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Une telle théorie exige de prendre en compte l'histoire, et Schumpeter ..... parties
de notre étude, est un travail d'histoire de la pensée économique s'appuyant sur
..... contraire d'une limitation du champ d'exercice de la raison et de l'ensemble
des ...... nécessairement confirmé ou corrigé au cours de l'exécution de son plan.

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UNIVERSITE DE NICE SOPHIA-ANTIPOLIS
U.F.R DE DROIT ET DES SCIENCES ECONOMIQUES
Comportements d'agents, interaction sociale et processus économiques : le
cas
de la tradition théorique autrichienne Thèse
Pour le Doctorat de Sciences Economiques
Présentée par :
Abdelaziz BERKANE Sous la direction de
Monsieur le Professeur Richard ARENA
JURY M.Richard ARENA
Professeur à l'Université de Nice Sophia-Antipolis
M.Philippe DULBECCO
Professeur à l'Université d'Auvergne Clermont Ferrand I
M.Pierre GARROUSTE
Professeur à l'Université de Lyon II
M.André LEGRIS
Maître de Conférences à l'Université de Nice Sophia-Antipolis
M.Pier Luigi PORTA
Professeur à l'Université de Milan (Bicocca)
M.Jacques RAVIX
Professeur à l'Université de Nice Sophia-Antipolis DECEMBRE 2005
Je tiens à remercier toutes les personnes qui, d'une manière ou d'une
autre, ont permis la réalisation de ce travail.
A mes filles
Lilia et Inès...à Sophie pour sa patience.
L'Université n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions
émises dans les thèses. Ces opinions doivent être considérées comme propres
à leurs auteurs.
SOMMAIRE
PARTIE I : L'HETEROGENEITE DES AGENTS ECONOMIQUES
CHAPITRE 1 - LA TRADITION AUTRICHIENNE FACE A L'ANALYSE ECONOMIQUE
CONTEMPORAINE
1.1. Tradition autrichienne et théorie de la connaissance 1.2. Conception de l'individu et Subjectivisme 1.3. La rationalité économique standard en question
1.4. Des individus hétérogènes CHAPITRE 2 - L'ORIGINALITE DE LA TRADITION AUTRICHIENNE
2.1. Le temps
2.2. L'incertitude
2.3. Les interactions sociales PARTIE II : DE L'HETEROGENEITE A UN ESSAI DE TYPOLOGIE DES COMPORTEMENTS
ECONOMIQUES
CHAPITRE 3 - INNOVATEURS ET SUIVEURS 3.1. Hétérogénéité des agents et interaction sociale
3.2. Une triade comportementale CHAPITRE 4 - DEUX FORMES TYPIQUES DE RATIONALITE ECONOMIQUE 4.1. L'analyse du changement institutionnel au sein de la tradition
autrichienne
4.2. Rationalité imitatrice et rationalité innovatrice PARTIE III : CREATION ET DIFFUSION DES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES CHAPITRE 5 - LE PROCESSUS D'INNOVATION ET LA PROBLEMATIQUE DE L'EMERGENCE
DE LA NOUVEAUTE
5.1. Les limites d'une approche du processus d'innovation fondée sur la
sélection
5.2. Le rôle de l'intentionnalité dans le processus d'innovation CHAPITRE 6 - LA DIFFUSION DES INNOVATIONS : UN PROCESSUS D'INTERACTIONS
SOCIALES
6.1. La portée d'une approche fondée sur la connaissance
6.2. Innovation et externalités d'adoption 3
Introduction générale
Des événements majeurs comme l'effondrement des économies à planification
centralisée ou l'approfondissement de la construction européenne, ont
marqué la fin du siècle dernier. Ce contexte a permis l'émergence de
nouveaux marchés, de nouvelles institutions politiques et de nouvelles
technologies. Ces phénomènes d'émergence institutionnelle, au sens large,
ne sont pas nécessairement liés, mais ils s'inscrivent dans une même
période historique et répondent à une dynamique réelle qui interroge
l'analyse économique. 1. Emergence des institutions et coordination économique De façon générale, les conditions du changement institutionnel sont l'objet
de débats économiques et politiques actuels substantiels aussi bien au
niveau national qu'international. L'une des raisons de ces débats tient au
fait que ces changements sont étroitement liés à la question de la
coordination économique. En effet, les réflexions relatives à la
« gouvernance » de l'économie mondiale, à la nécessité de la mise en place
de règles prudentielles sur les marchés financiers ou encore aux problèmes
institutionnels posés par l'élargissement de l'Union Européenne, illustrent
les enjeux à la fois pratiques et théoriques liés à la mise en place
d'institutions permettant d'assurer une meilleure coordination des agents
et une régulation efficace du système économique.
