le journal de janvier - Accueil
... item><item>corrigé</item><item>corrigé-type</item><item>corrigée</item><
...... </item><item>d'exemples</item><item>d'exercice</item><item>d'exercices</
...
Part of the document
LE JOURNAL DE JUILLET, tous à l'ambassade Jeudi 01 juillet : ça commence fort ce mois-ci Ouaouh, pourvu que le mois entier ne soit pas à l'image de cette matinée...
Même pas le temps de petit déjeuner, les visites se succèdent, pas toutes
agréables.
Ca commence par le réparateur de TV de Bongor qui vient prendre des
nouvelles de son devis. J'en suis désolée, mais les pièces sont trop
chères, je ne peux pas le faire travailler. Il me demande alors 7500F pour
le diagnostic d'hier ! J'essaie de lui expliquer que je ne peux pas, que
je lui ai clairement dit hier que je ne voulais qu'un devis pour savoir si
oui ou non le centre culturel avait les moyens, qu'il fallait me prévenir
si son entreprise faisait des devis payants.
Lui n'en démord pas, m'explique que la consultation à l'hôpital est
payante. Pourquoi pas mais lui ayant bien expliqué le contexte pécunier, il
fallait alors qu'il me prévienne. Discussion de sourds, visiblement, il ne
comprend pas mon point de vue et part fâché. De mon côté je suis bien
énervée aussi car j'ai dû lâcher 2000F pour rien et je n'aime pas quand les
discussions se terminent comme ça. Il es parti en disant que j'avais dit
des mots trop forts, s'excitant sur « vous n'avez pas été assez clair ».
Bon, c'est comme ça, mais ça vide beaucoup d'énergie pour un début de
journée. Vient ensuite Nadoum Matho, instituteur, qui voulait parler de son projet
d'amélioration de l'enseignement au primaire. Nous discutons longuement.
Ils ont fait une enquête édifiante, portant sur 151 élèves de CM2 à qui ils
ont donné un test : une phrase ½ tirée d'un livre de CP d'Hamadou et
Mariam.
La phrase était du genre : Hamadou roule sur son vélo. Il va trop vite et
dérape. La marmite tombe par terre.
Les questions : Hamadou roule t'il doucement ? ou qu'a fait la marmite ?
Résultats : 34 élèves ont zéro, plus de la moitié ont moins de la
moyenne...
Certains ne savent pas écrire leur nom, d'autres répondent par des
« Hamadou marmite » ou autres mots illisibles. C'est vraiment triste.
Directement je ne peux pas faire grand chose pour eux, si ce n'est leur
proposer les livres de la bibliothèque sur la pédagogie (autre enquête :
les meilleurs instituteurs ont préparé des cours pour 3 mois, d'autres
majoritaires pour une semaine, certains improvisent tous les cours...), ou
la cour pour des rencontre débats. Mayeul arrive sur ces entrefaites du
chantier et proposent qu'on les mette en contact avec des instits en France
pour échanger sur les méthodes, en comparant notamment avec les classes en
ZUS où de nombreux enfants ne parlent pas français à la maison. C'est ensuite la fille de Monique, tellement semblable à sa mère que
j'attends qu'elle prenne la parole avant de savoir qui j'ai en face de
moi !
Je continue la matinée en recrutant pour l'association. Ca y est nous
sommes au complet, Christophe, le coordinateur du programme EVA (éducation
à la vie et à l'amour) accepte le poste de secrétaire, puis je me rends
dans l'enceinte du lycée, dans la concession où logent le proviseur et les
censeurs.
J'y trouve Lina Béatrice, la charmante fille du proviseur, qui accepte le
rôle de secrétaire adjointe. Je soupçonne Mississipi de trouver que mon
choix a été très très bon.... Pendant ce temps, Mayeul travaille sur le logement des pères qui dirigeront
le collège. Il paraît que Bédoum a été convoqué à la brigade par un ouvrier
qui a été viré parce qu'il a été pris en flagrant délit de vol de fût. Pas
gonflé le gars...
Il accuse Bédoum pour avoir travaillé 50 jours sans être payé. Seule trace
écrite, le cahier du chantier où il apparaît comme ayant bossé 16 jours et
ayant eu un salaire. Mais est ce que le cahier suffira comme preuve ?
Mathieu et Martin sont allés avec lui, mais ici le droit et la logique ne
sont jamais sûrs de gagner, c'est ça qui fait vraiment peur. On déjeune de riz et de pâtes. JB dit que le marché est mort, il n'y a plus
rien.
Pendant la sieste, je révise ma première leçon de ngambaye écrite ce matin
pendant le repassage de Jean Baptiste. Ndi to ban wa, ça va avec la pluie ?
Quand on émerge un peu tard comme cet après-midi, les soirées durent peu !
un petit tour au centre culturel, l'affichage des nouvelles activités et
des nouvelles de la TV, la vérification que la boîte postale est vide, un
tour au terrain, une petite réunion en vue du départ (combien de koros de
riz achète t'on ? combien de condiments ? et pour la bouillie ? et pour le
thé ??, combien de supporters emmènent t'on, loge t'on et nourrit t'on
gratuitement ???), et il fait déjà bien sombre. A la maison, en revanche, tout baigne dans un délicat parfum de beignets
qui parvient jusqu'au nez du service construction... Samedi 02 juillet : expédition ? A priori, malgré les éclairs qui ont zébré le ciel toute la nuit, la terre
est encore sèche et le voyage à Laï possible avec l'équipe de basket.
