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Le contraste est très fort avec ce que l'on sait de cet enseignement dans les ......
main levée de la carte deviennent alors l'outil et l'exercice central d'une
géographie qui .... d'une part les savoirs prescrits attendus pour les sujets d'
examen et d'autre ...... le maître le corrige, et exige un jeton de chacun des
enfants à la ronde.

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couverture
La Une de ce dossier a été composée d'après la quatrième de couverture
d'un manuel de Pierre Foncin de 1899,
A. Colin éditeur.
Remerciements
Je tiens tout d'abord à remercier Marie-Claire Robic, pour ses conseils
avisés et sa disponibilité. Son exigence permanente de rigueur pousse tous
ceux qui travaillent avec elle à aller plus loin dans l'analyse.
Un très grand merci par avance aux membres du jury qui me feront l'honneur
de participer à l'examen de ce travail. Je salue aussi amicalement Micheline, Martine, Pascal, Anne-Marie...pour
nos échanges épistémologiques et didactiques, Didier pour les images
partagées, Marie-Vic pour son témoignage.
Merci à tous les assidus des vendredis du groupe Epistémologie et Histoire
de la Géographie qui font partager leur familiarité avec la géographie
d'hier et leur convivialité avec les géographes d'aujourd'hui. J'associe à ces remerciements tous les enseignants qui m'ont ouvert leur
classe et tous ceux qui m'ont prêté des documents. Un grand merci à ma famille pour sa patience et son soutien. Et un grand bonjour à tous les écoliers que j'ai rencontré sur le chemin de
la géographie.
Jean-Pierre Chevalier
UMR 8504 - Géographie-cités, équipe E.H.GO.,
Du côté de la géographie scolaire. Matériaux pour une épistémologie et une histoire de l'enseignement de la
géographie à l'école primaire en France
Sommaire Les savoirs scolaires dans le champ de la géographie. p.4 Livre premier
La géographie à l'école primaire, de l'abbé Gaultier à Émile Levasseur
p.31 Chapitre 1. La géographie à l'école primaire avant Jules Ferry. Un long
XIXe siècle. p.32 Livre deuxième
La géographie à l'école primaire au temps du « moment » Buisson p.87 Chapitre 2. Intuition et mémoire. Le tournant cartographique de la
géographie et le Dictionnaire de Ferdinand Buisson p.92
Chapitre 3. Inventaire boutiquier et découverte de la nature. Des
Géographies dans le Dictionnaire de Ferdinand Buisson p.111
Chapitre 4. Plans à tiroirs et tableaux spécifiques. Descriptions
monographiques du Dictionnaire et découpes régionales des petites
géographies p.130
Chapitre 5. Mémorisation et leçons de choses. Les paradigmes fondateurs de
la géographie scolaire. p.165 Livre troisième
Les configurations de la géographie scolaire et de l'école primaire au
vingtième siècle p.220 Chapitre 6. La géographie à l'école et à l'Université. Les références
savantes de la géographie du primaire dans la première moitié du XXe
siècle. p.224
Chapitre 7. Méthodes savantes et méthodes pédagogiques.
La pratique monographique et l'étude du local à l'école primaire. p.263
Chapitre 8. La géographie et le modèle éducatif de l'enseignement
primaire.
Finalités et démarches pédagogiques dans la première moitié du vingtième
siècle. p.286 Livre quatrième
Les savoirs de l'école primaire dans le champ de la géographie p.323 Chapitre 9. Deux siècles d'enseignement de la géographie à l'école
primaire en France.
