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Mots-clés : MOOC, analyse de données, cours en ligne, CLOM. ... à tous et, pour
ce faire, d'utiliser les supports numériques dans leurs diversités : les ... des
supports classiques (polycopiés de cours, énoncés d'exercices et correction. .....
corrigé : il reçoit une note (généralement sur 10) et, si son score est maximal, il
peut ...

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J'ai testé pour vous... un MOOC

NATHALIE VILLA-VIALANEIX[1]


I HAVE TESTED FOR YOU... A MOOC


RÉSUMÉ

LE TERME « MOOC » DÉSIGNE AUSSI BIEN DES PLATEFORMES D'ENSEIGNEMENT EN
LIGNE DONT LA PARTICULARITÉ EST DE PROPOSER DES COURS OUVERTS QUE LES COURS
EUX-MÊMES. DEPUIS LES PREMIERS MOOCS, QUI ONT VU LE JOUR EN 2012, CEUX-CI
ONT CONNU UN DÉVELOPPEMENT IMPORTANT ET UNE ATTENTION FORTE DES
GOUVERNEMENTS ET DES UNIVERSITÉS, PARTOUT DANS LE MONDE. LE BUT DU PRÉSENT
ARTICLE N'EST PAS DE PROPOSER UN DIAGNOSTIC DE CES COURS EN LIGNE, NI MÊME
UN DIAGNOSTIC DES PLATEFORMES EN GÉNÉRAL, MAIS DE ME FOCALISER SUR UN COURS
DE STATISTIQUE PROPOSÉ SUR UN DES PLUS GRANDS MOOCS MONDIAUX POUR MONTRER
CE QUE LES MÉTHODES PÉDAGOGIQUES PROPOSÉES DANS CELUI-CI ONT D'INNOVANTES,
D'EN EXPLIQUER L'INTÉRÊT ET LES ÉVENTUELLES LIMITES.

Mots-clés : MOOC, analyse de données, cours en ligne, CLOM.

Abstract

THE WORD « MOOC » IS USED FOR ON-LINE TEACHING PLATFORMS AS WELL AS FOR THE
COURSES AVAILABLE ON THESE PLATFORMS. SINCE THE FIRST MOOC, RELEASED IN
2012, A HUGE NUMBER OF NEW COURSES HAVE BEEN PROPOSED ON THESE PLATFORMS
AND MOOCS HAVE GAINED A LARGE AMOUNT OF ATTENTION FROM GOVERNMENTS AND
UNIVERSITIES ALL AROUND THE WORLD. THE PURPOSE OF THE PRESENT ARTICLE IS
NOT TO PROVIDE A DIAGNOSIS FOR ALL MOOCS BUT TO FOCUS ON A SPECIFIC COURSE,
IN THE AREA OF DATA ANALYSIS, WHICH IS OFFERED BY ONE OF THE BIGGEST ON-
LINE PLATFORM. I WILL TRY TO EXPLAIN WHICH INNOVATIVE AND INTERESTING
PRACTICES ARE USED IN THESE COURSES AND ALSO TO UNDERLINE THEIR MAIN
DRAWBACKS.

Keywords : MOOC, data analysis, on-line course.

Les MOOC, mon MOOC


Bref panorama du phénomène « MOOC »

MOOC (Massive Online Open Course[2]) est un acronyme qui désigne, à
l'origine, des plateformes d'enseignement en ligne dont la particularité
est de proposer des cours ouverts (à la différence des plateformes
d'enseignement en ligne que beaucoup d'universités françaises ont ouvertes
mais qui sont restreintes aux étudiants légalement inscrits dans un cursus
de l'université). Le principe des MOOCs est de rendre le savoir accessible
à tous et, pour ce faire, d'utiliser les supports numériques dans leurs
diversités : les premières et principales plateformes en ligne ne se
contentent pas de mettre à disposition des supports classiques (polycopiés
de cours, énoncés d'exercices et correction...) mais utilisent les
possibilités d'interactivité offertes par les technologies web avec des
vidéos, quiz, forum, wiki, ... Les plateformes proposent aux étudiants de
suivre les cours à leur rythme, de manière autonome et avec la progression
qui leur convient, ou bien elles synchronisent l'avancement de tous les
étudiants inscrits à un cours sur une période donnée de quelques semaines.
Ainsi, sur les plus grosses plateformes américaines, certains cours sont
suivis simultanément par plusieurs dizaines de milliers d'étudiants,
localisés dans le monde entier. Enfin, certaines plateformes proposent de
sanctionner la réussite à un cours par un certificat de réussite, qui
certifie que le cours a été suivi et qu'une proportion minimale d'exercices
réussis a été atteinte.

