dessin contemporain - Cours

En effet, Sol LeWitt ne réalise pas lui-même ses dessins muraux mais se
contente de fournir un certificat accompagné d'un schéma. ... Dès lors, le dessin
n'est plus qu'un exercice virtuose qui doit se pratiquer par imitation de l'antique et
qui exige le respect et la justesse des proportions par l'étude de l'anatomie, par ...

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Dessin contemporain EP 04 10705. Licence 1 1er semestre
Cours d'Anna Guilló
Sommaire
Avant-propos
Introduction : Pourquoi le dessin « contemporain » ?
Chapitre 1 : Le dessin comme dessein (mais pas que)
Chapitre 2 : Le dessin d'observation, la question de la ressemblance
Chapitre 3 : La perspective et (autres perspectives)
Chapitre 4 : Dessin abstrait et abstraction du dessin Conclusion Conseils généraux
Index des illustrations
Bibliographie
Avant-propos des auteurs des cours de « Dessin contemporain »
CNED, 1ère et 2ème année. La réforme LMD (Licence, Master, Doctorat) qui a récemment touché
l'Université française a été l'occasion, pour notre discipline, de
renouveler les contenus pédagogiques de ses enseignements. Alors qu'il est
très largement représenté depuis environ une dizaine d'années dans les
galeries et musées d'art contemporain, le dessin se devait donc d'intégrer
la formation pratique que nous proposons à nos étudiants.
En ayant le souci constant d'être en phase avec les pratiques artistiques
les plus actuelles, nous avons conçu ces trois cours de « Dessin
contemporain » dispensés en 1e et 2e année de Licence suivant une
progression qui nous a paru s'adapter aussi bien aux exigences
universitaires qui sont les nôtres qu'aux besoins des étudiants qui
débutent dans une formation en arts plastiques. C'est ainsi que le cours d'Anna Guilló se présente comme une première
initiation au dessin. Elle met en parallèle le dessin d'aujourd'hui avec
celui de la grande tradition académique tout en tentant de battre en brèche
les nombreux a priori qui entourent encore son enseignement. Le cours
alterne entre données théoriques, historiques et propositions de recherches
plastiques à travers une introduction : « Pourquoi le dessin
"contemporain" » ? et quatre grands chapitres, divisés en sous-chapitres,
a) Le dessin comme dessein (mais pas que), b) Le dessin d'observation, la
question de la ressemblance, c) La perspective et (autres perspectives), d)
Dessin abstrait et abstraction du dessin. Le cours de Katrin Gattinger pour la 2e année (1er semestre) propose une
approche du corps dessiné et du corps dessinateur. À partir d'analyses
d'images de la création contemporaine, elle amorce dans la première partie
des articulations entre dessin réaliste et dessin imaginaire en accordant
une place particulière à la notion d'indéfinition et au geste, puis à la
figure et l'évocation du corps non figuré. La deuxième partie met l'accent
sur l'implication du corps du dessinateur à travers des traces et des
empreintes pour enfin aborder des pratiques liées à la performance et aux
« machines à dessiner ». L'ensemble du cours est traversé par un « regard
pratique », des propositions d'expérimentations et des pistes de recherches
plastiques. Pour le second semestre de cette 2e année, le cours de Nathalie Delbard se
présente suivant une double articulation autour de la notion de « réel »,
portant d'une part sur un approfondissement de la question de la
ressemblance (déjà abordée en 1e année), et d'autre part sur une ouverture
du dessin à d'autres modes de représentation, en particulier photographique
et cinématographique. Le cours choisit d'établir une progression à travers
4 parties : a) Un réel inépuisable, qui permet de penser le dessin
d'observation comme pratique de la variation et renouvellement des
approches b) Enjeux de la dissemblance (perdre pour gagner), qui propose
d'expérimenter la dissemblance comme moyen d'opérer des choix essentiels
dans le saisissement du réel c) Le dessin à l'aune des arts « visuels »,
qui tente de mesurer les incidences de l'émergence des images
reproductibles sur les manières de dessiner aujourd'hui, et enfin d)
L'image saisie par le dessin, qui envisage la pratique du dessin dans ses
dimensions critiques et principalement transversales. Globalement, ces 3 cours permettent donc, en 1e année, de s'interroger
historiquement et pratiquement sur ce qu'est le dessin contemporain,
sensibilisant ainsi l'étudiant à de multiples entrées ; d'approfondir, en
2e année, deux des questionnements qui nous sont apparus les plus
fondamentaux dans la perspective d'une pratique contemporaine : pour le
premier semestre, le dessin dans son rapport au corps, qu'il soit
représenté ou outil de création, et pour le second semestre, le dessin dans
son rapport au réel, en prise avec les modes de représentation actuels. À
cet égard, nous noterons toutefois qu'il ne s'agit pas tant de
compartimenter les enseignements, que d'opérer par jeux successifs de
complémentarité, les différentes notions abordées étant évidemment
intrinsèquement liées. Enfin, c'est parce que nous espérons que ces trois cours forment un tout
cohérent que nous avons choisi de proposer une bibliographie (et, à terme,
une iconographique) commune se trouvant à la fin de chaque fascicule.
