le débat sur la croissance économique en suisse - HEC Lausanne
On obtient ainsi une balance commerciale réelle corrigée qu'on additionne aux
autres ..... [16] Si l'on calcule la croissance dans une année donnée par rapport à
la ... où « log » désigne les logarithmes naturels ; Yit est la variable (PIB ou
RNBC réels) ... sur des marges d'erreur (beaucoup) trop petites et donc non
fiables.
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|d'économétrie |
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LE DÉBAT SUR LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EN SUISSE
QUELLES CONCLUSIONS ? Jean-Christian Lambelet et Claudio Sfreddo Cahier de recherches économiques no 05.06
Mai 2005 ABSTRACT
« Switzerland is the growth laggard in the industrial world » - this dismal
view has become part and parcel of today's conventional wisdom in
Switzerland and elsewhere. We show it to be but partially true : accurate
when judged by the trend growth rate of officially recorded real GDPs in
1970-2003, but not when considering what we call "adjusted real gross
national incomes" ; i.e. a better measure of the populations' material
wellbeing than real GDPs, although less correlated with employment and
unemployment. The adjustment has to do with how to deflate the balance of
goods and services as well as the balance of factor income. More important,
and perhaps novel, is that there appears to be no statistically significant
difference between the estimated trend growth rate of Switzerland's
adjusted gross national income and that of most other European countries :
almost all tend to grow at a rate of about 2% p.a. There is however a
significant long-term growth differential between these European countries,
including Switzerland, and overseas ones such as Australia, Canada and the
USA. This is because most of Europe suffers from well-known and weighty
structural problems, not necessarily the same everywhere, but which should
be addressed urgently and efficiently everywhere. The paper also includes a
"parable" on the economic impact of oil price shocks, which may be useful
for didactical purposes. RÉSUMÉ « En matière de croissance économique, la Suisse est la lanterne rouge du
monde industrialisé » - cette triste idée est aujourd'hui reçue, dans le
pays comme ailleurs. Nous montrons qu'elle n'est que partiellement exacte.
Elle l'est pour la croissance tendancielle des PIB réels en 1970-2003 selon
les données officielle, mais pas si l'on mesure la croissance de ce que
nous appelons les « revenus nationaux bruts corrigés » (RNBC) ; c'est-à-
dire un meilleur indicateur du bien-être matériel des populations que les
PIB réels, quoique moins corrélé avec l'emploi et le chômage. La correction
concerne la manière de « déflater » la balance des biens et services ainsi
que celle des revenus de facteurs. Un résultat plus important et peut-être
nouveau est que, sur la période 1970-2003, il ne semble pas y avoir de
différence statistiquement significative entre les taux estimés de la
croissance tendanciels du RNBC réel en Suisse et dans la plupart des autres
pays européens : presque tous croissent à un rythme tendanciel d'environ 2%
p.a. On constate cependant une différence significative entre la croissance
à long terme dans ces pays européens et dans des économies industrialisées
d'outre-mer comme l'Australie, le Canada et les USA. La raison en est que
la plupart des pays européens souffrent de problèmes structurels graves
autant que bien connus, qui ne sont pas nécessairement les mêmes partout,
mais qui demandent à être corrigés partout, de manière urgente et efficace.
