Mon corps a commencé à reprendre vie le 5 Juillet ... - Prom'objet Pub
Je suis confortablement installée dans un fauteuil qu'on a positionné de telle
sorte que je suis ..... Au moins, cette activité, même si elle me met mal à l'aise, ne
requiert aucun exercice particulier de ma part. ...... Anthony foudroie du regard l'
adolescent qui pique un fard. ...... Mon fiancé, corrigé-je un peu trop sèchement.
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Après un rêve
Les protecteurs
Seconde chance "Un rêve est la moitié d'une réalité"
Joseph Joubert [pic]
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Chapitre I Je suis revenue à la vie le 5 juin 2040 et le moins qu'on puisse dire est
que je n'en avais pas particulièrement envie.
Si j'avais su, par avance, ce qui m'attendait, j'aurais d'ailleurs lutté
pour ne jamais me réveiller. Mon corps flotte au milieu d'un vide immense, emplit d'un silence
rassurant.
J'erre au c?ur de ce néant depuis longtemps déjà et j'ai appris à
l'apprécier. J'oscille entre des rêves fantastiques et un sommeil plus profond que rien
ne perturbe. J'ai la certitude de rêver parce que seuls les songes peuvent
procurer un tel bien-être, un tel détachement face à des situations
néanmoins périlleuses, une telle dose d'irréalité sans que cela ne choque
la conscience.
Mon échappée onirique préférée est celle où je m'élance du sommet d'une
falaise pour voler. Je ne me souviens pas comment j'ai escaladé cette
montagne alors que les parois sont si escarpées que je suis manifestement
incapable de les gravir. Je me tiens au bord du précipice, un gouffre abyssal se déploie sous mes
pieds.
Je sais qu'il faut que je saute afin d'atteindre une parfaite plénitude et
cette perspective ne m'effraie pas. Tout sentiment de peur m'est d'ailleurs
étranger, même si tout me paraît étonnamment réel.
Je ferme les yeux puis je fais un pas en avant. La sensation de chute ne
dure pas, j'écarte les bras et je plane en contemplant le paysage somptueux
en dessous de moi, incroyablement heureuse d'être là. La forêt s'étire à l'infini, en des teintes multiples de verts, allant de
l'absinthe à l'émeraude et elle semble vivante quand elle est agitée par la
brise séraphique. Je ne m'aventure jamais en deçà de sa voûte épaisse qui
constitue une frontière entre l'ombre et la lumière que je n'ose pas
franchir. Cette nature sauvage offre des milliers de possibilités à mes épopées
oniriques et je les exploite chaque fois qu'elles se présentent, sans me
lasser. Mes songes m'apportent habituellement la dose d'évasion à laquelle mon
esprit aspire et rythment mes cycles de sommeil. Pourtant, ce jour-là,
brutalement, ce fragile équilibre, bascule en une secousse vertigineuse :
l'azur s'obscurcit tandis qu'un brouillard humide et glacé m'enveloppe.
Je tombe.
Le sol se rapproche de moi à toute vitesse.
Durant de longues secondes, j'imagine la douleur atroce qui me submergera
au moment où je percuterai la cime des grands arbres. Toutefois, à
l'instant où le choc devient inéluctable, je me réveille brusquement, un
cri muet coincé dans la gorge. Je me débats pour chasser ce rêve effroyable mais je suis catapultée dans
un second cauchemar, d'autant plus terrifiant qu'il me paraît bien trop
réel : je suis incapable de me mouvoir, comme si j'étais prisonnière d'une
camisole de force.
Un sentiment oublié a refait surface : la peur.
Premier jour. *** Hors du contexte de mes rêves, mon corps n'est qu'une masse aussi
encombrante qu'inutile.
J'ai seulement conscience de respirer. J'inspire, j'expire, j'inspire,
j'expire... À une cadence régulière.
Pour refouler l'angoisse qui me tenaille, je compte les mouvements de ma
cage thoracique jusqu'à ce qu'une fragrance interrompe cet exercice
monotone. Elle est si ténue que je ne parviens pas à l'identifier.
C'est plutôt agaçant cette intrusion dans mon néant.
Cinquième jour.
Je sursaute.
Quelque chose m'a frôlé.
Cette sensation fugitive laisse la trace d'une brûlure sur ma peau.
"Laissez-moi tranquille !"
Septième jour. Une odeur plus nette flotte dans l'air : du savon !
Je suis transportée d'une joie insensée, simplement parce que j'ai reconnu
cette émanation pourtant banale.
Inéluctablement, le monde extérieur envahit mon espace, le grignote
davantage de jour en jour et je cesse de lutter pour le repousser car ma
curiosité est éveillée.
Douzième jour. J'ai mal. Il faut que je change de position pour que la souffrance s'en
aille mais, malgré mes efforts désespérés, je demeure irrémédiablement
immobile.
Mon dos me brûle, comme si un tortionnaire invisible appliquait un fer
chauffé à blanc sur mes omoplates.
Dans ma tête, je hurle d'impuissance.
Soudain, je sens des mains sur mon dos.
La douleur s'envole.
Seizième jour. Un parfum exquis me chatouille les narines, une fragrance musquée, avec une
touche de cèdre. À qui appartient-elle ?
Je suis prise d'une envie irrésistible de découvrir qui se cache derrière.
Une pression sur ma paume me sort de mes réflexions.
Instinctivement, j'essaie de me dégager, sans résultat.
Vaincue, je laisse la chaleur qui émane de cette étreinte inattendue se
propager au travers de mon corps.
