Université de Grenoble 3 ? Stendhal - Exercices corriges
Or ce simple exercice de venir chaque jour à pied au tournage l'aurait fait .... JLG
chuchotant : Maintenant, elle tourne la tête à droite, mais ça n'a pas .... JLG : Voici
comment Juliette, à 15h37, voyait remuer les pages de cet objet .... Les objets
morts sont toujours vivants ; les personnes vivantes sont souvent déjà mortes.
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Université de Grenoble 3 - Stendhal - CUEF Yves Citton Cours d'Histoire du Cinéma Français - année 2014-2015 - Premier semestre Cahier de fiches
sur les films projetés dans le cadre du cours
Cinéma français récent. Politiques de la sensibilité NB : Les fiches sont données dans l'ordre chronologique des films étudiés
Table des matières
Jean-Luc Godard, Deux ou trois choses que je sais d'elle (1967) . . .
. 1
Alain Resnais, Mon oncle d'Amérique (1980) . . . . . . . . . . . . . .
. . . . 8
Robert Bresson, L'Argent (1983) . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . 12
Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro, Delicatessen (1991) . . . . . . . . .
. . 16
Luc et Jean-Pierre Dardenne, Rosetta (1999) .. . . . . . . . . . . .
. . . . . 19
Claire Denis, Beau Travail (2000) . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . 23
Michael Haneke, Code inconnu (2000) . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . 25
Sylvain Chomet, Les Triplettes de Belleville (2003) . . . . . . . . .
. . . . . 29
Arnaud Des Pallières, Parc (2009) . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . 30
Université de Grenoble 3 - Stendhal - CUEF
Yves Citton
Cinéma français récent : Politiques de la sensibilité Jean Luc Godard
Deux ou trois choses que je sais d'elle (1967) |Bande d'annonce | |
| |[pic] |
|Apprenez deux ou trois| |
|choses que je sais | |
|d'elle. | |
|Elle, la cruauté du | |
|néocapi-talisme. | |
|Elle, la prostitution.| |
| | |
|Elle, la région | |
|parisienne. | |
|Elle, la salle de | |
|bain, que n'ont pas 70| |
|pour cent des | |
|Français. | |
|Elle, la terrible loi | |
|des grands ensembles. | |
| | |
|Elle, la physique de | |
|l'amour. | |
|Elle, la vie | |
|d'aujourd'hui. | |
|Elle, la guerre du | |
|Vietnam. | |
|Elle, la call girl | |
|moderne. | |
|Elle, la mort de la | |
|beauté humaine. | |
|Elle, la circulation | |
|des idées. | |
|Elle, la gestapo des | |
|structures. | | Durée : 1h30 - Scénario inspiré d'après Le Signe de Guy de Maupassant et un
article de Catherine Vimenet publié dans le Nouvel Observateur
Acteurs : Jean-Luc Godard : voix-off - Marina Vlady : Juliette Jeanson -
Anny Duperey : Marianne - Roger Montsoret : Robert Jeanson - Raoul Lévy :
John Bogus - Jean Narboni : Roger - Joseph Gehrard : Monsieur Gérard - Yves
Beneyton : Le jeune homme du métro - Juliet Berto : La fille qui parle à
Robert - Helena Bielicic : La fille dans la baignoire - Christophe
Bourseiller : Christophe Jeanson - Marie Bourseiller : Solange Jeanson -
Jean-Pierre Laverne : Ivanov - Jean-Patrick Lebel : Pécuchet - Claude
Miller : Bouvard
Films principaux de Jean-Luc Godard
Première période : À bout de souffle (1960) - Une femme est une femme
(1961) - Vivre sa vie (1962) - Le Petit Soldat (réalisé en 1960, sorti en
1963) - Les Carabiniers (1963) - Le Mépris (1963) - Bande à part (1964) -
Alphaville (1965) - Pierrot le fou (1965) - Masculin, Féminin (1966) - Made
in U.S.A. (1966) - 2 ou 3 choses que je sais d'elle (1967) - La Chinoise
(1967) - Week-end (1967)
Cinéma militant et vidéo : Le Vent d'est (1969) - Numéro deux (1975) - Ici
et ailleurs (1976) - Six fois deux/Sur et sous la communication (1977) -
France/tour/détour/deux/enfants (1977) - Comment ça va? (1978)
Retour dans les grandes salles : Sauve qui peut (la vie) (1980) - Passion
(1982) - Prénom Carmen (1983) - Je vous salue, Marie (1985) - Détective
(1985) - King Lear (1987) - Soigne ta droite (1987) - Nouvelle vague
(1990) - Allemagne 90 neuf zéro (1991) - Hélas pour moi (1993) - JLG/JLG -
autoportrait de décembre (1995) - For Ever Mozart (1996) - Histoire(s) du
cinéma (1998) - Éloge de l'amour (2001) - Notre musique (2004) Vocabulaire
La prostitution, se prostituer : vendre des services sexuels pour de
l'argent
Faire le trottoir, faire le tapin : se prostituer
Le bordel : maison de prostitution
