humains - Cours-univ

En effet, la sociolinguistique a fait reconnaître l'importance des contacts ..... sont
parfois données: spécificité régionale, statut d'emprunt ou d'anglicisme, les ..... s'
agit d'exercices pédagogiques visant à parfaire la méthodologie de travail.

Part of the document


INTRODUCTION À L'ÉTUDE DU LANGAGE
1) Nature du langage : M
algré le fait que la linguistique ne soit pas un champ de recherche très
connu, les influences qu'elle apporte aux autres disciplines sont
importantes. Que ce soit en informatique, en philosophie, en psychologie,
en ingénierie, en télécommunication, en pathologie du langage ou en
anthropologie, la linguistique laisse sa trace, discrètement mais
profondément. Cependant, le domaine sur lequel l'influence de la
linguistique est sans doute la plus évidente est l'enseignement des langues
secondes ou étrangères. D'ailleurs, l'enseignant qui tentera d'enseigner
une langue seconde sans avoir de bases en linguistique commettra
certainement des erreurs facilement évitables. Il suffit de mentionner la
correction phonétique ou l'ordre d'acquisition des structures syntaxiques
pour en voir l'importance. Ce fait est d'ailleurs maintenant reconnu par la
plupart des universités qui intègrent au programme de formation des
enseignants de langues secondes ou étrangères au moins un cours de
linguistique.
De plus, la linguistique moderne a une visée beaucoup plus large que dans
le passé. En effet, la sociolinguistique a fait reconnaître l'importance
des contacts sociaux sur l'émergence et les structures du langage. L'étude
du bilinguisme comme phénomène tant linguistique que psychologique et
social a même amené à réviser certaines théories de l'évolution des
langues.
Avant de commencer à étudier la linguistique, il faudrait d'abord définir
certains termes. Le langage est une capacité cognitive dont le but
principal est de permettre la communication entre humains. Il sert aussi à
articuler la pensée. En effet, la pensée ne peut émerger sans le langage
qui lui sert à se représenter mentalement les concepts et à les manipuler.
On notera que le langage et la pensée se développent à peu près en même
temps. Par ailleurs, le langage est un outil d'organisation sociale
important car il permet aux locuteurs de s'identifier comme membres d'une
communauté donnée et ainsi de se distinguer des autres. Ceci est aussi vrai
concernant les distinctions entre régions et entre classes sociales.
Le langage est essentiellement structuré pour l'oral parce que l'avènement
de l'écriture est relativement récent. De plus, même si l'analphabétisme
amène plusieurs problèmes individuels et sociaux, entre 5% et 15% de la
population canadienne ne sait pas lire son nom alors que 27% des Canadiens
ne peuvent pas lire un texte continu ! Ainsi, la lecture vient doubler la
parole, mais jamais l'inverse. On peut aussi dire que cette caractéristique
quant à l'oralité du langage se transpose aux langues. Il faut cependant se garder de confondre langue et langage. Le langage est
un ensemble abstrait qui recouvre toutes les langues; c'est l'ensemble des
choix offerts aux langues sur toutes les possibilités de communication
orale que permettent le corps pour amener à une communication entre
humains. La langue est un ensemble cohérent de choix faits par un groupe
social donné sur l'entier des possibilités que nous offre le langage pour
communiquer entre humains. C'est une convention de communication qui permet
aux membres d'une même communauté de se comprendre. Par ailleurs, il ne
faut pas confondre langue et parole. La parole est le résultat de
l'application de la langue. La langue est un phénomène social alors que la
parole est un phénomène individuel. La langue est aussi en évolution constante. Il semble par exemple que l'on
puisse regrouper les différentes langues en familles de langues, grâce aux
ressemblances entre les sons (phonétique et phonologie) et entre la
structure des mots (morphologie.) L'évolution des langues est aussi
influencée par les contacts entre groupes linguistiques. L'étude des
langues en évolution s'appelle la linguistique diachronique. Nous ne
discuterons pas dans ce cours de diachronie. Nous traiterons dans le cours
de linguistique synchronique, c'est-à-dire l'étude des langues en tant que
système cohérent à un point donné dans le temps (dans notre cas,
aujourd'hui.) Nous ne verrons que très peu de langues comme telles puisqu'en fait, la
linguistique s'intéresse beaucoup plus au langage qu'aux langues. Les
langues ne nous servent en général qu'à mieux comprendre le langage. Ainsi,
le langage est vu ici comme étant une faculté spécifique de la cognition.
D'autre part, on ne peut isoler l'humain de la société dont il fait partie.
La majeure partie du comportement humain est le résultat de contacts