Six moments, six configurations du modèle descriptif p.324 Bibliographies p.355
Tables p.410
Présentation générale. Les savoirs scolaires du primaire
dans le champ de la géographie. En ce début de XXIe siècle, l'enseignement de la géographie à l'école
élémentaire n'est vraiment pas un sujet qui mobilise la communauté
scientifique, le monde politique ou même les acteurs de l'enseignement. Du
côté des géographes universitaires l'attention se porte surtout vers la
préparation des concours d'enseignants du second degré, et donc de
l'enseignement de la géographie dans les lycées et collèges. L'École, y
compris l'enseignement primaire, reste un objet central du débat politique
mais les débats portent plus sur la sociabilité (la violence, l'ennui... )
et sur l'enseignement de savoirs instrumentaux (français, mathématiques,
langues étrangères...) que sur des disciplines comme la géographie. Du côté
de l'institution scolaire, la géographie a été dotée de nouveaux programmes
en 2002, c'est l'occasion de quelques études dans la presse
professionnelle[1]. L'Inspection générale d'histoire et de géographie lui
accorde une petite place dans ses journées d'étude[2], mais la
« corporation » des enseignants du second degré, telle qu'elle peut
s'exprimer à travers une revue comme Historiens et Géographes, se
désintéresse largement de l'enseignement de la géographie à l'école
primaire. Le contraste est très fort avec ce que l'on sait de cet
enseignement dans les années 1860-1890 : il s'agissait alors d'un mouvement
général au niveau européen, qui s'est étendu de l'Allemagne et de la Suisse
vers l'Europe de l'Ouest et enfin vers le Royaume-Uni[3]. En effet, aujourd'hui, la géographie de l'école élémentaire semble plus
relever de choix personnels de l'enseignant que des programmes, quelle que
soit leur rédaction[4]. La nécessité d'enseigner de la géographie à l'école
primaire semble être de moins en moins évidente, compte tenu que la quasi-
totalité des écoliers poursuivent leurs études au collège. Elle n'est plus
identifiée en tant que discipline dans les programmes qu'au cours des 3
dernières années de l'école primaire. Comparativement au « bouillonnement
créateur » des années 1870-1890 évoqué par André Meynier[5]. Le débat
public sur l'enseignement de la géographie semble quasi absent et plus
encore en ce qui concerne la nécessité de diffuser ces savoirs en direction
des enfants des écoles, qui était alors au c?ur des discussions[6]. Les
dossiers sur l'enseignement de la géographie et le couple qu'elle forme
avec l'histoire négligent l'enseignement à l'école primaire[7].
Comparativement aussi aux débats publics et médiatiques qui se sont
développés dans les années 1970-1980 sur l'enseignement de l'histoire et
plus largement sur « l'éveil » à l'école élémentaire, le désintérêt
contemporain pour l'enseignement de la géographie est d'un silence
étourdissant. Ainsi en 1983, les 8 pages du rapport Girault[8] qui
dressaient le bilan de l'enseignement de l'histoire et de la géographie
dans les écoles se préoccupaient beaucoup plus de l'enseignement de
l'histoire que de celui de la géographie. La situation est inversée par
rapport à 1871 car Levasseur et Himly s'intéressaient alors surtout à la
géographie[9].
L'enseignement de la géographie a une histoire, et il a aussi une
géographie que nous évoquerons à quelques occasions[10]. Les matériaux de
recherche rassemblés pour cette étude ne visent pourtant pas à dresser un
tableau historique global de l'enseignement de la géographie à l'école
primaire, mais à éclairer la place des savoirs scolaires dans l'ensemble de
la géographie. Ils visent un double objectif : d'une part tenter de saisir
la spécificité de l'enseignement de la géographie à l'école primaire par
rapport à l'enseignement secondaire en particulier ; d'autre part tester un
modèle descriptif du fonctionnement de la géographie scolaire et de ses
rapports avec l'ensemble de ce qui est reconnu comme étant de la géographie
et, par là, éclairer une partie du système social de production et d'usage
des savoirs géographiques.
1. Des modèles pour analyser la géographie à l'école
Pour le grand public, les activités et les savoirs de la géographie
enseignée à l'école primaire ont pendant longtemps forgé l'image de la
géographie. La réalité, ou sa caricature, présentait la géographie comme
une discipline de mémoire où la maîtrise de la liste des départements et de
leurs préfectures ou bien celle de l'inventaire des fleuves et de leurs
affluents permettait de briller lors des interrogations du certificat
d'étude. Ceci est dénoncé dès 1889 par Paul Dupuy, sans grand effet semble-
t-il :
Les bons examinateurs sont malheureusement très rares pour la
géographie : les inconvénients des programmes, loin d'être
atténués, sont aggravés par la perspective de questions qui
attendent les écoliers aux certificats et aux brevets. Rien ne
contribue davantage à maintenir tout ce que j'ai blâmé dans
l'enseignement.
(Paul Dupuy.)[11] Savoir sa géographie, c'est tracer de mémoire « le croquis de la côte
française de la Méditerranée » en y indiquant « les fleuves, les ports et
les villes »[12] ou indiquer « quels produits agricoles ou industriels
l'Afrique Occidentale exporte-t-elle vers la France ? ».[13] Ainsi, la
géographie scolaire, et plus particulièrement celle de l'école primaire,
connotait ainsi fortement l'image de l'ensemble de la discipline.
Au-delà du simple tête à tête entre la géographie scolaire et la géographie
savante qui a souvent servi de modèle descriptif et appréciatif de la
géographie enseignée à l'École, nous avons tenté de faire fonctionner
l'ensemble des matériaux réunis dans un système explicatif plus vaste et
plus complexe, associant les activités de la géographie appliquée et les
centres d'intérêt de la géographie « grand public ». Ainsi, dans un premier
temps, nous avons mis à l'épreuve le modèle que nous avons nommé : « quatre
pôles dans le champ de la géographie »[14].
1.1. Quatre pôles dans le champ de la géographie
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