?uvre intégrale au lycée :

Ainsi, recueil qui permet d'approcher un poète majeur du début du XX dans la
grande tradition lyrique et qui invente une poésie d'avant-garde, puis richesse et
..... avec les élèves, utiliser la chronologie de Décaudin (Lettres à Lou dans le
dossier 2) + parcours du recueil (travail de recherche à la maison corrigé en
classe).

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L'?uvre intégrale dans l'enseignement du français au lycée 2 SEQUENCES sur UN RECUEIL POETIQUE d'APOLLINAIRE, Poèmes à Lou seront
proposées avec deux problématiques distinctes montrant ainsi que le
travail de lecture de l'oeuvre et l'étude des extraits dépendent
étroitement de la problématique choisie pour approcher l'?uvre.
Poèmes à Lou, Guillaume Apollinaire
Lire un recueil poétique dans deux classes de 1ères : 1ère L et 1ères S/ES
Se référer à la préface du recueil proposée par Michel Décaudin
Rappel des circonstances de l'écriture : Apollinaire rencontre Louise de
Coligny-Châtillon à Nice probablement à la fin du mois de septembre de
l'année 1914. Il en tombe amoureux dès la première rencontre : son
ascendant aristocratique et sa personnalité de femme libérée vont fasciner
le poète. Elle lui apparaît très vite comme un personnage poétique « qui
lui a permis de renouveler profondément son écriture amoureuse en lui
inspirant les poèmes les plus brûlants » (L. Campa). S'engage alors un jeu
ambigu de la séduction auquel Louise ne répondra qu'en décembre 1914, date
de la première permission du poète alors artilleur à Nîmes. Ils ne se
reverront que deux fois à Nice, au cours de courtes permissions au mois de
janvier, puis une dernière fois à Marseille avant son engagement pour le
front. Tout ce temps, Apollinaire vivra sur l'espoir sans cesse déçu d'un
amour partagé. Ils s'engagent alors tous deux vers une amitié sincère qui
devait permettre au poète d'entretenir une intimité au delà de l'amour.
Lou, ainsi nommée par Apollinaire, n'a vraisemblablement jamais partagé
l'amour du poète. C'était une femme assez fantasque et légère, qui menait
« une vie de patachon » comme le lui reprochait Apollinaire dans ses
lettres et qui a dû s'enorgueillir d'être aimée et louée par un poète
comme Apollinaire.
Du 28 septembre 1914 (veille de leur rencontre) au 18 janvier 1916,
Apollinaire va entretenir une correspondance avec Lou : 220 lettres en
tout et 76 poèmes insérés dans ces lettres ou formant eux-mêmes des lettres
autonomes, sorte de poèmes épistolaires. Les poèmes extraits de cette
correspondance privée forment alors un florilège posthume publié en 1947,
d'abord sous le titre « Ombre de mon amour » ( voir ci après séquence 1ère
L ), puis sous le titre qu'on lui connaît, Poèmes à Lou. Certains textes
sont d'ailleurs repris et remaniés dans Calligrammes, recueil qui a
largement exploité cette thématique de l'amour et la guerre.
Le choix de cette ?uvre pour une étude de l'oeuvre intégrale en classe de
1ère doit en partie se justifier, tout simplement parce que deux réticences
peuvent apparaître pour l'étude en OI de ce recueil : tout d'abord, cette
?uvre est un « recueil factice » pour reprendre l'expression de Décaudin.
On pourra donc se demander comment lire un recueil dont la structure et
l'organisation ne ressortissent à aucun travail du poète. Ensuite, les
textes de ce recueil sont le témoignage d'une passion fulgurante certes,
mais bien présente pour le poète qui va libérer en lui toute une force
créatrice intimement liée à son désir amoureux : cela donne cette écriture
érotisée où sensualité et désir sont liés à la violence de la guerre, qui
fonde la modernité dans ce recueil. Enfin, certains préjugés ont pesé sur
le recueil, à savoir : considérer cette poésie trop légère dans le contexte
du conflit, mais aussi considérer comme indécent ce discours amoureux et
sensuel transmutant la guerre (on touche là d'ailleurs à l'esthétique
d'Apollinaire et ce point peut se discuter en classe : les élèves ne
manquant pas de relever la particularité du ton employé pour parler de la
guerre : l'obus devenant par exemple le baiser, la lettre, l'amant,
l'amour, le désir...)
Pourtant cet ensemble est à plus d'un titre stimulant pour la lecture et
l'étude d'un recueil poétique en classe de 1ère :
- Lecture linéaire et chronologique sans trop de difficultés : 76 poèmes
plus ou moins longs de formes variées dans une langue à la fois moderne,
et populaire, mais très lyrique s'inscrivant dans la grande tradition de
la poésie amoureuse
- Poésie de circonstance comme une poésie « brute » : les circonstances
de la guerre et du front liées indéfectiblement à l'amour pour Lou vont
permettre de renouer et de renouveler avec la grande tradition lyrique (la
dame, la bague réalisée dans les restes d'obus...). C'est surtout une
poésie prise sur le vif, et en prise direct avec le vécu du poète
(circonstances d'écriture parfois difficiles qui se matérialisent dans le
texte). On pénètre ainsi dans l'univers intime du poète mal aimé qui
propose un « chant d'amour » dans des poèmes à lire dans leur « fraîcheur
native », mais c'est aussi une voix qui nous parvient d'un moment
historique, revêtant ainsi une dimension collective. On pourra souligner
l'importance des lettres envoyées ou reçues pour le réconfort des soldats
mobilisés sur le front. (Lettres de poilus). Les textes à Lou dépassent la
simple fonction testimoniale tout en s'inscrivant dans cette lignée
d'écrits nécessaires à la survie (et doublement dans le cas d'Apollinaire
pour qui le but de la vie c'est l'art et l'amour).