Les premières plateformes de cours en ligne ont vu le jour en 2012 avec
Udacity[3], fondée en février 2012 par Sebastien Thrun (professor à
l'université de Stanford et employé chez Google) et Mike Sokolsky (ancien
personnel des universités de Stanford et Alberta), suivi de peu par
Coursera[4], fondée en avril par Daphne Koller (professeur à l'université
de Stanford) et Andrew Ng (également professeur à l'université de Stanford)
et par edX[5] fondée par le MIT et l'université de Harvard. Depuis, elles
se sont développées, soit par l'intégration d'un nombre important
d'universités et de cours dans les plateformes déjà existantes[6], soit par
la création de nouvelles plateformes qui restent malgré tout des acteurs de
moindre importance face aux géants américains (voir Brafman, 2013, pour un
petit bilan des MOOCs publié dans Le Monde, le 29/05/2013). L'engouement
massif que ces plateformes ont suscité ont fait des MOOCs un objet
d'attention important des institutions nationales et internationales et
même de certaines grandes entreprises[7] : ainsi, le groupe d'experts de
haut niveau « Former les professeurs à l'enseignement » de la commission
européenne annonçait, dans son communiqué du 18 juin 2013 :

« Le groupe de haut niveau va s'atteler à la seconde partie de sa mission,
centrée sur la manière de donner un effet maximal aux nouvelles méthodes
permettant de produire un enseignement supérieur de qualité, comme les
cours en ligne ouverts et massifs (Massive Open Online Course, ou
« MOOC »), qui permettent aux personnes d'accéder à l'enseignement
supérieur chez elles. Des partenaires dans 11 pays ont récemment lancé les
premiers MOOC paneuropéens avec l'aide de la Commission européenne
(IP/13/349). »

Le premier MOOC paneuropéen a vu le jour en avril 2013 et se nomme
OpenupEd[8] et compte actuellement 11 partenaires dont le ministère
français de l'enseignement supérieur et de la recherche. La France a
également lancé son premier MOOC national, FUN (France Université
Numérique[9]), à l'initiative du ministère de l'enseignement supérieur et
de la recherche. Ce MOOC est porté par trois acteurs clés (INRIA pour le
déploiement de la plateforme qui s'appuie sur la technologie d'edX[10],
CINES pour l'hébergement et RENATER pour les infrastructures réseaux).

Au-delà des objectifs enthousiastes mis en avant par les plateformes
américaines,

« We believe in connecting people to a great education so that anyone
around the world can learn without limits. »[11]

les MOOCs intéressent gouvernements, universités et organismes de formation
car ils permettent de toucher un large public, en formation initiale ou
continue, de mutualiser les ressources pédagogiques, de modifier les
rapports à l'enseignement (en diminuant le nombre d'heures de cours mais en
augmentant le suivi individuel). Toutefois, le modèle économique sur lequel
repose les MOOCs n'est pas clair : si certaines plateformes proposent des
certifications payantes à l'issue d'un MOOC, aucune université ne s'est
encore, semble-t-il, avancée à valider officiellement un cours proposé sur
une plateforme. Si l'ambition d'intéresser des recruteurs au phénomène est
affichée - via les statistiques de participation et de réussite des
apprenants - de telles pratiques sont encore à un stade très préliminaire
(voir Finkel, 2013).


MOOC et statistique

Les MOOCs proposent un panel très large de cours, en différentes langues
bien que l'anglais soit la langue principalement utilisée. La statistique
fait évidemment partie de ce catalogue. Par exemple,

pour Udacity, 5 cours sont répertoriés dans la catégorie « Mathematics »
dont deux sont liés à la statistique « Introduction to statistics »
(Sebastian Thrun) et « Statistics » (Sean Laraway et Ronald Rogers, San
José University, US) et un cours d'un sujet connexe à la statistique,
référencé dans « Computer Science » sous le titre « Introduction to
Artificial Intelligence » (Peter Norvig et Sebastian Thrun) qui contient
des éléments sur la statistique, l'apprentissage, les processus de
Markov...

pour Coursera, 33 cours sont répertoriés dans la catégorie « Statistics and
Data Analysis », ces cours sont parfois très élémentaires, du « Statistics
One » (Andrew Conway, Princeton University, US) ou au contraire très
ciblés, « Case-Based Introduction to Biostatistics » (Scott L. Zger, Johns
Hopkins University, US), et quelques-uns de ces 30 cours ne sont pas
directement, à proprement parler, liés à la statistique elle-même, comme «
Analyse Numérique pour les Ingénieurs » (Marco Picasso, École Polytechnique
Fédérale de Lausanne, Suisse). Les cours proposés dans cette catégorie sont
donnés en 3 langues : 31 cours en anglais, 2 en chinois et 1 en français ;

pour edX, 15 cours sont proposés dans la catégorie « Statistics and Data
Analysis », là encore certains très généraux comme « Introduction to
Statistics: Inference » (Ani Adhikari, UC Berkeley University, US) et
d'autres plus spécialisés comme « Health in Numbers: Quantitative Methods
in Clinical and Public Health Research » (Earl Francis Cook et Marcello
Pagano, Harvard University, US) ;

la plateforme française FUN propose un cours en statistique, « Fondamentaux
en statistique ».

Par extension, le terme « MOOC » est actuellement fréquemment utilisé pour
désigner les cours eux-mêmes, disponibles sur ces plateforme. C'est dans ce
sens que nous l'emploierons dans la suite de cet article. Le but du présent
article n'est pas de proposer un diagnostic de tous ces cours, ni même un
diagnostic des MOOCs en général, mais de me focaliser sur l'un d'eux pour
montrer ce que les méthodes pédagogiques proposées dans celui-ci ont
d'innovantes, d'en expliquer l'intérêt et les limites. Ma motivation est
d'illustrer que, contrairement à certaines idées reçues, les MOOCs ne sont
pas un simple enchaînement de vidéo et de quiz (voir aussi à ce propos le
post « MOOC et pédagogie par projet » du blog de Mathieu Cisel sur les
MOOCs[12]). En effet, si une proportion croissante de personnes ont entendu
parler du terme, peu semble en connaître la signification exacte et encore
moins les ont utilisés[13]. En avant-propos, je précise que j'ai testé
plusieurs de ces cours e