Rapport_intermediaire_MAE.doc - Hal-SHS

De même, le rapport à la langue est souvent très instrumental : tel agent nous ......
Pour mieux comprendre les métiers et les modalités de leur exercice, on peut ......
final qui sera revu et corrigé de nombreuses fois jusqu'au dernier moment. ...... Le
projet retenu par la consultation devait être soumis pour avis au CTPS du 1er ...

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Recherche en sociologie du travail sur
les métiers diplomatiques


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Rapport d'étape - février 2007

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- Marc Loriol (coordinateur), chargé de recherche au CNRS, laboratoire
Georges-Friedmann.
- Françoise Piotet, professeur de sociologie à l'université de Paris I et
directrice du laboratoire Georges-Friedmann.
- Vincent Porteret, ingénieur de recherche, laboratoire Georges-Friedmann.
- Valérie Boussard, maître de conférences à l'université de Versailles-
Saint-Quentin, laboratoire Printemps.

Attention : le présent texte n'est qu'un travail exploratoire dont
l'objectif est de servir de point de départ pour des discussions et des
échanges de vues avec nos interlocuteurs du ministère des Affaires
étrangères. En aucun cas, les hypothèses développées par la suite ne
peuvent être considérées comme des résultats scientifiques aboutis ni comme
des positions officielles de qui que ce soit. Toute remarque et suggestion
seront les bienvenues.



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Laboratoire Georges-Friedmann (CNRS / Paris I),
27 avenue E. Lombart, 92 260 Fontenay-aux-Roses


