ANDRÉ COINDRE

BREVET DE TECHNICIEN SUPÉRIEUR. Comptabilité et Gestion des
Organisations. Épreuve E5 : Analyses de gestion et organisation du système d'
information.

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ANDRÉ COINDRE Écrits et documents
1 Lettres 1821 - 1826 Édition critique par Jean-Pierre Ribaut et Guy Dussault
Les Frères du Sacré-C?ur
Maison générale, Rome, Italie Page couverture : Fac-similé de la lettre (no. 8) du père André Coindre au frère Borgia,
datée de Monistrol, le 9 juin 1823. Archives générales, Rome, A01.018
Préface Au cours des trente années qui séparent la parution des décrets du
concile Vatican II sur le renouveau de la vie religieuse et ceux du synode
sur la vie consacrée, l'Église n'a cessé de nous redire comme un refrain :
« Les instituts sont invités à retrouver avec courage l'esprit
entreprenant, l'inventivité et la sainteté des fondateurs et fondatrices,
en réponse aux " signes des temps " qui apparaissent dans le monde actuel.
» (Vita Consecrata, 37) Durant cette même période de trente années, nos supérieurs généraux ont
proposé un riche éventail de travaux centrés sur notre fondateur pour se
conformer à ce souhait de l'Église. Il y eut d'abord la série de cahiers de
travail initiée par le frère Maurice Ratté en 1981. Le frère Jean-Charles
Daigneault a poursuivi cette série et publié le texte du frère René
Sanctorum, André Coindre, missionnaire et fondateur, lors du bicentenaire
en 1987. Le frère Jesús Marín inaugurait le Centre international André
Coindre de Lyon en 1993 comme « un lieu qui invite les frères à avancer
sans relâche sur le chemin de la revitalisation ». Tous ont reconnu que nous avons besoin, en plus de telles sources
précieuses pour l'animation, d'un ensemble de travaux critiques qui
établissent sur des bases solides les circonstances de notre fondation, en
vue d'une recherche et d'une étude approfondies. La publication du frère
Jean Roure, André Coindre, Chronologie et iconographie, contribue à cette
banque, ainsi que les Mémoires du frère Xavier, édités par le frère Jean-
Pierre Ribaut. Ce volume s'inscrit dans la lignée de ces travaux. Il est le premier
d'une série ouverte d'éditions critiques qui se proposent d'établir les
textes des écrits de notre fondateur à partir des manuscrits. Le frère
Ribaut présente et éclaire par une série de notes les lettres d'André
Coindre, les documents les plus précieux que nous ayons de sa main,
puisqu'ils guident les pionniers de l'institut qu'il a fondé et les
confortent dans les moments de crises, grandes ou petites. Ces textes nous
fournissent une vue objective sur sa personnalité dynamique dans la mise en
?uvre de sa vision fondatrice. Un second volume, déjà en préparation, présentera des textes de règles et
règlements qu'il a écrits. La publication éventuelle d'une édition critique
des notes de sermons et des textes se référant à la Pieuse Union ou aux
Chartreux dépendra de la disponibilité d'un auteur. C'est une grande joie pour moi de voir qu'un esprit d'équipe fraternel a
permis la réalisation de cet ouvrage. Je remercie le frère Jean-Pierre
Ribaut (fra) pour l'excellence de sa recherche, lui qui a mis sa double
compétence de chercheur et de docteur ès lettres au service du patrimoine
spirituel de l'institut. Et je remercie le frère Guy Dussault (art) qui,
grâce à ses talents d'éditeur, nous offre un volume agréable à lire et très
pratique. Ensemble ils fournissent, à ceux qui veulent pousser plus loin
leur étude des lettres de notre fondateur, un instrument de travail très
documenté. Frère Bernard Couvillion, S.C.