Dix-huitième jour. Mes périodes d'éveil se prolongent chaque fois un peu plus et les questions
qui ont envahi mon crâne, me torturent inlassablement, d'autant qu'il m'est
impossible d'y répondre. Qui suis-je ? Où est-ce que je me trouve ?
Pourquoi est-ce que je ne peux pas bouger ?
Il est primordial que je me souvienne du temps écoulé ; seulement, je n'ai
pas de repère : dans mon univers règne une nuit éternelle, dorénavant
stérile puisque mes rêves m'ont fui, remplacés par ces intervalles de demi-
éveil qui m'épuisent et m'angoissent. Une mélodie trouble agréablement mon silence, étouffée par l'épaisseur du
brouillard duquel je ne parviens pas à m'extraire. Elle est si belle que
j'en frissonne.
Subitement, je comprends que je suis prête à me battre pour revenir.
Dix-neuvième jour. J'espère le retour de la musique, en luttant afin que le néant ne
m'engloutisse pas.
Elle représente l'espoir.
En vain, elle ne vient pas illuminer mon obscurité perpétuelle et je
m'abandonne au vide en me demandant si je ne l'ai pas imaginée.
Vingt et unième jour. Enfin, une douce mélopée se répand dans la pièce ; puis une voix s'élève,
suave et envoûtante.
Pour la première fois, des bribes de phrases franchissent les remparts de
ma conscience. "Comment vas-tu ?..... La journée a été magnifique".
Je dois ouvrir les yeux. Je n'ai plus qu'un désir : découvrir l'homme qui
prononce ces paroles réconfortantes ; mais, j'ai beau le vouloir de toutes
mes forces, mes paupières refusent de se soulever.
Je suis captive de mon corps, un esprit alerte dans une enveloppe charnelle
déficiente. Suis-je condamnée à demeurer dans cet état jusqu'à ce que
finalement la mort me délivre ? La folie me guette.
Vingt-deuxième jour. Les mains me lavent délicatement le visage et le cou.
Dans ma tête j'imagine les mouvements que je fais pour les chasser ;
pourtant, elles continuent, ignorant mon combat.
J'ai froid.
Dès que je reprends pied, je mesure à quel point je suis vulnérable ;
alors, insidieusement, l'abattement me submerge.
Si je n'arrive pas à communiquer, est-ce que mon ange gardien ne va pas se
lasser et renoncer à ses visites ? Il faut que je trouve un moyen de lui
prouver qu'il ne perd pas son temps au chevet d'un légume. La mélodie est revenue.
Mes angoisses s'envolent.
Aussitôt que je sens la chaleur de sa paume, je concentre toute mon énergie
sur mon index, déterminée à le bouger.
Rien ne se passe.
Je hurle de frustration puis je cède à la désespérance.
La perception d'un doigt effleurant ma joue me fait tressaillir.
- Tu pleures ? S'enquiert-il, la voix empreinte de compassion et d'espoir.
Une deuxième larme déborde de mes paupières closes.
- Je te promets, tu vas t'en sortir, me rassure-t-il. Tu progresses
Vingt-troisième jour. Je tourne en rond, tel un fauve dans une cage trop étroite. Enfin, sa main serre la mienne et je me laisse envahir par le bien-être que
me procure sa présence.
Je résiste à l'endormissement dans l'unique but de la visite de cet
inconnu. Je la guette submergée par tellement d'espérance qu'à l'instant où
il me quitte, je suis perdue, irrémédiablement happée par ce vide désormais
oppressant.
- Comment vas-tu aujourd'hui ?
Dans ma tête je murmure :
- Quand vous êtes là je revis. Dès que vous partez, je cesse d'exister.
- Est-ce que tu m'entends seulement ? Soupire-t-il.
Je rassemble mes forces et je les focalise sur mon auriculaire.
"Allez vas-y bouge-le" m'encouragé-je.
La sensation d'un mouvement infime, me transporte de joie.
- Recommence !
Son ton enjoué me confirme que je n'ai pas divagué.
Vingt-quatrième jour. *** Je sens l'évolution des mains sur ma peau. Elles me retournent, palpent,
frictionnent mon corps qui n'a ni poids ni muscles. J'entends la porte se refermer et je suis à nouveau plongée dans le
silence. Je m'endors quelques instants ou plusieurs heures mais lorsque
j'émerge, je sais qu'un changement important s'est opéré : mes membres sont
irradiés par des picotements qui me font prendre pleinement conscience de
leur existence ; comme s'ils se réveillaient, l'un après l'autre d'un
sommeil engourdissant. À travers mes paupières closes, je pressens la clarté du jour. Je dois
faire appel à chaque parcelle de ma volonté pour les soulever.
Tout est blanc et flou ; tel un appareil photo auto focus, mes yeux
cherchent un contraste afin d'effectuer une mise au point. Près de la zone
lumineuse, ils trouvent un relief, s'y accrochent jusqu'à ce que la forme
devienne de plus en plus nette. Il est là, nonchalamment adossé au chambranle de la fenêtre, perdu dans ses
pensées.
Il m'offre son profil et je suis immédiatement subjuguée par ses traits
réguliers et parfaits, son nez aquilin, sa bouche aux lèvres charnues, ses
cheveux rebelles aux nuances cuivrées qui jouent avec un éclat de lumière.
Il est vêtu d'une blouse blanche dont les manches retroussées, dévoilent
des avant-bras musclés.
Il émane de lui une force tranquille et son visage respire la bon