- Recueil qui permet d'aborder l'esthétique d'Apollinaire et d'en retrouver
les grandes lignes : « Apollinaire n'est pas un théoricien, encore moins un
doctrinaire » « hostile aux écoles et leurs manifestes » « il privilégie
l'émotion et l'intuition » (Décaudin). Les grandes lignes sont le réel et
son rapport à la création (de l'imitation à la création), la poésie entre
réalité et vérité : le regard sur le monde prolonge l'imagination, en cela
la vérité de l'?uvre d'art n'est faite que « d'authentiques faussetés », le
principe de « fausseté enchanteresse » comme créatrice de vérité (jeu
littéraire malgré les circonstances qui président aux poèmes à Lou). Enfin,
la modernité est dans la continuité de la tradition mais une tradition
renouvelée : la réalité source de modernité pour conduire à la vérité,
vérité obtenue par la recréation du réel et du monde (modernité au sens
baudelairien avec une conception vitaliste et dynamique de l'évolution
artistique). Ainsi dans le recueil, on retrouvera les topoï de la tradition
lyrique et leur renouvellement.
- Grands thèmes apollinariens apparaissent : amour et vie, but de l'art /
la présence du réel/ thème élégiaque de la fuite du temps, le souvenir,
l'identité du poète, la blessure et la mutilation ici reliées à la guerre
/ présence des mythes antiques mais aussi d'un imaginaire médiéval pour
mythifier le poète et sa dame/ femme aimée à sublimer / poésie et
cosmogonie liée à l'orphisme d'Apollinaire ( ce qui qualifie le mieux son
inspiration) : poète capable d'enchanter le monde par le lyrisme mais aussi
l' analogie entre microcosme et macrocosme. Montrer aussi dans le recueil
que les images récurrentes de la Rose et du C?ur sont dans la pure
tradition lyrique (Pétrarque puis Ronsard). Thèmes de l'étoile, et des
astres porteurs de toute une symbolique qui reprend les thèmes évoqués.
- Poétique apollinarienne : recueil présentant un grand nombre de formes
diverses qui posent la frontière entre prose et vers : strophes variées
avec les mètres de prédilection (octosyllabes/ alexandrins), calligrammes
(appelés dans les lettres : idéogrammes lyriques), blason, ode, fable,
dialogue, poème épistolaire, sonnet, épigramme, acrostiche... et des
strophes proches de la chanson populaire, verset, vers libres...
Procédés : comparaisons et analogies dans toute leur richesse (lexicale,
phonique...), litanie, poésie énumérative,...
Ainsi, recueil qui permet d'approcher un poète majeur du début du XX dans
la grande tradition lyrique et qui invente une poésie d'avant-garde, puis
richesse et intensité d'une ?uvre qui permet une approche complète du
phénomène poétique. Pour aller plus loin :
2 citations d'Apollinaire : Apollinaire a dit au sujet d'Alcools : « Chacun de mes poèmes est la
commémoration d'un événement de ma vie et le plus souvent il s'agit de
tristesse, mais j'ai aussi des joies que je chante » et dans une lettre des
Lettres à sa marraine en 1915 : «Pour ce qui est de la poésie libre dans
Alcools il ne peut y avoir aujourd'hui de lyrisme authentique sans la
liberté complète du poète et même s'il écrit en vers réguliers c'est sa
liberté qui le convie à ce jeu ; hors de cette liberté il ne saurait y
avoir de poésie »
Pour Décaudin, « il ne commémore les événements de sa vie, pour reprendre
ses propres termes qu'en les transcendant par la magie de l'art ».
Les oeuvres supports : Poèmes à Lou, Apollinaire, Poésie Gallimard
Les lettres à Lou, recueil d'origine, L'Imaginaire Gallimard (support à
partir duquel est réalisé le tableau chronologique) au centre plusieurs
photos de Lou et du poète/ et des dessins du poète.
Introduction pour l'élaboration de deux problématiques
Marie-Louise Lentengre dans son ouvrage intitulé Apollinaire, le nouveau
lyrisme conclut ainsi :
« L'unité indiscutable de l'?uvre et de la poétique se fonde sur la
permanence d'Orphée, comme figure mythique du lyrisme dionyso-apollinien
tel que le décrit Nietzsche. Orphée connaissant le chaos, la mort, la
démesure, auxquels il impose l'ordre de la lumière apollinienne. Orphée,
comme figure du poète créateur, emblème de ce lyrisme humaniste, qui aura
été l'ambition constante d'Apollinaire. [...] prendre en charge le monde en
sa réalité, [...] pour faire du poétique un agir qui sera en ava