Les Structures au service de la vie - Scourmont
16 mai 2000 ... Ces productions sont par la suite corrigées par le biais de nouveaux ...... III-
Enquête auprès des Ménages et Exploitants Agro-pastoraux-EMEAP ...... des
seules parcelles communes de l'exploitation pour faire l'exercice.
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Les Structures au service de la vie par : Armand Veilleux Proemium : Cette étude à été rédigée en réponse à la demande de la
Conférence Régionale CNE (Centre et Nord Europe) lors de sa réunion de
2006 et en vue de sa réunion de 2007. Cette demande fut formulée dans
les votes suivants :
Nous sentons le besoin de clarifier davantage le rôle pastoral des
commissions mixtes, et ses modalités d'exercice. (vote 1.1) Nous
désirons étudier cette question de manière plus approfondie lors de la
prochaine conférence régionale, dans le contexte général des
structures de l'Ordre. (vote 1.2)
Nous souhaitons poursuivre notre réflexion sur les structures de
l'Ordre, en particulier sur les structures récentes (Commissions
d'aide, commissions mixtes, régions) et leurs relations avec les
structures traditionnelles (filiation, Père Immédiat, Abbé Général).
(vote 4)
Je fus désigné pour rédiger les documents de travail demandés par les
votes 1.2 et 4. J'ai cru bon de les traiter ensemble dans une seule
étude. -- AV
* * * Nos Constitutions d'après Vatican II, renversant la vision pyramidale
de l'ecclésiologie des siècles précédents, bien évidente dans nos
Constitutions de 1924-1926, partent non pas des structures administratives,
mais de l'appel de Dieu et de la réponse du moine ou de la moniale dans sa
consécration monastique. En effet, ce qui se trouve au coeur de l'Ordre
c'est la communauté locale, au coeur de la communauté locale se trouve le
moine ou la moniale et, au coeur du moine ou de la moniale se trouve le
Christ. Tout dans notre vie n'a de sens que dans la mesure où cela
favorise une intense communion entre le moine ou la moniale et Dieu et, en
Dieu et par Dieu, avec ses frères ou ses soeurs, avec l'Église et la
Société ainsi qu'avec le cosmos. Cet appel à une vie de communion avec Dieu est inscrit dans la nature
humaine. Il n'est pas propre au chrétien et encore moins au moine ou à la
moniale. Le chrétien en a reçu l'appel et la mission à travers l'Évangile
de Jésus-Christ. Une fois qu'il a reçu cette révélation, son retour à Dieu
ne peut se faire qu'en marchant à la suite du Christ. Dans cette marche à
la suite du Christ le moine adopte comme condition permanente de vie
certains des appels radicaux faits par Jésus à certaines personnes dans
l'Évangile : l'appel au célibat, à la pauvreté et au renoncement radical à
sa volonté propre. Surtout, le moine adopte une règle de vie qui lui sert
de discipline et dont l'usage par beaucoup d'autres avant lui a manifesté
sa capacité à favoriser le don de soi. Enfin, s'il est cénobite comme
l'est le disciple de Benoît, il vit cela dans une communauté de frères
s'étant engagés sous une règle et un abbé. Pour le Cistercien d'aujourd'hui la vision spirituelle qui le guide
dans sa vie de communion avec Dieu et sa marche à la suite du Christ se
trouve dans l'Évangile. Il trouve dans toute la grande tradition
monastique, mais plus particulièrement dans la Règle de saint Benoît une
interprétation pratique de cet Évangile. La vision propre selon laquelle
il vit l'Évangile se trouve exprimée dans la tradition cistercienne telle
qu'exprimée succinctement à notre époque dans la Déclaration sur la Vie
Cistercienne du Chapitre de 1969[1] et par la suite dans les Constitutions
de l'Ordre et tous les Statuts que l'Ordre s'est donnés par la suite. Nous allons, dans cette étude, passer d'abord en revue les diverses
structures de l'Ordre, décrivant rapidement leur raison d'être et leur
rôle, puis, dans une deuxième partie, nous analyserons leur interaction.