Mayeul s'active, répare et prépare la voiture (vitre tombée au fond de la
portière...) et file au chantier.
Pour moi c'est samedi, Ndo balè, jour de nettoyage (le vrai mot pour dire
samedi en ngambaye d'ailleurs !!). Je suis interrompue par le délégué au
sport tout plein de palu et qui ne peut pas venir avec nous, les
basketteuses à qui on confie la tâche d'aller au marché acheter de quoi
faire la bouillie pour 40 personnes ce soir et de quoi proposer un petit
déjeuner. Ils auront de la bouillie ce soir, mais un repas plus consistant
juste avant le match dimanche. J'ai aussi la visite d'un père en colère...
sa fille a fait le mur ce matin pour partir à Laï sans demander la
permission. C'est la s?ur qui a vendu la mèche. Elle n'est pas de Kélo, est
en vacances ici et son père lui a payé un cours de couture, alors pas
question d'aller à Laï... Jean Baptiste de son côté profite de notre absence pour partir tôt ce
matin, il veut aller dans le village de ses parents, et veut tenter les 50
km à vélo sans pluie. Avec le gros emprunt qu'il a fait pour couvrir sa
nouvelle maison, il est un peu à sec. Alors il veut choisir un terrain au
village, demander à ses parents de le désherber et d'y faire passer les
b?ufs, lui reviendra pour y planter le sésame. Il a déjà fait ça il y a
quelques années, avait alors récolté 6 sacs de 100 kg ! Finalement, c'est le départ, non pas avec 3 pick up comme pensé
initialement, mais avec la nôtre, plus un 7 tonnes !
Le gros porteur est celui du patron des établissements Boumayo, les bars
présents à Pala, Moundou, Kélo. Je n'en crois pas mes oreilles, Bertin
m'annonce qu'ils ont été obligé en contrepartie de payer 60 litres de
gazole, soit 30 000F, ce qui est beaucoup plus cher que ce qu'on avait
prévu. J'ai du mal à comprendre, encore et toujours, que des gars
intelligents comme Nguetto, inspecteur des douanes, et Bertin, directeur
d'un ONG de micro-crédits, s'y prennent au dernier moment, quitte à payer
beaucoup.
Enfin, c'est comme ça, peut être qu'il n'y a pas d'autres manières de
fonctionner. Les joueurs et supporters embarquent dans la benne, notre
voiture est réservée aux filles, qui viennent aider pour la préparation des
repas.
Bonne ambiance... les filles se font remarquer, criant, chantant et
sifflant. Elles annoncent le passage des gars, parce que le poids lourd
avance tout doucement, loin derrière.
On rigole en douce quand on commence à les entendre chanter un des
« tubes » du concert de la fête de la musique : « sans capote ne baise
pas »... On se réjouit de n'avoir pas écrit en gros mission catholique sur
la voiture, comme sur celle de l'américaine protestante dont le 4x4 est
graffité de Jésus m'aime ou autre Le Seigneur est mon berger...
5 minutes plus tard, après le passage d'un pont un peu branlant, elles
entonnent « Jésus est merveilleux »... Tchad, terre de contraste !
Miracle du jour, les gars du bac, qui ont le monopole et qui en profite
avant l'arrivée du pont qui leur enlèvera leur business, acceptent de nous
faire passer gratuitement le camion et nous. Enfin nous on s'était un peu
planqués... on les connaît trop bien !
Arrivée au bord du Logone à 15h. Le bac est vide, de l'autre côté du
fleuve. En 5 minutes, c'est la débandade, les joueurs partent en pirogue
pour s'entraîner, les supporters qui peuvent se le payer aussi : on se
retrouve à 5 à attendre que le bac daigne venir. Mayeul et moi sommes un
peu énervés de s'être faits planter comme ça, mais on se calmera un peu
plus tard apprenant que le délégué des joueurs sera aller chercher de
l'autre côté le chauffeur du bac (allant jusqu'à la mosquée) pour lui
expliquer pourquoi nous n'avons pas de ticket.
Nous attendons et attendons. On connaît leur manège : comme ils arrêtent à
17 heures, ils font une bonne pause, reviennent à 16h30 pour effectuer un
unique aller-retour. Heureusement pour nous arrive le frère Daniel qui les
connaît bien aussi. Lui ne perd pas son temps, gare sa voiture, prend la
pirogue, passe de l'autre côté et va les secouer. Le temps de la traversée
à contre courant et nous pouvons monter !
Les conditions deviennent vraiment difficiles : la butte de débarquement
est raide et le pick up trop chargé qui est devant nous se pique le nez
dans la terre et ne peut plus redémarrer. Nous le contournons et laisser
ceux du bac faire leur boulot. Voilà, les joueurs sont installés au CLAC, les filles commencent à préparer
la bouillie. Enfin, 3 sur les 8, les autres étant venues passer un WE à Laï
aux frais de la princesse. La délégation kéloise s'installe au CLAC à la lumière du film de John Woo
qui y est projeté ce soir. Ca en jette ! ils ont sous-traité les films