence très nette et très concrète des
raisons pour lesquelles en Chine aucune armée et aucune flotte sérieuses
n'ont pu p.VIII être créées jusqu'ici et ne pourront l'être avant
longtemps, c'est-à-dire avant une réforme radicale de la société chinoise. Pendant son séjour en Annam, Dutreuil de Rhins avait fait mieux que de
commander une mauvaise barque et de di