Une troisième partie, sous la forme d'un Excursus, étudiera le rôle
pastoral des Commissions Mixtes de la RGM (Réunion Générale Mixte). I - LES DIVERSES STRUCTURES DE L'ORDRE A) Autonomie de la Communauté locale Les moines cisterciens sont essentiellement des cénobites. La
structure la plus fondamentale de la vie cistercienne est donc la
« communauté locale »[2]. Par « communauté locale » il faut entendre non
seulement le groupe de frères ou de soeurs qui forment concrètement chaque
communauté locale, mais la règle de vie autour de laquelle cette communauté
est réunie et qu'elle s'est donnée ou a acceptée, ainsi que les structures
internes qui dirigent la vie de cette communauté. C'est ce que nos
Constitutions appellent souvent la conversatio cistercienne Les moines cisterciens vivent selon la Règle de saint Benoît. Cette
Règle a été écrite de façon évidente pour une communauté autonome. Même si
Benoît de Nursie peut avoir fondé un certain nombre de communautés, si l'on
en croit le deuxième livre du traité d'exégèse biblique de saint Grégoire
appelé ses « Dialogues », et même si Benoît a sans doute prévu que sa Règle
pourrait être utilisée par d'autres communautés, il n'a prévu aucune
relation de dépendance ou autre entre ces communautés. L'autonomie de
chaque communauté locale est pour lui une valeur essentielle et qui va de
soi. Cette communauté, étant une cellule de la communauté ecclésiale plus
large, elle est évidemment soumise, à son époque, à l'évêque diocésain,
bien qu'on ne voie pas cependant d'opportunité d'intervention de sa part si
ce n'est pour ordonner les moines ou fournir les prêtres nécessaires à la
vie liturgique de la communauté. L'évêque peut encore intervenir, avec les
fidèles de la région, si une communauté, dans le but de poursuivre une vie
communautaire répréhensible, se choisissait un abbé indigne. Au cours de l'histoire bénédictine, la grande réforme de Cluny, si
belle fût-elle, arriva rapidement à une impasse précisément parce que, dans
le but de transmettre à de nombreuses communautés la libertas civile et
ecclésiastique reconquise par l'abbaye de Cluny, sacrifia l'autonomie de la
communauté locale, privant celle-ci de son dynamisme vital et de sa
créativité. L'autonomie de la communauté locale fut un des éléments les plus
essentiels de la réforme cistercienne, et l'essor rapide et incroyable de
l'Ordre a été dû en très grande partie à l'équilibre très délicat que les
Cisterciens furent les premiers à découvrir entre l'autonomie de la
communauté locale et un grand corps de monastères unis entre eux par les
liens de charité et conçu comme une communauté de communautés[3]. Les
siècles de décadence correspondirent en général à ceux où cette autonomie
ne fut plus respectée, tout comme, à l'opposé, les grandes réformes
partirent toujours d'une communauté concrète qui se réforma d'abord en
pleine autonomie avant de faire communier librement d'autres communautés à
son expérience spirituelle. Un des plus beaux exemples est celui de La
Trappe et de sa réforme sous Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé. Dans nos Constitutions actuelles, la communauté locale a tout ce qui
lui est nécessaire pour se gérer sans aucun besoin d'intervention
extérieure dans la vie interne de la communauté. Chaque moine ou moniale
trouve son orientation spirituelle dans la Parole de Dieu qu'il médite tous
les jours, dans la Règle de saint Benoît, ainsi que dans la vie et
l'enseignement de l'Église. Tout cela lui est rappelé et commenté par
l'abbé dans ses chapitres. Selon les règlements communs que cette
communauté s'est donnés (avec toutes les autres Communautés de l'Ordre
(nous verrons plus loin comment), elle a tout ce qui lui faut pour
fonctionner. L'abbé a comme mission première de voir à la qualité de la vie
spirituelle de chacun de ses frères et de la communauté qu'ils forment. Il
le fait, à la façon des prophètes de l'AT, en leur rappelant la primauté de
la recherche Dieu ainsi que les moyens qu'ils ont librement choisis pour y
arriver et, au besoin, en leur rappelant leurs fautes et, en certains cas
en usant de punitions. Chaque fois que la communauté se retrouve sans
supérieur, soit par suite du décès ou de la démission de celui-ci, ou
simplement parce qu'il est arrivé au terme de son mandat s'il était élu
pour un temps déterminé, la communauté agissant alors comme collège et en
pleine autonomie se choisit un abbé. Du fait de l'appartenance de la
communauté à un Ordre, cet exercice d'autonomie sera présidé par un membre
de l'Ordre (normalement le Père Immédiat), qui n'appartient aucunement au
collège électoral, et qui n'a aucun droit d'influencer la décision de celui-
ci mais se porte garant de la bonne procédure. Cette élection sera
confirmée, au nom de l'Ordre, par l'Abbé Général, sans que celui-ci
n'intervienne non plus dans le choix autonome par la communauté de son
supérieur[4]. Si, pour diverses raisons, la communauté est incapable de
s'élire son abbé, alors, par mesure tout à fait exceptionnelle, on lui
nomme un supérieur dit ad nutum, qui, une fois nommé, a la même
responsabilité qu'un supérieur élu, et la communauté n'a rien perdu de son
autonomie[5]. En élisant un abbé, la communauté lui confie le soin de la guider et
donc de prendre toutes les décisions requises pour sa bonne marche aussi
bien spirituelle que matérielle. Des formes de gouvernement de caractère
plus collégial - certains diraient plus démocratique - sont possibles, même
au sein de la vie monastique. Mais ce n'est pas notre conversatio. Selon
la conversatio cistercienne que nous choisissons librement en faisant
profession dans une communauté de notre Ordre, l'abbé doit ass