Gageons que les étudiants sauront s'approprier les contenus de ces
enseignements de manière créative, que les pistes esquissées ici seront
autant de stimulations pour le développement de leurs démarches
personnelles, et que cette introduction au dessin contemporain saura
attiser leur curiosité pour une pratique très prégnante dans les démarches
de bon nombre de grands artistes.
Nathalie Delbard, Katrin Gattinger, Anna Guilló
Introduction
Pourquoi le dessin « contemporain » ?
Fig. 1 Sol LeWitt, Wall Drawing #146, septembre 1972. Crayon bleu,
Dimensions variables. Collection Salomon R. Guggenheim Museum, New York.
Si de prime abord il paraît normal d'intégrer un cours de dessin dans un
cursus d'arts plastiques (a fortiori, lorsqu'on débute dans ce genre de
formation), on peut en revanche légitimement s'interroger sur la présence
du terme « contemporain » dans l'intitulé du cours. Laisserait-il croire
qu'il pourrait y avoir des cours de peinture, de sculpture ou de vidéo qui
ne seraient pas contemporains ? Irait-on, a contrario, risquer le ridicule
et intituler un cours de sérigraphie « sérigraphie ancienne », par
exemple ? Le cas du dessin est plus problématique, nous allons tenter
brièvement d'expliquer pourquoi. D'emblée, précisons que l'attribution du terme « contemporain » dans le
cadre de ce cours, concerne tout autant, voire plus, une conception du
dessin que le dessin lui-même. En effet, on pourrait affirmer un peu
grossièrement que d'un point de vue technique, le dessin n'a pas beaucoup
évolué depuis Lascaux (Fig. 2. Grotte de Lascaux, 17000 av. J-C. Salle des
taureaux. Dordogne, France. Fig. 3. Pablo Picasso, Saut à la perche [Série
des tauromachies], 1959. Aquatinte, 35,5 x 50 cm.), même si la découverte
de la perspective et la révolution numérique en ont proposé d'autres modes
de présentation et de représentation (le dessin à la souris par exemple).
Disons que la pratique du dessin, définie ailleurs comme « outil de
connaissance du réel », reste inchangée en tant que geste graphique, mais
qu'elle a beaucoup évolué dans sa manière d'être pensée et mise au service
d'une démarche artistique. Le dessin est victime d'idées fausses véhiculée notamment par certains
néophytes ou radicaux qui l'assimilent systématiquement à une vision
surannée et académique, principalement rattachée aux poncifs du XVIIIe
siècle. Ainsi l'idée du « savoir dessiner » comme faisant partie de
l'apprentissage de base de l'artiste, le dessin équivalant aux gammes du
musicien, ou encore le dessin comme gage d'excellence d'un artiste sont
autant d'idées reçues que ce cours sur le dessin contemporain va tenter de
déplacer. Mais il ne les déplacera pas en niant l'histoire du dessin, au
contraire, il s'agira de montrer comment le dessin reste affilié à son
passé et comment les artistes contemporains l'emploient dans leur travail.
Car s'il est évident qu'un « bon dessinateur » ne fait pas nécessairement
un « bon artiste », il est rare de croiser des artistes qui n'emploient pas
le dessin dans l'une ou l'autre des étapes de leur travail, tant il est
vrai qu'en arts plastiques on réfléchit souvent le crayon à la main. Mais
là encore, il est important de ne pas enfermer le dessin dans un autre
poncif, celui de l'étape préparatoire, comme si le dessin devait toujours
être réduit à l'esquisse, au croquis, à l'ébauche. Or le dessin est une
pratique à part entière et fait partie des nombreux outils qui forment le
vaste éventail des pratiques actuelles. Osons rappeler que la
classification et le cloisonnement des pratiques artistiques n'est plus
d'actualité depuis la révolution artistique des avant-gardes ; ainsi les
artistes d'aujourd'hui touchent-ils à diverses techniques en fonction de
leur projet initial ; le dessin en fait partie, comme le montrent par
exemple les Wall Drawings de l'artiste américain Sol LeWitt (Fig. 1). Ces
derniers cristallisent les modèles théoriques de l'artiste notamment dans
la distinction art minimal/art conceptuel, mais soulèvent également la
question de l'art in situ ainsi que celle de l'art par délégation. En
effet, Sol LeWitt ne réalise pas lui-même ses dessins muraux mais se
contente de fournir un certificat accompagné d'un schéma. L'?uvre sera
réalisée par des assistants auxquels il laisse par ailleurs