1 Les pics déchiquetés des rudes monts Himalaya se découpaient ...

Tu devras insister sur ce point : le fait qu'un être humain peut s'intégrer dans ......
ont des affinités similaires avec les diverses parties de l'anatomie humaine. .....
Je passai également des examens de pilote d'avion, car mon existence était ......
Mes nombreuses lectures se complétaient à présent d'une expérience pratique
et ...

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Les pics déchiquetés des rudes monts Himalaya se découpaient brutalement
sur le violet ardent du ciel vespéral tibétain. Le soleil couchant, caché
derrière cette masse titanesque, jetait des lueur~ scintillantes et irisées
sur les longs tourbillons de neige qui soufflent perpétuel .. lement des
hautes cimes. L'air vivifiant était clair comme du cristal, et la
visibilité presque infinie.
Au premier a bord, la campagne, glacée et désolée, paraissait totalement
dénuée de vie. Rien n'y bougeait, rien n'y remuait, sauf la longue bannière
neigeuse soufflant au-dessus des pics. Il semblait que rien ne pût
subsister dans la morne solitude de ces montagnes. Aucune vie n'y avait,
apparemment, jamais été possible depuis le début des temps eux-mêmes. Seul
celui qui savait, celui à qui on avait appris, maintes et maintes fois, à
surprendre les faibles traces prouvant la présence d'êtres humains,
parvenait à les discerner. Seule l'habitude pou .. vait guider les pas dans
ces lieux âpres et sauvages. Alors, mais alors seulement, on pouvait
apercevoir une entrée, nimbée d'ombre, menant à une grotte sombre et
lugubre, qui n'était que le vestibule d'une myriade de tunnels et de
chambres alvéolant cette austère chaîne de montagnes.
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Depuis de longs mois, les lamas les plus éprouvés, faisant office
d'humbles messagers, avaient quitté Lhassa et parcouraient péniblement des
centaines de kilomètres afin de déposer les anciens secrets là où ils
seraient à tout jamais protégés des vandales chinois et des traîtres
communistes tibétain'). C'est là aussi qu'après des efforts et des
souffrances infinis, avaient été portées les Formes dorées des Incarnations
précédentes, afin d'être dressées et vénérées au c?ur de la montagne. Des
objets sacrés, des écrits infiniment anciens, les prêtres les plus
respectables et les mieux instruits se trouvaient ici en sécurité. Depuis
plusieurs années, sachant bien que l'invasion chinoise était imminente, des
Abbés loyaux s'étaient périodiquement assemblés en conclaves solennels pour
choisir et désigner ceux qui se rendraient dans la nouvelle et lointaine
Demeure. Prêtre après prêtre fut mis à l'épreuve à son insu, son passé fut
examiné, de sorte que l'on pût choisir les hommes les plus dignes et les
plu') évolués sur le plan spirituel. Des hommes que leur formation et leur
foi rendaient capables de résister, le cas échéant, sans trahir des
renseignements vitaux, aux pires tortures que les Chinois puissent
infliger.
De sorte que, quittant Lhassa occupé par les communistes, ils étaient
arrivés dans leur nouvelle demeure. Aucun avion porteur de bombes ne serait
capable de voler à cette altitude. Aucune armée ennemie ne pourrait
subsister dans ces contrées arides, dépourvues de terre, rocheuses et
traîtresses avec leurs blocs granitiques mouvants et leurs abîmes béants.
Contrées si hautes, si pauvres en oxygène que seul un robuste peuple de
montagnards peut y respirer. C'était là enfin dans le sanctuaire des cimes
que régnait la Paix, la Paix pendant

laquelle les prêtres travailleraient à sauvegarder l'avenir, à préserver la
Science ancienne et à préparer les temps où le Tibet pourrait se relever et
se libérer de son agresseur.
Des millions d'années auparavant, ces lieux avaient été une chaîne de
volcans vomissant des flammes, des rochers et de la lave à la surface
changeante de la jeune Terre. Le monde était alors à demi plastique et
subissait les douleurs de l'enfantement, prélude d'une ère nouvelle. Au
bout d'innombrables années, les flammes s'apaisèrent et les rocs en fusion
se refroidirent. La lave avait coulé pour la dernière fois et des jets
gazeux, venus des profondeurs de la terre, en avaient expulsé les résidus
dans l'air, laissant nus et déserts les chenaux et les tunnels
interminables. Certains, fort rares, furent bouchés par les chutes de
pierres, mais d'autres demeurèrent intacts, durs comme du verre et marqués
par les traces des métaux jadis en fusion. De certaines parois coulaient
des sources de montagnes, pures et étincelant au moindre rai de lumière.
Siècle après siècle, tunnels et grottes étaient restés dépourvus de toute
vie, désolés et solitaires, connus seulement de lamas capables de voyager
astralement n'importe où et de tout voir. Les voyageurs de l'astral avaient
parcouru le pays à la recherche d'un refuge de ce genre. A présent que la
Terreur pesait sur le pays tibétain, les couloirs de jadis étaient peuplés
par l'élite d'un peuple spirituellement évolué, d'un peuple destiné à se
relever lorsque les temps seraient accomplis.
Alors que les premiers moines, choisis avec soin, prenaient le chemin du
nord pour préparer une demeure dans la roche vivante, d'autres, restés à
Lhassa, embal-

