De la grammaire au style (chapitre 1, p. 8-33) (La stylistique, Joëlle ...

-La référence : référence cotextuelle et référence déictique -La cohésion textuelle
: ... a)Exercices de perfectionnement linguistique. -exercices lexicaux :

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De la grammaire au style
(chapitre 1, p. 8-33)
(La stylistique, Joëlle Gardes-Tamine)
1. Le style 1. Les principes fondamentaux
1. Primat de la langue
2. Aux marges
3. De la phrase au texte 2. Le style comme résultante
2. Vers l'unité textuelle 1. L'énonciation
1. La deixis
2. La subjectivité 2. L'amplification 3. Vers le texte 1. La cohésion
1. La cohésion lexicale
2. La cohésion syntaxique 2. L'ordre des mots
3. Strophe, période, paragraphe 1. La strophe
2. La période
3. Le paragraphe
1. Le style 1. Les principes fondamentaux
1. Primat de la langue Le stylisticien ne définit pas le style comme un écart mais explique les
faits grammaticaux. 2. Aux marges Le fait de style est un fait grammatical qui se situe ds la langue et, ds
certains cas, sur ses marges. 3. De la phrase au texte Le texte est le résultat d'une association, d'un jeu de complémentarité et
de différenciation entre différents niveaux d'analyse linguistique : V niveau phonique : étude des récurrences phoniques d'un texte (soit
obligatoires - la rime ds la poésie classique - soit libres -en poésie
ou en prose)
V niveau morphosyntaxique : étude des catégories de mots et de leur
formation, étude des schémas de phrase, de l'ordre des mots... V niveau lexical et sémantique : étude des champs sémantiques et
associatifs, des relations lexicales...
V niveau rhétorique : étude des figures, des répétitions, ... V niveau métrique : type de mètres, compte des syllabes, césure...
V niveau rythmique : volume de la phrase, régularité des mesures de
syllabes ds le discours oratoire ou la prose poétique. Le fait de langue pertinent devient alors un fait de style, qui ne s'oppose
pas au premier, mais en offre simplement une distribution et une
utilisation particulières.
Le style implique également une organisation d'ensemble (ex : les Exercices
de style de Raymond Queneau. Toutes les différences grammaticales
concourent à la signification d'ensemble des petits textes auxquels elles
confèrent un ton particulier) 2. Le style comme résultante Chaque écrivain naît ds une culture particulière qui lui propose des
possibilités grammaticales mais aussi des contraintes.
La première est évidemment sa langue maternelle. Certains ont joué de leur
bilinguisme (Rimbaud, Beckett).
Cette langue que tout auteur utilise, c'est aussi la langue de son époque.
Elle est faite de particularités grammaticales et lexicales, comme au XVIIe
siècle la place du pronom devant la forme verbale conjuguée : Il la viendra presser de reprendre son c?ur (Racine, Andromaque) ou le sens de certains termes, comme ennui que l'usage n'a pas encore
affaiblis : Dans l'Orient désert, quel devint mon ennui ! (Racine, Bérénice) Elle est faite aussi d'habitudes, ce qui constitue le style d'une époque.
Il y a ainsi un style classique, tt en mesure et goût de la symétrie, et un
style baroque qui utilise abondamment l'hyperbole, l'oxymore et la pointe.
L'écrivain s'engage volontairement ds un type d'écriture particulier au
terme de toute une série de choix. Il choisit : - s'il écrit en vers ou en prose
- un genre (poème, écriture narrative => narrateur, théâtre). « Choisir un
genre littéraire, c'est choisir avant même d'écrire la première ligne, un
lexique et une syntaxe » (P. Larthomas, Le langage dramatique). Le langage varie en fonction du public visé. Les poèmes pour enfants
utilisent des mots et des constructions particulières ex : comparer
Chantefables et Chantefleurs de Robert Desnos à ses autres poèmes, comme «
J'ai tant rêvé de toi ».
Les romans de hall de gare n'ont pas la langue soutenue des romans très
littéraires. L'action que l'écrivain veut exercer sur ses lecteurs
conditionne aussi le type de texte, argumentatif, didactique, etc... Le texte de l'écrivain porte aussi sa marque propre, les goûts profonds de
l'écrivain (ex : musique particulière du ton d'Apollinaire : utilisation de
mesures métriques privilégiées, comme celle de 6 syllabes, mais aussi de
mots et d'images qui reviennent d'un texte à l'autre). Le style est dc aussi une organisation d'ensemble de tt le texte, et en
définitive même, un style de pensée. 2. Vers l'unité textuelle Comment se construit le style ? 1. L'énonciation
1. La deixis Tt énoncé, tt texte, trouve sa source ds une énonciation par laquelle un
énonciateur, locuteur qlconque ou écrivain, prend la parole à l'attention
d'un interlocuteur présent ou absent, réel ou fictif.
