CONGREGATION POUR L'EDUCATION CATHOLIQUE

À la réunion informelle de l'OEPC du 9 février 2009, de nombreux Membres se
sont félicités de cet exercice et se sont engagés à le soutenir. ... Selon un
ensemble d'estimations mensuelles[7], son volume a diminué de 7 pour cent en
décembre 2008 (par rapport au mois précédent, chiffre corrigé des variations ...

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CONGREGATION POUR L'EDUCATION CATHOLIQUE
ORIENTATIONS
POUR L'ETUDE ET L'ENSEIGNEMENT DE LA DOCTRINE SOCIALE DE L'EGLISE DANS LA
FORMATION SACERDOTALE
ROME 1988



PRELIMINAIRES


1. En ces dernières décennies, la Congrégation pour l'Education Catholique,
attentive aux exigences issues du renouveau conciliaire, a présenté
plusieurs fois aux Séminaires et aux divers Instituts d'études théologiques
des directives appropriées aux différents secteurs de la formation
sacerdotale.1 A présent, elle estime opportun de s'adresser à nouveau aux
Evêques, aux Educateurs des Séminaires et aux Professeurs pour proposer
quelques orientations sur l'étude et l'enseignement de la doctrine sociale
de l'Eglise.
En prenant cette initative, on a conscience de venir au-devant d'une vraie
nécessité, vivement ressentie aujourd'hui de toute part, de faire
bénéficier la famille humaine des richesses contenues dans la doctrine
sociale de l'Eglise, grâce au ministère de prêtres bien formés et
conscients des multiples devoirs qui les attendent. Aujourd'hui, en un
moment si riche d'approfondissements et d'études sur ce thème, comme le
montre entre autre la récente encyclique Sollicitude rei socialis de Jean-
Paul II, il est très important que les candidats au sacerdoce acquièrent
une idée claire sur la nature, les finalités et les composantes
essentielles de cette doctrine, pour pouvoir l'appliquer dans l'activité
pastorale dans son intégrité, telle qu'elle est formulée et proposée par le
Magistère de l'Eglise.2
La situation en ce domaine est en effet telle, qu'elle demande un
éclaircissement opportun des différents concepts, comme on le verra dans
les divers chapitres des présentes " Orientations ".
On remarquera avant tout qu'en ces " Orientations " reviennent
indistinctement les deux termes: " doctrine sociale " et " enseignement
social " de l'Eglise. On n'ignore pas les nuances impliquées en chacun
d'eux. " Doctrine " en effet souligne davantage l'aspect théorique du
problème et " enseignement " l'aspect historique et pratique, cependant
l'un et l'autre veulent indiquer la même réalité. Leur usage alterné dans
le Magistère social de l'Eglise, aussi bien le Magistère solennel
qu'ordinaire, pontifical et épiscopal, indique l'équivalence réciproque.
Au-dessus de tout conflit de paroles ou d'expressions, la réalité indiquée
par doctrine sociale ou enseignement social, constitue " un riche
patrimoine ", que l'Eglise a acquis progressivement en puisant à la parole
de Dieu et en prêtant attention aux situations changeantes des peuples aux
diverses époques de l'histoire. C'est un patrimoine qui doit être conservé
avec fidélité et développé au fur et à mesure des réponses faites aux
nouvelles urgences de la société humaine.
2. Aujourd'hui, la doctrine sociale est appelée de façon de plus en plus
insistante à apporter sa contribution spécifique propre à l'évangélisation,
au dialogue avec le monde, à l'interprétation chrétienne de la réalité et
aux orientations de l'action pastorale, pour éclairer à l'aide de principes
sains les diverses initiatives prises sur le plan temporel. En effet les
structures économiques, sociales, politiques et culturelles sont en train
de faire l'expérience de profondes et rapides transformations qui mettent
en jeu l'avenir lui-même de la société humaine; elles ont par conséquent
besoin d'une orientation sûre. Il s'agit de promouvoir un vrai progrès
social qui requiert, pour garantir effectivement le bien commun de tous les
hommes, une juste organisation de ces structures; si cela n'était pas fait,
on aurait le retour des grandes multitudes vers cette situation de " joug
quasi servile ", dont parlait Léon XIII dans Rerum novarum.3
Il est donc évident que le " grand drame " du monde contemporain, provoqué
par les multiples menaces dont s'accompagne souvent le progrès de l'homme,
"ne peut laisser personne indifférent".4 C'est pour cela que se fait plus
urgente et décisive la présence évangélisatrice incessible de l'Eglise dans
le monde complexe des réalités temporelles qui conditionnent le destin de
l'humanité.
Toutefois, si l'Eglise intervient en ce domaine, elle reste consciente de
ses propres limites. Elle ne prétend pas apporter une solution à tous les
problèmes présents dans la situation dramatique du monde contemporain,
d'autant plus qu'il existe de grandes différences de développement entre
les nations et bien diverses sont les situations où se trouvent engagés les
chrétiens.5 Mais l'Eglise peut et doit donner, à la " lumière qui lui vient
de l'Evangile ",6 les principes et les orientations indispensables pour la
juste organisation de la vie sociale, pour la dignité de la personne
humaine et pour le bien commun. De fait le Magistère est intervenu et
intervient souvent en ce domaine, avec une doctrine que tous les fidèles
sont appelés à connaître, à enseigner et à appliquer. Pour cette raison, il
convient de réserver une place spéciale, en harmonie avec les études de
philosophie et de théologie, à l'enseignement de cette doctrine dans la
formation des futurs prêtres, comme s'est exprimé clairement à ce sujet
Jean XXIII7 et comme on désire le rappeler à nouveau dans ces "
Orientations ", étudiées en collaboration avec la Commission Pontificale "
Justice et Paix " et approuvées par l'Assemblée Plénière de la Congrégation
pour l'Education Catholique.
La structure du document se compose de six chapitres, dont les cinq
premiers se réfèrent à la nature de la doctrine sociale de l'Eglise: sa
dimension historique, théorique et pratique dans les trois éléments qui la
constituent, à savoir les principes permanents, les critères de jugement et
les directives d'action. Le sixième chapitre présente quelques indications
pour garantir aux candidats au presbytérat une formation adéquate en
matière de doctrine sociale.


