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Ce n'est pas si sûr, ce qu'indiquent selon nous les « projets culturels de quartiers
», comme l'ont précédemment souligné aussi de très nombreux projets ...... les
représentations ou les idéologies sous-jacentes à l'exercice du travail social
rendent parfois illisibles les effets positifs et "structurants" des actions culturelles
et ...

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Ma ville et moi
Cultures et transformation sociale
Chez Mr Montfort 163 rue de Charenton 75012 Paris
Bât.B, Esc. 13, Appt 273
Siret 383 965 027 00022 - APE 741 E
Tél.- fax : 01 43 44 42 69 / fautvoir@club-internet.fr Pour mémoire : action réalisée sous couvert de l'association « Faut Voir » « Un autre regard sur l'action culturelle et artistique... »
Réflexions issues d'une commande publique
d'évaluations de « projets culturels de quartiers »
(Argenteuil, Cognac, Châlon - Sur- Saône,
Le Havre, Lorient, Lille, le Lyonnais, Mulhouse)
Jean Michel Montfort,
Mai 1998. Nous remercions le Ministère de la Culture (Délégation au
Développement et aux Formations) et la Délégation
interministérielle à la ville,
dont les commandes publiques d'évaluations ont permis que nos
réflexions aboutissent à ce présent travail. "Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : «Ceci est à
moi» et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur
de la société civile."
ROUSSEAU, De l'inégalité parmi les hommes, I. « Un autre regard sur l'action culturelle et artistique ... » Ce titre de notre rapport d'évaluation sur des projets culturels de
quartier est une invitation à réfléchir ensemble à partir de
l'interprétation que nous faisons de l'un des objets de la commande
publique d'évaluation à laquelle nous avons répondu. Il s'est agi, bien
sûr, d'évaluer des actions concrètes (huit sur vingt-neuf), puis d'en tirer
des enseignements à partir de constats récurrents.
Nous ne nous sommes pas attachés ici à évaluer un programme ministériel -
ce qui eut été une autre commande - mais à comprendre soit les conditions
du succès soit certains facteurs d'échecs partiels ou relatifs d'opérations
concrètes.
Il nous a semblé alors qu'un mode de restitution possible était d'une part
d'examiner les conditions du succès - un peu à la manière d'un guide
méthodologique pour des actions futures - et d'autre part de nous
questionner sur des questions émergentes et de fond relatives aux
conditions du travail culturel et social en relation avec la spécificité de
l'intervention artistique.
Il s'est agi aussi de réfléchir au rapport entre les cultures vivantes des
habitants et le sens de l'action culturelle dans un contexte historique de
crise, de brouillage des repères sociaux et culturels, de déficit de
lisibilité de certaines politiques publiques.
Nombre d'élus et de professionnels, y compris dans les services de l'état,
s'interrogent sur la façon de construire une offre culturelle mieux
appropriée aux conditions de notre époque. Pour certains, les notions
d'offre (publique) et de demande (sociale) sont elles-mêmes devenues
insuffisantes pour aborder la question des enjeux culturels.
La « Culture », la « culture », les « cultures » sont autant de notions
polysémiques qui participent de la richesse de nos représentations en même
temps que de leur brouillage !
S'agit-il, notamment, de refonder l'action culturelle ou de réévaluer le
regard que nous portons dessus et, du coup, d'en faire évoluer les méthodes
ainsi que la relation aux autres pratiques sociales ?
Des réponses sont-elles apportées, même partiellement, par les « PCQ » ?
Nous pensons que oui, bien qu'il soit difficile au point où nous en sommes
de distinguer ce qui relève objectivement des seuls
« PCQ » et ce qui relève de l'interprétation subjective que nous nous en
faisons et des débats auxquels ils ont déjà donné lieu.
Certains penseront peut-être que notre évaluation aura servi de prétexte à
l'exposé de certaines thèses personnelles.
Cela est assez juste car l'évaluateur évalue à partir de son système de
représentations des réalités, et c'est justement l'interaction entre
l'objet étudié et ce système qui est générative d'un certain regard qui n'a
alors pour seul désir et pour seule finalité que d'interagir avec le regard
des autres.
Ce risque à prendre d'en faire trop dire aux réalités, est donc un risque
que nous assumons. Car, qu'est-ce qui importe, en fin de compte : évaluer
un programme ministériel déjà invalidé en sa forme par une nouvelle équipe
ministérielle ou s'appuyer sur une expérience qui a de toute manière
existé, pour en tirer des indications pour l'avenir ?
Les politiques publiques ne s'apprécient pas de la même façon selon que
l'on se situe au sommet de l'appareil d'État ou sur les terrains: il s'agit
de deux visions des mêmes réalités sociales, chacune légitime, pourtant
difficiles à lire du même regard.