laient les objets les plus précieux et se préparaient à partir dansle plus
grand secret. Tel un mince filet d'eau, les élus arrivaient des lamaseries
et des couvents. Par groupes restreints, à la faveur des ténèbres, ils se
dirigeaient vers un lac éloigné et campaient sur ses rives en attendant
leurs compagnons.
Dans la « nouvelle demeure », un Ordre Nouveau avait été établi, l'Ecole
de la Sauvegarde de la Connaissance, et le vieil Abbé qui la dirigeait, un
moine très savant, plus que centenaire, avait, au prix de souffrances
indescriptibles, atteint les grottes au c?ur des montagnes. Il était
accompagné par les hommes les plus évolués du pays, les Lamas
Télépathiques, les Clairvoyants et les Sages de Grande Mémoire. Lentement,
pendant de longs mois, ils avaient grimpé de plus en plus haut dans les
montagnes, où l'air se raréfiait toujours davantage au fur et à mesure
qu'augmentait l'altitude. Parfois leurs organismes de vieillards ne
pouvaient parcourir qu'un mile (1) par jour, un mile pendant lequel il leur
fallait gravir d'énormes roches où le vent éternel des hauts défilés
s'acharnait contre leurs robes et menaçait de les faire s'envoler. Parfois
une profonde crevasse obligeait à un long et pénible détour. Pendant près
d'une semaine, le vieil abbé fut forcé de demeurer dans une tente en peau
de yak, étroitement close, tandis que des herbes et des potions étranges
lui fournissaient l'oxygène vital qui soulageait ses poumons et son c?ur
torturés. Puis, avec une force d'âme surhumaine, il continua le terrible
voyage.
Enfin, ils atteignirent leur destination ; leur nombre

avait beaucoup diminué, car quantité d'entre eux étaient tombés en chemin.
Peu à peu, ils s'accoutumeraient à ce changement d'existence. Les Scribes
rédigèrent un compte rendu méticuleux du voyage et les Sculpteurs
fabriquèrent lentement les blocs destinés à imprimer les livres à la main.
Les Clairvoyants étudièrent l'avenir et prédirent celui du Tibet et
d'autres pays. Ces hommes, d'une pureté absolue, étaient en contact avec le
Cosmos, et les Annales Akashiques qui renseignent sur le passé, le présent
immédiat du monde entier et toutes les probabilités du futur. Les
Télépathes eux aussi avaient fort à faire : ils envoyaient des messages à
d'autres, au Tibet, et gardaient le contact télépathique avec ceux de leut
Ordre, dispersés aux quatre coins du globe : ils gardaient le contact avec
Moi !
- Lobsang, Lobsang !
L'appel retentit à mes oreilles, me tirant de ma rêverie.
Les messages télépathiques ne m'impressionnaient pas, ils m'étaient plus
familiers que des coups de téléphone, mais celui-là était tenace ;
différent, en un sens. Vivement, je me détendis et m'assis dans la position
du lotus, mettant mon esprit en état de réceptivité et mon corps à l'aise.
Puis, prêt à recevoir des messages télépathiques, j'attendis. Pendant un
certain temps, rien ne se produisit qu'un léger « sondage », comme si «
Quelqu'un» regardait au fond de mes yeux et apercevait ... apercevait quoi?
Le fleuve boueux, nommé Detroit, et les hauts gratte-ciel de la ville du
même nom. La date du calendrier, en face de moi, était celle du 9 avril
1960. De nouveau ... rien. Soudain, comme si « Quelqu'un» avait pris une
décision, la voix se fit entendre de nouveau.
- Lobsang. Tu as beaucoup souffert. Tu as bien agi,
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mais le temps n 'est pas au contentement de soi- même. Tu as encore une
autre tâche à accomplir.
Il y eut une pause comme si l'Orateur avait été brusquement interrompu, et
j'attendis, le c?ur serré, empli d'appréhension. J'avais eu plus que mon
lot d'épreuves et de souffrances au cours des années passées. J'en avais
assez de changer perpétuellement d'existence, d'être pourchassé et
persécuté. Pendant que j'attendais, je captais de furtives pensées
télépathiques émises par ceux qui se trouvaient auprès de moi. La jeune
fille qui tapait impatiemment du pied, à l'arrêt de l'autobus, sous ma
fenêtre: « Oh ! ce service d'autobus est le pire du monde ! Est-ce qu'il
n'arrivera jamais ?» Ou l 'homme qui apportait un paquet à la maison
voisine: ({ Est-ce que je vais oser demander une augmentation au patron?
Millie va être furibonde si je ne lui rapporte pas bientôt un peu d'argent
! » Au moment où je me demandais vaguement qui était « MiIlie » - de même
qu'on attend au téléphone en laissant couler les pensées -l'insistante voix
intérieure se fit de nouveau entendre :
- Lobsang! Notre décision est prise. L'heure est venue pour toi de te
remettre à écrire. Ton prochain livre sera une tâche essentielle. Tu devras
insister sur ce point : le fait qu'un être humain peut s'intégrer dans le
corps d" n autre, avec le consentement total de ce dernier.
Je tressaillis d'inquiétude et faillis rompre le contact