sociaux: l'alimentation, la langue, la façon d'exprimer ses émotions, etc.
Or, tout comme le psychologue qui s'intéresse au comportement et à la
pensée, ou comme l'anthropologue qui s'intéresse au comportement de
l'humain en groupe, le linguiste cherche à mieux comprendre l'humain par la
façon dont il s'exprime par le langage. En cherchant ce qu'il y a
d'universel et en observant les comportements spécifiques, les
psychologues, les linguistes, les anthropologues, les philosophes et les
chercheurs des autres domaines des sciences cognitives tentent de
comprendre le comportement humain. Dans ce cours, nous prendrons
alternativement les rôles d'anthropologues, de linguistes et de
psychologues. Il en sera ainsi puisqu'on ne peut pas comprendre le langage
sans tenir compte du caractère social et individualiste de l'humain. Ainsi, la linguistique est l'étude scientifique du langage. La linguistique
est donc par définition objective (en autant que faire se peut) et ne sert
nullement à déterminer une norme de bien-parler ou à juger une classe
sociale au profit d'une autre. Le linguiste tente de comprendre le
comportement de communication orale entre humains. Les linguistes étudient
surtout les différentes variantes des langues, et non pas les formes
normalisées comme le "français normal" ou l'"anglais de la reine".
Comme toute discipline à aspiration scientifique, la linguistique suit un
modèle par étapes d'acquisition des connaissances. La première étape est
d'observer un phénomène qui se produit systématiquement. De ces
observations, il devra ensuite établir une ou des hypothèses permettant
d'expliquer le phénomène en cause. Cette hypothèse doit être vérifiée par
les résultats d'une recherche spécifique. Si l'hypothèse est validée par
les résultats, elle doit s'intégrer dans un cadre théorique. Sinon, elle
est rejetée ou modifiée. Le cadre théorique permet de prédire les
phénomènes. L'observation de différences entre la réalité et les
prédictions amène le chercheur ou la chercheuse à développer de nouvelles
hypothèses, et le cycle de la recherche scientifique continue, presque sans
fin. La théorie est ainsi en constante évolution. La réalité de la
recherche est parfois relativement loin de cet idéal méthodologique. Malgré
tout, il faut essayer, autant que possible, de coller au modèle pour
s'assurer de la plus grande généralisation possible des résultats. Un champ de recherche peut par ailleurs avoir plusieurs théories portant
simultanément sur les mêmes phénomènes. En effet, l'observation d'un même
phénomène peut parfois amener à deux séries d'hypothèses complètement
différentes. Trois écoles de pensée composent principalement le canevas
théorique de la linguistique; les générativistes (États-Unis) et Canada
surtout), les structuralistes européens et les fonctionnalistes américains.
D'autres écoles de pensée existent aussi, mais leur popularité est
relativement faible (sans pour autant vouloir dire que leur apport est
moindre.) Les générativistes cherchent à décrire les universaux du langage
(ou grammaire universelle) en tentant de minimaliser les ressources
mémorielles. Les structuralistes européens tentent de décrire les langues
le plus précisément possible. Leur but n'est pas de prédire mais de bien
décrire. Les fonctionnalistes américains essayent de prédire les
comportements langagiers selon les diverses situations de communication.
Ils cherchent les fonctions universelles que remplit chaque unité
linguistique dans l'ensemble des langues du monde. Nous reviendrons parfois
sur les différences entre ces écoles de pensée. Le cours ne portera sur
aucune des écoles en particulier. Cependant, la compatibilité entre les
objectifs de l'école générativiste et ceux de la psychologie cognitive
actuelle nous portera à utiliser dans certains cas leur méthodologie plutôt
que celle des autres. Notons finalement que le mot grammaire est utilisé en linguistique dans son
sens original, c'est-à-dire que c'est l'ensemble des structures
phonologique, morphologique, syntaxique et pragmatique d'une langue donnée.
Il ne faut nullement la confondre avec les ouvrages de grammaire normative
tel que le Grevisse ou la grammaire de Larousse où son sens est réduit à
des règles morpho-syntaxiques prescrivant une façon d'écrire ou de parler. Comme nous venons de le dire, le langage est défini en linguistique comme
étant la capacité de l'humain à communiquer au moyen de signes oraux. Il
faut noter qu'à l'oral s'est greffé l'écriture, sans pour autant modifier
le caractère oral du langage. La lecture et l'écriture ne font
habituellement pas l'objet de la linguistique (Martinet, 1980). Par
ailleurs, l'étude de langues signées telle qu'utilisées par les personnes
atteintes de surdité est relativement jeune. Nous n'en traiterons pas de
façon