Les « terrains », comme l'on dit, souvent ballottés par les changements
fréquents de dispositifs étatiques, assurent malgré une récurrente
précarité, une certaine continuité du service aux publics. Ils nous aident
par leurs entreprises et leur constance, à penser le monde dans lequel nous
vivons.
Pour autant les programmes ministériels ne semblent pas devoir être opposés
aux pratiques des terrains. Ils peuvent quand ils sont appropriés aux
situations : inciter, impulser, révéler, soutenir, amplifier les actions.
Il faudrait peut-être, dans ce pays, que s'affirme plus nettement une
continuité des dispositifs culturels publics de l'État vis à vis des élus
locaux et des opérateurs : si les changements fréquents voire les volte-
faces de programmes participent à certains égards de la démocratie vivante,
ils perturbent aussi la sérénité nécessaire à un travail de fond.
La culture, comme activité sociale professionnalisée ou non, a du pain sur
la planche : elle est le lieu où peuvent se penser l'état du monde et les
perspectives de son changement. Curieusement, elle est paradoxalement aussi
le lieu de fortes résistances au changement, d'effets de castes et de
pouvoirs. C'est trop souvent au nom des plus hautes valeurs que des
formules-clichés ou des incantations nous sont offertes, comme si l'on ne
savait plus
inventer une culture vivante, celle-là même qui s'aventurant sur des
chemins de traverse, sait encore se risquer.
C'est bien trop souvent que les terrains attendent que « tombent » des
orientations ou des programmes publics comme si une rupture était
durablement installée entre les décideurs et les acteurs, ces derniers mis
ainsi dans une relation de dépendance alors qu'ils créent.
C'est peut-être cette « relation » qu'il faut aujourd'hui réinterroger
publiquement, en n'hésitant pas à forger de nouveaux concepts. La
démocratisation culturelle, valeur sûre mais aussi valeur refuge des
politiques publiques, aujourd'hui relayée par la déferlante médiation,
fait-elle le tour de la question ?
Ce n'est pas si sûr, ce qu'indiquent selon nous les « projets culturels de
quartiers », comme l'ont précédemment souligné aussi de très nombreux
projets artistiques qui sont allés à la rencontre des gens et des
territoires.
Le fait de rencontrer soit des artistes ?uvrant avec des habitants là où
ils vivent ou avec des travailleurs sur leur lieu de travail, soit des
opérateurs culturels s'appuyant sur l'identité de populations locales n'est
pas en soi une nouveauté.
D'autres procédures publiques, comme « Quartiers lumières », ont avant les
« PCQ » soutenu de telles démarches, et avant celles-ci des initiatives
locales, politiques, culturelles et artistiques avaient su générer ce que
l'on semble redécouvrir aujourd'hui.
Ce qui va peut-être alors distinguer notre époque des précédentes ce serait
plutôt le regard porté sur les réalités culturelles en lien avec celui
porté sur les exclusions. Du coup l'affichage politique s'en ressent, non
comme une man?uvre de marketing politique, mais comme une tentative des
politiques publiques de trouver leur plus juste adéquation aux nécessités
de l'époque.
à cet égard, le programme des « PCQ » a marqué une certaine évolution dans
l'engagement de l'État, en termes autant prospectifs et symboliques que
financiers il est vrai. Selon nous cet engagement a porté sur deux aspects
majeurs : il serait d'une part une interpellation tournée vers la société
sur le sens et les méthodes de l'action culturelle et artistique, il serait
d'autre part, par ses effets, une invitation tournée vers lui-même à
approfondir les pratiques d'interministérialité.
Ces deux aspects nous paraissent reliés par une seule et même
question qui n'est autre que la réappropriation par l'ensemble du corps
social de la dimension culturelle de la vie, l'art et son administration
ayant en cela leur rôle à jouer, ni plus ni moins.
Enfin, on ne manquera pas de relever le lien étroit entre culture et
démocratie : que serait une démocratie politique si elle ne posait pas la
culture comme souci prioritaire, avec la justice économique et sociale,
pour que chacun exprime sa voix et trouve sa voie ?
Que serait à son tour la culture si elle ne prenait pas en compte la
démocratisation et la démocratie culturelles ?
Ainsi travail culturel et travail démocratique sont-ils deux des termes
privilégiés d'une dialectique possible de la transformation sociale.
C'est au fond notre culture de la culture qui serait aujourd'hui à
réévaluer, avec la part de doutes et de risques à assumer dans une telle
entreprise.
En effet, si le chemin se construit en marchant, comment le montrer avant
d'avoi