L'énoncé ne peut être complètement analysé si on ne le met pas en relations
avec la deixis, c'est-à-dire avec le lieu et le moment où il est émis par
un individu qui prend la parole en disant je.
Je et tu, les personnes dites du dialogue ne sont définies que par la
situation de parole. Le temps grammatical du présent ne se définit que par
rapport au moment où je parle. Ici désigne le lieu où celui qui dit je
prend la parole. Je, ici, maintenant sont des déictiques, parce qu'ils
renvoient directement à l'origine de la parole . Ils constituent le repère
fondamental de tout acte linguistique en définissant ses trois coordonnées. 2. La subjectivité Tt texte émane d'une subjectivité dont il faut préciser les aspects. Entre
les objets et les êtres d'une part et le sujet parlant de l'autre se situe
le langage qui constitue une représentation du monde ou une construction
d'un monde imaginaire dt le roman, le récit de fiction donne un exemple
clair.
La subjectivité inhérente au langage est actualisée par les locuteurs et il
existe dc, à côté de cette subjectivité générale, une subjectivité
personnelle qui appartient à chaque individu. Elle prend 3 formes
essentielles décrites par Catherine Kerbrat-Orecchioni (L'énonciation. De
la subjectivité dans le langage) : V la subjectivité déictique : inscription de la situation de parole ds
l'énoncé. Elle se marque par les déictiques pronoms (personnes du
dialogue, démonstratifs), déterminants (articles définis et
démonstratifs), adverbes comme ici et maintenant, et par l'emploi des
temps.
V la subjectivité modale-aspectuelle : façon dt le locuteur apprécie les
éléments relatés qu'il s'agisse de juger de leur vraisemblance, de
leur éventualité, d'indiquer réactions et sentiments à leur égard ou
d'apprécier la valeur aspectuelle des actions. Elle est marquée par
différents modalisateurs et éléments aspectuels. Ce sont des unités du
lexique (ex : des termes indiquant des sentiments comme vouloir,
souhaiter), des évaluations comme long ou bref, des appréciations
comme admirable ou dégoûtant, des modalisateurs logiques comme
possible, vrai, etc...
Certains verbes ou adverbes décrivent le déroulement, l'aspect des
actions, commencer à, continuer de, continûment, soudain, ...
La subjectivité modale-aspectuelle se traduit également par des faits
de morphosyntaxe, comme les modalités de la phrase ou les morphèmes de
mode et d'aspect du verbe.
Les différents actes de langage, prière, plainte, insulte,
félicitations, etc... participent également à cette subjectivité.
V La subjectivité rhétorique : apparaît à travers le choix d'un genre,
d'une attitude argumentative, d'un ton. Elle commande les phénomènes
d'emphase et de focalisation.
La focalisation concerne le focus d'un énoncé, c'est-à-dire
l'information nouvelle qu'il présente. Cette information peut être
exhibée, valorisée (elle se fait alors attendre et n'apparaît qu'en
dernière position ds l'unité textuelle :
Elle connaît sa fille, cette enfant, il flotte autour de cette enfant,
depuis quelque temps, un air d'étrangeté [...] (Marguerite Duras,
L'amant)
Elle peut aussi être présentée avec précautions, si le locuteur la
pense choquante ou peu crédible :
On cherchait le chemin... les bouts de rues pour sortir des docks...
C'est bric et broc... des labyrinthes... des vraies falaises en
hauteur... tout en briques, des fentes, des crevasses... (Céline, Le
Pont de Londres) L'emphase est surtout fonction de l'effet que l'on veut produire et de
l'importance que l'on attache à tel ou tel événement. Les
constructions les plus fréquemment utilisées à cette fin sont le
détachement, qui reprend par un pronom un élément détaché par une
pause du reste de la proposition et les constructions clivées
(extraction) où le syntagme mis en relief est inséré entre c'est...
qui (que) :
Ce ne sont pas les chaussures qui font ce qu'il y a d'insolite,
d'inouï, ce jour-là, dans la tenue de la petite. Ce qu'il y a ce jour-
là, c'est que la petite porte sur la tête un chapeau d'homme aux bords
plats, un feutre souple couleur bois de rose au large ruban noir
(Marguerite Duras, L'amant).
2. L'amplification C'est un concept d'origine rhétorique qui désigne la façon dont une
proposition est développée, dont une information unique est envisagée sous
toutes ses facettes.
Elle explore toutes les circonstances d'une action (elle peut utiliser les
compléments de phrase et les appositions). Elle redit également une même
information ou idée en la paraphrasant + ou - subtilement par des
expressions synonymes. Ex : da