Le proxénète, le maquereau : l'homme qui exploite et « protège » les
prostituées
Le cul (mot vulgaire) : (1°) le derrière ; (2°) le sexe
Le smic : travail à un salaire minimum
Le man?uvre : travailleur non qualifié
Le cadre : administrateur à fonction hiérarchique supérieure
La banlieue : quartier en bordure des grandes villes
Le bidonville : logement non autorisé, bricolé et sans hygiène, construit
en bordure des villes par des nouveaux arrivants sans logement
Les « grands ensembles » : grands ensembles d'immeubles carrés en béton
construits dans les banlieues dans les années 1960
Un ensemble : 2 habits faits pour être portés ensemble (jupe + blouse)
H.L.M. : Habitation à Loyer Modéré (souvent située dans des grands
ensembles de banlieue)
Sémantique : qui concerne la signification
Mon semblable, mon frère : référence au dernier vers du poème inaugural des
Fleurs du mal de Baudelaire : « Hypocrite lecteur, mon semblable, mon
frère »
Un Vietcong : un combattant communiste se battant contre les Américains au
Vietnam du Sud Présentation générale :
Les deux ou trois choses que nous savons d'elle sont les suivantes. Elle,
tout d'abord, c'est la banlieue parisienne avec ses immeubles de béton, ses
quartiers en éternelles constructions, ses terrains vagues, ses ruines, sa
désolation.
Mais elle, c'est également Juliette Janson. Elle vit dans l'un de ces
grands ensembles campés dans la périphérie de la cité tentaculaire qu'est
Paris. Juliette est mariée à Robert. Ils ont un garçon qui s'appelle
Christophe et une fille Solange. Les Janson ont un ami commun, Roger. Avec
celui-ci, Robert fait de la radio amateur. Marianne est la principale amie
de Juliette, elle travaille dans un salon de coiffure.
Avec la complicité de Marianne, Juliette se prostitue occasionnellement
dans les hôtels, petits et grands, du quartier de l'Étoile. Mais le lieu de
prostitution ne se limite pas aux seuls hôtels ; des appartements d'H.L.M.
sont également transformés en de véritables maisons de passe. C'est ainsi
que M. Gérard, qui sert aussi de gardien d'enfant pour Solange, troque son
appartement contre toutes sortes de choses jusqu'à des tablettes de
chocolat. Les principaux clients de Juliette et de Marianne sont
américains. Ces activités clandestines se déroulent l'après-midi tandis que
Roger est à son travail et que Christophe est à l'école.
"Deux ou trois choses que je sais d'elle est beaucoup plus ambitieux [que
mes films précédents]. A la fois sur le plan documentaire, puisqu'il s'agit
de l'aménagement de la région parisienne et sur le plan de la recherche
pure, puisque c'est un film où je me demande continuellement moi-même ce
que je suis en train de faire. Il y a bien sûr le prétexte qui est la vie,
et parfois la prostitution dans les grands ensembles ; mais l'objectif
réel, c'est d'observer une grande mutation comme celle que subit
aujourd'hui notre civilisation parisienne, et de m'interroger sur les
moyens de rendre compte de cette mutation."
Alors qu'il pensait au départ à une adaptation du Signe de Maupassant,
Godard tombe, dans Le Nouvel observateur du 23 mars 1966 sur une enquête de
Catherine Vimenet (les "étoiles filantes ") sur la prostitution
occasionnelle née avec le développement des grands ensembles dans la région
parisienne. Le sujet du film est trouvé.
Au tournage comme à son habitude, Godard renonce à tourner de son scénario
tout ce qui ne serait que conjonctif, relèverait du raconter pour s'en
tenir à un voir brut, aux fameux faits rosselliniens, ajustés à sec, côte à
côte. Sont adjoints également une vingtaine de "choses à filmer", gags ou
scènes autonomes
La scène du garage : "elle passe donc voir Robert qui achève son service à
la station d'essence du parking des Champs-elysées où il est chef de
station" réalise le projet expérimental de Godard : articuler deux sujets
d'échelles différentes : un moment de la vie d'une femme et un moment de la
vie du paysage urbain. C'est un assemblage de sensation déconnectées de
toute logique de narration linéaire : feuillage des arbres, reflet du
soleil sur une carrosserie rouge, coup de klaxon. Godard repense le monde
en isolant et réarticulant au montage les sensations qui en composent notre
perception globale.
Godard n'a cessé de déplorer que ses acteurs, pratiqueme