Le texte comprend aussi une « parabole » sur l'impact économique des chocs
pétroliers, qui pourrait être utile à des fins didactiques. Keywords : real GDP vs. material wellbeing ; significantly different trend
growth rates ; Switzerland vs. other European and overseas economies ;
structural problems ; oil price shocks
JEL Numbers : O47 ; O51-52-56 ; C12 ; D43 ; L13 ; A20
© Jean-Christian Lambelet et Claudio Sfreddo, Lausanne. LE DÉBAT SUR LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EN SUISSE
QUELLES CONCLUSIONS ?[1]
Jean-Christian Lambelet[2] et Claudio Sfreddo[3]
1. Introduction « La Suisse souffre d'un déficit de croissance chronique, au point d'être
la lanterne rouge du monde industrialisé ». Cette triste idée est
aujourd'hui largement reçue dans le pays et ailleurs, suite entre autres au
rapport sur la croissance du Seco publié en 2002[4] ainsi qu'à d'autres
ouvrages récents, comme par exemple celui de Borner-Bodmer[5]. Elle sous-
tend aussi un train de mesures proposées par le Conseil fédéral pour
revigorer la croissance économique. Des voix critiques se sont cependant manifestées, émanant entre autres de
l'économiste en chef de la BNS,[6] du KOF/EPFZ[7] et aussi, dans une
certaine mesure, des soussignés[8]. Selon les uns et les autres, la
croissance serait, pour diverses raisons, significativement sous-estimée en
Suisse par rapport à d'autres pays industrialisés ; et/ou elle ne serait
pas significativement différente de la croissance dans la plupart d'entre
eux, du moins en Europe. Ces divergences de vues - ou prétendues telles - ont fait surface lors
d'une conférence sur le thème de la croissance en Suisse organisée par
Avenir Suisse à Zurich le 4 mars 2005. A sa suite, de nombreux médias ont
conclu, un peu trop rapidement, que « les économistes ne sont pas d'accord
entre eux ». Certains, au Parlement et ailleurs dans le monde politique,
sont allés plus loin. Selon eux, la réalité serait qu'en fin de compte
« tout va très bien en Suisse, Madame la Marquise », les mesures proposées
par le Conseil fédéral étant par conséquent superflues. La présente étude ambitionne de montrer que les divergences de vues sur la
croissance en Suisse n'ont pas vraiment lieu d'être, les uns et les autres
parlant souvent de choses différentes. Notre but est donc de proposer une
synthèse et aussi d'essayer de remettre - comme on dit - l'église au milieu
du village. 2. Types de croissance Partout et toujours, on parle de « la » croissance économique. En réalité,
cependant, il y a au moins deux types de croissance à considérer, des types
qui reflètent des perspectives différentes et qui n'ont pas la même
signification économique.
Le premier type de croissance, le plus commun, se fonde sur le produit
intérieur brut réel (PIB), c'est-à-dire une mesure - certes très imparfaite
- du volume physique de la production de biens et de services réalisée sur
le territoire du pays avec des ressources nationales ou étrangères (surtout
le capital étranger investi dans le pays).[9] Il s'agit donc d'une notion
géographique ou territoriale. La croissance tendancielle du PIB réel est
importante parce que l'évolution de l'emploi et du chômage sur le
territoire du pays lui est largement liée. Le deuxième type de croissance, moins connu, se focalise sur le revenu
national brut réel (RNB) de la population résidente, soit un indicateur -
tout aussi imparfait - de son bien-être matériel. Le RNB,[10] mais non le
PIB, inclut le solde des revenus des facteurs de production (surtout le
capital) reçus de/versés à l'étranger. Si ce solde est positif et élevé,
comme c'est le cas de la Suisse en raison de sa vaste fortune nette à
l'étranger, le RNB sera nettement plus grand que le PIB. Et si ce solde
réel croît plus vite, en termes réels, que les autres agrégats constituant
le PIB, le RNB croîtra plus rapidement que le PIB. Jusqu'ici, rien de neuf par rapport à la comptabilité nationale officielle.
Celle-ci ne tient cependant pas compte de l'effet, sur le bien-être
matériel de la population résidente, d'un changement dans les termes de
l'échange ; c'est-à-dire une évolution divergente des prix à l'importation
et à l'exportation. (Pour une « parabole » explicative de la problématique,
voir l'encadré à la page suivante). Si les termes de l'échange s'améliorent
régulièrement, avec des prix à l'exportation qui augmentent plus rapidement
que ceux à l'importation, le bien-être matériel de la population
s'accroîtra en effet plus vite qu'indiqué par le RNB réel. Pourquoi ? Parce que, dans la comptabilité nationale officielle, les exportations
nominales sont « défla-tées » par un indice de prix pour les exportations
alors que les importations le sont par un indice de prix des importations,
ce qui se justifie lorsqu'il s'agit de mesurer le volume physique de la
production, c'est-à-dire le PIB réel. Du point de vue du bien-être
matériel, il est cependant plus sensé de déflater les exportations
nominales par l'indice de prix des importations, ce qui donne le volume de
biens importés que le pays pourrait consommer ou investir avec le produit
de ses exportations ; ou, de manière à peu près équivalente, de déflater
par l'indice de prix des importations la différence entre les exportations
et les importations nominales de biens et de services, c'est-à-dire la
balance commerciale nominale. On obtient ainsi une balance commerciale
réelle corrigée qu'on additionne aux autres composantes du PIB réel. A noter que cette problématique est particulièrement importante pour la
Suisse qui, grâce à des industries d'exportation spécialisées et en général
très performantes, a connu ces dernières décennies la plus forte
amélioration des termes de l'échange dans tout le monde industrialisé. En corrigeant le PIB réel comme indiqué plus haut, on obtient ce que
l'anglais appelle le command GDP (GDP = PIB), un agrégat aujourd'hui
couramment utilisé en macroéconomie internationale.[11] Comme on le verra
au paragraphe suivant, il e