I
NATURE DE LA DOCTRINE SOCIALE

3. Eléments constitutifs de la doctrine sociale
Les incertitudes encore répandues ici et là au sujet de l'usage du terme "
doctrine sociale " de l'Eglise, mais aussi au sujet de la nature elle-même
de cette doctrine, demandent une clarification du problème épistémologique,
qui est à la racine de ces malentendus. Même si l'on ne prétend pas en ce
document parler " ex professe " ni résoudre toutes les questions
épistémologiques relatives à la doctrine sociale, on espère cependant
qu'une réflexion approfondie sur les éléments constitutifs qui en expriment
la nature, aidera à mieux comprendre les termes dans lesquels se pose le
problème. De toute façon, il sera bien de se rappeler que l'on se propose
ici de préciser ces éléments constitutifs tels qu'on peut les déduire
directement des déclarations magistérielles et non pas comme ils se
trouvent formulés chez les spécialistes. Il est nécessaire en effet de
toujours distinguer la doctrine sociale officielle de l'Eglise des diverses
positions des écoles, qui ont expliqué, développé et organisé de façon
systématique la pensée sociale contenue dans les documents pontificaux.8
Les éléments essentiels qui décrivent et définissent la nature de la
doctrine sociale sont ainsi présentés:9 l'enseignement social de l'Eglise
tire son origine de la rencontre du message évangélique et de ses exigences
éthiques avec les problèmes qui surgissent dans la vie de la société. Les
instances qui sont ainsi mises en évidence deviennent matière de la
réflexion morale qui mûrit dans l'Eglise à travers la recherche
scientifique, mais aussi à travers l'expérience de la communauté chrétienne
qui doit affronter chaque jour diverses situations de misère et aussi et
surtout les problèmes posés par l'apparition et le développement du
phénomène de l'industrialisation et des systèmes sociaux-économiques qui
lui sont connexes.
Cette doctrine se forme par le recours à la théologie et à la philosophie,
lesquelles lui donnent un fondement, et par le recours aux sciences
humaines et sociales qui lui apportent un complément. Cette doctrine se
projette sur les aspects éthiques de la vie, sans négliger les aspects
techniques des problèmes, pour les juger avec le critère moral. En se
basant sur des " principes toujours valables ", elle entraîne des "
jugements contingents ", puisqu'elle se développe en fonction des
circonstances changeantes de l'histoire et qu'elle s'oriente vers "
l'action ou la praxis chrétienne ".
4. Autonomie de la. doctrine sociale
Bien que cette doctrine sociale se soit formée tout au long du XIXeme
siècle comme complément du traité de morale consacré à la vertu de la
justice, elle a maintenant acquis une remarquable autonomie due au
développement continu, organique et systématique de la réflexion morale de
l'Eglise sur les nouveaux et difficiles problèmes sociaux. On peut ainsi
affirmer que la doctrine sociale possède une identité propre avec un profil
théologique bien défini.
Pour avoir une idée complète de la doctrine sociale il faut se référer à
ses sources, à son fondement et objet, au sujet et au contenu, aux
finalités et à la méthode: autant d'éléments qui la constituent comme une
discipline particulière et autonome, théorique et en même temps pratique,
dans le domaine vaste et complexe de la science de la théologie morale, en
étroite relation avec la morale sociale.10
Les sources de la doctrine sociale s