Sur le plan de l'analyse économique, cette mise en place conduit à mener
une réflexion sur la notion d'institution, qui n'est pas toujours aisément
mobilisable sur le plan analytique du fait de son caractère polymorphe.
Dans la mesure où il s'agit d'établir de façon cohérente et satisfaisante
l'articulation entre la problématique de la coordination et le processus
d'émergence des institutions, il paraît pertinent de définir les
institutions économiques comme regroupant deux catégories. D'une part, des
institutions informelles, auxquelles peuvent être assimilées des
régularités comportementales, définissant la manière dont les agents
choisissent des règles sociales pour agir dans les organisations ou sur les
marchés. D'autre part, certains types de gouvernance entrepreneuriale, de
leadership ou de technologies : c'est-à-dire des institutions économiques
plus formelles, constituant l'objet de ce que Schumpeter appelait la
« science de l'organisation », à savoir « la science des formes étatiques,
mais aussi les formes juridiques et les principales relations et structures
sociales et, enfin, la science de l'organisation économique, c'est-à-dire :
d'une part, la division du travail et d'autre part, la formation de
cartels, d'associations professionnelles, etc. » (J.Schumpeter, 1908, p
133)1.
En retenant cette définition, il faut reconnaître que même si le rôle des
arrangements ou des dispositifs institutionnels dans la réalisation de la
coordination économique est aujourd'hui reconnu par la plupart des
approches économiques, cette articulation demeure, sur le plan théorique,
relativement partielle ou superficielle. Cela peut s'expliquer par le fait
que ce phénomène d'émergence des institutions ne fait par partie du champ
de questionnement « traditionnel » de l'économiste qui s'intéresse plus
couramment au phénomène de la croissance, des cycles d'affaires ou de
l'inflation. Une autre explication, d'ordre plus méthodologique, tient au
fait que le traitement de cette question suppose de lier l'Economique aux
phénomènes institutionnels et sociaux : en effet, il paraît difficile de
comprendre, par exemple, l'émergence des nouvelles technologies de la
communication et de l'information (NTCI), en se limitant à leur aspect
purement technique et sans comprendre les changements dans les modes
d'organisation des entreprises, l'évolution dans le contenu du travail ou
la transformation des usages sociaux, liés à ces technologies1. Pendant très longtemps, l'approche économique la plus courante a été de
considérer les institutions comme une donnée, la tradition de l'équilibre
général étant relativement typique de ce point de vue. Pourtant, depuis
environ une vingtaine d'années, notamment sous l'impact de la théorie des
jeux, de nombreuses tentatives de création d'une économie des institutions
ont vu le jour : ces tentatives se rejoignent sur l'idée selon laquelle ce
que l'analyse économique courante considérait donc comme des « données »
(les préférences, les dotations ou les techniques de production, par
exemple), deviennent pour l'économiste des variables doit il doit aussi
expliquer l'émergence et l'évolution. Cette exigence est liée au fait que
l'hypothèse d'exogénéité des institutions, en tant que règles et normes de
comportement individuel, pose, outre le problème de l'origine des
institutions, celui de leur légitimité. Or cette légitimité est nécessaire
pour que les individus acceptent d'adhérer à des règles « collectives » ou
« sociales », règles favorisant la coordination de leurs comportements : en
suivant B.Walliser (2002)2, le « problème de la naturalisation » interroge
le mécanisme par lequel les agents apprennent à considérer une régularité
observable comme une entité indépendante et se déterminent par rapport à
cette entité plutôt que par rapport aux actions des autres. Si
l'institution a une fonction coordinatrice, cela implique qu'elle soit
déterminée de façon endogène, les comportements individuels des agents
participant à l'élaboration « collective » de telles règles de
coordination. Or, il est possible de considérer deux approches de cette
nécessaire « endogénéisation » des institutions (B.Walliser, 2002), c'est-à-
dire conçues comme le résultat des actions individuelles.
Une première approche, qui présente des limites, consiste à envisager la
création d'une institution comme la conséquence consciente et volontaire
des actions des agents : « Il peut s'agir de son établissement par un
planificateur omniscient et omnipotent ayant le pouvoir d'en décider. Il
peut s'agir aussi d'un contrat établi entre les acteurs au terme d'une
négociation multilatérale. C'est ainsi que de nouveaux marchés financiers
ont été mis en place de toute pièce par les autorités boursières ou que de
nouvelles procédures d'enchères sont négociées. Cependant, cette vision des
choses est insatisfaisa