Le ministère des Affaires étrangères (direction des Ressources humaines
et centre d'Analyse et de prévision) a confié à une équipe de quatre
sociologues du laboratoire Georges Friedmann (CNRS-Université de Paris I)
le soin d'une recherche approfondie sur les métiers diplomatiques.
Si le métier de diplomate est l'objet de nombreuses représentations
littéraires ou historiques, il reste cependant peu étudié en sociologie du
travail. Entre l'image prestigieuse du diplomate, qui agit directement sur
le cours des relations internationales et celle d'un monde plus futile
tourné vers les réceptions et les mondanités, le grand public ne sait pas à
quoi s'en tenir sur les métiers diplomatiques, en quoi ils consistent
réellement. Contrairement à d'autres emplois publics (comme ceux de
l'enseignement, de la police ou de l'hôpital), les usagers ont peu
l'occasion de rencontrer des diplomates (à l'exception des Français de
l'étranger pour le personnel consulaire) ; ce qui favorise probablement
fantasmes et représentations déformées de la réalité.
La demande de recherche du ministère des Affaires étrangères a été
formulée dans un contexte bien particulier : à la suite d'événements qui
avaient manifesté l'expression d'un malaise (grèves de décembre 2003,
provoquées par le manque de moyens et la modification des grilles de calcul
des indemnités de résidence ; récriminations exprimées lors d'enquêtes
internes ou sur le forum Intranet, etc.), et de différents projets de
réforme (volonté de déménagement, introduction de la LOLF, etc.). Pour
répondre à cette demande, le laboratoire Georges-Friedmann a mis en place
un programme de recherche en plusieurs étapes sur les métiers
diplomatiques. Durant la première année de recherche, une approche
extensive a été entamée afin de comprendre les différentes interrogations
exprimées par les agents rencontrés.
L'idée selon laquelle il existerait un « malaise » parmi les agents du
MAE n'a pas été particulièrement confirmée durant les premiers entretiens
réalisés. Dans l'ensemble, en effet, la plupart des personnes interrogées
se sont dites satisfaites de leur travail, qu'elles trouvent riche de sens
et valorisant (contact avec l'actualité, tâches variées, rencontres
enrichissantes...). Les entretiens et observations ont toutefois fait
apparaître un certain nombre d'interrogations, voire de mécontentements,
souvent rattachés aux évolutions de la diplomatie française. Si l'on donne
au terme de « crise » le sens de mise à l'épreuve de l'identité et des
mécanismes de régulation du groupe, de phase transitoire, c'est-à-dire de
destruction, mais aussi potentiellement de reconstruction, il est possible
de parler ici d'un contexte de crise latente.
Cette « crise »[1] a plusieurs dimensions. Une crise politique et de
légitimité tout d'abord. À l'instar d'autres ministères, le MAE est touché
par la remise en cause des services publics[2], jugés trop coûteux et
insuffisamment efficaces. Même s'il ne se voit attribuer que 1 % du budget
de l'État, pour nombre d'agents rencontrés, la diplomatie aurait servi, ces
vingt dernières années, de « variable d'ajustement » dans le budget de
l'État et aurait, plus que d'autres administrations, fourni des efforts et
fait des sacrifices dans le cadre de la réforme des services publics[3].
Malgré cela perdure, dans l'opinion publique, l'image d'une vie de
privilégiés. À l'extérieur, d'après certains de nos interlocuteurs, la
place de la diplomatie française serait en recul. Avec les nouveaux
entrants dans l'Union Européenne (UE), un certain nombre de crises
politiques en Afrique (Côte d'Ivoire, Rwanda, etc.) et la montée en
puissance de nouveaux acteurs (États-Unis et Chine) sur ce continent, même
les bastions traditionnels de la France seraient de plus en plus remis en
cause. Dans nombre de pays, l'ambassadeur de France aurait perdu de son
prestige et de son influence dans une société internationale à la fois plus
concurrentielle et plus dominée par les États-Unis[4].
Crise bureaucratique, également, avec les transformations
(informatisation, démocratisation du recrutement, montée en puissance des
missions non politiques, volonté d'introduire un plus grand souci
gestionnaire, etc.) qui touchent le fonctionnement d'une administration aux
méthodes et à l'organisation très marquées par le passé. Des débats et
conflits internes traversent ainsi le ministère autour des questions de
l'évaluation, de l'adéquation des objectifs et des moyens, de la place des
services gestionnaires et logistiques.
Dans ce cadre, l'interrogation sur l'avenir de la diplomatie,
l'existence on non de métiers propres, la spécificité des Affaires
étrangères sont particulièrement saillantes[5]. L'objectif de cette
recherche est l'étude du travail des diplomates dans son contexte
organisationnel et professionnel, ainsi que la conciliation, de plus en
plus difficile, entre le travail et la vie privée. Dans la lignée des
travaux d'Everett Hugues ou d'Andrew Abbott[6], le métier n'est pas étudié
comme une entité aux contours et au contenu bien délimités (ce qui
s'appliquerait mal au cas des diplomates), mais comme un processus
complexe, fait de débats, de concurrence, de définitions croisées et
évolutives, au gré de la division des tâches et des fonctions sociales.
Plutôt qu'aux rhétoriques professionnelles (ce que le groupe veut montrer
de lui-même), il faut alors s'intéresser au travail effectivement réalisé.
La présente étude porte sur l'analyse pragmatique et concrète de
l'activité des agents du MAE, des représentations de leur métier dans leur
diversité. Elle vise à mettre en évidence les facteurs organisationnels qui
facilitent ou au contraire rendent plus difficile l'articulation entre
l'activité réelle des diplomates et la représentation qu'ils ont de ce que
doit être leur mission. Les questions des objectifs politiques, des grandes
orientations stratégiques, de l'évaluation de la politique étrangère ne
relèvent ni de l'objet de départ de cette recherche, ni de la compétence
des quatre chercheurs de l'équipe[7]. Ces questions ne seront donc abordées
que de façon indirecte et très secondaire, à travers ce que peuvent en dire
les agents du MAE sollicités au cours de cette enquête.
La méthodologie mise en ?uvre dans cette recherche est volontairement
diversifiée, afin d'appréhender la complexité des métiers diplomatiques.
Dans l'Administration centrale, un échantillon d'une quarantaine d'agents
de catégorie A a été tiré au sort dans les différentes directions, afin de
réaliser des entretiens approfondis sur la carrière, le travail et la
conciliation avec la vie privée. Une douzaine d'entretiens complémentaires
a été réalisée auprès de personnes occupant des emplois ou des fonctions
particulièrement stratégiques au regard de nos objectifs d'enquête. En
outre, cinq postes (trois bilatéraux avec leurs consulats et deux
multilatéraux) ont fait l'objet d'études approfondies (entretiens auprès de
différentes catégories de personnel et observations). À cela s'ajoutent la
lecture des travaux, peu nombreux, sur le travail des diplomates et les
écrits d'anciens diplomates (mémoires, romans). Enfin, l'Annuaire
diplomatique est venu faciliter l'étude des trajectoires et carrières des
agents (mais seulement les catégories A et B[8]).
Les entretiens individuels ont été conduits selon l'hypothèse que ce
que nous disent les agents est fondé, a du sens, et qu'il faut prendre au
sérieux les satisfactions ou les griefs exprimés. Mais cela ne doit pas
empêcher une mise en perspective et un croisement des différentes données
recueillies : par les carrières des mêmes agents telles qu'elles sont
présentées dans l'Annuaire diplomatique ; par les entretiens menés avec
d'autres agents dans les mêmes sites ; par des observations en situation du
travail des agents interrogés, etc. Compléter ce que les gens disent par
l'étude de ce qu'ils font est nécessaire pour comprendre comment
s'articulent les représentations, les discours et les contraintes
structurelles et organisationnelles rencontrées. Dans la mesure du
possible, la présence de deux