supérieur général 1er février 2000
Missionnaire de la Croix de Jésus, fondateur de la Providence Saint-Bruno
et du Pieux-Secours, le père André Coindre apparaît avant tout comme un
apôtre et un prédicateur infatigables. Après avoir jeté les bases de
l'institut des Frères du Sacré-C?ur, le 30 septembre 1821, au sanctuaire de
Fourvière, il demeure quelque temps avec les premiers membres de la
congrégation pour les former à la vie religieuse. Mais ce séjour est de
courte durée. Les frères se répartissent par moitié entre les
établissements de Lyon et de Valbenoîte; de son côté, le père fondateur
part aux confins du département de la Loire continuer l'?uvre des missions
paroissiales. Séparé de ses religieux, le courrier lui permet de rester en
relations suivies avec eux. Ainsi en sera-t-il durant toutes les périodes
où il sera amené à s'absenter pour plusieurs semaines avant de les
retrouver quelques jours, le temps de poursuivre leur formation et de
rejoindre un nouveau champ d'apostolat. On conserve vingt-quatre de ses lettres écrites entre le 3 novembre 1821
et le 3 mai 1826, quelques semaines avant sa mort accidentelle à Blois le
30 mai. Vingt sont adressées au frère Borgia, directeur général des frères,
deux au frère Bernard à titre de procureur de la jeune congrégation; celle
destinée au frère Louis, d'un type bien particulier, est clairement définie
par le titre que lui donne le signataire : « Lettre de notre père à un
frère qui serait tenté de perdre sa vocation »; la dernière enfin, sans
date précise, mais que la tradition place au début de l'année 1826, est
envoyée depuis Blois aux Dames des Sacrés C?urs de Jésus et de Marie. Ces
deux derniers documents, de caractère plus doctrinal, voire théologique ou
ascétique, se rattachent au genre de l'exhortation spirituelle. Celles
reçues par le frère Bernard relèvent plutôt de la correspondance
administrative. Une lettre à Mgr de Pins, non datée et dont nos archives ne
possèdent qu'une copie sans qu'on en connaisse l'original, prendra place au
rang des « Règles et règlements »; ce courrier expose en détail un projet
de création d'une société de missionnaires que le prélat souhaitait établir
à Lyon et pour lequel il avait sollicité le concours du père Coindre. Plusieurs raisons expliquent le nombre relativement restreint des
courriers qui nous sont parvenus. Bien des lettres ont été perdues; toutes
celles écrites à Claudine Thévenet et pieusement conservées à la maison de
Fourvière ont disparu en 1848 lors du sac de l'établissement. Chez les
frères, on n'a sans doute pas conservé toutes les lettres car, si l'on en
juge par le souhait du fondateur, cette correspondance fut selon toute
vraisemblance plus abondante. Le frère Xavier rapporte dans ses Mémoires : Le bon père voulait toujours être au courant de tout; il exigeait que
le directeur général lui écrivît deux fois par semaine, et qu'il entrât
dans les plus petits détails; il lui répondait ponctuellement et lui
donnait tous les avis qu'il croyait nécessaires; il entrait même dans les
plus petits détails; il ne craignait pas de prendre le temps de son repos
pour cela, car le jour, il n'avait pas le temps : la prédication et les
confessions prenaient ordinairement tout son temps. (Op. cit., Rome,
1996, p. 46) Le rythme intermittent de cette correspondance en limite certes l'intérêt
en raison du caractère partiel de l'information. Elle ne peut rendre compte
de la richesse des contacts directs du fondateur et de ses frères. De plus,
seules les lettres du père Coindre ont été conservées; il semblerait qu'à
Blois, après son décès, on ait fait retour à Lyon des seuls papiers
personnels autographes. Ainsi les courriers du frère Borgia, directeur du Pieux-Secours, devenu
après le chapitre du 14 octobre 1824, directeur général de la congrégation,
ont disparu; peut-être le destinataire ne les avait-il pas conservés. Pour
nous, cette carence est fort dommageable, car, le plus souvent, le
fondateur apporte une réponse précise aux questions de son correspondant,
traitant en détail chacun des points qui lui sont soumis; nous ne disposons
donc pas des éléments qui nous permettraient d'expliciter certaines
allusions qui demeurent obscures. Cette correspondance laisse clairement apparaître la sollicitude
paternelle du fondateur pour ses différentes ?uvres comme pour tous ceux
qui y travaillent; elle témoigne de l'attention qu'il porte à la bonne
marche des établissements. Il encourage le frère Borgia à vaincre ses
réticences pour l'informer en détail du déroulement des événements : Faites-moi part de vos petites peines. Je pourrais vous écrire pour les
dissiper et vous donner des conseils. La mère Saint-Ignace est bien plus
souvent à ma porte que vous. Elle trouve toujours de quoi demander et
moi, de quoi lui répondre. J'en ferai de même quand vous m'ouvrirez votre
c?ur et celui de nos frères. Quand je ne reçois rien, je crois que tout
va bien et quelques fois, je suis bien trompé. J'aime bien mieux suivre
chaque jour vos misères. Certes, la tâche du frère Borgia n'est pas aisée, ses précédents emplois
de commis chez un marchand de rubans et de clerc de notaire ne l'ont
préparé ni à la direction d'une communauté religieuse ni à la conduite
d'une providence pour jeunes délinquants. Entré à 40 ans en communauté, son
âge et ses qualités l'ont sans doute désigné dans un premier temps pour ces
charges; cependant, au chapitre de 1824, les frères lui manifestent leur
confiance et l'élisent directeur général de la société. Exigeant pour les
autres, il l'est tout autant pour lui-même. Le frère Xavier déplore « la
dureté avec laquelle il gouvernait » (op. ci